| TOMBER1, verbe 1reSection. Empl. intrans. I. − Être entraîné vers le bas sous l'effet de la pesanteur. Synon. choir, chuter. A. − [En parlant de la chute phys. des êtres et des choses; le verbe est la plupart du temps suivi d'une prép. indiquant la provenance, la destination ou l'aboutissement] Être entraîné par son propre poids d'un point plus élevé vers un point moins élevé, sous l'effet d'influences de toutes natures. 1. [En parlant d'inanimés] a) [En parlant d'objets] J'ai vu sur un bahut un petit tableau de Rubens qui est posé debout contre une pile de bouquins, et qui a déjà dû tomber bien des fois, car le cadre est tout brisé (Hugo, Rhin, 1842, p. 378).Un pot de fleurs tomba et se brisa. La fenêtre de Christophe, mal fermée, s'ouvrit avec fracas. Et le vent chaud entra (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1419).
α) [Suivi de la prép. de indiquant la provenance] V. foyère rem. s.v. foyer ex. de Pourrat. − Locutions ♦ Tomber des mains. Cesser d'être retenu, échapper aux mains de quelqu'un, en dehors de sa volonté, plus particulièrement en parlant d'un ouvrage sur lequel on ne parvient plus à se concentrer au point de le lâcher. Henriette ne voyait plus que du noir. (...) les imaginations mauvaises la tourmentèrent. Elle essaya de travailler, de lire: la tapisserie et le livre tombèrent de ses mains (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 152). ♦ Les écailles lui tombent des yeux. V. écaille A 2 b.
β) [Suivi de la prép. dans indiquant la direction, la destination] Tout à coup mes deux fenêtres s'ouvrirent à la fois, et toutes leurs vitres cassées tombèrent dans ma chambre avec un petit bruit argentin fort joli à entendre (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 114).La botte que Gaspard lui avait renvoyée par-dessus le mur voltigea dans le jardin et tomba dans les framboisiers (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 161).
γ) [Suivi d'un compl. indiquant la cause] Il nous semblait que de longues tables de schiste en équilibre depuis des siècles devaient tomber au moindre choc (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 243).
δ) [Suivi d'un compl. indiquant la manière] [Le gland] tombe avec ce bruit mat, lourd, étouffé qui caractérise sa chute (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 131). b) [En parlant de qqc. qui fait partie d'un tout]
α) [En parlant d'éléments concr. qui, d'un mouvement, ne font plus partie d'une chose qu'ils constituent] Se détacher de. Je reconnais que, lorsque j'ai vu plusieurs tiroirs tomber d'un meuble, je n'ai plus le droit de dire que le meuble était tout d'une pièce (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 14). − [En parlant d'une chose mûre, malade ou morte (fleur, fruit, cheveu, dent, peau)] Effectuer une chute naturelle ou être entraîné dans une chute, après avoir été fragilisé par une circonstance extérieure. L'automne fait les bruits froissés De nos tumultueux baisers. Dans l'eau tombent les feuilles sèches Et, sur ses yeux, les folles mèches (Cros, Coffret santal, 1873, p. 31).Le vent soufflait et les feuilles jaunes voletaient autour de nous pendant que les marrons tombaient à nos pieds (Green, Journal, 1934, p. 234). ♦ [Dans une tournure impers.] Le seul poisson, et même le seul animal que je sache, dans lequel, outre la dent, il tombe une partie de l'os (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 130). ♦ P. métaph. Il y a, depuis des mois, une veine de malheur sur nous. Toutes nos espérances presque mûres tombent pourries. Tout avorte, tout manque (Goncourt, Journal, 1859, p. 595). − [En parlant des larmes, de la sueur] Couler (de). De grosses larmes tombèrent des yeux flétris du pauvre soldat et roulèrent sur ses joues ridées (Balzac, Chabert, 1832, p. 76). − Rhume, fluxion qui tombe sur la poitrine. Rhume, fluxion qui, quittant la gorge, gagne les bronches, les poumons. (Dict. xixeet xxes.).
β) [En parlant d'une parole, d'un son] Être prononcé avec un aspect net, sec; parvenir à l'oreille comme détaché de toute origine. Quand (...) [Geneviève] commença l'histoire de la pécheresse (...) [Madeleine Férat] écouta, prise d'une émotion poignante. Les versets tombaient un à un, et Madeleine croyait que la grande Bible parlait d'elle (Zola, M. Férat, 1868, p. 130).P. métaph. Sensation que les mots tombent chargés, voluptueux, avec le lent goutte à goutte des larmes (Du Bos, Journal, 1924, p. 11).Les quarts, les demies, les heures tombent du clocher (Blanche, Modèles, 1928, p. 181). − Loc. fig. Ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd*. Tomber dans l'oreille de qqn. Être saisi, perçu par hasard. Si, par un bavardage commun entre les gens, un mot en tombait dans l'oreille d'E. (Balzac, Corresp., 1822, p. 183).Un mot, un propos n'est pas tombé par terre. Quelqu'un l'a retenu, remarqué, relevé. (Ds Littré). c) [En parlant de phénomènes atmosphériques concernant le temps, la température, la lumière]
α) [En parlant de manifestations atmosphériques liées au temps et faisant intervenir l'eau le plus souvent] − [En parlant des précipitations (crachin, grêle, neige, pluie, etc.)] Venir du ciel pour arriver au sol. La pluie tombait paisiblement avec une monotonie qui ne manquait pas de charme (M. de Guérin, Journal, 1834, p. 203).La galerie asphaltée qui borde le salon n'est plus qu'une nappe d'eau frémissante qu'étoilent sans relâche les gouttes pressées qui tombent du ciel (Amiel, Journal, 1866, p. 212). − Loc. fam. Tomber des cordes. Pleuvoir très fort. (Dict. xxes.). Synon. pleuvoir* à verse.Tomber des hallebardes. V. hallebarde. ♦ [P. réf. à la bataille qui eut lieu à Gravelotte et qui fut une véritable hécatombe] Tomber comme à Gravelotte. [Se dit de la pluie quand elle est violente] P. anal. [En parlant de concepts, de notions] Se présenter en très grand nombre. Ce Raspail (...) on lui donne douze pages en couleurs pour (...) exposer ses statistiques bidons, lancer des projections paniquardes maquillées scientifiques. Vous pensez s'il s'en donne (...) les « chiffres secrets » tombent comme à Gravelotte (Hara Kiri, déc. 1985, p. 96, col. 1). ♦ [Suivi d'un compl. de manière] La pluie tombait par torrents, le vent mugissait (...) et les pâles éclairs s'éteignaient sous les nuées qui crevaient de toutes parts (Sand, Lélia, 1833, p. 197).La neige se mit à tomber par rafales drues, rapides, épaisses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 278).Tomber en + subst. indiquant la manière.Vers minuit, la pluie (...) se mit à tomber en larges gouttes (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 153).Région. (Centre). [En parlant de la foudre, suivant qu'elle détermine une averse, un incendie ou un bris de toiture] Tomber en eau, en feu, en pierre (France 1907). Loc. Tomber dru, tomber à verse. La pluie se mit à tomber si dru, qu'il fallut rester à la maison (About, Roi mont., 1857, p. 37).Depuis le matin la pluie tombe à verse (Flaub., Corresp., 1871, p. 284). ♦ [Dans une tournure impers.] Après les gelées, il tomba tellement de neige, que les courriers en furent arrêtés sur la côte des Quatre-Vents (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 13). ♦ P. compar. Des pensées trempées de mélancolie tombèrent sur mon cœur comme une pluie fine et grise embrume un joli pays après quelque beau lever de soleil (Balzac, Lys, 1836, p. 51). − [En parlant de manifestations liées à la condensation (brouillard, brume, rosée)] Descendre vers le sol en enveloppant les choses. Une brume tombe, mouillée comme une grève après la marée, une brume qui sent le sable et le sel. Hypocrite, elle enveloppe tout. Les formes des maisons s'affaiblissent, s'exténuent (Queffélec, Recteur, 1944, p. 8): 1. Nous nous sommes baignés dans des piscines (...). Au plafond translucide une buée odorante montait; elle se figeait en rosée; la lumière en était bleuie, et du plafond, dans l'eau, cette rosée tombait goutte à goutte
Gide, Voy. Urien, 1893, p. 29. ♦ P. compar. Je sentais le vent du matin glisser sur mes tempes, je ne sais quoi de frais comme la rosée qui tombait du ciel dans mon âme (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 358).
β) [En parlant de manifestations atmosphériques concernant la température] Descendre sur quelque chose ou quelqu'un, l'envelopper. Il semble que le soleil ait fait un bond vers la terre: son brasier rapproché craque au bord du ciel. La chaleur tombe épaisse comme une pluie d'orage (Giono, Colline, 1929, p. 87).Sous ces voûtes, un froid tombait aux épaules (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 288).
γ) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à la lumière (soleil, rayons, foudre, etc.)] Descendre vers le sol selon une direction définie. La foudre tombe. De grands rayons noirs qui tombaient du nuage se croisaient avec les rayons d'or qui venaient du soleil (Hugo, Rhin, 1842, p. 29).Au dehors le grand soleil de midi tombait sur les champs. Les arbres fruitiers rayaient l'air bleu de leurs branches noueuses, et les seigles déjà grands, ondulant sous la lumière, se creusaient de frissons d'argent (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 189). ♦ Tomber d'aplomb*. − P. anal. [En parlant des yeux, du regard] Tomber sur.Il pâlit et chancela, son regard magnétique tomba comme un rayon de soleil sur mademoiselle Michonneau (Balzac, Goriot, 1835, p. 221).Son œil clair, jaune et dur tombait sur vous comme un rayon du soleil en hiver, lumineux sans chaleur (Balzac, Lys, 1836, p. 49).
δ) [En parlant de l'approche de la nuit, de la lumière du jour qui décline] Baisser. Il était à peine quatre heures, et Dejoie venait déjà d'allumer les lampes, tellement la nuit tombait vite, sous le ruissellement blafard et entêté de la pluie (Zola, Argent, 1891, p. 300).Elle s'en fut seulement à la fenêtre jeter un long regard au dehors (...). Le soir tombait bleuissant la nappe de neige (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 103).Au fig. [Pour exprimer la tristesse] Au dedans de moi le soir tombe (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 85). d) Spécialement
α) ASTRONAUT. Tomber en chute libre. Descendre rapidement en se rapprochant du centre de la terre selon un mouvement vertical uniformément accéléré sous l'effet de la loi de la pesanteur. La capsule s'est séparée du dernier étage de la fusée (...). Elle flotte maintenant, elle « tombe » en chute libre sur son orbite (L'Aurore, 13 avr. 1961, p. 2, col. 6 ds Guilb. Astronaut. 1967).
β) IMPR. Empl. abs. Tomber (s.-ent. des presses). Paraître. On remarquera (...) une pendule où un angelot joufflu armé d'une faux avertit chacun qu'un journal doit tomber à l'heure (Le Monde aujourd'hui, 1er-2 déc. 1985, p. iii, col. 4).Quelques jours plus tard tombe l'article des Lettres françaises. Ce sont encore mes patrons qui me l'apprennent. François d'Eaubonne me dit de me mettre à l'argus pour ne pas rater les articles (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 238). ♦ Tomber sur système. ,,Justifier les lignes ou les colonnes d'un tableau sur des fractions de douze (3, 6 et 9 points)`` (Comte-Pern. 1963). Tomber en page. ,,Rester dans le cadre d'une page`` (Comte-Pern. 1963).
γ) MAR. Tomber à cul sur une manœuvre. ,,Abattre sur elle, haler à la renverse en portant tout son poids`` (Merrien 1958). [En parlant d'un bateau] Tomber sur le flanc, tomber à l'échouage. Se renverser quand une béquille vient à manquer (d'apr. Merrien 1958).
δ) VERSIF. LAT. [En parlant d'un vers] ,,Ne pas avoir de césure au 2eou au 3epied`` (Besch. 1845). Rem. Littré le signale simplement d'un vers dont la césure est défectueuse et en parle aussi dans le domaine musical en parlant d'une phrase musicale ,,qui finit brusquement, qui n'est pas carrée``. 2. [En parlant d'animés] a) Faire une chute à la suite d'une perte d'équilibre, passer d'un stade supérieur à un stade inférieur. Debout, éblouie par la tranchée lumineuse que la porte de l'hôtel projetait jusque sur la chaussée, elle demeura immobile, si étourdie qu'elle faillit tomber (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 171): 2. Une balle (...) finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa (...). Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant (...) et se mit à chanter: Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à... Il n'acheva point.
Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 461. − Expr. Tomber comme une masse. V. masse1I A 2.Tomber tout d'une pièce. V. pièce II C 2.
α) [Suivi de la prép. de indiquant l'endroit d'où l'on tombe] Le calife poussa violemment Pécopin, qui perdit l'équilibre et tomba du haut de la tour (Hugo, Rhin, 1842, p. 193).Alban vient de tomber d'un mauvais canasson (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 424). − Au fig. Il tomba du haut de son orgueil, il pria, non pas encore Dieu, mais les hommes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 163). − Loc. fig. Tomber de (son) haut. V. haut1II G 1.
β) [Suivi d'un compl. indiquant la direction, la destination, l'endroit où l'on tombe] Je tombai à terre, suffoqué, étourdi, demi-mourant (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 204).Mes jambes fléchirent. Je tombai sur le banc (Fromentin, Dominique, 1863, p. 110). b) Faire une chute de différentes manières; en partic., entrer en contact physique avec l'endroit où l'on tombe, sur une partie du corps. Tomber en arrière, en avant, de côté. ♦ Tomber sur le derrière. Aristide trouva plaisant (...) de lui retirer sa chaise. Perrin tomba sur le derrière (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 88).Au fig. V. derrière3. ♦ Tomber sur le flanc. [Le chat] était tombé sur le flanc, en voulant sauter d'un arbre à l'autre et suivre le chemin des écureuils (About, Nez notaire, 1862, p. 67). ♦ Tomber sur les genoux. Elle tomba sur les genoux, comme tombe un animal blessé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Jour de fête, 1886, p. 1057). ♦ Tomber sur son séant. Voici Malitourne l'empressé (...) qui donne l'assaut le premier. Il fait bélier de ses reins. (...) la porte cède un peu trop tôt: Malitourne tombe sur son séant (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 237). − Locutions ♦ Tomber à la renverse. Je faillis tomber à la renverse, comme un homme qui subit une émotion trop forte (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 183). ♦ Tomber sur le cul*. Au fig., pop., vulg. (En) tomber sur le cul. Être stupéfait, décontenancé. Nous avons changé d'idée, nous restons en France... Les employés de l'ambassade en étaient tombés sur le cul! C'était la première fois que des personnes qui avaient obtenu le visa définitif refusaient l'Amérique! (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 251). ♦ Tomber la tête la première. Il (...) décacheta la lettre. Le ton de son exclamation était (...) effrayant (...) je le vis rougir et pleurer. Puis tout à coup il tombe la tête la première en avant (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 268). ♦ Tomber les quatre fers en l'air. Synon. de tomber à la renverse (supra).Par moments, ils descendaient du trottoir, pour laisser la place à un ivrogne, tombé là, les quatre fers en l'air (Zola, Assommoir, 1877, p. 461). ♦ Tomber cul* par dessus tête. ♦ Tomber face contre terre. Il recule imperceptiblement, puis s'arrête, les mains tombant le long des cuisses (...), reste une seconde immobile, avant de tomber face contre terre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1479). ♦ Tomber de (tout) son haut. V. haut2A.Au fig., vieilli. Tomber de son haut. V. haut2A. ♦ Tomber de sa hauteur. Mmede Villefort était debout, pâle, les traits contractés, et le regardant avec des yeux d'une fixité effrayante (...) Et elle tomba de sa hauteur sur le tapis (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 684). ♦ Tomber de tout son long, tout de son long. Il avait buté contre une pierre parce qu'il continuait de garder la tête levée, et il avait failli tomber tout de son long, tant le choc avait été fort (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 251). ♦ Vieilli. Tomber pile. ,,Tomber sur le dos`` (France 1907; ds Delvau 1883). V. pile3ex. de Zola. c) Mourir en s'abattant brusquement sur le sol, le plus souvent dans un combat. Tomber frappé à mort; tomber au champ d'honneur. Après les maisons, on défendit les jardins et le cimetière où j'avais couché la veille; il y avait alors plus de morts dessus que dessous terre. Ceux qui tombaient ne se plaignaient pas; ceux qui restaient se réunissaient derrière un mur, un tas de décombres, une tombe. Chaque pouce de terrain coûtait la vie à quelqu'un (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 200). ♦ Fam. Tomber comme des mouches. V. mouche I C 1. − [Suivi d'un compl. de cause introd. par sous] À peine replongé dans quelque rêverie, Il tomba sous le plomb d'une mousqueterie (Borel, Rhaps., 1832, p. 70).Trois de ceux qui portaient le madrier tombèrent sous le tir des fascistes (Malraux, Espoir, 1937, p. 465). − Tomber + attribut (impliquant une chute et une mort imminente).Plusieurs goûtent et tombent empoisonnés (Jarry, Ubu, 1895, i, 3, p. 39).En partic., loc. Tomber (raide/roide) mort. L'un d'eux seulement faillit me percer de sa lance; mais, l'ayant évitée, je lui déchargeai sur la tête un coup d'épée si violent, qu'il tomba raide mort (Musset, Quenouille Barb., 1840, i, 2, p. 282). d) P. anal.
α) Tomber + attribut.Faire une chute ou donner l'apparence d'une chute imminente, d'une tendance à s'affaisser à la suite d'une faiblesse, d'une émotion, etc. Tomber inanimé, ivre mort, (raide, roide) mort, pâmé. Tomber évanoui*. Fam. Tomber faible*.
β) [Suivi d'un compl. de cause introd. par de] Être dans un état de faiblesse physique ou sous le coup d'une émotion si violente qu'on a l'impression qu'on va tomber. Tomber de fatigue, d'épuisement, d'inanition. César tremblait comme la feuille. Un jour, donnant le bras à Lamiel (...), il vit sa mère venir de loin (...). Lamiel crut qu'il tomberait de peur, elle exigea qu'il passerait bravement à côté de sa mère (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 162).Je tombais de sommeil et dormis dans le wagon (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 66). − Tomber d'épilepsie; tomber de/du haut mal. Être atteint d'épilepsie. Vous vous souvenez, ce pauvre vieux qui tombait du haut mal et qui est mort sur une route (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 35).Faut donc croire que je l'ai eue, ma crise... C'est assez éprouvant pour les nerfs, mais pas grave. Mon père, lui aussi, tombait d'épilepsie (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1293).P. anal. Je ne veux pas être une sotte grue et tomber du haut mal d'admiration (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 649). e) [P. réf. à un mouvement rapide, à un élan manifestant des sentiments] ♦ Tomber à genoux. Se mettre à genoux en signe de prière ou d'adoration. C'est fini, je meurs, je suis perdu! Il tombe à genoux. Oh! grand Dieu! au secours! au secours! raffermis ma foi (Flaub., Tentation, 1849, p. 316).Ah! voilà que ça m'écrase! cria le vieillard. Madeleine (...) tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 218). ♦ Tomber aux genoux, aux pieds de qqn. Se jeter aux pieds de quelqu'un pour le supplier, lui témoigner son respect ou son amour. Il y a des moments où mon cœur se contenterait volontiers du témoignage de mes yeux et où je ne pourrais m'empêcher de tomber à vos pieds et de vous dire que je vous aime depuis un an (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 3, p. 120). ♦ Tomber dans les bras de qqn. Se précipiter dans les bras de quelqu'un pour lui manifester son affection ou son amour. Ils n'attendirent pas pour s'embrasser (...), ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre au-dessus du ruisseau, appuyés contre un mur (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 185): 3. Sur le quai, je trouvai M. Duveyrier, un bon jeune homme de vingt-trois ans, avec des yeux bleus et une petite barbiche blonde. Les Touareg tombèrent dans ses bras en descendant du wagon. Il avait vécu deux ans avec eux, sous la tente, au diable vauvert.
Benoit, Atlant., 1919, p. 215. Au fig. Céder aux sollicitations amoureuses de quelqu'un. Veux-tu que je te dise tout? Madeleine un jour tombera dans tes bras en te demandant grâce; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s'évanouir de lassitude à tes pieds (Fromentin, Dominique, 1863, p. 231).À peine vous parti, à peine votre voile disparue, vous pensez sans doute qu'elle tombera dans mes bras? (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 2ejournée, 9, p. 1035).♦ Tomber la face contre terre (en signe de honte). Le coupable tombe la face contre terre, et avoue son forfait (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 329). 3. CHASSE. [En parlant d'un canard] ,,Descendre du ciel pour se poser sur l'eau`` (Burn. 1970). 4. Loc. fig. a) [En parlant d'animés] ♦ Fam. N'être pas tombé de la dernière pluie*. Var. anton. être tombé de la dernière pluie.− Regarde! dit-elle impatiemment. − Il m'a dit de ne pas regarder, plaide l'autre. − Raison de plus pour regarder tout de suite... T'es tombé de la dernière pluie... tu vois bien que c'est une embrouille, non... Jean, c'est un type très dangereux... Moins tu le vois, mieux tu te portes (C. Breillat, Police, 1985, p. 161). ♦ Fam. Tomber dans le panneau*; tomber dans la nasse*. ♦ Tomber sur le dos et se casser le nez. V. dos I B 3 d. ♦ Arg. Tomber sur le dos et se faire une bosse au ventre. Se laisser séduire et se retrouver enceinte. (Ds Delvau 1883, France 1907). ♦ [Souvent en mauvaise part] Tomber (toujours) du côté où l'on penche; pencher du côté où l'on va tomber. Se laisser aller vers ses penchants naturels. (Dict. xixeet xxes.). V. pencher I B 2 a ex. de Colette. ♦ Fam. Tomber sur ses pieds. Se tirer heureusement d'une situation critique; se trouver dans la même situation qu'auparavant. (Dict. xixes.). Synon. retomber sur ses pattes (v. patte1), sur ses pieds (v. pied 1reSection I B 1 a).Être tombé sur la tête. V. tête I A 1 a α. b) [En parlant d'inanimés] ♦ Proverbes. Quand la poire est mûre, il faut qu'elle tombe. Quand les choses en sont arrivées à un certain point, il faut qu'elles éclatent. (Dict. xixeet xxes.). [En parlant de ceux qui font des suppositions impossibles] Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes (de) prises (Dict. xixeet xxes.). ♦ Fam. [En parlant d'un projet] Tomber à l'eau. Ne plus avoir lieu, ne plus avoir d'aboutissement. Anatole Foucher, le dernier artiste, qui (...) ait le talent nécessaire pour continuer cet art exquis [l'enluminure] (...) a alors quitté Solesmes et ce projet est naturellement tombé à l'eau (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 21).Var., vx. Tomber dans l'eau. Je laisserais l'affaire Ruy Blas tomber dans l'eau (Hugo, Corresp., 1867, p. 89). ♦ [En parlant d'une idée] Tomber sous le sens. V. sens1I A 1. Rem. Dans le parler pop., vieilli, tomber est parfois empl. avec le verbe avoir : V'là qu'il me r'vient une douleur (...) J'en ai tombé sur les genoux (Maupass., Contes et nouv., t. 2, R. Prudent, 1886, p. 646). Vous tournez le dos: il a tout le torse sorti. Vous vous éloignez: le voilà dehors. Vous revenez: il dit: « C'est pas moi... j'ai tombé... » (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 79). B. − Tendre vers le bas en restant en équilibre ou suspendu à quelque chose. 1. Pendre. a) [En parlant de parties du corps comme les cheveux, les bras]
α) [Bras] L'autre [balle] le frappa à la poitrine, déchira son habit, mais rencontrant heureusement la lame de son stylet, s'aplatit dessus et ne lui fit qu'une contusion légère. Le bras gauche d'Orso tomba immobile le long de sa cuisse (Mérimée, Colomba, 1840, p. 136).Il resta (...) quelques secondes droit, raide et silencieux, les pieds légèrement écartés et les bras tombant sans expression le long du corps (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 67). − Loc. fam. [Pour exprimer un grand étonnement] Les bras m'en tombent; les bras de qqn tombent. La tante Grédel dit: − Les gueux l'ont pris. − Ce n'est pas possible! fit M. Goulden, dont les bras tombèrent (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 54).Les mains m'en tombent. V. main 1reSection I B 1 b β.
β) [Cheveux] Il (...) sortit la main de sa poche, et, plusieurs fois, d'un geste fébrile, redressa la mèche qui lui tombait sur le front (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 134). ♦ Tomber en. Pendre d'une certaine manière. Ses beaux cheveux épars tomberont en grosses boucles sur un cou d'albâtre (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1714).P. anal. Vous ne trouverez là ni légers treillages, où la vigne tombe en guirlande, ni cultures mariées (Michelet, Journal, 1831, p. 102).Les hommes avaient leurs habits du dimanche, les filles leurs plus belles robes avec des fichus de soie de toutes couleurs tombant en pointe dans le dos (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 48). b) [En parlant de qqc. qui est rattaché ou suspendu à un support précis] Nous entrâmes dans la ville; aucune chaîne ne cria, aucun pont-levis ne tomba, aucune herse ne se leva; nous entrâmes dans la vieille cité féodale (Hugo, Rhin, 1842, p. 291).Ces ruines ne dataient pas de la veille, depuis longtemps le laboratoire devait être ravagé: de grandes toiles d'araignées tombaient du plafond (Zola, M. Férat, 1868, p. 87). − En partic. [En parlant d'un tissu, d'un vêt., etc.] C'était un grand drapeau de soie rouge, tombant à plis rigides de toute sa longueur contre le mur (Gracq, Syrtes, 1951, p. 33). ♦ Tomber bien.Se présenter, s'adapter au corps de façon harmonieuse, s'adapter à un support. Madame de Meximieu s'assit (...). Elle sourit, et l'on eût dit que c'était à sa robe de crêpe de Chine, toute neuve, qui tombait bien (R. Bazin, Blé, 1907, p. 164). 2. Pencher. a) [En parlant de parties du corps]
α) [En parlant de la tête] Pencher de façon incontrôlée. Fatigué (...), je pense vaguement à des choses... Puis ma tête tombe tout d'un coup et je me redresse... C'est bête, je m'endormais (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 93).Comme elle se penchait vers sa voisine pour lui dire quelque chose, sa tête lourde de fatigue tomba sur l'épaule de la jeune femme, et elle s'endormit (Green, Journal, 1934, p. 267).
β) [En parlant du nez, du menton] Dessiner une ligne qui s'incline plus ou moins fortement. Ses lèvres étaient très lippues, et son grand menton tombait droit (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 65). b) [En parlant d'une chose ou d'une partie d'une chose en surplomb qui tend vers le bas (chapeau, toit, ramure, etc.)] Madame Gérard (...) contempla sa fille dans cet état affreux: pâle, son chapeau tombé derrière sa tête (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 330).Tout près de là, un grand sapin sous lequel je me suis tenu quelques minutes. Ses branches noires tombent jusqu'à terre et me cachent complètement (Green, Journal, 1932, p. 104). c) MAR. [En parlant d'un navire] Pencher, être poussé dans telle ou telle direction, sous telle ou telle influence. Un mât est (...) dit Tomber de l'avant ou sur le nez, de l'arrière ou sur le cul, sur tribord, sur babord (Bonn.-Paris1859).Tomber au travers. ,,Être placé par le vent et la mer dans une position d'équilibre, parfois très dangereuse, dont on ne peut plus sortir, travers à la lame`` (Merrien 1958). Tomber en arrière. ,,Culer`` (Merrien 1958). Tomber sur l'avant, sur l'arrière. Caler plus d'eau qu'on ne devrait, par l'avant ou l'arrière (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Tomber sous le vent. S'éloigner ,,plus qu'il [le navire] ne devrait ou qu'on suppose qu'il ne pourrait de l'origine du vent (...) en particulier, il tombe sous le vent d'un autre bâtiment, d'une île, d'un cap, d'un point quelconque, lorsque, de plus en plus, il est moins rapproché de l'origine du vent par rapport à ces points ou objets`` (Bonn.-Paris 1859). 3. Tomber dans/sur.Se diriger (vers); aboutir (à). a) Tomber dans.[En parlant d'un fleuve, d'un cours d'eau d'amont en aval] Se diriger vers, en suivant une pente. Les bords de la rivière Prideaux qui tombe dans l'Ontario (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 201).Notre vue s'étendait sur la Partha, bordée de peupliers. Cette rivière tombe dans l'Elster, à gauche, en formant de grandes lignes bleues (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 142). − [Dans un cont. métaph.] Dans l'éternité, gouffre où se vide la tombe, L'homme coule sans fin, sombre fleuve qui tombe Dans une sombre mer (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 239). b) Familier
α) [En parlant d'une voie] Tomber dans.Déboucher dans. La ruelle de ce côté était ouverte, et, au bout de deux cents pas environ, tombait dans une rue dont elle était l'affluent (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 542).Il alluma une cigarette et prit une petite rue qui tombait tout de suite dans la campagne (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 41).
β) [En parlant d'une pers.] Tomber sur.Déboucher à tel ou tel endroit en prenant un itinéraire donné. Le cocher prit mélancoliquement la rue Saint-Antoine et tomba sur les quais (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 381).Je le connaissais moi le chemin!... Si (...) je piquais à droite, j'allais tomber sur le Châtelet, les marchands d'oiseaux (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 679). C. − P. anal. (avec la rapidité, la brutalité de la chute). Tomber sur qqn; (lui) tomber dessus. 1. [En parlant d'animés] S'abattre, se précipiter sur quelqu'un par surprise. Synon. fondre sur.Soit hasard ou dessein, survint le garde champêtre. Milon, sans dire gare, tombe sur lui, le chasse à coups de pied, de poings et le poursuit dehors (Courier, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 179).L'autre (...) vit un démon lui tomber dessus à coups de nerf de bœuf (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 209). − Loc. pop., fam. Tomber sur qqn à bras raccourcis; tomber sur les reins de qqn. Sauter sur quelqu'un pour l'attaquer, le malmener, l'agresser. Sans parler de la défiance qu'il fallait avoir de nos alliés, qui, d'un moment à l'autre, ne pouvaient manquer de nous tomber sur les reins (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 176).Si Antoine lui cherchait querelle, elle tombait sur lui à bras raccourcis (...). Les voisins étaient habitués aux tapages périodiques qui éclataient dans la chambre des époux. Ils s'assommaient consciencieusement (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 123).P. anal. Dans tous tes livres, tu es constamment tombé à bras raccourcis sur cette queue de siècle (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 29).Tomber sur la bosse de qqn. V. bosse1I A 1.Tomber sur le casaquin*. Tomber sur le corps de/à qqn (fig., vieilli). V. corps II B 2 d.Tomber sur le dos* de qqn. Tomber sur le paletot* de qqn. Tomber sur le poil* de qqn. Tomber sur le râble de qqn. V. râble2. − Au fig. Agresser verbalement. Comme sa femme venait d'une voix timide lui demander un renseignement, il tomba sur elle, l'injuria, cria qu'il ferait se repentir un jour le sale monde qui manque de reconnaissance (Zola, Germinal, 1885, p. 1244).Ils me sont tous tombés dessus, les copains, au tabac, ce matin. J'étais nulle (...), incapable de me mobiliser (...), une vraie chiffe molle. Pourquoi? Rapport au cartel des banques bien décidé à nous faire casquer (Le Monde, 3 déc. 1986, p. 36, col. 5-6). 2. [En parlant d'événements désagréables, pénibles] Accabler de son poids, devenir une charge matérielle ou morale pour quelqu'un. Des trombes de réquisitoires tombent sur la presse (Chênedollé, Journal, 1833, p. 162).Ce serait bien malheureux si quelque peine nous tombait dessus (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 178). − [En parlant du ciel] Tomber sur la tête (de qqn). Il ne s'agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (...), mais de celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 95). − Loc. Tomber sur le coin de l'œil. V. coin2I B. D. − [Constr. partic. de tomber avec les semi-auxil. faire et laisser] 1. Faire tomber a) Qqn fait tomber qqn.Provoquer la chute de quelqu'un en le bousculant, involontairement ou non. Je pressai maman contre moi. − Qu'est-ce qui te prend, ma petite Geneviève? Mais tu vas me faire tomber! (Gide, Geneviève, 1936, p. 1372). − En partic. ♦ Faire tomber des têtes. Infliger la guillotine à quelqu'un; p. ext., faire tuer des gens. Faire tomber la tête du coupable; faire tomber trois têtes d'otages. Le Sultan, qui peut à son gré faire tomber des têtes, est obligé de savoir ce qui plaît ou déplaît à ses janissaires et à ses bourreaux (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 221).Jean Prouvaire (...) blâmait la Révolution d'avoir fait tomber une tête royale, celle d'André Chénier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 777). ♦ Faire tomber son enfant. ,,Se faire avorter`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). − Au fig. Provoquer chez quelqu'un une perte de pouvoir ou une dégradation d'ordre moral ou psychologique ou l'entraîner dans quelque chose de néfaste. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Arg. ,,Faire arrêter, condamner`` (Le Breton 1960). b) Qqn fait tomber qqc.
α) Provoquer la chute d'un objet. Une querelle affreuse (...) éclata entre Rose et une poissonnière, à propos d'une bourriche de harengs que celle-ci avait fait tomber d'un coup de coude (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 750). − En partic. Ôter un vêtement. Elle fit hâtivement tomber tout ce qu'elle avait sur elle, et courut dans le cabinet de toilette faire couler un bain (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 114).
β) Au fig. Faire en sorte que quelque chose arrive (à la suite d'une décision). Il résolut de faire tomber la conversation sur un point qui pouvait en attendant amener toujours l'éclaircissement de certains doutes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 492). − Loc. Faire tomber les armes des mains. Fléchir quelqu'un, l'apaiser. (Dict. xixes.). Faire tomber la plume des mains. Décourager quelqu'un, le dégoûter d'écrire ou l'arrêter d'étonnement (Dict. xixes.).
γ) Spécialement − ART CULIN. Faire tomber au beurre. Réduire le volume de légumes aqueux en les faisant cuire à feux doux avec ou sans matière grasse, et sans coloration (d'apr. Courtine Gastr. 1984). Faire tomber à glace. Réduire un liquide de cuisson, fonds, jus, déglaçage, jusqu'à consistance sirupeuse (d'apr. Courtine Gastr. 1984). Quand votre poitrine sera aux trois-quarts cuite, vous retirerez vos légumes et vous ferez tomber à glace votre mouillement (Viard, Cuisin. impérial, 1814, p. 117). − JEUX. Faire tomber une carte. Jouer de manière à obliger le joueur qui possède cette carte à la mettre sur le tapis. (Dict. xixeet xxes.). c) Qqc. fait tomber qqn (dans qqc./en).Entraîner quelqu'un dans un état différent. Le genre de sa blessure l'aura fait tomber en enfance (Balzac, Chabert, 1832, p. 143).Ce mot les Vosges fit tomber la baronne dans une rêverie profonde. Elle revit son village (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 411). d) Locutions ♦ Faire tomber la pluie*. ♦ Faire tomber le masque. Montrer la vérité de quelque chose. L'action du théâtre comme celle de la peste, est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 39). 2. Laisser tomber a) Qqn laisse tomber qqc.
α) Laisser échapper quelque chose, volontairement ou par inadvertance. Il laissa tomber une assiette qui se brisa (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 287).Le son de sa propre voix l'ayant tirée de sa torpeur, Laure Malaussène laissa tomber le livre qu'elle avait feint de lire, et parcourut des yeux la classe (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 71). − Loc. fig. Laisser tomber la neige. Laisser aller les choses. C'est un truc [le bonheur] qu'on peut à la rigueur souhaiter à quelqu'un d'autre mais le désirer pour soi-même. Capturer l'instant. Juste quand il passe. Et puis laisser tomber la neige (E. Hanska, J'arrête pas de t'aimer, 1981, p. 140). − MAR. Laisser tomber les voiles. ,,Les larguer pour qu'elles se développent et qu'on puisse les établir`` (Bonn.-Paris 1859). Laisser tomber une ancre. ,,La larguer du bord pour la mouiller`` (Bonn.-Paris 1859). − En partic. Laisser tomber une larme. Tenez, père, voici mille francs qu'elle a voulu me donner sur notre gain. Gardez-les-lui, dans le gilet. Goriot regarda Eugène, lui tendit la main pour prendre la sienne, sur laquelle il laissa tomber une larme (Balzac, Goriot, 1835, p. 170). − P. ext. [Sans qu'il y ait notion de chute] Abandonner, laisser de côté quelque chose que l'on tient à la main et qui vous occupe. J'avais mille fois laissé tomber ma plume ou mon livre pour demander des consolations à son image [un portrait de femme], comme un dévot à son saint patron (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 394).
β) [En parlant de notions abstr., d'idées qu'on abandonne] La veine! La voilà! C'est la veine!... Voici! Tu m'entends, dix ans, dix années!... que je trinque presque sans arrêt!... Ça suffit!... J'ai la main!... Je la laisse plus tomber! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 465): 4. ... Vigny, bien plus encore que Lamartine, laisse tomber de sa poésie toute cette continuité, cette urbanité du langage correct, usuel, sans génie, qu'elle tient du siècle précédent. Il les laisse tomber sans pouvoir les remplacer par autre chose que des idées poétiques plus hautes, des fulgurations poétiques plus intenses, mais plus irrégulières.
Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 31.
γ) Prononcer des paroles avec diverses nuances. Et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots: « Ô temps! suspends ton vol; et vous heures propices! Suspendez votre cours (...) » (Lamart., Médit., 1820, p. 136).[Avec une nuance restrictive de retenue] Elle continua ainsi, élevant le ton, laissant tomber un à un les versets, lentement, comme des pleurs étouffés (Zola, M. Férat, 1868, p. 130).[Avec une nuance de sécheresse] Mon grand-père, du haut de sa gloire, laissa tomber un verdict qui me frappa au cœur (Sartre, Mots, 1964, p. 73).
δ) Laisser pendre ou s'incliner une partie du corps. Elle laisse tomber sa tête sur ce sein qui ne palpite plus et semble partager sa mort (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 335).Elle laissa tomber ses bras dans un geste de lassitude infinie (Tharaud, Dingley, 1906, p. 17).
ε) En partic. Laisser tomber ses regards sur qqn ou sur qqc. Regarder quelqu'un ou quelque chose d'une certaine manière, avec tel ou tel sentiment particulier. Laissez tomber vos regards sur le plus indigne de vos serviteurs (Musset, Caprices Mar., 1834, i, 1, p. 133).À l'heure de midi, elle voyagera par les routes poudreuses, laissant tomber ses regards sur la verdure des arbres, des prés!... Que ne suis-je dans ces prés (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 111).
ζ) Laisser quelque chose baisser, s'arrêter ou disparaître complètement. Laisser tomber le feu. Ne serait-il pas préférable de laisser d'abord tomber le tumulte? (Billy, Introïbo, 1939, p. 125). − En partic. Laisser tomber sa voix. En baisser volontairement l'intensité, par nonchalance, affectation. Laissant tomber sa voix sur les dernières syllabes (Bernanos, Crime, 1935, p. 817).Laisser tomber la conversation. Ne pas la relancer. Ils (...) causaient de mille riens, ayant grand soin de ne pas laisser tomber la conversation (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 148). b) Fam. Qqn laisse tomber qqn.Abandonner quelqu'un dans telle ou telle situation. Je ne peux pas laisser tomber un camarade traqué par les flics (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 101).Dans le domaine affectif et amoureux. On ne laisse pas tomber une belle fille comme vous (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 85). − [Avec compar.] Laisser tomber qqn comme une vieille chaussette*. Elle (...) se dirigea vers la porte. − Dis à papa qu'il nous laisse tomber comme une vieille chaussette. − Alix, protesta Laure, comme si cet argot l'offusquait (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 450). c) Absol. [P. ell. pour laisser tomber un problème, une préoccupation, une affaire, qqc. en cours] Laisser tomber.Ne plus prêter attention ni intérêt à une situation donnée, ne plus s'en occuper. Cette vieille noix de Norbert n'a probablement pas su te dire ce qu'il fallait te dire (...) Alors, faut laisser tomber! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 187).Le contrat d'assurance-vie comportait cinq feuillets et je laissai tomber à la deuxième page. Côté lectures, mes goûts me portent plutôt vers le XIXesiècle (M. Villard, Ballon mort, Paris, Gallimard, 1984, p. 24). d) Se laisser tomber sur/vers.Cesser de se retenir, se laisser aller, pour faire quelque chose de précis ou à la suite d'un événement. Sa physionomie devint si terrible que Timopht épouvanté se laissa tomber le nez sur les dalles, comme tombe un homme mort (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 282).Il grimpa dans le lit, noua un bout de sa corde autour de la corniche, l'autre à son cou et (...) il se laissa tomber vers le plancher (Queffélec, Recteur, 1944, p. 201). − En partic. Se laisser tomber dans/sur qqc.Ne plus avoir la force de se tenir debout; s'asseoir ou s'allonger en abandonnant tout effort physique, par excès de fatigue ou d'abattement moral. Colomba se laissa tomber sur une chaise (...), et on l'entendit sangloter (Mérimée, Colomba, 1840, p. 98).Il (...) s'était laissé tomber tout habillé sur le lit, où il s'était tout de suite profondément endormi (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 105). II. − [Le plus souvent avec une idée de déclin ou de décadence, et qqf. de rapidité] Changer d'aspect, d'état ou de situation; déchoir de quelque chose (force, intensité, réputation, crédit, succès, etc.). A. − Empl. abs. Diminuer considérablement, voire disparaître complètement. 1. [En parlant de manifestations phys.] Baisser en intensité, s'apaiser, se calmer, cesser. a) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à l'air, au vent] La brise tombait tout à coup comme l'haleine épuisée d'une poitrine qui souffre (Sand, Lélia, 1833, p. 44).Le matin vint mouillé et le vent tomba un peu. De grosses vapeurs fuyaient, sur la place, teintes de rose, traînant une odeur de suie (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 10). b) [En parlant de manifestations hum. liées à la maladie ou à l'émotion] Ses soins me sauvèrent. À la suite d'une dernière crise, la fièvre tomba: j'étais hors de danger (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 42): 5. ... Marthe ne quittait guère son amie, se sentant gagnée par l'émotion et la fièvre des derniers préparatifs [de la noce] (...) Elles travaillaient (...), envahies soudain de joies enfantines (...). Leur énervement, loin de tomber, ne faisait que croître de jour en jour, par une sorte de contagion qui les gagnait.
Moselly, Terres lorr., 1907, p. 186. 2. [En rapport avec l'idée de force, d'autorité] a)
α) [En parlant d'hommes, d'organismes, de groupes] Perdre un pouvoir politique, financier, etc. Le Parlement peut être dissous, les ministères tomber (Morand, Londres, 1933, p. 223).
β) Perdre sa liberté; être arrêté. Tomber pour braquage, pour meurtre. Il y a un type immense dans la cellule 391, il se présente: « On m'appelle le grand Duduche, (...) pourquoi qu't'es là? » J'explique pour la moto, il trouve pas grandiose de tomber pour une meule (D. Belloc, Néons, Paris, Lieu Commun, 1987, p. 42). b) [En parlant de concepts supposant une idée d'effort ou d'opposition] S'effacer, disparaître. Quand l'image en se reportant dans le passé, vient à se rallier aux souvenirs ou se précipiter vers l'avenir, toutes les résolutions tombent (Chênedollé, Journal, 1815, p. 79).Un courage nouveau, invincible, l'emplit, les obstacles tombent et il réussit (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 151). 3. [En parlant de manifestations culturelles ou artist. et plus partic. littér. ou théâtrales] Ne plus avoir de succès; échouer. Les mauvais ouvrages tombent presque toujours d'eux-mêmes et les ouvrages médiocres sont bientôt réduits à leur juste valeur (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 271).La pièce de l'académicien Ponsard est tombée honteusement, tombée comme on tombait autrefois, à plat, classiquement. C'est une élégance de plus (Flaub., Corresp., 1860, pp. 386-387). 4. [En parlant de notions quantifiables (pourcentage, etc.)] Diminuer, baisser (jusqu'à tel ou tel chiffre). Tomber à rien, à zéro. Des souris (...) étaient atteintes de pneumonie dans la proportion de 52 pour 100. Un groupe considérable de ces animaux reçut une alimentation plus variée. La mortalité par pneumonie tomba à 32 pour 100 (Carrel, L'Homme, 1935, p. 248). B. − Se retrouver dans tel ou tel état physique ou moral, sous tel ou tel aspect. 1. Tomber + attribut.[En parlant de pers.] a) Tomber d'accord. ,,Convenir que`` (Ac. 1878). b) Tomber enceinte (pop.). Nous savions toutes les deux [ma mère et moi] à quoi nous en tenir: elle sur mon désir de plaire aux garçons, moi, sur sa hantise qu'il « m'arrive un malheur », c'est-à-dire coucher avec n'importe qui et tomber enceinte (A. Ernaux, Une Femme, 1987, p. 61). c) Tomber amoureux*. Région. (Québec). Tomber en amour. J'avais eu le malheur de te rencontrer (...) puis de tomber en amour avec toi (M. Tremblay, Trois petits tours, 1971, p. 37 ds Richesses Québec 1982, p. 2310). d) Passer brusquement d'un état physique normal à un état déficient (sans qu'intervienne une notion de chute ou d'affaissement). Tomber paralysé. Région. Tomber fou. Il y avait de quoi tomber fou. Il l'avait prise par les poignets comme il lui arrivait naguère, l'avait secouée rudement, malgré lui (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 295).Pop. Tomber pâle. S'évanouir. Les autres dix enflures avant moi, je commençais à les comprendre. Ils avaient dû tomber pâles... Des articles comme ça d'épouvante y en avait plus dans le commerce (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 194). ♦ Tomber malade*. Au fig., arg. des voleurs. ,,Être arrêté`` (Michel 1856, Larch. 1880, Delvau 1883). 2. Tomber en + subst. a) [En parlant d'animés]
α) [Le subst. définit l'état, la position dans laquelle on se retrouve, avec une idée de fixité] Tomber en extase*. Tomber en garde. V. garde1I )A 1 b. − VÉN. Tomber en arrêt. [En parlant d'un chien] Se figer brusquement dans une certaine position. Quand on est forcé de porter son chien à la chasse, disait le vieux garde Froelig, cela va mal; les vrais chiens de chasse y vont tout seuls, (...) ils ne tombent jamais en arrêt devant une motte de terre comme devant un lièvre (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 57). ♦ P. anal. [En parlant de pers.] V. arrêt I A 1 a au fig.Tomber en défaut. [En parlant d'un chien] Perdre la piste du gibier. (Dict. xixeet xxes.).
β) [Le subst. définit l'état physique ou psychique dans lequel se retrouve la pers.] Tomber en épilepsie, en faiblesse, en langueur, en neurasthénie, en pâmoison. Au coup de pistolet le vieillard tombe en défaillance (La Marteliere, Robert, 1793, v, 4, p. 63).Madame, quand parut son noble misanthrope Eut tout juste le temps de tomber en syncope, Comme une Sémélé devant son Jupiter. Le raide commandeur demanda de l'éther (Banville, Cariat., 1842, p. 58). b) [En parlant d'inanimés concr.; le subst. définit l'aspect sous lequel se retrouve la chose, avec une idée d'affaissement, d'écroulement ou de désagrégation] Tomber en poussière*. Tomber en déliquescence*. Tomber en loques. V. loque1.Tomber en ruine*. c) Au fig. [Dans des expr.] Tomber en quenouille*. − Spécialement ♦ DR. Tomber en faillite. Se retrouver dans la situation de ne plus pouvoir payer ses créanciers. L'acheteur est tombé en faillite ou en état de déconfiture, en sorte que le vendeur se trouve en danger imminent de perdre le prix (Code civil, 1804, art. 1613, p. 297).Le sculpteur Mahoudeau avait loué, à quelques pas du boulevard, la boutique d'une fruitière tombée en faillite (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 67).Tomber en déconfiture*. Tomber en désuétude*. ♦ INFORMAT. Tomber en halte. Dans un ordinateur, explique-t-elle [une « spécialiste système »], il y a une mémoire centrale. C'est le programme qui dicte à la machine les opérations à accomplir. Si le programme « tombe en halte » (s'arrête), l'utilisateur du terminal ne peut plus rien saisir au clavier. Celui-ci se bloque automatiquement (Cosmopolitan, mars 1985, p. 178, col. 2). 3. Tomber dans + subst. (définissant l'état physique, matériel ou moral dans lequel se retrouve une pers.).Elle tombait dans une de ces songeries qui vous emmènent loin de tout (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 104).Nous ne tomberons pas dans des rêves d'avenir (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 237). ♦ [Avec une connotation nég.] Tomber dans l'indigence, le désespoir, la débine (pop.), la disgrâce, le discrédit, un écueil. Elle, si rieuse et si vive, tombait parfois dans des accès de taciturnité profonde, et rien ne pouvait la tirer de cet abattement (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 443).Le malade imaginaire se découvre toujours quelque petit mal (...). Mais nous avons des malheureux imaginaires, qui réussissent encore bien mieux à tomber dans la mélancolie (Alain, Propos, 1913, p. 149).Arg., vx. Tomber dans le malheur. ,,Venir au bagne`` (Delvau Suppl. 1883). − Locutions ♦ Pop., fam. Tomber dans les pommes. V. pomme A 2. ♦ Tomber dans le troisième dessous (fam.). ,,Tomber dans une misère extrême`` (France 1907). Rem. Rob. note le sens « échouer entièrement dans un rôle » ainsi que Lar. encyclop. qui en fait le sens premier et « tomber dans la misère » le sens p. ext., en donnant aussi la var. usuelle tomber dans le trente-sixième dessous. ♦ Tomber dans le sens, dans le sentiment de qqn. Être du même avis que quelqu'un, se rendre à son avis. (Dict. xixes.). 4. Tomber de... en, de... dans.Passer d'un état à un autre et, plus partic., d'une situation négative à une autre souvent pire. Tomber d'horreur en horreur, d'un excès dans l'autre, d'un préjugé dans un autre, de la réalité dans le néant. Un enchaînement de forces mystérieuses s'empare de vous. Vous vous débattez en vain. Plus de secours humain possible. Vous allez tomber d'engrenage en engrenage, d'angoisse en angoisse, de torture en torture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 846).Les conservateurs ne se trompent point lorsqu'ils voient (...) dans le particularisme corporatif des moyens propres à éviter la révolution marxiste; mais d'un danger ils tombent dans un autre et ils s'exposent à être dévorés par le socialisme parlementaire (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 116). − Expr. Tomber de Charybde en Scylla. [P. allus. aux deux dangers marins voisins: les navires n'échappaient au gouffre Charybde que pour retomber sur l'écueil Scylla] En voulant éviter un mal, se retrouver dans un autre; quitter une situation défavorable pour se retrouver dans une situation aussi, sinon plus catastrophique. On sommait le gouvernement de prévenir l'Allemagne au lieu de se laisser prévenir par elle, et, sans se soucier le moins du monde de savoir (...) si l'essai ne ferait pas tomber (...) de Charybde en Scylla (...), on pressait M. Jules Cambon et M. Joseph Caillaux d'arrêter des plans à l'avance (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. liv).Tomber de mal en pis. (Dict. xixeet xxes.). Tomber de fièvre en chaud mal. Tomber d'un état fâcheux dans un état pire encore (Dict. xixeet xxes.). Tomber de la poêle en la braise (arg., pop.). ,,N'éviter un petit ennui que pour tomber dans un plus grand; n'avoir pas de chance`` (Delvau 1883). 5. Se retrouver sous l'influence, la domination ou le pouvoir de quelqu'un ou de quelque chose. a) [En parlant de pers.] ♦ Tomber aux/entre les mains de qqn (en la possession de quelqu'un), tomber aux mains de qqn (au pouvoir de quelqu'un), tomber en bonnes mains, en mains sûres (sous la responsabilité de quelqu'un). V. main 1reSection I D 2, 3 et 4. ♦ Tomber entre les pattes de qqn. V. patte1B. ♦ Tomber sous le coup (de la loi). S'exposer à la sanction (de la loi). Pellieux, (...) Boisdeffre, (...) Billot, ayant porté le plus grave préjudice à la France par des révélations de pièces secrètes, d'ailleurs fausses, tombent directement sous le coup de la loi (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 194).Je nie tomber sous le coup de l'article 330 qui prévoit et punit le délit d'outrage public à la pudeur (Courteline, Article 330, 1900, p. 265).P. ext. Tomber sous le coup de qqn/de qqc. S'exposer à la menace de quelqu'un, de quelque chose qui détient un pouvoir: 6. ... si le capitalisme s'organisait, s'il parvenait par de vastes trusts à régler la production, il ne pourrait la régler qu'à son profit; il abuserait de cette puissance d'unité pour imposer à la communauté des acheteurs des prix d'usure; et les travailleurs n'échapperaient aux conséquences du désordre économique que pour tomber sous le coup du monopole.
Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 129. b) [En parlant d'inanimés concr.] − [En parlant de biens] Tomber dans les mains de. Arriver dans les mains de quelqu'un (qui a le pouvoir, l'argent). Dîner chez la princesse. On parlait de la désolation, au temps jadis, du bonhomme Sauvageot, se lamentant et se désolant sur l'avenir de tous ses trésors, ramassés avec tant de goût et destinés à tomber dans les stupides mains d'un Rothschild ou d'un Seillière (Goncourt, Journal, 1865, p. 123). − [En parlant d'une ville] Se retrouver sous la domination de quelqu'un qui la conquiert. Constantinople tombe sous le joug des Turcs (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 532).Caen, Argentan, Falaise, Alençon, Bayeux, tombèrent au pouvoir des Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 140). c) [En parlant de pers. ou de concepts] Tomber sous la coupe de qqn/qqc. Se retrouver sous la dépendance, la domination ou l'influence de quelqu'un/quelque chose. La reconstruction, c'est très joli: mais pas par n'importe quel moyen. Ils acceptent l'aide américaine; un de ces jours, ils s'en mordront les doigts: de fil en aiguille la France va tomber sous la coupe de l'Amérique (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 111). III. − [Souvent avec une idée de hasard] Arriver, survenir, se présenter, se retrouver quelque part. A. − [En parlant de pers.] 1. Tomber dans a) Arriver, se retrouver inopinément quelque part. Nous tombons dans cette forêt, où chaque arbre semble un modèle entouré d'un cercle de boîtes à couleurs (Goncourt, Journal, 1852, p. 78). b) MAR. Tomber dans une armée, une flotte, un convoi. ,,S'en trouver inopinément auprès, pendant la nuit ou par temps de brume`` (Bonn.-Paris 1859). 2. Tomber sur.Se trouver subitement en contact avec quelqu'un ou quelque chose. Synon. rencontrer. a) [Avec qqn] Elle risque de tomber sur un brave homme sincère et naïf et de lui faire énormément de peine (Guitry, Veilleur, 1911, ii, p. 10).« Je vais descendre à la station du Zoo », se dit-il. « C'est dans l'ouest que je risque le moins de tomber sur d'anciennes relations » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 416). b) [Avec qqc.] [Concernant un lieu] On circule indéfiniment à travers un réseau d'étroites ruelles pour tomber, de loin en loin, sur des petites places solitaires où l'herbe croît en toute saison (Barrès, Greco, 1911, p. 79).[Concernant un document écrit] Il prit ce prétendu livre arabe, espèce de roman fait par un médecin du siècle précédent, et tomba sur une page où il s'agissait de parfums (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 44).Je lisais, l'autre jour, un journal visigoth, (...) Quand mes yeux tout à coup tombèrent, par hasard, Sur trois ou quatre lignes (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 222). c) Loc. pop., fam. Tomber sur un bec* de gaz et, p. ell., usuel, tomber sur un bec. Rencontrer une difficulté imprévue. Moi je te dis qu'on est foutus! (...) si on veut reprendre l'offensive, on tombera sur un bec! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 737).Tomber sur un manche. V. manche1A 2.Tomber sur un os. V. os1D 3. 3. Arg., vieilli a) Tomber en figure. ,,Se trouver face à face avec un individu qu'on cherche à éviter, ennemi ou créancier`` (Delvau 1883). Tomber en frime. ,,Se rencontrer face à face`` (France 1907). b) Arg. de théâtre. ,,Entrer en scène`` (France 1907). B. − [En parlant d'inanimés] 1. Se présenter subitement en grand nombre. Je me décide à rendre une nouvelle visite au « vieux professeur». (...) C'est l'époque des examens, des copies, des mémoires qui tombent de tous les côtés (R. Jean, La Lectrice, 1989 [1986], p. 34). 2. [En parlant d'un événement, d'une fête] Coïncider avec telle date ou tel moment. Je voulais faire un cadeau magnifique à Catherine pour le jour de sa fête, qui tombait le 18 décembre (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 10).Des hommes en maillot rayé installaient un manège et des balançoires pour la fête de Sérianne qui tombait le jour des élections (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 133). 3. Tomber sur a) [Le compl. désigne une pers.] Atteindre quelqu'un par hasard (en bonne comme en mauvaise part). Et sur qui, je vous prie, doit tomber le choix? Il est, dit-on, arrêté d'avance; Mirabeau l'aîné doit remplacer Necker (Marat, Pamphlets, Infernal projet des ennemis de la Révol., 1790, p. 198).Imagine (...) tout cet argent qui est là devant toi, et que t'as vraiment pas envie de perdre, tout ce que tu ferais pour que la bonne carte t'arrive... Et tu attends, et tu sais que tu risques de tout paumer, alors tu pries pour que la chance tombe sur toi (C. Breillat, Police, 1985, p. 142). b) [En parlant d'une conversation; le compl. désigne une pers. ou une chose] Arriver sur tel ou tel sujet. Le gros homme s'était trouvé à une des réceptions de sa belle-sœur, où la conversation tomba sur le cœur et l'esprit, la jeunesse et la vieillesse (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 36).Laissez trois hommes ensemble après le dîner, vous pouvez être sûr que la conversation tombera sur les femmes, et que ce sera le plus vieux qui commencera (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 1, p. 93). c) Arg. Tomber sur un coup de poing. ,,Recevoir un coup de poing sur le visage et mettre les avaries qui en résultent sur le compte d'une chute`` (Delvau 1883). 4. [Dans des expr.] Être mis par hasard à la disposition de quelqu'un. ♦ Tomber sous les yeux de qqn. Le nom de la Fée aux Miettes, qui se retrouvait, je ne sais pourquoi, dans tous mes certificats, ne tombait jamais sous les yeux de personne sans m'attirer des marques particulières de bienveillance (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 98). ♦ Tomber sous/entre les mains de qqn. Les enfants ont un goût tout particulier pour découper les gravures qui tombent entre leurs mains (M. de Guérin, Journal, 1833, p. 146).Parmi les penseurs qui me tombèrent alors sous la main, il en est un, monsieur, dont l'impression sur moi fut bien vive. On le nomme M. Pierre Biret (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 137). ♦ Expr. fig. Qqc. tombe dans l'esprit. Arriver tout à coup à l'esprit. (Dict. xixes.). 5. [Qqf. avec une nuance laud.] Arriver par hasard, comme venant du ciel. Être amoureux, être fou (...), j'ai toutes ces joies! Cet être mystérieux Qu'on appelle une grisette M'est tombé du haut des cieux (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 42).Tant d'extravagances (...) formèrent à cette époque, le tissu de toutes ses journées; et il parut lui tomber de la lune, les idées les plus bigarrées (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 264). ♦ Tomber aux pieds de. Arriver en bonne part. Un jour, c'est la chance qui tombe aux pieds de Béatrice: des photos pour un journal, le rôle principal de 37,2 (P. Besson, Salade russe, 1987, p. 54). − Loc. fig. Tomber du ciel*. Tomber des nues. V. nue B 2 b. − Loc. Les alouettes ne leur tomberont pas toutes rôties dans le bec*. Var. Si vous devez toujours circuler dans Paris le nez en l'air, avec l'espoir que les perdreaux tomberont tout rôtis, n, i, ni, c'est fini (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 23).La grande salle s'emplit (...) de ces fils à papa besogneux qui attendent du ciel parisien que les situations leur tombent toutes rôties dans la bouche (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 59). C. − [En parlant de pers. ou d'inanimés] Arriver de telle ou telle façon, de manière favorable ou non. ♦ Tomber pile. Arriver bien, à bon escient. V. pile3ex. de Giono.Tomber à pic. V. pic3II A 2. ♦ Tomber à merveille, à point, à point nommé. Arriver quand il faut. − Je voudrais savoir le nombre des condamnés, leurs noms et le genre de leur supplice. − Cela tombe à merveille (...)! On vient justement de m'apporter (...) les noms des condamnés, la cause de leur condamnation et le mode de leur supplice (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 487).J'étais tombé à point pour distraire notre patron pendant les repas (Céline, Voyage, 1932, p. 512).Quand parut l'Étranger d'Albert Camus, on put croire à bon droit qu'il comblerait tous les espoirs: comme toute œuvre de réelle valeur, il tombait à point nommé; il répondait à notre attente; il cristallisait les velléités en suspens (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 15). ♦ Tomber à plat. V. plat1II B 1 c β au fig. et supra ex. 7. ♦ Tomber bien, bien tomber; tomber mal, mal tomber. Il avait alors trente-cinq ans, il n'avait pas pris femme encore, par prudence et circonspection et crainte aussi de mal tomber (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 19).Ça tombait pas mal cette période d'inactivité, puisque j'avais plus de fringues du tout... et qu'il fallait bien qu'on me resape avant que je reprenne mes démarches (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 339). ♦ Tomber juste. Ce qui n'est pas généreux, c'est de rejeter mon amour, après m'avoir laissé croire que vous m'aimiez. Si peu délicat que fût ce reproche, il tombait juste et ne laissait pas d'embarrasser la jeune femme (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 117). − (...) Faut dire que c'est une drôle de coïncidence. − Alors je suis tombée juste? demanda Léonie. − Vous avez mis dans le mille, répondit Mouilleminche. Moi, je m'appelle Robert, et mon frangin c'était bien le chanteur (Queneau, Pierrot, 1942, p. 40). ♦ Tomber à faux. Arriver d'une manière maladroite, anormale. Quand bien même mon avis tomberait à faux (Becque, Corbeaux, 1882, ii, 1, p. 103). ♦ Tomber à échéance. Arriver à terme. Le facteur ne monte plus. Sauf, parfois, à la fin du mois, quand les billets qu'on a souscrits chez le notaire tombent à échéance (Giono, Colline, 1929, p. 16). ♦ Tomber en plein dans qqc. Se retrouver au beau milieu de quelque chose. Tomber en plein dans une conversation. Ils tombaient en pleine manifestation: une colonne de jeunes patriotes, brandissant des drapeaux et gueulant la Marseillaise, dévalait du boulevard Poissonnière (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 554). − IMPR. Tomber mal. Avoir un registre et un repérage défectueux à l'impression, la mise en page présentant divers défauts tels que: titre en base de page, ligne creuse en début de page, etc. (Dict. xxes.). Tomber en registre; tomber ligne sur ligne. Faire se superposer exactement, ligne à ligne, les pages recto et verso. (Ds Frey Typogr. 1857; dict. xxes.). Tomber sur corps. ,,C'est dans un tableau, prendre sa justification de manière que les colonnes tombent toutes sur 12 ou des fractions de 12, divisibles par 8, 6, 4 ou 2. Quant au tableau lui-même, il doit toujours tomber sur 6 ou sur 12 et jamais sur des fractions, sauf dans des cas tout à fait exceptionnels, où l'on est obligé de tricher`` (Des.-Muller Impr. 1912). 2eSection. Empl. trans. I. − Tomber qqn A. − SPORTS (lutte). Vaincre un adversaire en lui faisant toucher le sol avec les deux épaules pendant un temps déterminé. Le roi des arènes avait devant lui le premier du genre, un farceur pétri de ruses, aussi robuste qu'agile, et que sa gibbosité prodigieuse rendait presque insaisissable. Il fallait cependant le prendre et le tomber réglementairement, ou s'exposer aux moqueries lancinantes de la foule, qui grommelait encore sur les gradins (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 226).[Autres sports] Battre l'adversaire. L. (confirme) sa grande valeur en « tombant » B [au tennis] (Encyclop. des Sports, 1924ds Petiot 1982). ♦ Arg. Tomber un mec. Le battre, le mettre à terre. (Ds Sandry-Carr. Lutte 1963). B. − Pop. Séduire. Voilà-t-il pas que je tombe une rombière de la haute (Queneau, Zazie, 1959, p. 212).Lorsqu'il s'agissait de tomber les filles, l'écrivain arrivait en bonne position (...) après (...) les acteurs de cinéma (Ph. Djian, Maudit manège, 1988 [1986], p. 146). ♦ Tomber les cœurs. Je pourrais t'en dire, des choses, mais cela ne changerait rien à ta nostalgie de ne pas être d'emblée le personnage-vedette, un riche, un qui tombe tous les cœurs, un qui fait rêver (O. Alberti, La Dévorade, 1985, p. 183). − Empl. abs. Je tombais déjà comme un malade. C'était une période de polygamie frénétique (L'Est Républicain, Magazine dimanche, 9 avr. 1989, p. 13, col. 2). II. − Vx. Tomber qqc. A. − Provoquer la chute de quelque chose. Il lui revenait peu à peu cette finesse de sens qui percevait les plus légers émois de sa ferme; ce qui lui faisait dire en entrant du labour: «Vous avez tombé les seaux dans le puits», parce qu'il ne voyait pas pendu au clou habituel le crochet qui servait à les retirer (Giono, Naissance de l'Odyssée, 1938, p. 162). B. − En partic. Tomber un vêtement. Oter un vêtement. [Pour montrer qu'on va se mettre à faire un travail ou lorsqu'il fait chaud] Tomber la veste. Salarnier tomba la veste et aida son adjoint à ramasser les feuillets épars (T. Jonquet, Le Manoir des immortelles, 1986, p. 59). C. − Au fig. Tomber le masque. Ôter ce qui cache le vrai visage, les vraies pensées; se montrer sous son vrai jour. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [tɔ
̃be], (il) tombe [tɔ
̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1reSection. Intrans. I. ca 1165 « danser, sauter, faire la culbute » (Troie, éd. L. Constans, 14713: e bale e tresche e tombe e saut). II. A. En parlant d'êtres animés 1. être entraîné vers le bas par perte d'équilibre a) 1170-83 tumber « faire une chute » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8087); b) faire une chute d'une certaine manière fin xiiie-déb. xvies. (De l'ermite qui se desespera ds Méon, Nouv. rec. de fabliaux, t. 2, p. 213: il tomba la teste avant); 1498-1515 tomber à la renverse (Gringore, La Vie Monseigneur Sainct Loys ds
Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 113: Mort est tumbé à la renverse); 1477 tomber de son haut (Passion d'Auvergne, éd. G. A. Runnalls, 2353: ne tumbe de son hault); 1630 (Chapelain, Trad. de Guzman d'Alfarache, III, p. 334 ds Livet Molière t. 3, p. 700: que je ne me laissasse tomber de mon haut); 1564 tomber de haut (Thierry: tomber de hault); 1643 fig. (Corneille, Menteur, vers 352: je tombe de bien haut); 1625 tomber des nues « être pris au dépourvu par une situation nouvelle » (J. P. Camus, Palombe, p. 299: il semble [...] estre tombé des nuës); 1640 (Oudin Curiositez: comme s'il estoit tombé des nuës .i. fort estonné Item, sans aucune connois-sance de personne); 1866 expr. (Amiel, Journal, p. 133: aussi penche-t-il du côté où son père est tombé); 1872 expr. tomber du côté où l'on penche (Littré); c) α) 1541 se laisser tomber (Amadis, 2el., chap. XI ds Gdf. Compl., s.v. alt); 1726 (Lesage, Diable boiteux ds Romanciers du XVIIIes., éd. Étiemble, t. 1, p. 283: se laisse tomber dans un fauteuil);
β) 1559 « ne plus avoir la force de se tenir debout » (Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 9, p. 37, 138: la mere qui pleure et de tristesse tombe); 1610 (Urfé, Astrée, éd. H. Vaganay, t. 2, p. 258: il estoit tombé de foiblesse); 1718 (Ac.: tomber d'inanition); 1767 (Diderot, Lettres à Sophie Volland, éd. A. Babelon, t. 2, p. 140: elle tombait de sommeil); 1753 (J. L. Fougeret de Monbron, Le Cosmopolite, p. 20: tombent accablés de fatigue); 1785 (Marat, Éloge de Montesquieu, éd. A. de Brezetz, 1883, p. 14: ils tombent de fatigue);
γ) 1656 les bras tombent (à qqn) (J. Chapelain, La Pucelle, p. 488: le bras tombe à la Sainte); 1669 (La Fontaine, Psyché ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 218: les bras lui tombèrent [par abattement]); 1740 (Marivaux, L'Épreuve, éd. F. Deloffre, p. 518: les bras m'en tombont [sic] [d'étonnement]); d) 1556 « entrer en contact avec le sol par une partie du corps » (Ronsard, op. cit., t. 8, p. 288, 636: les uns dessus le front [...] tumberont); 1794 tomber sur le dos et se casser le nez (Chamfort, Caract. et anecd., p. 178); 1880 tomber sur le derrière (d'étonnement) (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, p. 305); 1965 tomber sur le cul (Quillet, s.v. cul); 1957 être tombé sur la tête « avoir l'esprit dérangé » (Aymé, Mouche, p. 28); e) 1564 « être blessé ou tué dans un combat » (Indice de tous les mots principaux des livres de la Bible ds FEW t. 13, 2, p. 405b); 1572 (Ronsard, op. cit., t. 16, p. 119, 520: Hector tomba); f) 1569 « prendre volontairement une certaine attitude pour manifester ses sentiments » (Id.,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 15, p. 214, 20: l'home tombe [...] à ses genoux); 1610 (Urfé, op. cit., p. 373: tomber à ses pieds); 1657 (Desmarets de Saint-Sorlin, Clovis, p. 189: elle tombe à genoux [respect]); 1673 tomber dans les bras de qqn (Racine, Mithridate, V, 4: ce héros dans mes bras est tombé tout san-glant); 1751 (Prévost, Lettres anglaises, éd. 1784, t. 4, p. 514: me faire tomber presque nue dans ses bras); g) 1604 tomber sur « attaquer, assaillir » (Montchrestien, Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 53); 1694 fig. « attaquer quelqu'un en paroles » (Ac.: tomber sur quelqu'un, luy tomber sur le corps); 1872 tomber sur le poil fam. « battre » (Larch., p. 200); 1908 tomber sur le dos (France, J. d'Arc, t. 2, p. 221); h) 1664 « être dépossédé du pouvoir » (Racine, Thébaïde, V, 3: les rois en tombant entraînent leurs flatteurs); i) 1694 « perdre son crédit, sa célébrité » (Ac.: cet homme-là n'a pas esté long-temps en credit, il est bien-tost tombé); j) 1821 arg. « être arrêté (en parlant d'un malfaiteur) » (Ansiaume, Bagne Brest, fo15 vo, § 454); k) 1848 cynégét. tomber en arrêt (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 118); 1863 escr. tomber en garde (Gautier, Fracasse, p. 418); 2. changer d'état a) 1456 « avoir une défaillance morale » (Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 40: ne tumber [...] en nul des sept pechiés); 1554 « déchoir moralement » (Ronsard, op. cit., t. 6, p. 121, 18: homme qui [...] soit tombé quand il est haut); b) α) 1456 « se trouver entraîné dans une situation fâcheuse » (Antoine de La Sale, op. cit., p. 277: tumbez a leurs desirs et en leurs las [pièges]); 1539 (Est.: tomber es embusches); 1621 (J. P. Camus, Agathonphile, éd. P. Sage, p. 27: que je ne tombasse dans tant de pieges);
β) ca 1485 tomber entre les mains de « devenir le prisonnier de » (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 29385: estre tumbé entre noz mains); c) α) 1456 « passer d'un état physique normal à un état déficient » (Antoine de La Sale, op. cit., p. 241: vous tumberez en une grant langueur); ca 1500 (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 128: il en tumba en grand malladie); 1567 (Ronsard, op. cit., t. 14, p. 186, 131: tombe en lethargie); 1580 (Montaigne, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 372: ceux qui sont tombez [...] en defaillance de cœur); 1585 (A. Paré,
Œuvres complètes, Paris, G. Buon, l. IX, chap. 14, p. 342 ds E. Papin, Le Vocab. méd. au XVIes., thèse, Nancy, 1987: tomber en syncope); 1606 (Nicot, p. 567b, s.v. revenir: tombe en [...] pasmoison); [1889 tomber dans les pommes (s. réf. ds Chautard 1931, p. 234)] 1916 (P. Mac-Orlan, Les Gosses aux Armées ds Le Journal, 28 nov., p. 1f: il ne tombait jamais « dans les pommes »);
β) 1586 tomber en enfance (Le Loyer, IIII Livres des Spectres, 1erl., p. 229); d) α) ca 1485 « se trouver brusquement dans une situation périlleuse » (Mistère du Viel Testament, 457-458: En lieu remply d'inffection Sommes tumbez); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., p. 87: tumbent en grandes adversitéz);
β) 1564 (Rabelais, Cinquième livre, chap. 17 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 65: si evi-tans Charybde, feussions tombez en Scylle); 1633 (Adrien de Mon-tluc, Comte de Cramail, La Comédie des proverbes ds Anc. Théâtre françois, t. 9, p. 43: tomber de Caribde en Scila); e) 1498-1515 « devenir soudainement » (Gringore, op. cit., p. 116: tumbé est mort soudai-nement); 1534 (Rabelais, Gargantua, chap. 42, éd. R. Calder, p. 248: tomba roidde mort); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., p. 304: il tomba malade); 1697 (Regnard, Le Joueur, éd. M. Garnier, p. 210: la belle est tombée amoureuse de moi); 1738 (Marivaux, Fausses confidences, éd. F. Deloffre, p. 373: il est tombé fou); 1899 (Zola, Fécondité, p. 184: elle tomba enceinte); f) 1555 « sombrer dans un état moral plus ou moins pénible » (Ronsard, op. cit., t. 6, p. 264, 62: tomber en desespoir); g) 1579 tomber d'accord (H. Estienne, La Précellence du Langage fr., éd. E. Huguet, p. 37); h) 1937 tomber en panne (Malraux, Espoir, p. 550). B. En parlant de choses 1. être entraîné vers le bas a) 1456 faire tomber (Antoine de La Sale, op. cit., p. 186: faire tumber la haiche); ca 1500 (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 41: fusées [...] qui courent parmy les gens quant elles sont tombées); b) ca 1495 « atteindre le sol (pluie, grêle, neige, etc.) » (André de La Vigne, Le Voyage de Naples, éd. A. Slerca, p. 301: en tumba en si grant habondance [grêle]); 1539 (Est., s.v. pluye: lieu [...] ou tombent les eaux de la pluye); 1881 fam. (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 367: ça tombe dur. Il pleut à verse); c) α) ca 1500 « se détacher d'un lieu » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 168: ung paige auquel il tumba deux doiz de la main [à cause du froid]);
β) 1559 tomber de la (des) main(s) de qqn (par ennui, lassitude, dégoût, etc.) (Ronsard, op. cit., t. 10, p. 29, 266: un livre me tomba hors de la main); 1567 (Id.,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 12, p. 279, 32, var.: feroit [...] Hors des mains des soldats tomber l'espée); 1569 (Id., ibid., t. 15, p. 20, 100: la plume [...] me tombe de la main); d) 1539 « (en parlant des paroles ou du son) parvenir à l'oreille » (Est.: où veulent tomber toutes ces belles parolles); 1808 (Hautel: cela n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd); e) 1564 « se déta-cher de quelque chose (en parlant de ce qui pousse) » (Ronsard, op. cit., t. 12, p. 91, 77: les fueilles des bois qui tombent); 1574 (Garnier, Cornélie, éd. W. Foerster, 1905-1906: nos cheveux [...] tombent de nostre chef); f) 1569 « se répandre comme venant d'en haut » (Ronsard, op. cit., t. 15, p. 249, 361: Jason qui vit la nuit estre tombée); g) 1885 « arriver brusquement » (Zola, Germinal, p. 1303: des dépêches tombaient sur son bureau [du directeur]); 1964 (Rob.: un télégramme vient de tomber); 1974 (Le Point, 8 avr. ds Gilb. 1980: le « flash » tombe [...] sur les téléscripteurs); h) 1964 « paraître » (Rob.: le journal tombe à cinq heures); 2. tendre vers le bas a) ca 1516-17 « être pendant » (Le Grand voyage de Sainte-Caquette, 272 ds Rec. de farces, éd. A. Tissier, t. 2, p. 57: mes cheveulx me tumbent au front); 1542 (Rabelais, Pantagruel, chap. 1, éd. V. L. Saulnier, p. 12, 56, var.: les couilles de Lorraine [...] tombent au fond des chausses); b) α) 1538 « se diriger vers, en suivant une pente » ([Est.] ds FEW t. 13, 2, p. 404b); 1539 (Est.: ce fleuve la tombe au Rhein);
β) 1655 « aboutir à, déboucher dans » (Cyrano de Bergerac, Les Estats et empires de la lune, éd. F. Lachèvre, p. 84: la rue qui tombe vis à vis de nostre maison); c) α) 1584 « pendre (en parlant de vêtements) » (Ronsard, op. cit., t. 11, p. 151, 666, var.: manteaux [...] qui tombent aux talons);
β) 1845 « s'adapter harmonieusement aux lignes du corps » (Baudel., Salon, p. 81: les draperies tombent bien); 1867 (Goncourt, Man. Salomon, p. 199: leur châle [...] tombe bien); d) 1606 « pencher, s'incliner » (Nicot, s.v. estay: le mast [...] ne tombe en derriere sur la poupe); e) 1732 « dessiner une ligne qui s'incline plus ou moins fortement » (Lesage, Gil Blas ds Romanciers du XVIIIes., éd. Étiemble, t. 1, p. 593: un nez fort épaté lui tombait sur une moustache rousse); 3. entrer dans une phase de déclin, de décadence a) ca 1500 « s'affaisser, s'écrouler » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 167: les maisons qui tomboient); 1511 tumber en ruyne (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, 32, 135 (Droz) ds Quem. DDL t. 40); 1531 tomber en ruine (R. Estienne, Dictionarium, 72 vo, ibid. t. 38: heritage qui tombe en ruyne, qui na point d'heritiers); 1538 tomber en ruine « être en décadence (d'un État) » (Est. ds FEW t. 13, 2, p. 404b); 1580 (Garnier, Antigone, éd. W. Foerster, 474: Thebes tombe en ruïne); 1623 (Garasse, Doctrine curieuse, p. 908: [les Epicuriens] tomberont à pieces et lambeaux); 1631 (Guez de Balzac, Le Prince, p. 377: les Trophées [...] tomberont [...] en pieces); 1764 (Voltaire, Dict. philos., éd. R. Naves, p. 56: cette fable [...] tombe en poussière); b) 1552 « cesser d'être, disparaître » (Ronsard, op. cit., t. 4, p. 46: j'ay veu tomber mon esperance à terre); c) 1559 « faiblir en intensité » (Id.,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 10, p. 58, 133: la couleur blanche tombe); d) 1579 « cesser toute résistance, se rendre » (Garnier, Troade, éd. W. Foerster, 35: en tombant [Troye]); e) 1575-1606 tomber en quenouille (P. de L'Estoile, Registre-journal du règne de Henri III, éd. M. Lazard et G. Schrenck, t. 1, p. 219: faire tumber le Roiaume en quenouille); 1606 (Nicot, s.v. lance: hoirie [...] estre tombée en quenouille); f) 1623 « perdre de sa force, diminuer (en parlant d'un phénomène naturel) » (Coeffeteau, Hist. romaine, éd. 1646, p. 143: le vent venant à tomber); g) 1669 fig. « diminuer en puissance, en force » (Racine, Britannicus, I, 1: je vois [...] tomber mon crédit); 1829 (Vigny, Journal poète, p. 895: il [le pouvoir] tombe); h) α) 1669 « ne pas réussir, perdre sa vogue » (Racine d'apr. FEW t. 13, 2, p. 405a); 1694 (Ac.: cette piece de theatre est absolument tombée);
β) 1738 tomber à plat (Piron, Métromanie, éd. J. Troubat, 1883, p. 241); i) 1674 littér. « se terminer par une chute » (Boileau, Art poét., éd. Ch. H. Boudhors, chant 1, 137, p. 85: les Stances avec grace apprirent à tomber); j) α) 1679 « baisser, descendre (de façon mesurable) » (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, t. 4, p. 119: que le Parlement [...] ne tombe à rien); 1879 tomber à zéro (Verne, 500 millions, p. 203);
β) 1720 fin. (Law, Considérations sur le commerce et sur l'argent, La Haye, p. 113: l'argent qui est tombé de sa premiére valeur); 1755 (Montesquieu, Esprit des loix, éd. J. Brethe de La Gressaye, t. 3, p. 147: les rentes [...] tombèrent au denier vingt); k) 1689 fig. « se dégrader jusqu'à présenter tel état, tel aspect » (Bossuet, Explic. de la messe, 25 ds Littré: cela tomberait dans le froid); l) 1762 tomber en désuétude (Ac., s.v. désuétude); m) 1852 fig. tomber dans l'eau « échouer » (Flaub., Corresp., p. 164); 1892 fig. tomber à l'eau (Goncourt, Journal, p. 193); 4. s'abattre sur a) ca 1485 fig. « venir frapper lourdement quelqu'un » (Mistère du Viel Testament, 30825: sur vous en tumbent les resors [= les suites]); b) 1549 « accabler, être une charge pour » (Est. : tout tombera sur toy); 5. laisser tomber a) 1534 « ne plus retenir (une chose) » (Rabelais, Gargantua, chap. 40, p. 241: le laissa tomber en terre); b) 1679 laisser tomber qqn « l'abandonner, le délaisser » (Retz, op. cit., t. 3, p. 142); 1822 laisser tomber qqc. (Delacroix, Journal, p. 5); 1823 (Boiste); c) 1689 « ne pas relever (un propos) » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 572: laissez-les tomber [mes causeries]); 1918 laisser tomber absol. « laisser dire, ne pas s'occuper de » (Dauzat, Arg. guerre, p. 285); d) 1726 laisser tomber un/des regard(s) sur (Lesage, Diable boiteux ds Romanciers du XVIIIes., t. 1, p. 321: laissez tomber vos regards sur l'hôtel); e) 1835 laisser tomber sa voix « en baisser l'intensité » (Ac.). C. Survenir par hasard 1. en parlant de choses a) ca 1485 tomber sur qqn « l'atteindre par hasard » (Mistère du Viel Testament, 29074: sur Saül le sort est tumbé); b) ca 1500 « être mis par hasard à la disposition de quelqu'un » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 1, p. 230: [ce récit] tumboyt entre les mains de quelque jeune prince); c) 1539 tomber du ciel (Est.); d) 1549 tomber sous « venir à être perçu par » (Du Bellay, Deffence et illustration de la langue fr., éd. H. Chamard, 1948, p. 150: ce qui tumbe soubz quelque mesure et jugement de l'oreille); 1604 (Montchrestien, Reine d'Escosse, éd. J. D. Crivelli, 1136: ce qui ne peut [...] Tomber aucunement sous l'intellect de l'homme); 1610 tomber sous les sens (Urfé, op. cit., p. 78); 1651 tomber sous le sens (Pascal, Préface sur le traité du vide, éd. L. Lafuma, p. 230b); 1654 tomber sous les yeux (Scudéry, Alaric, p. 169); 1748 tomber sous la dent fig. (Diderot, Les Bijoux indiscrets, éd. H. Bénac, p. 81); 1872 tomber sous la dent (A. Daudet, Tartarin de T., p. 98); e) 1608 « coïncider avec une date, un moment » (Journal Cuenin ds Pierreh.: quand l'exaltation de la Sainte Croix tombe sur le dimanche); 1671 (Pomey: cette feste tombe le Lundy); f) 1647 tomber sur « concerner » (Corneille, Rodogune, préf.: Cléopâtre, sur qui tombe toute l'action tragique); g) 1685 « arriver de façon opportune ou inopportune » (Mmede Sévigné, op. cit., p. 213: je vous conjure de lui faire tomber mes compliments à propos); 1722(Piron, Arlequin-Deucalion, éd. 1883, p. 351: ce procès ne pouvait mieux tomber); 1834 (Dumas père, Angèle, III, 3, p. 164: cela tombe horriblement mal); 2. en parlant de pers. a) α) ca 1500 tomber sur « rencontrer à l'improviste » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 2, p. 66: vint le roy tumber sur le duc de Bretaigne);
β) 1729 « aboutir exactement à tel ou tel endroit » (L. de Boissy, Babillard, scène 3 ds Littré: je vins tomber au faubourg Saint-Germain); b) α) 1667 « arriver quelque part de façon opportune » (Moliere, Le Sicilien, scène 16: vous ne pouviez jamais mieux tomber que chez moy); 1719 (Legrand, Roi de Cocagne, I, 2 ds Littré: vous êtes bien tombée); 1859 tomber à pic (Reynard ds Le Figaro, 23 avr., p. 3 c); 1953 tomber pile (Giono, Voy. Ital., p. 92);
β) 1876 tomber mal « arriver quelque part de façon inopportune » (Lar 19e, citant Scribe , s. réf.: vous ne pouvez pas plus mal tomber); c) α) 1668 tomber du ciel (La Fontaine, Fables, III, 4: Il leur tomba du ciel un Roi tout pacifique);
β) 1690 « arriver inopinément » (Fur.: des nepveux [...] qui viennent tomber sur luy); d) 1734 tomber bien « avoir de la chance » (Lenglet du Fresnoy, De l'usage des romans, p. 4: je suis bien tombé); 1812 tomber mal « ne pas avoir de chance » (Jouy, Hermite, t. 3, p. 342); e) 1914 fam. tomber sur un os (arg. des voyous, s. réf. ds Esn., s.v. os); 1918 tomber sur un bec (de gaz) (Dauzat, op. cit., p. 92: tomber sur un bec de gaz; p. 146: tomber sur un bec). 2eSection. Trans. A. ca 1213 « renverser, faire tomber » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 598, 24: lors tumba le hiaume). B. 1. 1853 « renverser un adversaire sur le dos » (E. Texier, Le Tableau de Paris, II, 295 ds Klein Vie paris. 1976, p. 229: lutteurs vulgaires feignant de se tomber réciproquement); 2. 1860 « conquérir, séduire (une femme) » (Mémoires de Rigolboche, p. 176: on tombe une brune sans grande peine); 3. a) 1860 « l'emporter sur » (ibid., p. 31: sa danse tombe la mienne); b) 1862 fig. « triompher de » (Augier, Fils Giboyer, p. 48: tomber le philosophe). C. 1929 tomber la veste (Giono, Baumugnes, p. 136). 3eSection. Inf. subst. A. 1205-50 tumber « culbute, cabriole » (Renart, éd. E. Martin, branche XXIII, 1786, t. 2, p. 327: li tumbers si fort li grieve). B. 1. 1509 (?) tomber « chute » (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, l. 1, chap. 42, t. 1, p. 320: au tomber); 2. 1821 tomber du jour (Lamart., Méditations poét., Philosophie, Paris, Hachette, t. 2, 1915, p. 332); 1840 tomber de la nuit (Brizeux, Marie, p. 75); 3. 1964 lutte « action de tomber un adversaire » (Rob.). Prob. mot de formation expr. fr. (qui semble avoir été à l'orig. un terme de jongleur, cf. le premier sens att. « sauter, danser, faire la culbute »), issu d'un rad. onomat. tumb- évoquant le bruit d'une chute ou d'un saut brusque (FEW t. 13, 2, pp. 403-409). Tomber a concurrencé dès le xves., puis finalement remplacé choir, moins expr. et gêné par les difficultés de sa conjugaison. Fréq. abs. littér.: 22 224. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 31 998, b) 39 494; xxes.: a) 35 340, b) 24 794. Bbg. Quem. DDL t. 5, 10, 16, 20, 38, 40. − Sankoff (G.), Thibault (P.). L'Alternance entre les auxil. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, no34, pp. 99-100. − Vlǎdut-Cunitǎ
(A.). Rem. sur qq. verbes de mouvement causatifs roum. et fr. B. de la Soc. roum. de ling. rom. 1974, t. 10, pp. 15-22. − Wüest (J.). Wie weit ist die Wahl der Verbalkonstruktionen semantisch bedingt? Rom. Forsch. 1980, t. 92, pp. 54-57. |