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TRÉMOLO,(TREMOLO, TRÉMOLO) subst. masc.
A. − MUSIQUE
1. Effet de tremblement ou de roulement produit par la répétition rapide d'une ou deux notes généralement voisines jouées sur divers instruments de musique (à cordes, à vent, etc.), dans un but expressif. Synon. tremblement (vx), trille, vibrato.Trémolos du violon, du piano, de la mandoline; trémolo des cordes, de l'orchestre. Le pianiste jouait, pour eux deux, la petite phrase de Vinteuil qui était comme l'air national de leur amour. Il commençait par la tenue des trémolos de violon que pendant quelques mesures on entend seuls, occupant tout le premier plan (Proust, Swann, 1913, p. 218).
En trémolo. Et la guitare, sur des notes graves, gémit en trémolo sinistre (Loti, Trois. jeun. MmePrune, 1905, p. 25).
P. métaph. Le trémolo aigu des grillons semblait répondre au tremblement des étoiles (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 93).Il pleuvait depuis quatre jours. Les gouttes massives tambourinaient en un trémolo monotone la toile incurvée de la tente (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 49).
Rem. On relève parfois le plur. tremoli: Les gammes, arpèges (...), les trilles et les tremoli (Arts et litt., 1935, p. 38-10).
En partic. Jeu d'orgue où l'air introduit par saccades produit le tremblement du son. Pédale de trémolo. Le tremolo ou tremblant, au moyen duquel on fait chevroter le jeu de voix humaine (Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p. 102).
P. anal. Agitation du corps ou d'une partie du corps par petites oscillations rapides et saccadées. Synon. tremblement (vx), trille.Voilà, voilà, s'écrie Zola, avec un trémolo des bras et des jambes épileptique, avec quoi je veux faire mon discours (Goncourt, Journal, 1893, p. 364).Il agitait la tête, esquissait de petits gestes ronds des bras, des trémolos de jambes (L. Daudet, Fant. et viv., 1914, p. 109).
2. CHANT. Répétition rapide d'un ou de deux sons provoquant la vibration de la voix. Synon. tremblement (vx), trille.Trémolo d'un ténor. Il chantait avec des trémolos, des roulades et des soupirs soutenus par des jeux d'accordéon (Aymé, Rue sans nom, 1930, p. 155).
P. anal. Une grande voix de fauve baryton, à long souffle, persiste à travers les sons acérés d'un chat ténor habile aux trémolos, aux chromatiques aiguës interrompues d'insinuations furieuses, plus nasales à mesure qu'elles se font plus outrageantes (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 12).
B. − P. ext.
1. Tremblement de la voix dû à une émotion intense ou à une volonté d'affectation et d'outrance destinée à appuyer certains propos. Avoir des trémolos dans la voix; faire des trémolos. À la tribune il était un autre homme. Il prenait une voix de tête, des tons aigus, nasillards, martelés, solennels, des trémolos, des bêlements, de grands gestes vastes et tremblotants (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 762).Les acteurs qui veulent jouer de leur émotion sont donc obligés d'en fabriquer une fausse. Mais les larmes tirées par leurs nerfs, les trémolos de leur voix, le tremblement de leurs mains ne trompent pas le public autorisé, celui surtout à qui l'on doit plaire (Lifar, Traité chorégr., 1952, p. 152).
2. Au fig., gén. péj. Expression affectée, outrée d'un style, d'un sentiment, visant à attendrir, convaincre un lecteur, un auditoire, un interlocuteur. Pour la science, je vais lui consacrer ma vie, mais sans rhétorique, Justin, sans trémolo, sans champagne, sans main sur le cœur, pour la seule passion de comprendre quelque chose à ce monde extravagant (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 243).Il n'y eut aucun trémolo, personne ne prononça le moindre mot à majuscule, et chacun partit pour la guerre comme Julien montait à la guillotine, « simplement, convenablement, et sans aucune affectation » (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 13).
REM. 1.
Trémoler, verbe intrans.Faire des trémolos. Le maire trémolait d'une voix fatiguée: « Votre sacrifice, votre admirable résistance morale (...) » (Aymé, Uranus, 1948, p. 248).
2.
Trémolant, -ante, part. prés. en empl. adj.[En parlant de la voix, d'un instrument] Qui fait des trémolos. Synon. tremblotant, chevrotant.Deux paillasses orchestraient ce discours d'une grosse caisse et d'un cornet à pistons trémolant (Arnoux, Écoute, 1923, p. 118).C'était [Robert de Montesquiou] un grand garçon (...) avec une voix sifflante et trémolante à la Trissotin (L. Daudet, Qd vivait mon père, 1940, p. 245).
Prononc. et Orth.: [tʀemɔlo], [-olo]. Ac. dep. 1878: tremolo (id. ds Littré: ,,on n'y met pas d'accent, parce que le mot est italien``) mais Lar. Lang. fr. et Rob. 1985: trémolo. Plur. des trémolos. Étymol. et Hist. 1. 1705 mus. cité comme mot ital. « tremblement produit par un instrument de musique ou par la voix humaine lorsqu'on multiplie les vibrations sur une note » (Brossard); a) 1830 se dit d'un instrument de mus. (Castil-Blaze, De la Mode en musique ds La Mode, t. 4, p. 77 d'apr. A. Weil ds Fr. mod. t. 13, p. 286); b) 1840 se dit de la voix des chanteurs (Garcia, Art chant, p. 81); 2. 1866 au fig. (Hugo, Travaill. mer, p. 194: En fermant les yeux dans une traversée, on peut juger de l'état de la mer par le tremolo des conversations); 1872 « tremblement artificiel qu'on donne à sa voix pour la rendre plus émouvante » (Littré). Mot ital. att. comme terme de mus. dep. 1640 (G. B. Doni), subst. de l'adj. tremolo « tremblant » (dep. 1518-25, Firenzuola ds Tomm.-Bell.), empr. au lat. tremulus « id. ». Fréq. abs. littér.: 48. Bbg. Hope 1971, p. 450.