| GUERRE n. f. XIe siècle. Issu du francique *werra, « troubles, dispute ». ☆1. Recours aux armes, dans un conflit entre des pays, des nations, des groupes de populations. Déclarer, décréter la guerre. En temps de guerre. Porter la guerre dans un pays. Aller à la guerre, partir pour la guerre. Les ravages, les horreurs de la guerre. Cette province devint le théâtre de la guerre. Gagner, perdre la guerre, une guerre. Ministère de la Guerre, ancienne dénomination du ministère de la Défense. Le droit de la guerre, ensemble de conventions qu'appliquent ou devraient appliquer les belligérants. Les lois et coutumes de la guerre. L'art, le métier, la science de la guerre. Des enfants qui jouent à la petite guerre. • Loc. En guerre, dans la situation politique, juridique, etc., qui résulte de la lutte armée. Être en guerre ou en état de guerre. Ce pays est en guerre. Entrer en guerre. • De guerre, qui est propre à, destiné ou relatif à la lutte armée. Hommes de guerre, gens de guerre, militaires, soldats. Machine de guerre. Une place, un port de guerre. Marine, navire de guerre. École supérieure de guerre, où était enseigné l'art militaire. Un chef de guerre. Un grand homme de guerre, un grand chef militaire. Les années de guerre. L'effort de guerre. Économie de guerre, où toutes les ressources du pays sont consacrées à la conduite de la guerre. Ruse de guerre, employée pour tromper, surprendre l'ennemi. Prise de guerre. Prisonnier de guerre. Blessé, mutilé de guerre. Correspondant de guerre. Conseil de guerre, voir Conseil. Crime, criminel de guerre. Dommages de guerre. Indemnités de guerre, versées au vainqueur par le vaincu. Veuve de guerre, dont le mari est mort au combat. Orphelin de guerre. Être décoré de la croix de guerre. Des souvenirs de guerre. Un récit, un film de guerre. ☆2. Suivi d'un adjectif ou d'un complément déterminatif qui caractérise un conflit selon les adversaires en présence, selon la tactique et les fins du combat, selon les moyens mis en œuvre, ou qui situe ce conflit dans l'Histoire. • Guerre étrangère. Guerre coloniale. Guerre civile ou guerre intestine, qui oppose les citoyens d'un même État. Guerre de religion, qui oppose des adversaires guidés par les passions religieuses ou les dissensions confessionnelles. Guerre sainte, où l'on appelle les peuples à la défense de leur religion, des lieux, des personnes, des symboles qui lui sont attachés. Proclamer la guerre sainte. • Guerre offensive, défensive. Guerre de campagne, de siège, d'usure, de harcèlement. Guerre de tranchées. Guerre de positions. Guerre de mouvement. Guerre éclair, menée en très peu de temps. Guerre à outrance, qui vise à l'anéantissement complet de l'ennemi. Guerre d'extermination, voir Extermination. Guerre de conquête, de libération. Loc. La guerre en dentelles, voir Dentelle. • Guerre terrestre, aérienne, navale, sous-marine. Guerre atomique ou guerre nucléaire. Guerre bactériologique. Guerre totale, qui met en œuvre tous les moyens de combat, de destruction, sans épargner les populations civiles. • La guerre de Troie. Les guerres médiques. La guerre de Cent Ans. Les guerres de Religion, luttes armées entre catholiques et protestants, au XVIe siècle, en France. La guerre de Trente Ans. La guerre de Succession d'Espagne. Les guerres napoléoniennes. La guerre de Sécession. La Première Guerre mondiale ou la Grande Guerre, la guerre de 1914-1918. La Seconde Guerre mondiale, celle de 1939-1945. Avant-guerre, après-guerre, entre-deux-guerres, voir ces mots. La drôle de guerre, voir la définition au mot Drôle. La Guerre froide, après la Seconde Guerre mondiale, période de tension entre l'Est et l'Ouest (voir Froid). ☆3. Par ext. Affrontement organisé qui oppose des nations ou des groupes humains par d'autres moyens que la force armée. Guerre économique, commerciale. Guerre révolutionnaire ou subversive, par laquelle on suscite ou exploite des mouvements insurrectionnels pour affaiblir un adversaire. Guerre des ondes, des communiqués, qui utilise les organes d'information. Guerre psychologique, propagande visant à affaiblir le moral de l'adversaire. ☆4. Fig. Se dit de toute lutte par laquelle on cherche à dominer ou à éliminer un rival. C'est la guerre entre les associés. Ces deux entreprises se livrent une guerre continuelle. ☆5. Locutions s'employant au propre comme au figuré. Faire la guerre, prendre part à un conflit armé. Il a fait la guerre de 14. Nous avons fait la guerre ensemble, nous avons servi dans la même armée, la même unité. Faire la guerre sous quelqu'un, sous son commandement. • Faire la guerre à, combattre par les armes. Ces deux peuples se font la guerre. Par anal. Le jardinier fait la guerre aux taupes. Fig. Faire la guerre à quelqu'un, lui adresser des observations, des réprimandes répétées, dans le dessein de le corriger de quelque défaut. Ses maîtres lui font la guerre sur sa négligence, sur le laisser-aller de ses manières. Loc. prép. Guerre à, exclamation appelant à lutter contre quelqu'un ou quelque chose. Guerre au tyran, à l'envahisseur ! Guerre au fanatisme, à la misère ! • Partir en guerre contre un pays, un peuple, partir le combattre. Fig. Partir en guerre contre les abus, contre les anglicismes. On dit, dans le même sens, Déclarer la guerre à. Déclarer la guerre aux préjugés, à l'injustice. • Être en guerre avec quelqu'un (fig.), en mauvais termes avec lui. Cet homme vit en guerre avec tout le monde. Être en guerre ouverte avec quelqu'un, dans une situation d'hostilité, d'inimitié déclarée. • Être sur le pied de guerre, se tenir prêt à riposter à la première attaque de l'ennemi et, fig., être en état d'alerte. Être sur le sentier de la guerre, par allusion aux coutumes des Indiens d'Amérique, se préparer à l'affrontement. Déterrer, enterrer la hache de guerre, voir Hache. • Une guerre au couteau (fig.), une lutte acharnée. Guerre sans merci, où l'on n'est disposé à aucune clémence, à aucun accord avec l'adversaire. • La petite guerre, menée avec des effectifs réduits, qui lancent des attaques répétées, en vue d'observer ou de harceler l'ennemi. Fig. Ensemble d'attaques par lesquelles on harcèle un ennemi politique, économique, etc. • Nom de guerre, nom que prenait parfois un soldat en s'enrôlant ou en s'engageant. La Tulipe, Sans-Quartier étaient des noms de guerre. Se dit aussi figurément du pseudonyme adopté par un homme public, un comédien, un écrivain, etc. • Les honneurs de la guerre, les conditions accordées au vaincu qui se rend après avoir résisté vaillamment. La garnison a obtenu les honneurs de la guerre, elle est sortie de la place assiégée avec armes et drapeaux. Fig. Se sortir d'une querelle, d'un procès, d'une affaire délicate avec les honneurs de la guerre, en sortir honorablement, à son avantage et avec dignité. • Un foudre de guerre, voir Foudre I. Un va-t-en-guerre, synonyme familier de Belliciste. ☆6. Expr. Cela est de bonne guerre, cela est conforme aux lois et aux usages de la guerre. Fig. Le procédé est de bonne guerre ou, simplement, C'est de bonne guerre, se dit d'un procédé auquel on a le droit de recourir, d'un moyen habile mais légitime de prendre l'avantage. • Faire quelque chose de guerre lasse, après avoir longtemps résisté. De guerre lasse, j'ai fini par céder, par consentir. • Fam. Être en retard d'une guerre, préparer une guerre comme si elle devait être identique à la précédente et, fig., ne pas être au fait des éléments nouveaux d'une situation, d'une stratégie. • Expr. proverbiales. Si tu veux la paix, prépare la guerre. L'argent est le nerf de la guerre. Qui terre a guerre a, quiconque a du bien doit s'attendre à inspirer de l'envie, à avoir des procès. Fam. À la guerre comme à la guerre, il faut s'accommoder aux circonstances, si incommodes ou contraignantes soient-elles. S'emploie parfois pour justifier le choix des armes ou des moyens. • Titres célèbres : Histoire de la guerre du Péloponnèse, de Thucydide (431-411 av. J.-C.) ; Commentaires de la guerre des Gaules (52 av. J.-C.), et Commentaires de la guerre civile (45-44 av. J.-C.), de Jules César ; De la guerre, de Carl von Clausewitz (publié en 1832-1834) ; Guerre et Paix, de Tolstoï (1878) ; La guerre de Troie n'aura pas lieu, de Jean Giraudoux (1935). |