| VIRILITÉ, subst. fém. A. − 1. [P. oppos. à féminité] Ensemble des attributs, des caractères physiques de l'homme adulte. Chez Van Eyck, il y a plus de charpente, de muscles et d'afflux sanguin; de là la frappante virilité de ses visages et le style de ses tableaux (Fromentin, Maîtres autrefois, 1876, p. 407).Les richesses musculaires d'une virilité robuste (A. France, Île ping., 1908, p. 152). − En partic. [À propos de ce qui constitue le sexe masculin, ce qui se rapporte aux attributs sexuels, à sa symbolique] ♦ Vigueur sexuelle, puissance sexuelle, comportement sexuel de l'homme; en partic., capacité normale d'engendrer chez l'homme. Virilité perdue, précoce. Avec toi (...), c'est l'avenir, c'est l'enfant, la vie féconde et heureuse. Pierre fut (...) repris de cette peur de l'impuissance qu'il avait toujours eue. (...) est-ce que sa virilité d'homme ne s'était pas flétrie, dans sa longue chasteté? (Zola, Paris, t. 2, 1897, p. 158). ♦ Rare. [À propos d'un animal mâle] À l'inverse des moutons qui sont des castrats, le bélier a conservé sa virilité (Divin.1964, p. 190). ♦ Ensemble des attributs virils, sexe masculin. Les deux femmes avaient passé en revue les jeunes gens de la localité, absolument comme à un conseil de révision, étudiant jusqu'aux plis que faisait leur virilité dans le pantalon (Goncourt, Journal, 1878, p. 1248).À la pensée du bouton du sein de Marie, sa virilité devenait dure (Jouve, Scène capit., 1935, p. 10). − P. anal. Apparence masculine chez une femme. Ses cils longs et brillants − la seule parure féminine et sensuelle de ce visage qui pèche par excès de virilité (Colette, Vagab., 1910, p. 163). 2. [À propos d'un garçon, d'un adolescent] Âge, époque de la vie à laquelle un homme atteint toute sa force. Synon. maturité.La figure d'Oscar (...) avait pris une physionomie à laquelle l'habitude des affaires donnait une expression sérieuse (...). L'adolescence enfin faisait place à la virilité (Balzac, Début vie, 1842, p. 456).La loi (...) témoigne à la virilité plus d'estime en lui demandant compte de tous ses actes (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 206). − P. métaph. Les arts ont leur enfance, leur virilité et leur décrépitude (Delacroix, Journal, 1850, p. 343). B. − Ensemble des qualités (fermeté, courage, force, vigueur, etc.) culturellement attribuées à l'homme adulte. Quand son fils devint grand, il le mena chasser pour qu'il contractât cette sauvagerie de langage, cette rudesse de manières, cette force de corps, cette virilité dans le regard et dans la voix qui rendaient à ses yeux un homme accompli (Balzac, Enf. maudit, 1831, p. 376).En dépit des énormes seins et de la fesse écrasante, elle pénétrait, de par l'âge, dans une virilité de tout repos (Colette, Fin Chéri, 1926, p. 132).V. efféminement ex. − Virilité + adj., virilité de + subst.Virilité intellectuelle, mentale, morale; virilité de l'âme, de l'esprit, de l'expression, du style. Elle proclamait volontiers dans ses livres l'infériorité de son sexe; elle s'en évadait, pensait-elle, par la virilité de son talent; et elle surpassait aussi les hommes puisque douée des mêmes qualités qu'eux elle avait en outre le mérite singulier et charmant d'être une femme (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 182). Prononc. et Orth.: [viʀilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1461-65 « fermeté digne d'un homme véritable » (Jean Meschinot, Les Lunettes des Princes, éd. Chr. Martineau-Genieys, LIV, 11, p. 20); 2. 1482 « ensemble des attributs et caractéristiques physiques d'un homme adulte » (Jean Molinet, Myst. St Quentin, éd. H. Chatelain, 5357); 3. 1561 « âge d'un homme fait » (Paré, Introd. à la Chirurgie, chap. 5 ds
Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 36); 4. 1836 « apparence masculine (en parlant d'une femme) » (Gozlan, Notaire, p. 27). Empr. au lat. d'époque impérialevirilitas « âge viril; sexe de l'homme, caractère mâle », dér. de virilis, v. viril. Fréq. abs. littér.: 251. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 274, b) 412; xxes.: a) 459, b) 336. |