| VISIÈRE, subst. fém. A. − 1. ARM. Pièce mobile du casque, munie de fentes pour la vue et la respiration, et qui protégeait le visage. Visière basse, haute; visière d'armet; lever, baisser la visière de son casque. Il y a dans la chambre de monsieur le duc une armure de taille colossale, dressée sur un pivot, casque en tête et visière baissée (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 194). − Au fig., vieilli. À visière levée, découverte, loc. adv. À visage découvert; ouvertement. Il y en a une seconde [politique], celle qui consisterait à l'attaquer franchement, à le combattre avec des arguments, à visière découverte (Gambetta,1877ds Fondateurs 3eRépubl., p. 283).Rompre en visière à/avec qqn. V. rompre II D. 2. Vx, fam. Ce à travers quoi on regarde, ce qui permet de voir de façon plus ou moins nette. Synon. vue.Avoir la visière trouble. Célie: Notre père n'a plus la visière bien nette. Horace: Il ne reconnaît plus personne à quatre pas (Augier, Aventur., 1848, p. 177).Tant de millions d'ici et de là auraient troublé la visière au premier venu (Richepin, Aimé, 1893, p. 92). − Loc. verb., au fig. Avoir la visière courte. ,,Avoir peu de sagacité, peu de pénétration`` (Ac. 1835, 1878). Choquer, blesser la visière de qqn. Heurter quelqu'un dans ses opinions, ses sentiments. (Dict. xixeet xxes.). Donner dans la visière à/avec qqn. Éblouir quelqu'un. Synon. fam. Taper dans l'œil* de quelqu'un.Cette femme lui a donné dans la visière (Ac.1798-1878). B. − 1. Pièce de cuir ou de toile rigide bordant une coiffure, notamment une casquette, pour protéger le front et les yeux. Visière d'un képi, d'un shako. Il s'approcha, la main sur la visière de sa casquette et lui demanda poliment du feu (Huysmans, À rebours, 1884, p. 93).Un officier à casquette cerclée de rouge et à visière dorée (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 107). − Loc. adj. ou adv. En visière. Horizontalement et devant les yeux pour les protéger de la lumière. Mettre la/sa main en visière. La main en visière pour protéger ses prunelles, Vanheede regarda prudemment vers les tables voisines (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 382).Tous les hommes portent (...) le large béret noir qu'on ramène en visière (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 285). 2. Écran rigide que l'on porte attaché par une bande élastique autour de la tête pour se préserver de la lumière. Visière de carton, de rhodoïd; visière d'un joueur de tennis, d'un metteur en scène. M. Kron (...), en manches de chemise, chronomètre en main, visière de celluloïd vert au front, leva le bras (Morand, Fr.-la-Doulce, 1934, p. 61). 3. Pièce rigide, fixe ou rabattable, à l'avant d'un casque (de motocycliste, etc.). Salut, crie Viviane, à demain, et elle abaisse sur l'autre moitié de sa figure la visière de son casque. Reine voit bouger la grosse tête bleue et luisante, elle imagine un sourire dans les yeux bleu marine sous la visière transparente et elle regarde sa fille, les mains aux poignées courbes du guidon (Chr. de Rivoyre, Reine-Mère, 1985, p. 146). 4. CH. DE FER a) Bord de tôle placé au-dessus des ouvertures de l'abri d'une locomotive; avancée du pavillon d'une locomotive électrique. (Dict. xxes.). b) Longue pièce de tôle courbée protégeant un signal lumineux (Dict. xxes.). C. − ARM., vx. Dispositif de visée d'une arbalète, d'une arquebuse et, p. ext., d'une arme à feu. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [vizjε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: visiere; dep. 1740: visière. Étymol. et Hist. A. 1. 2emoit. xiiies. « pièce mobile du casque qui protégeait tout ou partie du visage » (Prise de Defur, éd. L. P. G. Peckam et M. S. La Du, 354); 2. a) 1525 prendre sa visière « s'efforcer de voir » (Farce de Colin ds Rec. de farces, éd. A. Tissier, t. 1, p. 169); av. 1573 « la vue, le regard » (Michel de L'Hospital, Reform. de la Just., 6epart., V, 264 ds Hug.); b) 1640 donner dans la visière à qqn « donner de l'amour » (Oudin Curiositez, p. 576); c) 1655 blesser la visière de qqn « le heurter dans ses idées, ses sentiments » (Molière, L'Étourdi, I, 2); 1695 choquer la visière de qqn « id. » (Regnard, Le Bal, p. 129); 3. 1835 « pièce d'une coiffure qui abrite les yeux » (Ac.); 1871 se faisant une visière de sa main (Th. Gautier, Journ. offic., 7 nov., p. 4329, 3ecol. ds Littré); 1934 « pièce rigide qui protège les yeux et s'attache autour de la tête » (Morand, loc. cit.). B. 1. 1659 « rainure à l'extrémité du canon du fusil pour aider à viser » (Duez, Dict. ital. fr., 2epart.); 1679 « dispositif de visée d'une arbalète, arquebuse » (Inv. mob. de Louis XIV, éd. J. J. Guiffrey, II, p. 46); 2. 1964 « avancée du pavillon d'une locomotive électrique » (Lar. encyclop.). De l'a. fr. vis « visage »; suff. -ière (v. -ier). Fréq. abs. littér.: 245. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 249, b) 484; xxes.: a) 424, b) 314. Bbg. Dupuis (H.). Dossiers terminol.: sécur. individuelle. Néol. Marche. 1980, no22, p. 45. − Renson 1962, p. 159. |