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JUGER v. tr.
(se conjugue comme Bouger). XIe siècle, jugier. Issu du latin judicare, de même sens.
1. Décider d'une affaire, d'un différend en qualité de juge ; prononcer une décision de justice. Juger un procès, une cause. Juger impartialement. Juger sommairement. Juger sur pièces. Juger en pleine connaissance de cause. Juger contre droit et raison. Juger en appel, juger en dernier ressort. La chose jugée, voir Chose. Le respect dû à la chose jugée. L'autorité de la chose jugée, voir Autorité. Jugement passé en force de chose jugée, qui n'est pas ou n'est plus susceptible d'aucun recours suspensif d'exécution. Bien jugé, mal appelé ; mal jugé, bien appelé, formules employées dans les arrêts quand un juge supérieur confirme ou casse la sentence d'un juge subalterne. Subst. Le bien-jugé, le mal-jugé, voir ces mots. • Juger une personne, faire son procès. L'accusé sera jugé demain. On l'a jugé, il est absous. Expr. fig. C'est un homme jugé, c'est un homme dont on connaît le peu de mérite, le peu d'honnêteté. • RELIG. En parlant de l'arrêt que Dieu porte sur les hommes. Dieu viendra juger les vivants et les morts. • Par ext. Décider comme arbitre, départager. Un cas difficile à juger. Nous l'avons choisi pour nous juger. À vous de juger. En construction indirecte. Vous en jugerez vous-même.
2. Se former, avoir, énoncer un avis, une opinion sur une personne ou une chose et, spécialt., décider en bien ou en mal du mérite d'autrui, de ses sentiments, de ses actes, etc. Vous jugez cet homme sévèrement, favorablement. Vous me jugez bien mal, si vous me croyez capable de cela. Je l'ai jugé au premier coup d'œil. Nous nous jugeons rarement comme les autres nous jugent. Il se juge lui-même sans indulgence. Par méton. De tels actes, de telles paroles jugent leur auteur, manifestent ce qu'il est en vérité, permettent de le juger avec certitude (se dit le plus souvent en mauvaise part). • Juger un ouvrage, un tableau, une pièce de théâtre. Des préventions nous empêchent de juger sainement cette affaire. • En ce sens, s'emploie souvent en construction indirecte. Bien juger, mal juger de quelqu'un. Juger des gens sur l'apparence, sur la mine. Vous en jugez légèrement, témérairement. Il est encore trop tôt pour en juger. On juge mal des évènements quand on n'en connaît point les causes. D'ici, il est difficile de juger de la distance. Il juge bien de la poésie, de la peinture. • Absolt. Ne jugez point si vous ne voulez être jugé. Juger équitablement. • Loc. et expr. Autant, pour autant que je puisse en juger. Juger des coups, regarder des joueurs et apprécier en quoi ils jouent bien ou mal ; fig., être simple spectateur des évènements, les louer ou les blâmer sans y prendre part. Il en jugera comme un aveugle des couleurs, sans en avoir aucune connaissance. Juger d'autrui par soi-même, estimer les sentiments d'autrui par les siens.
3. Conjecturer, estimer ; être d'avis, d'opinion que. Si vous jugez qu'il peut l'emporter. Que jugez-vous que je doive faire ? Intranst. Si j'en juge par ce premier essai, à en juger par ce premier essai, nous réussirons. • Dans une construction attributive. Il n'a pas jugé bon, il n'a pas jugé à propos de s'y trouver. On a jugé nécessaire d'y pourvoir de bonne heure. Si vous l'en jugez digne. Le parti que vous jugerez le meilleur. Pron. réfléchi et réciproque. Vous en jugez-vous capable ? Ils se jugèrent faits l'un pour l'autre. • Par ext. Se faire une idée de, se représenter. Vous jugez, vous pouvez bien juger qu'il n'en fut pas fort content. Jugez combien je fus surpris, jugez un peu de ma surprise. Jugez si je fus ravi de la voir, jugez quelle fut ma joie.
4. Former un jugement, des jugements ; affirmer ou nier l'existence d'une chose, la vérité d'un rapport entre deux termes. La faculté de juger.