| TRAGÉDIEN, -IENNE, subst. A. − Acteur, actrice qui interprète surtout des tragédies. Illustre, grand tragédien; art du tragédien; talent de tragédien. La princesse (...) apparut enturbannée de blanc et de bleu comme quelque merveilleuse tragédienne costumée en Zaïre ou peut-être en Orosmane (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 44).Je relisais Horace, hier soir, avec une sorte de stupeur. La grande erreur du tragédien serait dès lors de chercher à donner à sa déclamation l'apparence du naturel. Il ne s'en tire qu'à force de style: tout doit être transposé dans le surhumain (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1170). − P. anal. Tragédien lyrique. Interprète d'une tragédie lyrique. Madame Schodel, véritable tragédienne lyrique (...) joua et chanta d'une belle manière (Berlioz, Souv. voy., 1869, p. 179).C'est en 1893 que Victor Maurel, tragédien lyrique, a établi les trois qualités de la voix: la hauteur, l'intensité, le timbre (Arts et litt., 1935, p. 36-8). − P. métaph. Je fus donc averti de ceci que le patriote, homme du commun, était devenu tragédien de mélodrame aux yeux de ceux qui pensent bien (Alain, Propos, 1925, p. 655). − Empl. adj., rare. Aussi la musique n'est-elle tragédienne qu'en subordonnant sa loi propre aux déclamations de l'âme prophétique; c'est pourquoi la tragédie et la musique se nuisent l'une à l'autre (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 147). B. − Personne qui se comporte comme dans une tragédie. Et puis un cri farouche, un cri de tragédienne à qui l'on viendrait apprendre que son époux est mort, non celui de la tragédie, mais bien celui de la chair. Nous étions tous debout, l'oreille attentive (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 222). Prononc. et Orth.: [tʀaʒedjε
̃], fém. [-jεn]. Att. ds Ac. dep. 1798 (1798 au masc.; dep. 1835 au masc. et au fém.). Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « acteur de tragédies » (Guillaume de Machaut, Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 19: les tragedianes y vindrent); 1657 (D'Aubignac, La Pratique du théâtre, p. 149: les Tragédiens), rare av. le xviiies. 1736 (Mercure, mai, p. 847 ds Trév. Suppl. 1752); 2. fin xives. « auteur de tragédies » (Eustache Deschamps, Balades de Moralitez ds
Œuvres compl., éd. de Queux de St-Hilaire, t. 2, p. 28: Tragediens); 1639 (G. de Scudéry, Apologie du théâtre, p. 77: Aesope le Tragedien), rare av. le xviiies., cf. Fér. Crit.; 3. 1965 péj. « personne qui affecte des attitudes tragiques » (Quillet). Dér. de tragédie*; suff. -ien*. Fréq. abs. littér.: 103. Bbg. Gohin 1903, p. 276, 301. |