| JUGEMENT n. m. XIe siècle. Dérivé de juger. ☆1. Action de juger, de rendre la justice ; résultat de cette action. Il se réserva le jugement de certaines affaires. Un jugement équitable. Jugement sommaire. Mettre quelqu'un en jugement, l'envoyer devant les juges. Ester en jugement, voir Ester. Rendre, prononcer un jugement en faveur de quelqu'un. Le prononcé, les attendus d'un jugement. La minute, la grosse, l'expédition d'un jugement. Appeler d'un jugement, introduire un recours devant une juridiction supérieure. Confirmer, casser, déclarer nul un jugement. Exécuter un jugement. Le jugement n'est pas encore exécutoire. Jugement en premier, en dernier ressort. Jugement au fond, sur le fond. Jugement provisoire, définitif. Jugement avant dire droit, avant faire droit, voir Avant. Jugement contradictoire, rendu entre les parties ayant comparu et déposé leurs conclusions devant le tribunal. Jugement par défaut, rendu dans un procès où l'une des parties n'a pas comparu. • Par ext. Action de départager, en parlant d'une personne ou d'une institution ayant autorité. S'en remettre au jugement de l'Église. Le jugement de Pâris, rendu sur le mont Ida par le berger Pâris, qui devait choisir entre trois déesses. « Le Jugement de Pâris », de Raphaël, de Rubens. • Expr. Jugement de Salomon, par allusion à l'Écriture sainte, jugement qui permet de faire apparaître la vérité ou, simplement, qui témoigne d'une grande sagesse. « Le Jugement de Salomon », tableau de Poussin. ☆2. RELIG. Jugement de Dieu, dessein, décret de la justice divine, de la Providence. • Jugement de Dieu se disait spécialement des épreuves extraordinaires, comme le duel, l'épreuve du feu, du fer chaud, etc., auxquelles on recourait anciennement pour décider de certaines contestations (voir Duel et Ordalie). • Jugement particulier, par lequel Dieu rétribue chaque âme au moment de la mort. • Le jugement dernier, le jugement universel, final ou, simplement, le jugement (parfois avec une majuscule), par lequel Dieu jugera les vivants et les morts, à la fin des temps. Le jour du jugement (on dit aussi Jour de Yahvé, Jour de colère ou Dies irae). L'ange du jugement. La trompette du jugement. Par méton. Œuvre figurant ce jugement. « Le Jugement dernier », de Rubens. ☆3. Opinion par laquelle on approuve ou on blâme, notamment en matière de morale. Un jugement favorable, charitable. Redouter les jugements des hommes. • Par ext. Appréciation, avis. Un jugement nuancé. Jugement de valeur. Émettre un jugement. Je me rends, je me rapporte, je m'en tiens à votre jugement. Porter, donner un jugement sur quelque chose, sur un ouvrage, un auteur. Asseoir, fonder son jugement sur un fait précis. Je l'ai fait revenir sur son premier jugement. Liberté de jugement. Erreur de jugement. • Fig. Le jugement de l'Histoire, l'appréciation qui sera portée sur tel évènement, tel personnage lorsqu'ils seront entrés dans l'Histoire. ☆4. PHIL. Acte de la pensée par lequel on affirme ou l'on nie la réalité d'une chose ou la vérité d'un rapport entre deux termes. Tout jugement qu'on exprime est une proposition. Jugement d'existence, énonçant soit qu'une chose est, soit ce qu'elle est, par opposition à Jugement de valeur (on dit aussi Jugement de réalité). « Cette table existe », « ceci est une table » sont des jugements d'existence. ☆5. Faculté de l'entendement qui compare et qui juge ; aptitude à raisonner avec justesse, à se former une opinion conforme au bon sens. Former, exercer son jugement. Il a le jugement bon, solide, sain. Il a du jugement, il manque de jugement. Il a de l'esprit, mais pas de jugement. Cela lui a faussé le jugement. Sa passion lui ôte le jugement. « Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement », maxime de La Rochefoucauld. • Titre célèbre : Critique du jugement, d'Emmanuel Kant (1790). |