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TRÉPIED, subst. masc.
A. − ANTIQUITÉ
1. Meuble à trois pieds servant de table ou de support. Elle présente un volume à Sextus, et pose sa lampe sur le trépied de bronze à droite (Ponsard, Lucrèce, 1843, III, 3, p. 61).Autour de lui, sur des trépieds étincelants, Vainqueurs des nocturnes Puissances, Brûlent des feux mêlés à de vives essences, Qui colorent ses membres blancs (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1874, p. 242).
MOBILIER. Guéridon, sellette à trois pieds, dans le goût antique, notamment dans les styles Directoire et Empire. On donne ce nom [lavabo] à une espèce de trépied destiné à supporter divers objets de toilette (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 6).Regardons au Musée des Arts Décoratifs quelques-unes des œuvres léguées par Cl. Odiot en 1823(...); le trépied est-il une table de toilette, une jardinière? Non, c'est un brûle-parfum (Hautecœur, Art sous Révol. et Emp., 1954, p. 114).
2. Trépied d'Apollon, trépied de Delphes. Siège sur lequel se plaçait la Pythie pour rendre ses oracles. Le Prince des ténèbres achevoit dans ce moment même la revue des temples de la terre. Il avoit visité les sanctuaires du mensonge et de l'imposture, l'antre de Trophonius, les soupiraux de la Sibylle, les trépieds de Delphes (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 36).
P. anal. Tribune où parle un orateur inspiré. Du jour où cet homme [Mirabeau] mit le pied sur cette estrade, cette estrade se transfigura. Ce n'était qu'un tréteau, ce fut un trépied, ce fut un autel; la tribune française fut fondée (Hugo, Nap. le Pt, 1852, p. 163).Quand Jaurès était descendu de son trépied et sorti de l'océan des mots (...), il apparaissait honnête homme, fort courtois, et d'un esprit très fin (Barrès, Pays Lev., t. 2, 1923, p. 178).
Vieilli. Être sur le trépied. Être inspiré, vaticiner. (Dict. xixes.).
B. −
1. Tabouret à trois pieds. Je vis le petit trépied de bois de noyer sur lequel s'asseyait tous les soirs mon frère pour tiller le chanvre, renversé, les pieds en l'air (Lamart., Tailleur pierre, 1851, p. 528).Ferdinand s'était assis sur le trépied qui servait de siège pour traire les vaches (Aymé, Jument, 1933, p. 135).
2. Support métallique en forme de cercle ou de triangle qui sert à placer sur un feu un chaudron ou une marmite, à poser un baquet, etc. Il faut encore [pour l'équipement d'une buanderie] des seaux, des tréteaux pour poser le linge, des trépieds pour y placer les baquets, une claie pour mettre la laveuse les pieds au sec (Lar. mén.1926, p. 191).
3. Support à trois pieds sur lequel on installe un appareil orientable. Trépied d'une lunette astronomique, d'une caméra, d'une mitrailleuse. [Le] photographe que l'on voyait courir portant son appareil et son trépied (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 163).
4. Support formé de trois perches réunies en faisceau. [Des étrangers] faisaient cuire leur graine et leur poisson dans une chaudière de fer, suspendue par un crochet de même métal à un trépied formé par trois bâtons liés ensemble (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 62).Les « trépieds » appelés aussi « pyramides » sont formés de 3 perches de 3 mètres (...) assemblées à leur sommet (...) et réunies par des portants horizontaux (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 366).
5. Rare, vx. Instrument de supplice. Céluta étoit comme le prisonnier de guerre assis sur le trépied avant d'être livré aux flammes (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 434).
6. Au fig. Substrat constitué de trois éléments. Grâce au ciel, le vieux trépied des unités sur lequel s'asseyait Melpomène, assez gauchement quelquefois, n'a plus aujourd'hui que la seule base solide que l'on ne puisse lui ôter: l'unité d'intérêt dans l'action (Vigny, Lettre Lord***, 1829, p. 268).Arbois de Jubainville a-t-il dit, comme le dit Clémentel que Lorraine, Auvergne, Bretagne, voilà le trépied celtique? (Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 136).
C. − ANAT. Trépied cœliaque/céliaque. ,,Nom donné à la terminaison de l'artère ou tronc cœliaque (...) qui se partage en trois branches, la coronaire stomachique, l'hépatique et la splénique`` (Littré-Robin Add. 1858).
Prononc. et Orth.: [tʀepje]. Ac. 1694: trepied; dep. 1718: trépied. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 « ustensile de cuisine à trois pieds » (Charroi de Nîmes, éd. D. Mac Millan, 776: chauderons et trepiez); b) 1305 « support à trois pieds » (Dehaisnes, Doc. hist. Art Flandres, t. 1, p. 170); 2. 1559 « siège à trois pieds sur lequel la prêtresse de Delphes rendait les oracles d'Apollon » (Amyot, Diod., XVI, 9 ds Gdf. Compl.); 3. 1690 « sorte de siège en bois à trois pieds » (Fur.). Du lat. tripes (de tri « trois » et pes « pied ») adj. et subst. « ustensile, pièce de mobilier à trois pieds », le maintien du -p- et l'accentuation sur la 2esyll. s'expliquant par le fait que bien qu'en compos., le mot pied a continué à être perçu avec sa valeur propre. Fréq. abs. littér.: 144.