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CHEMIN n. m.
XIIe siècle. Du latin populaire *camminus, d'origine celtique.

I. Voie utilisée pour aller d'un lieu à un autre.
1. Voie d'intérêt local qui relie des champs, des fermes, des hameaux, des villages. Un chemin de terre. Un chemin uni, pierreux, raboteux, fangeux. Tracer un chemin. Un chemin creux, encaissé entre des talus. Un chemin carrossable. Un chemin muletier. Un chemin forestier. Prendre un chemin de traverse, qui coupe à travers la campagne. Au carrefour des chemins. Le chemin du château, de la rivière, celui qui y mène. Chemin privé. Chemin communal. Chemin rural. Chemin vicinal, qui va d'une commune à l'autre et qui est sous la dépendance directe de l'autorité municipale. Chemin de halage, qui suit le bord d'une rivière ou d'un canal, et qui servait naguère au halage des bateaux. Chemin de douane, sentier suivi par les douaniers en bordure de mer ou le long d'une frontière. Anciennt. Grand chemin ou chemin royal, voie large et bien entretenue qui reliait les grandes villes. Un voleur, un bandit de grand chemin, qui attaquait et dévalisait les voyageurs sur les routes ; auj., fig., un homme sans honnêteté, sans aucun scrupule. ARCHIT. Chemin de ronde, passage protégé par un parapet qui court intérieurement le long d'une enceinte. Chemin couvert, chemin à ciel ouvert établi sur la contrescarpe, entre le parapet et le fossé, et où les défenseurs étaient à couvert des projectiles des assiégeants. • Expr. Aller par les chemins, vagabonder au hasard. Être par voies et par chemins, être toujours en voyage.
2. Par anal. Chemin d'escalier, bande de tapis posée sur les marches d'un escalier. Chemin de table, bande d'étoffe ou de broderie dont on orne toute la longueur de la table. MÉCAN. Chemin de roulement, surface profilée sur laquelle se déplace un organe mobile.
3. Fig. Moyen conduisant à une fin. Le chemin de la liberté. Les chemins de la connaissance, de la gloire. Le chemin de la vertu, de la perfection, de la perdition. Spécialt. Il a su trouver le chemin de son cœur, il a su s'en faire aimer. Expr. Il est à la croisée des chemins, il doit faire un choix décisif. Suivre les chemins battus, s'attacher aux usages établis, manquer d'originalité. • Prov. À chemin battu, il ne croît point d'herbe, il n'y a point de profit à s'occuper d'une affaire dont trop de gens se mêlent. Tous les chemins mènent à Rome, divers moyens conduisent à la même fin.

II. Étendue que l'on parcourt pour avancer, pour aller d'un lieu à un autre ; itinéraire conduisant à un lieu déterminé.
1. Distance, espace à parcourir. La ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre. Le chemin est plus court par mer que par terre. Nous avons fait le chemin à pied, à cheval, en voiture. S'arrêter à mi-chemin, à moitié chemin. Le chemin m'a paru court, long. Vous avez deux heures de chemin jusqu'à la ville. Faire beaucoup de chemin, parcourir une longue distance. Poursuivez votre chemin. Nous avons rebroussé chemin à cause de la tempête. Rencontrer quelqu'un en chemin. Chemin faisant, nous avons bavardé. Passer son chemin, continuer de marcher sans se laisser arrêter. PHYS. Chemin optique, distance que la lumière parcourrait dans le vide pendant le temps qu'elle met à effectuer un trajet donné. • Expr. fig. Il a encore bien du chemin à faire, bien des efforts, bien des progrès. Il serait dommage de vous arrêter à mi-chemin, en si bon chemin, d'abandonner une entreprise dont la réussite paraît assurée. Faire son chemin, faire du chemin, obtenir de l'avancement, s'enrichir, etc. Il a su faire son chemin. Par ext. L'idée avait peu à peu fait son chemin, elle se répandait, gagnait les esprits. Fam. Faire un bout de chemin, voir Bout.
2. Itinéraire, voie que l'on doit suivre. Demander, perdre, retrouver son chemin. Je me suis trompé de chemin. Une avalanche nous a contraints à changer de chemin. Chercher son chemin sur une carte. Je passerai à la poste, c'est sur mon chemin. Ne me reconduisez pas, je connais le chemin. Le chemin des écoliers, voir Écolier. Par ext. Passage. Un arbre abattu nous barrait le chemin. Se frayer un chemin dans la neige, dans la forêt vierge. S'ouvrir un chemin dans la foule. • Expr. fig. L'affaire est sur le bon chemin, en bon chemin. Il veut faire fortune, mais n'en prend guère le chemin. Montrer le chemin aux autres, faire ce que d'autres peuvent imiter, montrer l'exemple. Suivre des chemins différents. Il faut le remettre dans le bon chemin, le ramener dans le droit chemin. Aller droit son chemin, procéder avec sincérité, loyauté, sans artifice. Prendre des chemins de traverse, agir d'une façon dissimulée. Il ne faut pas y aller par quatre chemins, il faut parler, agir franchement, sans détour, sans ambages. Couper, barrer le chemin à quelqu'un, se mettre sur le chemin de quelqu'un, chercher à le gêner, à faire obstacle à ses initiatives. Trouver une pierre, des pierres en son chemin, trouver des empêchements, des obstacles à ce qu'on a dessein de faire. Aplanir le chemin à quelqu'un, lui éviter toute difficulté, tout obstacle. Chemin de velours, voie facile, agréable, par opposition à Chemin difficile, malaisé. Il est arrivé à la fortune par un chemin de velours. Il me trouvera sur son chemin, je saurai m'opposer à lui. Qu'il ne se trouve pas sur mon chemin ! Fam. Aller son chemin, aller toujours son chemin, aller son petit bonhomme de chemin, ne pas se laisser détourner de la conduite qu'on a choisi de tenir. Pop. Surtout dans des phrases négatives. Ça en prend, ça n'en prend pas le chemin, cela semble, ne semble pas devoir aboutir.
3. RELIG. Le chemin de la croix, le chemin que le Christ parcourut en portant sa croix, jusqu'au Calvaire. Un chemin de croix, suite de quatorze bas-reliefs ou tableaux placés dans une église ou dans un lieu de pèlerinage, et représentant diverses scènes de la Passion. Faire un chemin de croix, le chemin de croix, s'arrêter et prier devant chacune de ces quatorze stations. Fig. Un chemin de croix, une série d'épreuves et de souffrances. Le chemin de Damas, par allusion à la conversion de saint Paul, instant, circonstance où s'opère de façon subite et imprévue une conversion. Par ext. Adhésion brusque et totale à une doctrine philosophique, morale, politique, etc.