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VÉGÉTATION, subst. fém.
A. −
1. Fait de végéter, d'accomplir les fonctions nécessaires à la croissance et à l'entretien de la vie.
a) [À propos d'un végét.] Végétation lente, rapide; végétation des plantes. Dans l'acte de la végétation les roches granitiques founissent aux plantes (...) les alcalis que nécessite leur développement (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1877, p. 632).La taille fruitière doit (...) se soucier (...) de maintenir l'équilibre végétatif chez l'arbre, (...) d'assurer une végétation normale (...), ainsi qu'une croissance harmonieuse de toutes les parties (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 86).
En (pleine) végétation. Ces bulbes n'étant pas susceptibles d'être retardées dans leur végétation, à l'époque où elles ont coutume de croître, elles pousseront (...). Lorsqu'il [le jardinier] s'apercevra qu'elles commenceront à entrer en végétation, il faut qu'il les en tire [de leurs boîtes] (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 227).Période de végétation. ,,Celle où la plante pousse, et a une vie active; s'oppose aux phases de vie ralentie à l'état de graine, spore, organe souterrain, ou arbre défeuillé`` (Plais.-Caill. 1958). V. printemps A 1 a ex. de Campredon.
b) Peu fréq. [À propos d'un élément organique ou d'un microorganisme] Le retour évolutif d'un organe malade à l'état de santé doit être considéré en général comme la végétation nutritive qui (...) reparaît (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 163).Le glucose favorise la végétation du streptocoque (Roger dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 130).
2. P. anal. [À propos d'une chose concr.] Action de croître matériellement à la manière d'un végétal, d'un animal. La végétation successive de quelques filons minéraux, et leurs digitations rameuses, sembleraient (...) les rapprocher (...) des plantes les plus imparfaites, du moins par le mode de leur accroissement (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 256).Cette végétation spontanée d'une cité modèle (Verne, 500 millions, 1879, p. 152).
3. P. métaph. ou au fig. Il [le Psychologue] voit la naissance des idées, leur développement, leur combinaison (...), les états de conscience toujours en voie de se faire et de se défaire, une compliquée et changeante végétation de l'esprit et du cœur (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 8).La vie affluait de partout, le sol de l'antique berceau venait d'être ensemencé d'une nouvelle moisson d'hommes, le progrès de demain y grandirait, avec une vigueur de végétation extraordinaire (Zola, Argent, 1891, p. 428).
B. −
1. Ensemble des végétaux. La végétation des temps secondaires est (...) toute différente de la végétation des temps primaires. Le règne des Cryptogames s'efface (...), les Prêles gigantesques ont encore des représentants (...). Mais ce sont les Gymnospermes qui dominent (Boule, Conf. géol., 1907, p. 105):
Ils grandissent en stature à mesure que la pluie tombe (...). Telle est (...) la fonction physique de cette espèce de tapisserie à trois dimensions à laquelle on a donné le nom de végétation pour (...) la sorte de vie qui l'anime (...): bien que la faculté de réaliser leur propre synthèse (...) apparente les appareils végétatifs aux animaux (...), néanmoins en beaucoup d'endroits à demeure ils forment un tissu, et ce tissu appartient au monde comme l'une de ses assises. Ponge, Parti pris, 1942, p. 73.
En partic.
Ensemble des végétaux réunis (par la nature ou par l'homme) en un même lieu, dans un site particulier. Végétation luxuriante, naturelle, parasite, sauvage, touffue, vigoureuse; abondante, riche végétation; couvert, dépouillé, dépourvu de végétation; sans (trace de) végétation; luxe de végétation. Un parc très-vaste et (...) une belle végétation: des fleurs, des gazons immenses (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 407).
ÉCOL., GÉOGR. Ensemble des végétaux spécifiques d'une zone géographique, climatique, d'un genre de terrain, et qui forment un certain type de paysage. Végétation africaine, exotique, méditerranéenne, tropicale; végétation aquatique, marine; type de végétation. Le comté de Galles (...) a certainement plus de fraîcheur que notre Bretagne. Mais sur la lande pierreuse, c'est bien la même végétation mélancolique: bruyères, fougères, et l'ajonc épineux (...). À l'approche des monts Cambriens (...), la sombre végétation du Nord apparaît en sapinières immenses (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 75).Quelle magnificence de végétation représentent ces jardins du M'Zab (...) qui font songer à des climats où la chaleur humide donne à la végétation une exubérance spontanée (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 240).
Étage de végétation. V. étage A 2 b bot.Zone de végétation. Quelques lignes d'habitat (...) correspondent aux zones de végétations qui se succèdent en altitude. Sur les flancs (...) des collines, les habitations s'alignent sur une zone de cultures, qui, surmontant (...) les prairies d'en bas, s'élève au-dessus des brouillards (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 178).
BOT. Groupe de végétaux se présentant sous une forme particulière. Végétation arborescente, buissonneuse. E. Rübel (1930) classe la végétation en ligneuse et herbacée; en tenant compte de la taille et de la texture des feuilles (...), il distingue les divers types de forêts, les végétations herbacées (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 776).V. ligneux ex. de Ballu.
P. métaph. ou au fig. Végétation de la pensée. Cette superbe végétation d'états de conscience meurt (...) avec nous, et nous n'en transmettons à nos descendants qu'un germe indéterminé (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 309).L'art (...) a pâti (...) de cette végétation touffue de paraphrases qui l'enlacent et l'étouffent de leurs vrilles folles (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 6).
2. P. méton.
a) Gén. au plur., vieilli. Synon. de plante, végétal.Une plinthe saillante, sur laquelle s'élevaient plusieurs de ces végétations dues au hasard, des pariétaires jaunes, des liserons, des convolvulus, du plantain, et un petit cerisier (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 25).
b) (Ensemble de) végétaux représentés ou évoqués à travers des formes artistiques. Sur les rebords [de la chaire], s'entrelace une délicate et florissante végétation de marbre, arabesque, feuillages, tout un luxe d'ornements (Taine, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 54).
3. P. anal.
a) Groupe d'éléments qui évoquent un ensemble de végétaux par leur port dressé ou leur aspect arborescent, filamenteux, ramifié. Des barbes qui (...) ne parvenaient pas à dissimuler la jeunesse, l'innocence des bonnes faces naïves blotties sous ces végétations (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p. 20).Dans de mystérieux bocaux cristallisaient, autour de tiges rigides, (...) des sels de zinc, de cuivre ou d'autres métaux; (...) ces implacables végétations étaient dénommées arbres de Saturne, de Jupiter, etc. (Gide, Si le grain, 1924, p. 371).
b) PATHOL., gén. au plur. Petites excroissances plus ou moins bourgeonnantes apparaissant à la surface des téguments, d'un organe. Les lésions osseuses sont dues à la production d'os (...) dont le développement anormal aboutit à des végétations ostéophytiques [relatives à l'ostéophyte] souvent exubérantes (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 547).
Végétations (adénoïdes). Hypertrophie du tissu adénoïde qui constitue l'amygdale pharingée de Luschka, observée surtout dans l'enfance et qui gêne la respiration nasale et entraîne des troubles du développement (D'après Méd. Biol. t. 3 1972). Opérer qqn des amygdales et des végétations. Larynx (...) Abaisse-langue du DrG. Laurens pour recueillir les végétations (Catal. instrum. chir. (Duffaud), av. 1914, p. 57).V. adén(o)- ex. 19.Végétations (vénériennes). Papillomes blanchâtres rosés, très contagieux, se développant sur les zones génitales. Synon. condylome (rem. s.v. condyle), crêtes de coq (v. crête B 4 a).Végétations vénériennes (...) des lésions gênantes et finalement peu inquiétantes (J. Monsonego, Dysplasies du col utérin et papillomavirus humains, Paris, Maloine, 1988, p. 17).V. papillomateux dér. s.v. papillome ex. de Brumpt.
Prononc. et Orth.: [veʒetasjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: vegetation, dep. 1740: végé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1525 « développement » (D'Adonville, Honneur des nobles, sign. D rods Gdf. Compl.); d'où 1782 « état d'une personne qui vit comme une plante » (S. Genlis, Adèle et Théodore, t. 2, p. 69); 2. 1692 « production chimique affectant des formes arborescentes » (Sur une vegetation chimique, appellee Arbre de Diane ds Hist. de l'Ac. royale des sc., année 1733, t. 2, p. 150); 3. 1749 « ensemble des plantes d'un endroit » (Buffon, Hist. et théorie de la terre, p. 73); 4. a) 1806 méd. « production charnue qui s'élève à la surface d'une plaie » (Capuron, Dict. de méd. ds Quem. DDL t. 18); b) 1914 subst. fém. plur., pathol. (Catal. instrum. chir., loc. cit.). Empr. au lat. médiév.vegetatio « action de croître (en parlant d'une plante) », spécialisation du lat. class. « mouvement, excitation », dér. de vegetare (v. végéter). Fréq. abs. littér.: 957. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 968, b) 1 405; xxes.: a) 1 046, b) 1 008. Bbg. Gohin 1903, p. 366.