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PASSER v. intr., tr. et pron.
XIe siècle. Emprunté du latin tardif *passare, de même sens, lui-même dérivé de passus, « pas ». Passer est un des verbes les plus riches d'emplois de la langue française. Des constructions différentes exprimeront en effet le même sens : une marchandise passe en fraude, on la passe ou on la fait passer en fraude. Une même tournure correspondra à de nombreuses acceptions, propres ou figurées, notamment lorsque le complément est introduit avec une préposition : c'est alors celle-ci qui porte l'essentiel de la signification. Passer s'emploie par ailleurs, tant au propre qu'au figuré, dans un très grand nombre de locutions et d'expressions qui, dans la plupart des cas, sont expliquées au mot principal.

I. V. intr. (On considère traditionnellement que, lorsqu'il est conjugué avec l'auxiliaire Avoir, le verbe Passer exprime l'action, et que, avec l'auxiliaire Être, il exprime son résultat : l'hiver a passé bien vite, l'hiver est maintenant passé. Cependant, l'usage actuel tend à faire prévaloir l'auxiliaire Être dans les deux cas.)

A. Exprime une idée de mouvement, de déplacement dans l'espace.
1. Traverser un lieu pour aller d'un point à un autre, pour parcourir la distance qui les sépare ; parvenir à un endroit donné. On l'a vu passer à pied, en voiture. Regarder la foule passer dans la rue. Des oiseaux passaient au-dessus de nous. Passer sur un pont, sous un porche. Passer en courant. Il est passé sans nous voir. Ils ne font que passer et repasser. Pour gagner cette ville, il faut passer par Lyon. Une voiture, un automobiliste qui passent au feu rouge ou, fam., qui passent au rouge, qui franchissent un feu tricolore sans respecter le signal d'arrêt. La flèche est passée à côté de la cible. La balle est passée tout près du cœur. Impers. Un lieu où il ne passe jamais personne. Fig. Une lueur d'ironie passa dans ses yeux. Un sourire passa sur ses lèvres. Un frémissement passa dans la foule. • Par anal. Un pont passe au-dessus du fleuve, par-dessus le fleuve. La Seine passe à Paris. L'autoroute passe par cette vallée. Un tunnel qui passe sous les Alpes. La frontière passe au milieu de ce village. GÉOM. Par un point passent une infinité de droites ; par deux points ne passe qu'une seule droite. Une courbe passant par deux points. • Spécialt. Venir en un lieu lors d'un déplacement, au cours d'un trajet. Le facteur passe en fin de matinée. Le prochain train passe à midi. L'autobus vient juste de passer. Passer à son bureau, à la banque. Passer chez un ami, lui faire une courte visite. Je ne fais que passer, je ne m'attarderai pas. Passez donc nous voir. Un coursier est passé déposer ce pli. Nous passerons vous prendre à sept heures. • Loc. et expr. Passer en coup de vent, ne faire qu'une très courte halte en un lieu. Passer outre, voir Outre II. Passez au large ! cri par lequel les sentinelles enjoignent, durant la nuit, de ne pas s'approcher de l'endroit où elles sont postées. Fam. Passer sous une voiture, sous un train, se faire écraser. Fig. Un ange passe, voir Ange. La justice est passée, se dit après la condamnation ou l'exécution d'un coupable. Laisser passer une occasion, ne pas la saisir. Passer à côté de quelque chose. Nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe. Passer entre les mains de quelqu'un, se dit de quelque chose qu'on détient temporairement. Ces documents lui sont passés entre les mains. Se dit aussi familièrement en parlant d'une personne. Passer entre les mains d'un chirurgien. Passer sous le nez de quelqu'un (fam.), lui échapper. Il dit tout ce qui lui passe par la tête, il parle à tort et à travers. Cela lui passe par-dessus la tête (fam.), il n'y entend rien. Passer sur quelque chose, ne pas s'y arrêter, éviter d'en parler. Passons sur les détails et, absolt., Passons ! n'insistons pas. Impers. Avant que cela arrive, il passera de l'eau, beaucoup d'eau sous les ponts, cela n'arrivera pas de sitôt ou même n'arrivera jamais. Il lui passe entre les mains des sommes considérables. • Passer devant, derrière quelqu'un, prendre position devant lui, derrière lui. Je passerai devant vous pour vous montrer le chemin. Fig. Passer avant quelqu'un, avant quelque chose, l'emporter sur eux, présenter plus d'importance. Faire passer sa famille avant ses amis. L'honneur passe pour lui avant toute chose. Son intérêt passe avant tout. Passer après, être tenu pour secondaire, accessoire. Passer au premier, au second plan, à l'arrière-plan. • MARINE. Passer au large d'une île, d'un port. Passer au vent, laisser sous le vent un cap, un écueil, un autre navire. On dit, dans le sens contraire, Passer sous le vent. Passer à la poupe, ranger de près l'arrière d'un bâtiment. Passer à la bande, dans la marine militaire, ranger un bâtiment en rendant les honneurs, l'équipage aligné sur le pont. Passer sur le bord, se dit de la garde qui se met en rang à la coupée pour rendre les honneurs. • Loc. adv. En passant, sans s'attarder et, fig., incidemment. Jeter un coup d'œil en passant. Je n'ai évoqué cette question qu'en passant. Vous remarquerez en passant que… Cela soit dit en passant, ou Soit dit en passant.
2. Quitter un lieu pour accéder à un autre en empruntant une voie, un chemin ; se rendre en un lieu en franchissant un seuil, un obstacle. Passer par la grande porte. Le voleur est passé par la fenêtre. Passons à côté, passons dans mon bureau. Passer de la salle à manger au salon, passer au salon. Passer par-dessus un mur, une clôture. Le ballon est passé par-dessus les tribunes. Passer d'une rive à l'autre d'un fleuve. Passer à l'étranger, dans un pays voisin. Fam. Où étiez-vous donc passé ? Où a bien pu passer ce dossier ? • Fig. Passer par, recourir à, utiliser les services de. Passer par une agence pour réserver des billets d'avion. Passer par la voie hiérarchique. • Employé sans complément. Il y a trop de monde, vous ne passerez pas. Le col est enneigé, nous ne pourrons pas passer. S'écarter pour laisser passer quelqu'un. On ne passe pas ! Laissez-passer, voir ce mot. HIST. Laissez faire, laissez passer, mot d'ordre du libéralisme économique, voir Laisser. Prov. Les chiens aboient, la caravane passe, voir Aboyer. • Par ext. Le sang passe par les veines et les artères. Le vent passe sous la porte. Faire passer une corde sur une poulie. Faire passer un métal au laminoir, par le laminoir. Expr. fig. Passer sous le marteau, être vendu au enchères. Fam. Le courant passe ou ne passe pas entre eux, ils s'entendent bien ou mal. • Spécialt. Couler au travers d'un filtre, d'un tamis. Le café passe, est en train de passer. Fam. Être digéré. Son déjeuner ne passe pas, a du mal à passer. Fig. Les reproches qu'on me fait ne passent pas, sont inacceptables. Pop. Le, la sentir passer, supporter une épreuve pénible et, spécialt., une lourde dépense. • Expr. Passer en force, en usant surtout de sa force, avec violence. Ça passe ou ça casse ! (fam.). Passer à table, se mettre à table et, fig. et fam., avouer. Passer par-dessus bord, tomber à la mer. Passer à l'ennemi, rejoindre les lignes adverses et, fig., changer de camp. On dit de même, dans le langage de la politique, Passer à l'opposition ou dans l'opposition. Fig. Passer à travers les mailles du filet, passer entre les gouttes, se tirer heureusement d'affaire. Passer sous les fourches caudines, voir Fourche. Fam. Passer au travers d'un contrôle, d'une corvée, d'une épidémie, y échapper. Passer comme une lettre à la poste, sans la moindre difficulté. Passer du coq à l'âne, voir Coq. Il faudrait me passer sur le corps, se dit pour marquer une opposition irréductible. Passer sur le ventre de quelqu'un, l'écarter par tous les moyens pour parvenir à ses fins.
3. Se présenter en un lieu pour subir un examen, une épreuve, un contrôle. Passer au tableau. Passer à la visite médicale. Spécialt. Comparaître, être traduit devant une juridiction. Passer en jugement. Passer en cour martiale, en conseil de guerre. Par ext. Son affaire passe en justice le mois prochain. • Expr. fam. Passer à la caisse, se faire payer. Passer devant monsieur le maire, se marier civilement.
4. En parlant d'une œuvre dramatique ou cinématographique, d'une émission radiophonique ou télévisée. Être représenté, projeté ou diffusé. Un vaudeville qui passe sur les Boulevards. Ce film passe en exclusivité, il est passé plusieurs fois à la télévision. Cette série passe sur une autre chaîne, elle passe tous les jours à 22 heures. En parlant d'une personne. Ce chansonnier passe dans plusieurs cabarets. Ce chanteur passe souvent à la radio, à la télévision. Fam. Passer à l'antenne, en direct.
5. Être admis, accepté, toléré ; être adopté. Cet élève passe en troisième. La loi est passée ou a passé à quelques voix de majorité. Cela est passé dans l'usage, dans les mœurs. Ce tour est passé dans la langue familière. • Expr. fig. Laisser passer, tolérer ; ne pas relever. Il ne laisse rien passer. Laisser passer une perfidie. Les correcteurs ont laissé passer beaucoup d'erreurs dans cet ouvrage. Passe ou passe encore, cela est admissible, excusable. Passe pour cette fois, mais ne recommencez pas ! Passe encore qu'il soit bavard, mais il est médisant.

B. Exprime une idée de durée.
1. En parlant du temps. S'écouler. Les heures passaient. Trois mois ont passé ou sont passés. Les beaux jours sont passés. Expr. Faire passer le temps (on dit plutôt, transt., Passer le temps), se divertir, s'occuper à quelque chose. Jouer aux cartes pour faire passer le temps. • Titre célèbre : Comme le temps passe, de Robert Brasillach (1937).
2. Prendre fin, s'achever ; cesser d'exister, disparaître. Il est en colère, mais cela passera. L'idée, la fantaisie m'en est passée. Cela lui passera, ce n'est qu'un caprice ! Ce remède fait passer la migraine. Le danger est passé. Cette mode passera, la mode en est passée. Les gouvernements passent, l'État demeure. Expr. fig. Laisser passer l'orage, essuyer des reproches, une réprimande sans broncher. Fam. Faire passer à quelqu'un le goût du pain, lui ôter la vie. • Fig. Toutes ses économies ont passé ou sont passées dans des dépenses inutiles. Tout son temps passe en futilités, en bavardage. Fam. Y passer, être entièrement utilisé, consommé. Toute la bouteille y est passée ou y a passé, elle a été entièrement vidée. • ÉCRITURE SAINTE. « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas », paroles du Christ rapportées dans l'Évangile de saint Matthieu. • Spécialt. S'altérer, se flétrir, perdre de son éclat. Le bleu de cette étoffe a passé au soleil. Ces roses passeront bientôt. • Expr. proverbiale. Tout passe, tout casse, tout lasse, tout a une fin.

C. Exprime un changement d'état, de condition.
1. Accéder à une nouvelle situation, connaître de nouvelles conditions. Un fonctionnaire qui passe à l'échelon supérieur. Passer par tous les degrés de la hiérarchie. Passer dans le cadre de réserve. • En deux jours, le thermomètre est passé de 7 °C à 15 °C. Faire passer un métal de l'état solide à l'état liquide. Passer du rire aux larmes, d'un extrême à l'autre, d'un métier à l'autre. Passer de la théorie à la pratique. Cette expression est passée en proverbe. Expr. Passer de vie à trépas et, absolt., passer (vieilli), mourir. Le malade vient de passer, est passé cette nuit. • Pour indiquer le commencement d'une action. Passer en marche arrière. Loc. Passer à, engager, commencer ; en venir à. Passer au vote, à l'ordre du jour. Passons aux choses sérieuses ! Passer à l'action. Le général donna l'ordre de passer à l'attaque. Le suspect est passé aux aveux. PSYCHOPATHOL. Passer à l'acte, voir Acte.
2. Être confronté à, ne pouvoir éviter, subir. Passer par de cruelles épreuves. Passer par des moments difficiles. Si vous saviez par où je suis passé ! Expr. Passer par toutes les couleurs, pâlir, rougir tour à tour. En passer par les volontés de quelqu'un, se résoudre à faire ce qu'il demande, se plier à ses volontés. Il faudra bien en passer par là, s'y résoudre. Fam. Passer à l'as, être dissimulé, escamoté. Passer à la trappe. Passer sur le billard, subir une intervention chirurgicale. Pop. Passer à la casserole, voir Casserole. Ellipt. Y passer, subir un désagrément, une épreuve et, spécialt., perdre la vie, être tué. J'ai bien failli y passer !
3. Être transmis, légué. À sa mort, sa fortune passera à son neveu. • Expr. Passer de bouche en bouche, voir Bouche. Passer de main en main. Passer à la postérité.
4. Employé comme verbe d'état. En parlant d'une personne. Être promu, élevé au rang de. Passer capitaine. Passer maître, obtenir le titre de maître dans un corps de métier ou, fig., faire preuve d'une grande maîtrise dans quelque domaine. Ce compagnon vient de passer maître. Il est passé maître en fourberie, maître dans l'art de tromper. • Loc. Passer inaperçu, n'être pas remarqué. Passer pour, être considéré comme, avoir la réputation de. Il passe pour avisé, pour homme de bien. Il passe pour avoir accompli de nombreux exploits. Faire passer pour, présenter comme. Faire passer quelqu'un pour un imbécile. Se faire passer pour, chercher à tromper en se prévalant d'une qualité que l'on n'a pas. Il se fait passer pour ce qu'il n'est pas.

II. V. tr.

A. Exprime une idée de mouvement, de déplacement dans l'espace.
1. Traverser un lieu pour aller d'un point à un autre ; franchir une limite, un obstacle. Passer un pont. Passer une rivière à gué. Passer un détroit. Le cheval a passé aisément tous les obstacles. Passer la frontière. Passer un cap, le doubler et, fig., dépasser un point critique, franchir une étape importante. Passer le cap de la cinquantaine. • Loc. et expr. Passer son chemin, voir Chemin. Passer la barre, voir Barre. Passer la rampe, produire un effet sur le public, l'intéresser, le toucher et, fig. et fam., être accueilli favorablement par l'opinion. Fig. Passer le Rubicon (on dit plus souvent Franchir le Rubicon, voir Franchir). Fam. Passer le pas, prendre, après avoir longtemps hésité, une décision qui engage l'avenir (on dit plus souvent Sauter ou Franchir le pas). • Fig. et vieilli. Dépasser, surpasser. Fontenelle passa tous ses confrères en longévité. La vérité passe la fiction. Aujourd'hui, ne s'emploie plus guère que dans des locutions exprimant l'excès, l'outrance. Passer les bornes, les limites de la bienséance. Passer la mesure, exagérer. La réussite a passé notre espérance. Expr. Cela passe le jeu, cela dépasse la simple raillerie. Spécialt. Être au-dessus des forces du corps, des facultés de l'esprit. Cela passe l'entendement, l'imagination, c'est incompréhensible, inconcevable ou inacceptable. • Prov. Expérience passe science. Contentement passe richesse.
2. Faire traverser ; transporter d'un lieu à un autre, notamment de façon clandestine, illégale. Passer des marchandises en fraude. • Spécialt. Faire couler à travers une passoire, un filtre ; tamiser. Passer le bouillon. Passer de la farine au blutoir.
3. Faire mouvoir, faire glisser. Passer sa main sur son visage, sur ses cheveux. Passer le balai, l'aspirateur. Passer l'éponge sur la table pour l'essuyer. Expr. fig. et fam. Passer l'éponge sur quelque chose, l'effacer, ne pas en tenir compte. Passer la brosse à reluire, voir Brosse. Passer la main dans le dos de quelqu'un, le flatter pour en tirer quelque avantage. • Par méton. Appliquer, étendre une matière sur une surface. Passer une couche de peinture sur un mur, passer de la cire sur le parquet. Fig. et fam. Passer un savon à quelqu'un, lui faire de vives réprimandes. • Par ext. Passer un film, le projeter, le diffuser. Passer un disque, une cassette.
4. Mettre en place, ajuster ; glisser, enfiler. Passer une bague à son doigt. Passer un vêtement. Passer la bride à un cheval. Passer un ruban, un lacet dans un œillet. Passer les menottes à quelqu'un. Passer son épée au travers du corps de quelqu'un. • Expr. fig. Passer la corde au cou de quelqu'un, lui faire perdre son indépendance. Fam. Passer l'arme à gauche, mourir. • Par ext. Passer une vitesse, manœuvrer le levier de vitesse d'un véhicule. Fam. Passer la troisième.
5. Remettre, transmettre. Passez-moi ce livre. Passer le sel, la salière à son voisin. Passer la balle à un coéquipier. Passer une pièce fausse (vieilli), la donner en paiement. Fam. Passer une maladie à quelqu'un, la lui transmettre par contagion. • COMMERCE. Passer un billet, une lettre de change à l'ordre de quelqu'un, lui en transmettre la propriété par un endossement. • Fig. Passer sa charge, ses pouvoirs à son successeur. Passer la consigne. Passer ses ordres à ses subordonnés. Passer la parole à quelqu'un, lui donner la parole, son tour de parole. Passer un coup de fil (fam.), téléphoner. Passer un appel téléphonique à quelqu'un, le lui transférer. Par méton. Fam. Passer une personne à une autre, les mettre en communication. • Expr. Passer la main, renoncer à son tour de jouer et en faire bénéficier le joueur suivant ou, fig., transmettre ses pouvoirs à un successeur. Passer le témoin, passer le relais, le bâton qui sert de témoin dans une course de relais et, fig., se décharger d'une affaire sur quelqu'un d'autre. Fig. Passer le flambeau, confier à un successeur la tâche à laquelle on s'était consacré.

B. Exprime une idée de durée.
1. Laisser ou faire s'écouler. Passer une année à l'étranger, une heure à rêver. Passer une bonne ou une mauvaise nuit. Passer sa journée à lire. Passez de bonnes vacances ! Il a passé l'été à la campagne. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. • Expr. Passer le temps, s'occuper à diverses activités ou, fig., employer son temps à des choses sans intérêt pour tromper son ennui (on dit aussi, familièrement, Tuer le temps). Fam. Passer un mauvais quart d'heure, un moment difficile.
2. Dépasser une certaine durée, un certain moment. J'ai passé l'âge de me livrer à de telles excentricités. Il a passé la limite d'âge. • Fam. Surtout en tournure négative. Le malade ne passera pas la nuit, il mourra avant l'aube.
3. Faire cesser ; assouvir. Passer son envie d'une chose, satisfaire le désir qu'on en a. Passer sa colère sur quelqu'un.

C. Exprime l'idée d'une action, d'une procédure.
1. Exposer, soumettre à l'action de. Passer un meuble à l'encaustique. Passer des instruments à l'étuve, au stérilisateur. Expr. Passer au crible, voir Crible. Passer quelqu'un par les armes, le fusiller. Passer au fil de l'épée, voir Épée. Fam. Passer à tabac, rouer de coups. • MILIT. Passer des troupes en revue, passer une revue. Par ext. Fig. Passer quelque chose en revue, l'examiner attentivement, en faire l'inventaire.
2. Subir une épreuve, un contrôle. Passer un examen, un concours, s'y présenter ou, vieilli, le réussir. Passer le baccalauréat. Passer une audition. Passer une visite médicale.
3. Accomplir une action dans les formes requises. Passer un marché, un accord. Passer commande d'une fourniture. Passer un compromis, le conclure. Passer des aveux, avouer un crime, un délit conformément à la procédure. • Spécialt. DROIT. Établir dans les formes légales. Passer un contrat, un avenant. Un acte passé par-devant notaire. – COMPT. Enregistrer, inscrire. Passer une opération dans un livre comptable. Passer des écritures. Passer un article en dépense. Passer une somme d'un registre ou d'un chapitre à un autre, la transférer. Contre-passer, voir ce mot. Fig. et fam. Passer quelque chose par pertes et profits, se résigner à sa perte sans regrets excessifs.

D. Fig.
1. Omettre ; ne pas s'arrêter ou s'attarder sur ; ne pas mentionner. Passer un chapitre du livre qu'on lit. Passer les détails d'une affaire. Passer quelque chose sous silence, n'en pas parler, de façon délibérée. • Expr. et loc. J'en passe et des meilleurs ou des meilleures, voir Meilleur. Passer sa parole, passer son tour de parole, dans certains jeux, renoncer à faire une enchère ou à profiter de son tour. Ellipt. Je passe ou, simplement, Passe. Pop. Passer quelque chose à l'as, à la trappe, le dissimuler, l'escamoter.
2. Accorder, concéder ; accepter, pardonner. Passer un caprice à quelqu'un. Je vous passe cette sottise. Vous passez tout à cet enfant. Loc. vieillie. Passer condamnation (s'emploie surtout au sens figuré, voir Condamnation). • Pron. réfléchi indirect. Se passer une fantaisie, une folie, se la permettre, y céder. • Dans la conversation, pour prier quelqu'un d'excuser une liberté de ton, de parole. Passez-moi le mot, l'expression, cette expression. • Expr. proverbiale. Passez-moi la casse ou la rhubarbe, je vous passerai le séné, faisons-nous des concessions, des compliments mutuels.

III. V. pron.
1. Arriver, survenir, avoir lieu. Ces évènements se sont passés il y a fort longtemps. Comment s'est passé votre voyage ? L'entrevue ne s'est pas passée comme vous le dites, comme prévu. Si tout se passe bien, l'affaire sera vite réglée. Voilà ce qui se passe quand on manque de jugement. Tout se passe, tout s'est passé comme si… Impers. Il se passe des choses étranges dans cette maison. Fam. Il s'en passe de belles, de jolies ! il se produit des choses peu avouables, répréhensibles. • Expr. Cela ne se passera pas comme cela, pas ainsi, les choses n'en resteront pas là. Spécialt. Se dérouler, prendre place à une époque, en un lieu déterminés. L'action se passe à Paris, sous la Révolution.
2. En parlant du temps. S'écouler. Une heure s'était passée depuis son départ. La soirée s'est passée dans l'attente. Ses journées se passent à lire. Tout leur temps se passe en frivolités. Impers. Il ne se passe pas une journée sans que je pense à vous. • Par ext. Prendre fin, cesser. Attendons que l'averse se passe. • Prov. Il faut que jeunesse se passe.
3. S'accommoder du manque, de l'absence de ; se priver, s'abstenir. Ils ne peuvent se passer de fumer. Se passer du superflu. Je m'en passe très bien. Elle ne peut plus se passer de vous. Par euphémisme. Je me passerais volontiers de vos conseils. Je m'en passerais bien, je préférerais me soustraire à cette obligation, éviter ces ennuis. • Expr. Se passer des services de quelqu'un, le congédier. Cela se passe de commentaire, de tout commentaire, se dit pour attirer l'attention sur le caractère absurde ou scandaleux d'un propos, d'un fait que l'on rapporte.

IV. Emploi particulier du participe passé. Avec une valeur spatiale aussi bien que temporelle, Passé s'emploie comme forme verbale d'une proposition participiale. Aussitôt le train passé, il traversa les voies. La porte passée, il découvrit une vaste pièce. Sa semaine de vacances passée, il retrouva Paris. Passée la mauvaise saison, nous reprendrons nos promenades. Cependant, lorsque le participe est placé avant le sujet, il est le plus souvent traité comme une préposition et reste invariable. Passé les délais, toute demande sera rejetée.