| TRAÎNASSER, verbe Péj., fam. I. − Empl. intrans. A. − [Le suj. désigne une pers.] 1. Synon. de traînailler (v. ce mot I A 1).− C'est là, mais c'est là! dit-elle. Viens donc! que tu es agaçante à toujours traînasser (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 94). − [P. méton.] Les pieds traînassent. Quand il entend traînasser des savates (Arnoux, Solde, 1958, p. 162). 2. Synon. de traînailler (v. ce mot I A 2).Traînasser dans les cafés, dans les rues. Ils traversaient le Luxembourg; des bandes de collégiens qui « sortaient » traînassaient par les allées désertes (Montherl., Songe, 1922, p. 109). 3. Synon. de traînailler (v. ce mot I A 3).Les souliers ne sont pas plus cirés que les habits ne sont brossés, le déjeuner prêt (...) Plutôt que de le voir procéder à ces opérations en traînassant, Pierre fait son service lui-même (Morand, Homme pressé, 1941, p. 65). B. − [Le suj. désigne un inanimé] Être abandonné, en désordre. Ces résidus potagers qui traînassent dans les recoins et dont les fermentations condimentent la pénombre (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 41). II. − Empl. trans. A. − Synon. de traînailler (v. ce mot II).Elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées (Balzac, Goriot, 1835, p. 12). B. − Au fig. 1. Emmener partout avec soi. Et puis surtout ne vas pas t'oublier toi-même, Traînassant ta faiblesse et ta simplicité Partout où l'on bataille et partout où l'on aime (Verlaine,
Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 188). 2. Prolonger inutilement, faire traîner en longueur. Traînasser une affaire. (Dict. xxes.). REM. Traînassant, -ante, part. prés. en empl. adj.,péj., fam. Qui traînasse, traîne en longueur. Synon. languissant.Promenade traînassante. La conversation, animée au départ, devient bientôt pénible et traînassante; puis, peu à peu, cessa tout à fait (Gyp, Passionn., 1891, p. 88). Prononc. et Orth.: [tʀ
εnase], (il) traînasse [-nas]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. 1480 trainacer le patin « fréquenter les compagnies légères » (G. Coquillart, Droits nouveaux, éd. M. J. Freeman, 102, p. 132, sens établi d'apr. traigner le patin, Id., Le Monologue du puys, 35, p. 302); 2. 1563 « traîner quelqu'un ou quelque chose sur le sol » (Disc. sur le saccagem. des égl. cathol., Arch. cur., 1resér., t. IV, p. 390 ds Gdf. Compl.); 3. 1749 « traîner en longueur (une affaire) » (Voltaire, Nanine, I, 2 ds Littré). B. Verbe intrans. 1. 1840 « être long à faire quelque chose, s'attarder » (Balzac, Pierrette, p. 43); 2. 1845-46 « traîner en longueur (d'une affaire) » (Besch.); 3. 1852 se traînasser « flâner, se trimballer » (J. Humbert, Nouv. gloss. genev., p. 217); 1922 « errer, vaguer » (Monterhl., loc. cit.). Dér. de traîner*; suff. -asser*. Fréq. abs. littér.: 15. DÉR. 1. Traînassement, subst. masc.,péj. Synon. de traînaillement (rem. s.v. traînailler).Traînassement de pantoufles. Autour d'eux [les fugitifs] le marché aux puces de literie et de hardes, le même traînassement désordonné de bétail (Romains, Hommes bonne vol., Verdun,, 1938, p. 120).− [tʀ
εnasmɑ
̃]. − 1resattest. a) 1912 « action de traîner en longueur » (Péguy, Myst. Sts Innoc., p. 38), b) 1934 « action de traîner mollement sur le sol » (Duhamel, Terre promise, p. 76), c) 1954 « action d'errer çà et là » (P. Guth, Le Naïf sous les drapeaux, p. 97 ds Quem. DDL t. 20); de traînasser, suff. -ment1*. 2. Traînasserie, subst. fém.,péj. a) Synon. de traînassement (supra), traînerie (dér. s.v. traîner).Il y a l'alcool, l'absinthe, la traînasserie de cafés, le tapage, le pâle tripot et au bout la déchéance (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 127).b) P. métaph. Ces longueurs [ds J. Christophe de R. Rolland], ou plutôt ces traînasseries, ce lyrisme épais et rudimentaire, germanique on dirait − me sont intolérables (Gide, Journal, 1916, p. 551).− [tʀ
εnasʀi]. − 1resattest. a) 1552 trainacerie « action de traîner en longueur » (D. Sauvage, Hist. de Paolo Jovio, livre III, p. 145), b) 1611 trainasserie « longue suite inutile de mots » (Vigenère, Tableaux de Philostrate, Epistre, fo999 ro); c) 1611 « action de traîner » (Cotgr.), d) 1773 « langueur, état maladif » (Mmedu Deffand, Corresp., let. à Walpole, 7 févr., In Bennett, p. 191 ds Quem. DDL t. 4); de traînasser, suff. -erie*. Bbg. Quem. DDL t. 4 (s.v. traînasserie). |