| TIRER, verbe I. − Empl. trans. A. − Tirer qqc./qqn 1. Amener après soi; traîner, derrière soi, en se déplaçant dans le même mouvement. Anton. pousser.Tirer un cheval par la bride. Et le chariot que tiraient malaisément les vingt chevaux de hussards parvint aussi (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 84). ♦ Tirer la jambe. Marcher difficilement. V. jambe A 1 c. ♦ Tirer qqn à quatre chevaux (vieilli). V. quatre I A 1. − MARINE ♦ Tirer un bâtiment à terre. ,,Le haler à terre, ou en général sur une cale dite de halage`` (Gruss 1952). À six heures, en revenant des îles, Cyril tirait le bateau sur le sable (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 70). ♦ [En parlant d'un navire] Tirer (tant d'eau)/(tant de pieds d'eau). Déplacer telle quantité d'eau en avançant; enfoncer de tant de pieds dans l'eau. Synon. caler (v. caler1I A).Les courans et les remoux sont moins violens, et il n'y a presque plus de danger, sur-tout pour des pirogues qui tirent aussi peu d'eau (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 318).La Reine-Élisabeth (...) ne tire que trois pieds d'eau (Dumas père, Kean, 1836, iii, 2, p. 138). − Absol. Les chevaux tirent bien, ils tirent mal (Ac. 1935). ♦ Au fig., vieilli, fam. On aura bien à tirer dans cette affaire ,,On aura bien de la peine à la faire réussir`` (Ac. 1835, 1878). 2. Amener vers soi. a) Déplacer dans une/sa direction en étant soi-même immobile. Tirer un tiroir. Il s'approcha du portail et tira la cloche qui tinta dans le silence dominical (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 682). ♦ Tirer le cordon. V. cordon I A 1 b. ♦ Tirer les ficelles. V. ficelle B 1. − [Le suj. désigne un inanimé, le compl. d'obj. un animé] Attirer. Mais c'est surtout le terrible Christ aux outrages qui tire la foule (Bloy, Journal, 1892, p. 27). b) Au fig. − Tirer qqc. à soi. (Chercher à) tourner une situation à son avantage, à son profit. Il y a des esprits qui ne peuvent admettre et admirer les autres qu'en les tirant à soi (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 260).L'homme épouse une dot et une bonne tenue, la femme épouse une calèche et une frisure. De là un bonheur conjugal vraiment unique, chacun tirant à soi, tous deux trompés dans leurs espérances (Taine, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 59). ♦ Tirer un texte à soi. Citer, interpréter un texte de manière non objective afin de lui faire dire ce que l'on souhaite. Synon. solliciter.[Joseph de Maistre] est érudit (...) il tire à lui les textes et les détourne (Sainte-Beuve, Caus. lundis, t. 15, 1860, p. 59).Incapable de renoncer au Christ comme il [Gide] l'était de renoncer à lui-même, il lui restait de tirer à lui chaque parole du Seigneur: ce fut un jeu où il excella. Son Retour de l'Enfant prodigue est, de ce point de vue, un chef-d'œuvre de gauchissement (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 188). ♦ Tirer la couverture à soi (fam.). V. couverture I A 2. − Tirer l'œil. V.
œil II B 1.Tirer les yeux. Attirer l'attention. Une affiche, imprimée en lettres noires sur fond rose, tire nos yeux dans la salle à manger (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 16). c) P. anal. Tirer les yeux, les traits. Faire mal aux yeux, leur causer de la fatigue; fatiguer, donner (aux traits) une expression de fatigue. La banale migraine, qui tire les traits et plisse le front (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 137). 3. Tendre quelque chose. a) Chercher à tendre quelque chose par une extrémité, l'autre extrémité étant fixe, ou immobile, ou tirée dans l'autre sens. Tirer un câble, une courroie; tirer la moustache. Alors le monsieur fit descendre le seau et dit: Assieds-toi dedans. Il tire la corde et il remonte le seau qui n'était pas rempli qu'avec de l'eau, puisque le petit garçon était dedans (Frapié, Maternelle, 1904, p. 174). ♦ Tirer la porte, le battant. Fermer la porte ou l'ouvrir. Il fit tourner la clef et tira le battant (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 596). b) Allonger pour tendre, étendre; ajuster. Tirer ses bas, son pantalon. Les efforts qu'il faisait pour tirer et rectifier les plis tirebouchonnants de son pantalon (Richepin, Flamboche, 1895, p. 99).Ses traits étaient naturellement graves et doux, un peu durcis occasionnellement (...) quand Marie lui tirait les cheveux en arrière (Gide, Si le grain, 1924, p. 455). − Au fig. Tirer qqc. en longueur. Accroître sa durée, en retarder le dénouement, la conclusion. (Ds Ac. 1835-1935). Synon. traîner* en longueur. c) En partic. Rendre plus long, plus mince; étirer. Tirer l'or, l'argent. ,,Les allonger en fils déliés en passant à la filière`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Les patrons fournissaient l'or en fil, tout allié; les ouvriers le passaient d'abord par la filière pour l'obtenir à la grosseur voulue (...). Sa sœur (...) avait de fameux bras, il lui avait vu tirer l'or aussi mince qu'un cheveu (Zola, Assommoir, 1877, p. 426). 4. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé ou une partie d'un animé] a) Attirer quelqu'un à soi pour le dégager ou chercher à capter son attention. Tirer qqn par le bras, par la manche, par les pieds. Durant la montée, Bonaventure tirait Aymar par son manteau (Borel, Champavert, 1833, p. 133). − Au fig., fam. Tirer le diable par la queue. V. diable1I C 2 a. b) Exercer une traction sur une partie du corps en faisant mal. Tirer qqn par les cheveux; tirer la queue d'un chat. Il tire les cheveux de sa sœur (GDEL). − Au fig., fam. Tirer les oreilles de/à qqn. V. oreille I C 1.Se faire tirer l'oreille. V. oreille I C 1. c) Région. ou vieilli. Tirer les vaches. Les traire. [Ragotte] tire la vache (...) une tétine en chaque main, et d'un mouvement alternatif et doux: une, deux! une , deux! (Renard, Nos frères farouches, 1910, p. 25).Tu donneras à manger aux hommes, Maria. Et ton père t'aidera à tirer les vaches si tu veux. Je ne suis bonne à rien ce matin (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 200). 5. Mouvoir, faire aller quelque chose latéralement, d'un côté à l'autre. Noémi recommença de coudre et tout le jour tira l'aiguille, la pensée vague (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 189). − Tirer l'échelle. V. échelle A 4 b. − Tirer le loquet, le verrou. Fermer ou ouvrir une porte de l'intérieur au loquet ou au verrou. [Bernier] avait eu soin (...) de tirer les verrous qui fermaient intérieurement l'unique porte faisant communiquer l'appartement avec le corridor (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 81).Sitôt qu'Annalena ouvrait son clavecin, je courais allumer les chandelles et tirer le loquet (Milosz, Amour. init., 1910, p. 168). − Tirer le/les rideau(x). Le/les fermer. [Gobseck] tira un rideau de vieille tapisserie dont les anneaux crièrent sur la tringle (Balzac, Gobseck, 1830, p. 391).[L'enfant abandonnée] craint la nuit, la solitude, la maladie et la mort, elle tire les rideaux, le soir, sur la vitre obscure qui l'effraie (Colette, Vagab., 1910, p. 281). ♦ Au fig. Tirer le rideau* sur qqc. − Tirer le pied, la jambe. ,,Les porter en arrière de soi pour faire une révérence`` (Littré). ♦ Tirer sa révérence. V. révérence C 2 b. − MAR. À VOILE ♦ Tirer un bord. ,,Pour un voilier, c'est, pendant le louvoyage, parcourir une certaine distance sous la même allure`` (Gruss 1978). ♦ Tirer des bords. Naviguer en changeant de bords constamment de manière à remonter dans le sens d'où vient le vent, comme si celui-ci soufflait entre deux lisières (d'apr. Le Clère 1960). Synon. tirer des bordées (infra).Finalement nous mâtons et hissons la voile pour tirer des bords, mais la mer est trop grosse, le courant contre nous (Charcot, « Pourquoi-Pas? »1910, p. 52). ♦ Tirer des bordées. Aller d'un bord à l'autre; ,,louvoyer`` (Gruss 1978). On voyait en rade plus de vingt grands navires qui tiraient des bordées en attendant la pleine mer (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 247): 1. Nous avions vent debout tout le temps à cause de la saison. Plévech et moi, on savait tous les deux vaguement qu'il existe une chose qui s'appelle tirer des bordées, et qui sert à faire avancer les bateaux à voiles, même quand le vent est contraire.
Mille, Barnavaux, 1908, p. 92. − Au fig., fam. Tirer une bordée. Faire la fête. Nous avions là, pour surveillant, un ancien notaire encore assez jeune, dont les yeux brûlants et la pâleur témoignaient des bordées qu'il allait tirer la nuit (Jammes, Mém., 1922, p. 60). − IMPR., vieilli, rare. Tirer (le barreau, une presse). [P. réf. au mouvement du barreau de la presse] Kolb se couperait la main plutôt que de tirer le barreau d'une presse chez les Cointet (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 562). ♦ [P. méton.] Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves, des estampes, des photos. V. infra C 4. B. − Tirer qqc./qqn (de qqc.) 1. Faire sortir quelque chose de quelque chose. a) Enlever une partie d'un tout par pression, distillation. Synon. exprimer, faire sortir, extraire.Tirer le suc des herbes, le suc des viandes (Ac. 1798-1935). La pierre des maisons a été tirée du rocher et se confond avec lui dans la même teinte gris-rosâtre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 223): 2. ... les colons n'avaient à leur disposition d'autre sucre que cette substance liquide qu'ils tiraient de l'érable, en faisant à cet arbre des incisions profondes. Il leur suffisait donc de recueillir cette liqueur dans des vases...
Verne, Île myst., 1874, p. 204. − En partic. Tirer du sang. ,,Saigner`` (Ac. 1798-1935). Il (...) se fit tirer du sang à deux reprises, afin d'entretenir sa pâleur, qu'il jugeait intéressante et singulière (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 89). − Au fig. ♦ Tirer des larmes (des yeux) de qqn. V. larme I A 7. ♦ Il tire la quintessence de tout. [En parlant d'un homme ,,habile, adroit, qui fait d'une chose tout ce qu'on peut en faire, qui en tire tout l'avantage qu'elle peut procurer, qui pénètre jusqu'au fond d'une affaire`` (Ac. 1835, 1878)] ♦ Proverbes. Il tirerait de l'huile d'un mur. [En parlant d'un ,,homme qui sait tirer parti de tout`` (Ac. 1935)] On tirerait plutôt de l'huile d'un mur que de tirer de l'argent de lui. [En parlant d'un ,,homme avare et tenace`` (Ac. 1798-1935)] b) Vieilli ou littér. Faire venir quelque chose d'un pays producteur. Les blés que Rome tirait de l'Égypte, de la Sicile (Ac.1835-1935).C'est de la Louisiane qu'ils [les Espagnols] tirent les bois propres à la construction (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 220).Angers tire des bœufs du Poitou (Michelet, Journal, 1831, p. 99).L'Asie centrale, d'où ils tiraient le jade, les chevaux, où ils établirent longtemps leurs marchés de soie (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 57). c) Récolter; recueillir naturellement ou après culture, après recherche; exploiter les ressources. Les forêts voisines, d'où ils tirent les bois dont ils ont besoin (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 130).En 1889, le comte d'Épernay tira de son vignoble douze mille hectolitres (Hamp, Champagne, 1909, p. 128). − P. ext. Tirer sa subsistance, sa nourriture de (qqc.). Vivre, manger en utilisant (quelque chose). Dans d'autres végétaux, ou plutôt dans leurs graines, dont les peuples civilisés tirent une grande partie de leur nourriture (Cabanis, Rapp. phys. et mor, t. 1, 1808, p. 203). d) P. anal. Je sculpterai l'avenir à la façon du créateur qui tire son œuvre du marbre à coups de ciseau (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 51). 2. a) Ôter quelque chose de l'endroit où il est placé. Synon. retirer.Tirer ses gants; tirer les bottes de qqn. Quand elle sortait parée (...) je m'attachais à sa robe (...) alors elle rentrait, tirait ses habits de fête et restait avec moi (Renan, Ma Sœur, 1862, p. 13).Elle lui tirait ses bas de laine et (...) tâtait à pleines mains les petits pieds froids (A. France, Livre ami, 1885, p. 241). ♦ Tirer son chapeau à qqn. V. chapeau B 3 b. ♦ Fam., vieilli. Tirer ses chausses*, ses grègues*. b) Faire sortir une chose d'une autre, quelque chose d'un contenant. Tirer son mouchoir, son portefeuille; tirer (qqc.) de sa poche, de son sac, de son sein; tirer son couteau; tirer (qqc.) de son gousset. Le capitaine tira de sa poitrine un second papier qu'il déploya (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 133).Les Princes du Nord n'osaient tirer leur montre (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 172). − Tirer d'un sac deux moutures/tirer deux moutures d'un même sac. V. mouture B 2. − Tirer la langue (à qqn). V. langue I A 1 c. − Tirer de l'eau du puits, du vin d'un tonneau et, absol., tirer de l'eau, tirer du vin. Je descends à la cave tirer du vin (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 142).Les matins, pour se débarbouiller, il tirait un seau d'eau, dans lequel il barbotait, à la façon des vieux soldats (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 18). ♦ En partic. Tirer du vin au clair. ,,Le mettre en bouteilles quand il est bien reposé`` (Ac. 1835-1935). − Absol. Ce vieillard, (...) accueille les brigands (...), va leur tirer à boire (Balzac, Mmede La Chanterie, 1844, p. 320). ♦ Au fig., proverbe. Le vin est tiré, il faut le boire. L'affaire est engagée si avant qu'on ne peut plus reculer. Synon. fam. les carottes sont cuites (v. carotte D 1 a).Mathilde (...) commence à sentir qu'elle ne domine plus la situation, (...) mais, comme on dit, le vin est tiré... « Maintenant il faut le boire, c'est-à-dire tenir la promesse (...) » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 218). − P. anal. Tirer son jour de. Être éclairé par. Autrefois elle [la tribune de Saint-Savin] tirait du jour de la nef (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 69).Les écuries (...) avec (...) un pavé de marbre sarancolin (...) et un rang d'arcades vitrées du haut, dont la salle tirait tout son jour (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 96). − Tirer l'épée (contre qqn). V. épée B 3 a. ♦ Au fig. ,,Tirer l'épée contre son prince. Se révolter contre son prince`` (Ac. 1798-1935). [P. réf. à tirer un sabre au clair*] Tirer une affaire au clair. Débrouiller une affaire, l'élucider. S'il faut tirer l'affaire Henry au clair, l'histoire du petit bleu doit être également mise en pleine lumière (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 240). c) Arg. Voler à la tire; p. ext., voler. J'ai commencé à tirer les portefeuilles à toutes les personnes, jeunes ou vieilles (Libération, 13 mars 1978ds Cellard-Rey 1980). − [Sans compl.] On était dans le métro, on tirait (Libération, 13 mars 1978ds Cellard-Rey 1980). − [Le compl. désigne une pers.] Détrousser. Non content de tirer le bibard pendant qu'il ronflait on lui avait aussi coupé une de ses charmeuses (Le Breton1960). 3. [Le compl. d'obj. dir. désigne un être humain] a) Tirer qqn de qqc.Éloigner, (faire) sortir, extraire quelqu'un d'un endroit, d'un état, d'une situation le plus souvent fâcheuse; dégager, délivrer quelqu'un. Tirer qqn de la boue, de l'eau; tirer qqn d'affaire, d'un mauvais pas, de prison; tirer qqn de la misère, de la peine; tirer qqn de sa rêverie, de son sommeil. Rien ne bougeait, l'air était aigre et froid. Le roulement d'une voiture tira Otto de ses réflexions (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 253).Pour tirer le pape d'embarras et le mettre à l'aise, le gouvernement de Charles VII trouva un biais (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 444).[Le docteur] m'a tiré d'une fluxion de poitrine l'autre année (L. Daudet, Ariane, 1936, p. 27).V. pétrin B ex. de Céline. ♦ Tirer qqn des pattes de qqn. V. patte1B 1. b) Empl. pronom. Se tirer d'affaire, d'embarras, d'intrigue. Je me tirai ou plutôt on me tira encore du mauvais pas (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 10). − Expr., vieilli ♦ Se tirer de/du pair. V. pair1B 1. ♦ Il se tirerait d'un puits. [En parlant d'un homme ,,qui vient de sortir heureusement d'un danger, d'un embarras très grand; et, en général, (...) qui est ordinairement très-heureux ou très-habile`` (Ac. 1835, 1878)] . − Absol. S'en tirer (fam.). Parvenir à sortir d'une maladie, d'un procès, d'une difficulté. Comme il avait été menacé et que le mari a une sale presse, il s'en est tiré avec deux ans (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 141).Maintenant que les clients rappliquent tu ne peux plus t'en tirer toute seule (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 161). c) Au fig. Tirer de l'ombre, de l'obscurité. M. Pugno fit une bonne action en tirant de l'oubli où il reposait un ouvrage de cette valeur (P. Lalo, Mus., 1899, p. 428). 4. Au fig. Dégager un élément d'un ensemble. a) Dégager un élément d'un ensemble dont les éléments sont de nature différente. Une statue qu'on tire de la terre (Gracq, Syrtes, 1951, p. 136). − Loc. ou expr. Tirer une épine du pied. V. épine C 2 a.Tirer son épingle du jeu. V. épingle B 1 b.Tirer les marrons du feu. V. marron1A 1.Tirer pied ou aile à qqn (vieilli). V. aile III B 4.Tirer une plume de l'aile à qqn. V. aile III B 4.Tirer une/des plume(s) à qqn. V. plume1C 3.Tirer les vers du nez (fam.). V. nez I D 2. b) Dégager un élément d'un ensemble composé d'éléments de même nature, en faisant intervenir le choix ou le hasard, le sort.
α) Prendre au hasard des billets, des noms, des numéros parmi d'autres. Tirer les (noms des) jurés; tirer un billet à la loterie. Les biens et les maux sont une espèce de loterie où chacun, sans distinction, peut tirer un billet blanc ou noir (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 18).Cérizet (...) selon l'expression populaire, devait tirer à la conscription l'année suivante (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 559). ♦ Tirer un bon/mauvais numéro. V. numéro C.Des jeunes gens (...) fuyaient la Pologne ou la Russie, pour échapper au service militaire quand ils avaient tiré un mauvais numéro (Tharaud, Jument err., 1933, p. 101).
β) [P. méton.] Tirer une loterie. Tirer les billets d'une loterie afin de savoir à qui écherront les lots. Nous avons tiré l'autre dimanche notre loterie mensuelle, c'est le plus pauvre qui a gagné le gros lot en argent (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 4, p. 27). − P. anal. Tirer la galette* des Rois, le gâteau* des Rois; tirer les rois (v. roi I A 3 a).
γ) Tirer les cartes. V. carte II D 1. 5. Obtenir naturellement; recueillir, prendre, extraire. a) Emprunter, puiser à la source. Tirer sa force de; tirer son origine de. La légende d'où est tiré le sujet [le Miracle de San Diego de Murillo] (...) est touchante dans sa simplicité (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 115).Le système triasique tire son nom de la division habituelle en trois termes (trias) qu'il présente dans la région classique de la Franconie (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 226).Il s'en faut que les concepts (...) tirent uniquement leur autorité de leur valeur objective (Durkheim, Formes élém. vie relig., 1912, p. 625). b) Extraire de. On entendit d'abord la Chanson du blé, tirée des Saisons de Victor Massé (P. Lalo, Mus., 1899, p. 72).Dans certaines paroisses, le Graduel (et l'Offertoire) sont psalmodiés, ce qui s'explique par le fait que les textes sont tirés des psaumes (Dupré, Manuel accompagn. plain-chant grégor., s.d., p. 32). c) Tirer des sons (d'un instrument de musique). Jouer (de cet instrument). La « Syringe » ou flûte de Pan (...) composée de roseaux d'inégale longueur (...) dont on tire des sons avec le souffle en promenant les lèvres sur le bord de chaque tuyau (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. Manuel organiste, 1905, p. 16).Un homme se tenait devant le clavier de l'orgue et en tirait des sons comparables à ceux du hautbois (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 104). 6. Obtenir, parvenir à, par un effort, une démarche de l'esprit a) par déduction, raisonnement; inférer, conclure. Tirer des conclusions; tirer un enseignement, la morale (de l'histoire); tirer des indications, des présages. On doit les déplorer [ces cas], mais non point en tirer un argument contre le caractère expressif de la cantilène grégorienne (D'Indy, Compos. mus., 1897-1900, p. 80): 3. ... suivant l'espèce d'élément organique qui sera atteint, nous aurons une dislocation de l'organisme caractéristique et c'est de là que nous devrons tirer les caractères de la maladie.
Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 290. b) par voie de conséquence; exploiter, utiliser à son profit. Tirer les conséquences; tirer parti/le meilleur parti de qqc./qqn; tirer avantage, bénéfice, profit; tirer gloire. Cette disposition [de la coupole Saint Georges de Salonique] ne fut pas oubliée par les architectes de l'église de Sainte-Sophie: ils en tirèrent au contraire des effets nouveaux (...) en multipliant à l'infini ces fenêtres (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 325). c) Tirer qqc. de qqn.Obtenir quelque chose de quelqu'un par adresse ou en le sollicitant avec insistance. Tirer de l'argent de qqn; ne pas tirer un mot de qqn (qui ne veut pas répondre); tirer un éclaircissement, une promesse de qqn. Polydor (...) se destinait au métier d'ignorantin, pour flatter sa tante, dont il tirait des douceurs (Zola, Vérité, 1902, p. 321).[Des Italiens] ont préféré me berner, me tirer de petites sommes, et puis ils m'ont rejeté bêtement, me croyant à sec (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 216). − Locutions ♦ Tirer qqc. de qqn. Permettre à quelqu'un, obtenir de quelqu'un, qu'il se comporte, qu'il produise selon ses capacités, ses dons, son talent. Ceux qui paraîtront s'intéresser à un débutant ne diront pas: « Il a du talent », mais: « Il y a quelque chose à faire avec ce garçon. On peut en tirer quelque chose » (Renard, Corresp., 1884, p. 39).Il n'y a rien à tirer de ces brutes-là! On leur offrirait son âme toute brûlante, arrachée toute vive, qu'ils prendraient l'air soupçonneux d'un tripier qui regarde une pièce démonétisée (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 22). ♦ Tirer parti, le meilleur parti (de). V. parti A 1 b. ♦ Tirer raison, tirer satisfaction. ,,Faire réparer l'injure, l'offense`` (Ac. 1835-1935). Tirer raison d'un homme. ,,Obtenir de lui qu'il se porte à faire ce qu'il doit`` (Ac. 1798-1935). ♦ Tirer vanité de. S'enorgueillir de, en faire vanité. Il tirait vanité de sa place. Il était fier de tout, de son « panama » (...) de son gilet blanc crasseux (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 98).Secrètement, il tirait vanité de sa force, pour avoir, toute son enfance, souffert d'être plutôt chétif (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1318). ♦ Tirer vengeance. Se venger. Le psaume CXLIX: « Que la haute louange de Dieu soit dans leurs bouches et une épée à deux tranchants dans leurs mains. Pour tirer vengeance des païens, pour châtier le peuple » (Milosz, Amour. init., 1910, p. 221). C. − Étendre sur une surface. 1. Allonger, mener une ligne, des traits continus, dans une direction; dessiner, tracer. Tirer des lignes, tirer un plan. Tirer une allée au cordeau (Ac. 1878, 1935). On tire à angle droit trois traits (Maugin, Maigne, Nouv. Manuel luthier, 1929 [1869], p. 63).Une fusée boche tire son trait blanc et éclate (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 94).Il sifflait sur la plaine en poussant sa charrue (...) parlait à ses bœufs (...) tirait droit son sillon (Aymé, Jument, 1933, p. 65). − Tirer l'horoscope* (de qqn). Tirer des plans. Faire des projets. V. plan3B 1 b.Tirer des plans sur la comète*. − Tirer un trait sur qqc. (au fig.). Le considérer comme dénué de gravité, l'oublier. Synon. passer l'éponge* sur qqc.La présence de cette... personne aux Laboratoires Trévière nous empêche de tirer un trait sur l'écart de conduite d'Olivier (Aymé, Quatre vérités, 1954, p. 153).Tirer un trait. [Pour indiquer qu'une affaire est terminée] Synon. de mettre un point final*.[Le fiancé] avait demandé à Suzanne d'assurer leur chasteté par l'absence: ils s'attendraient à distance. Elle avait préféré tirer un trait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 233). 2. Vx. Tirer le portrait de qqn, tirer qqn en portrait, et, p. ell., tirer qqn. Dessiner, peindre et, p. anal., sculpter quelqu'un. Il avait fallu (...) qu'elle se montrât nue (...) au peintre, afin que celui-ci pût la tirer si bien; non, rien de plus saisissant que ce chef-d'œuvre (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 376). − Faire tirer son portrait. Je saisirai cette occasion pour faire tirer mon portrait, dit madame Crémière. En province on dit encore tirer au lieu de faire un portrait (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 168). 3. BANQUE, COMM., FIN. Tirer une lettre de change, un chèque sur qqn et, p. ell., tirer sur qqn. Établir, rédiger une lettre de change, un chèque. (Dict. xixeet xixes.). P. anal. V. lettre III B 2 b ex. de Balzac.P. métaph. Confier le placement de l'huile de noisette à ce précieux metteur en œuvre des inventions marchandes, (...) n'était-ce pas tirer une lettre de change sur la fortune (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 153). 4. P. anal. Reproduire par la technique de l'imprimerie; imprimer. Acheté les quatre cent quarante-deux rames de papier pour tirer à quinze mille la troisième édition (Michelet, Journal, 1858, p. 448).Bon à tirer. V. bon III B 1. − Absol. Léon Bloy. « Qu'est-ce qu'un « scatologue »? C'est un auteur qui ne se vend pas. Un romancier qui tire à cent mille n'est jamais un scatologue (...) » (Bloy, Journal, 1893, p. 90). − Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves; tirer une estampe. On tire de moi cent photos (Sartre, Mots, 1964, p. 19). ♦ Absol. Cette estampe fait partie d'une suite de sept planches que je possède en anciennes épreuves. Et il faut se méfier: car on a tiré depuis avec les vieux cuivres (A. France, Mannequin, 1897, p. 203). − Empl. pronom. passif. Vereker nous est dépeint comme un romancier à grand succès, dont les livres (...) se tirent à des milliers d'exemplaires (Blanche, Modèles, 1928, p. 169). − Tirer une copie, tirer la copie, tirer copie d'un acte, d'une lettre, d'un dessin. ,,Les copier`` (Ac. 1935). − Tirer les parties d'une partition. ,,En copier à part les différentes parties d'orchestre`` (Ac. 1935). − PHOT. (Se faire) tirer le portrait. Se faire photographier. V. portrait I A 1 e. D. − 1. Vieilli. Aller, marcher, poursuivre, aller le long de; se diriger d'un certain côté. Il fallait traverser la ville dans toute sa largeur. Jeanne qui, depuis trois jours, parcourait les rues d'Orléans, tira son chemin tout droit (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 334). ♦ Tirer pays. V. pays1A 2 a. 2. Pop., fam., empl. pronom. S'en aller, se sauver; partir. Tu veux te tirer! Tu veux repartir en vadrouille! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 522).[Angélo] avait remarqué une haie très bourrue et très épaisse qui courait entre des saules. Il se tira de ce côté (Giono, Hussard, 1951, p. 194). ♦ Se tirer des flûtes. V. flûte1B 2 d. 3. Fam. [Le compl. désigne une durée] Passer une période considérée comme longue en raison de son caractère pénible; en partic., passer un temps de service ou de condamnation. Tirer cinq ans de prison. J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé (Camus, Étranger, 1942, p. 1142). − Empl. pronom. Ça se tire. Cela se termine, la durée qu'il reste à faire diminue. − Ça se tire, hein? Plus que treize jours (Colette, Music-hall, 1913, p. 60). E. − 1. Vieilli. Tirer un coup. Asséner un coup; p. ext., lancer un projectile à la main ou à l'aide d'une arme. Tirer une/des flèche(s). Bientôt les Anglais s'avancèrent (...). Quand leurs archers furent arrivés à la portée du trait, ils commencèrent à tirer une grêle de leurs fortes flèches, qui avaient trois pieds de long (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 74). 2. Faire usage d'une arme de trait. Tirer l'arbalète. Vous ferez une demi-lieue (...) puis, arrivés à la place où l'on tire l'arc, vous prendrez à droite (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 579). − Trivial. [Pour un homme] Tirer un/son coup. Avoir un rapport sexuel avec une femme. Il est midi, je n'ai pas encore déjeuné. J'ai tiré ce matin six coups à la Galand... (Goncourt, Journal, 1860, p. 765).V. coup A 3 b ex. de Goncourt. 3. Faire usage d'une arme à feu. Tirer un coup de canon, de fusil, de pistolet; tirer des coups de feu, de revolver; tirer des salves d'artillerie. Un navire est là sur la côte; il tire le canon de détresse (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 270).Tu pourrais crier ici tout ton saoul, tirer le pistolet, je veux être pendu si on t'entendrait du presbytère (Bernanos, Crime, 1935, p. 744). − [Le suj. désigne l'arme à feu] Tirer des bombes, des boulets, des obus. La mitrailleuse tirait sept balles, dix balles, s'arrêtait (Malraux, Espoir, 1937, p. 495). − Tirer sa poudre aux moineaux. V. moineau A. − P. anal. Tirer un feu d'artifice. ,,Tirer des pétards, des fusées`` (Ac. 1798-1878). Mes tuteurs (...) ont tiré un feu d'artifice et dressé un mât de cocagne (Proudhon, Propriété, 1840, p. 207): 4. Soudain on entendit une pétarade. En face, sur le pont-tournant, Raoul tirait le feu d'artifice; alternativement, une fusée, un soleil, éclaboussaient le ciel. Au bout d'un quart d'heure, il alluma des feux de bengale; une lueur d'incendie se refléta dans l'eau sombre, s'étendit...
Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 174. 4. (Chercher à) atteindre avec un(e arme de) trait, un projectile; viser. a) Empl. pronom. Se tirer une balle dans (la tête/le cœur). Se suicider à l'aide d'une arme à feu. Il y a trois mois, j'ai voulu me tirer une balle dans la tête et c'est ce qui vous explique ce bandeau sur le front (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 155).J'ai connu un suicidé jeune. Je ne sais plus quel chagrin d'amour l'avait poussé à se tirer soigneusement une balle dans le cœur (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 167). b) CHASSE. Diriger son arme à feu sur, tirer sur. Tirer un oiseau, un lièvre, une perdrix. Demain, au saut du lit, nous irons battre nos bruyères et tirer quelques lapereaux (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 161): 5. ... le père Gonse me prêta un vieux fusil et me conseilla de me distraire en abattant du gibier, si j'en trouvais. J'allai tirer les choucas qui nichaient dans les pierres du vieux château. J'en abattis un. Je le vis tomber, une aile immobile...
A. France, Vie fleur, 1922, p. 408. 5. Vieilli. Tirer l'estocade, une estocade à qqn. ,,Porter, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes, on se bat`` (Ac. 1798-1878). − Au fig. ,,Demander de l'argent à quelqu'un en sachant qu'on n'a ni la possibilité, ni l'intention de lui rendre`` (Ac. 1798-1878). 6. SPORTS a) JEU DE BOULES. Tirer une boule. ,,Lancer directement sa boule sur la boule ou le but qu'on cherche à déplacer`` (Petiot 1982). b) JEUX DE BALLON. Expédier le ballon en direction du but adverse. (Ds Petiot 1982). Tirer un corner (Ds Petiot 1982). II. − Empl. intrans. ou trans. ind. A. − 1. Exercer une traction sur une extrémité. Tirer sur une amarre (Ac. 1935). C'est toujours les mêmes qui tirent sur les rames. Ceux du quartier de misaine, ils font semblant, comme d'habitude (Aymé, Vogue, 1944, p. 123).Arg. Tirer sur le bout de bois. Exercer une traction sur l'aviron. (Ds Petiot 1982). [Sans compl.] Même sens (Ds Petiot 1982). 2. [Le suj. désigne une partie du corps] Faire éprouver une sensation de tiraillement. La peau me tire. Mais, monsieur, est-ce qu'à mon âge (...), avec des yeux qui me tirent le soir, je devrais encore travailler? (Balzac, Ferragus, 1833, p. 110). 3. Tirer sur qqc.Exercer une aspiration sur quelque chose. Tirer sur sa pipe, sa cigarette. On a beau tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut: faute d'être vue, elle est comme si elle n'existait pas (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 17). 4. Qqc. tire.Avoir une bonne circulation d'air. Poêle qui tire, qui tire bien. Mais, à cause de l'entrée commune qui donnait même air aux deux pièces, les deux cheminées ne pouvaient tirer ensemble, et, par les temps froids, quand on faisait du feu dans l'une, on faisait de la fumée dans l'autre. Les jours où il voulait faire du feu, Tityre prit donc l'habitude d'ouvrir sa fenêtre (Gide, Prométhée, 1899, p. 337). − Région. (Belgique, Est de la France). Ça tire. ,,Il y a un courant d'air`` (Pierreh. Suppl. 1926). 5. TECHNOL., AUTOMOB. [Le suj. désigne une voiture, un moteur] Tirer bien. Avoir une forte puissance. (Dict. xxes.). B. − 1. Fam. Aller, s'acheminer, se diriger. Tirons de ce côté (Ac. 1835-1935). Jésus tirait vers un pays très loin où professait un docteur fameux, du nom de M. Mauve (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 97).Quand ils avaient beaucoup discuté, ils se séparaient maussades, et tiraient chacun de son côté, dans la nuit triste (Tharaud, Ville et champs, 1907, p. 20).Les uns rentrent aux États-Unis, les autres en sortent, tirent au sud, vers Santa-Fé, ou au nord (Cendrars, Or, 1925, p. 48). − Tirez, tirez. ,,Terme dont on se servait autrefois pour chasser au chien`` (Ac. 1835-1935). − Tirer à sa fin. V. fin1A 4 b. − Tirer au large. ,,S'enfuir`` (Ac. 1798-1935). ,,Se diriger vers la haute mer`` (DG). − Tirer de long (vieilli). ,,S'esquiver, s'enfuir`` (Ac. 1835, 1878). ,,Apporter des délais dans une affaire`` (Ac. 1835, 1878). − Tirer en longueur. ,,Se prolonger, ne pas se terminer. Cette affaire tire en longueur. On dit aussi absolument Tirer. Cette négociation tire beaucoup`` (Ac. 1935). − Tirer à la ligne/à la page/au volume (fam.). Allonger un article, un écrit, un ouvrage de manière à être mieux payé, le prix étant payé en fonction du volume ou du nombre de lignes. (Ds Ac. 1878, 1935, DG). Pas d'âme dessous [dans les Mauprat de George Sand] ni de vrai art... De la facilité de talent et de l'abus pour tirer à la page et gagner tout l'argent à Buloz (Sainte-Beuve, Corresp., t. 2, 1837, p. 180).V. ligne II D 3 e pédag. en partic. ex. de Aymé: − Au fig. Tirer à conséquence*. 2. ÉQUIT., CAVALERIE. [Le suj. désigne le cheval] − Tirer à la main. Résister à la bride. (Ds Lar. 19e-GDEL). − Tirer au renard. S'arc-bouter pour tirer violemment sur la longe en vue de se libérer (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975). Le cheval, un instant, tire au renard... s'écarte... (Vialar, Éperon arg., 1952, p. 53). − Tirer au vent. Relever la tête et par conséquent ne plus répondre/obéir à la main du cavalier (d'apr. Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 366). − Argot ♦ Tirer au cul. Reculer (dans les brancards); refuser d'avancer. Au fig., pop., vulg. V. cul I A 1 f δ fig. ♦ Tirer au flanc. Se dérober de côté. Au fig., fam. V. flanc I A 1 b fig. 3. Tirer + prép. + compl.Se rapprocher de...; avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec... − Tirer de qqn.Ressembler à quelqu'un; tenir de quelqu'un par quelque trait, quelque caractère. Je la trouve [sa sœur] très jolie. Elle a évidemment nos traits de famille, ce gros modelage qui vient de mon père, de ma grand'mère justement (...). Moi, je tire aussi de ma grand'mère par le corps (Giono, Eau vive, 1943, p. 74). − Tirer sur (qqc.).Approcher de..., se rapprocher de... Il tirait sur la cinquantaine (...) il était difficile de se le représenter en Didon, ou en Galathée, sans avoir grande envie de rire (Sand, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 108).La journée tirant sur le tard, le facteur avait déjà traversé le chemin creux (Fabre, Chevrier, 1867, p. 302). − [En parlant de couleurs] Tirer à/au, sur, vers.Se rapprocher de...; être mêlé de... Le ciel de ce lundi de Pentecôte avait toutes les délicatesses de l'Île de France et tirait plus vers l'argent que vers l'or (L. Daudet, Rech. beau, 1932, p. 72).Déjà la mer tirait sur le noir. Planier allumait ses feux à éclipse et le ciel se piquait d'étoiles (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 102). C. − S'en remettre à la décision du sort. (Ds Ac. 1835-1935). Tirer au sort. V. sort D 1.Tirer à la courte paille. V. paille I A 4 a. − Vieilli, au fig., fam. Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu'un. ,,Contester avec lui d'égal à égal`` (Ac. 1798-1878). − JEUX. Tirer à qui fera. ,,À qui commencera, à qui donnera les cartes`` (Ac. 1835-1935). D. − 1. ESCR., vieilli ♦ Tirer des armes et, absol., tirer. S'exercer au maniement des armes (épée, fleuret, sabre); faire des armes. Tirer de tierce, de quarte. Tirer en tierce. Tirer à la muraille (Ac. 1798-1935). Tirer au mur. Il tire bien (Ac. 1835-1935). ♦ Tirer sur le temps. ,,Tirer au moment où l'adversaire se prépare à tirer lui-même; et, figurément, saisir prestement l'occasion de dire ou de faire quelque chose`` (Ac. 1798-1878). 2. [Le suj. désigne une pers.] a) Envoyer au loin, lancer une arme de trait, un projectile; faire usage, se servir d'une arme à feu; la faire partir. Tirer en l'air (Ac. 1798-1935). Tirer bien, mal; tirer à vue (Rob. 1985). ♦ Tirer à bout portant. V. bout I A 2 a. ♦ Tirer au jugé/au juger. V. jugé III. ♦ Tirer au vol, tirer en volant. ,,Tirer un oiseau lorsqu'il vole`` (Ac. 1798-1935). b) Tirer + à/de + subst. (désignant l'arme).Envoyer des traits, des projectiles à l'aide de...; faire partir un trait, un projectile au moyen de... Tirer à balle (Ac. 1935). Tirer à poudre (Ac. 1798). Tirer au pistolet, à la carabine (Ac. 1935). Tirer de l'arc, de l'arbalète (Ac. 1798-1935). c) Tirer + à + subst. (désignant ce qu'on cherche à atteindre).Diriger son arme, son projectile vers...; viser. Tirer aux perdrix (Ac. 1798-1935). Je n'ai aperçu qu'un gentleman qui tirait aux bécasses et aux pigeons (Nerval, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 84). − En partic. Tirer à l'oiseau. ,,Chercher à atteindre un oiseau de bois en haut d'une perche`` (Ac. 1798-1935). d) Tirer sur qqn/qqc.Le prendre comme cible, chercher à l'atteindre. Tirer sur un arbre, un oiseau, un ennemi. V. cible ex. 1. − Au fig. ♦ Tirer sur ses gens/sur ses troupes. Dire ou faire quelque chose qui va à l'encontre de ses propres intérêts, qui attaque ses partisans: 6. Je vois d'ici les articles que l'on va publier, en contradiction directe avec ceux qui ont paru et l'on disait qu'il fallait éviter les hommes des Cent-Jours. Dans leur effarade, ils ont avoué notre système et tiré sur leurs propres troupes, car enfin, le citoyen Molé est, je pense, un pair des Cent-Jours.
Chateaubr., Corresp., t. 2, 1817, p. 13. ♦ Tirer à boulet(s) rouge(s) sur qqn ou sur qqc. V. boulet A. ♦ Loc. fam. Ne tirez pas sur le pianiste*. e) Tirer dans + subst. désignant une partie du corps.Au fig. Tirer dans la/les jambe(s), dans les pattes de qqn. Chercher à lui nuire, généralement par des moyens détournés. Qui m'empêchait d'aller dans les boums? Qui me tirait sans arrêt dans les pattes (J. Lanzmann, Le Lama bleu, 1984 [1983], p. 142 ds Bernet-Rézeau 1989, s.v. patte). Ne tirons pas dans la jambe du pauvre (Le Figaro, 17 sept. 1992, Le Fig. éco, p. 10). 3. [Le suj. désigne une arme à feu] Partir, détoner, faire explosion. (Ds Littré, Ac. 1835-1935). Le canon tire (Ac. 1798-1935). Le fusil tire (Ac. 1798-1878). Tout près de l'endroit où tirait le fusil-mitrailleur, une fusée monta dans le ciel magnifique. Le train blindé cessa de tirer (Malraux, Espoir, 1937, p. 488).Les carabines tiraient (Cocteau, Théâtre poche, 1949, P. 136). ♦ Un fusil qui tire juste. Un fusil ,,qui ne fait point dévier la balle ou le plomb de la direction dans laquelle on a voulu les lancer`` (Ac. 1835-1935). REM. Tirement, subst. masc.Action, fait de tirer, d'être tiré. Des masques japonais (...) avaient le même rire lointain, le même tirement d'yeux que ces femmes birmanes aux ongles d'or (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 148).Personne ne vient à moi, continue la mère Agnès, si mon Père qui est aux cieux ne le tire. Il faut donc attendre ce tirement et ne pas nous lever devant le jour, comme dit le prophète... (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4,1920,p. 221). Prononc. et Orth.: [tiʀe], (il) tire [ti:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) α) Ca 1100 tirer « faire sortir une chose avec un grand effort » (Roland, éd. J. Bédier, 2283); ca 1365 « faire sortir (l'épée du fourreau) » (Bérinus, éd. R. Bossuat, 417); 1459 tirer l'épée sur qqn « lever (une arme) contre (quelqu'un) » (A.N. JJ 188, fo86 vods Gdf. Compl.); 1611 tirer des armes « faire des armes » (Cotgr.). 1832 tirer l'épée (Raymond); 1640 tirer l'estocade à qqn « demander (à quelqu'un) de l'argent à emprunter sans avoir l'intention de le lui rendre » (Oudin Curiositez, s.v. estocade);
β) fin xiiies. [date du ms.] tirer qqn (d'une fosse) « faire sortir, faire cesser d'être (dans un lieu où l'on est retenu) » (Marie de France, Fables, De vidua, apr. v. 36, éd. K. Warnke, leçon propre au ms. H, v. Anhang I, XXV, p. 331); 1549 se tirer hors de la boue (Est.); 1671 tirer qqn de la misère (Pomey); 1690 tirer qqn de la boue (Fur.); ca 1500 soy tyrer d'un mauvais pas « sortir heureusement (d'une mauvaise affaire) » (Commynes, Mémoires, I, 10, éd. J. Calmette, t. 1, p. 67); 1642 s'en tirer (Corneille, Le menteur, II, 6); 1835 se tirer de là (Ac.);
γ) ca 1410 tirer en exemple « proposer comme modèle (au moral) » (Le livre des fais ... de Bouciquaut, IV, 6, éd. D. Lalande, p. 414);
δ) ca 1500 tirer argent « se faire donner de l'argent par quelqu'un à force de sollicitations, de poursuites » (Commynes, op. cit., VIII, II, t. 3, p. 142); 1538 tirer qqc. de qqn « tirer quelque chose de la bouche de quelqu'un, faire dire quelque chose à quelqu'un » (Est.); 1665 tirer les larmes des yeux (La Fontaine, Contes, I, 1, 50); 1694 tirer les larmes des yeux de qqn (Ac., s.v. larme);
ε) 1550 tirer du feu des pierres à feu « en faire sortir du feu en le frappant » (La Saincte Bible, Louvain, Second Livre des Machabées, ch. 10, 3); 1690 « tirer (des sons d'un instrument) » « faire rendre à » (Fur., s.v. son);
ζ) 1538 tirer hors « faire sortir au hasard de la boîte qui les contient, des billets, des numéros, etc. » (Est.); 1559 tirer au sort « s'en remettre à la décision du sort » (Amyot, Vies, Theseus, fo5 vo); 1680 tirer une loterie « tirer les numéros d'une loterie » (Rich.); 1690 tirer l'horoscope de qqn(Fur.); 1798 tirer les cartes (à qqn) (Ac., s.v. carte);
η) 1636 tirer (une conséquence) « inférer, conclure » (Monet); 1691 tirer son nom de « devoir son nom à » (Ozanam, p. 349); b) α) 1365 tirer « extraire des métaux de la terre » (Oresme, Monnaie, éd. L. Wolowski, X); ca 1500 « extraire des pierres d'une carrière » (Commynes, op. cit., I, 9, t. 1, p. 62); 1690 tirer la racine carrée (Fur.);
β) 1530 tirer de l'eau « puiser de l'eau » (Palsgr., p. 528); 1549 tirer l'eau « s'imbiber de (en parlant d'une chaussure) » (Est.); 1690 « faire eau (en parlant d'un navire) » (Fur.);
γ) 1530 tirer « extraire (le lait du sein d'une femme) » (Palsgr., p. 636); 1538 tirer du sang à « saigner » (Est., s.v. detrahere);
δ) 1580 tirer le bonnet « ôter (pour saluer quelqu'un) » (Montaigne, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 111); 1660 tirer les bas, les vêtements à qqn « (les lui) ôter » (Oudin Fr.-Esp.); 2. a) ca 1100 tirer « arracher (la barbe) » (Roland, 2414); 1155 « s'arracher (les cheveux) » (Brut, 6057 ds T.-L.); b) 1459 « extraire (du vin) d'un tonneau » (A.N. JJ 188, fo108 vods Gdf. Compl.). B. 1. a) α) Ca 1150 tirer « mouvoir quelqu'un vers soi » (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 1374); ca 1150 tirer la barbe (à aucun) (ibid., 1332);
β) ca 1160 tirer (les rênes) (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6496 ds T.-L.); 1617 tirer ses bas, ses gants « les étendre sur son corps de manière qu'ils ne fassent pas de plis » (Crespin);
γ) 1534 « être tendu (en parlant du ventre) » (Rabelais, Gargantua, XX, éd. M. A. Screech et V. L. Saulnier, p. 134);
δ) 1573 [éd.] se faire tirer l'oreille « avoir de la peine à consentir à quelque chose » (Larivey, Facetieuses nuicts de Straparole, VIII, V ds Gdf. Compl.);
ε) 1580 tirer qqc. à (ou en) conséquence « s'autoriser de quelque chose à l'avenir pour quelque chose de pareil » (Montaigne, Essais, II, 18 et I, 48, t. 1, p. 667 et 289);
ζ) 1611 tirer la couverte de son côté « prendre plus que sa part » (Cotgr.); 1640 tirer la couverture de son côté (Oudin Curiositez); 1798 tirer la couverture à soi (Ac.); b) α) ca 1365 tirer aucun a une part « emmener hors d'un groupe de personnes » (Berinus, éd. citée, 495); 1401-02 tirer aucun a part (Coudrette, Roman de Mélusine, éd. E. Roach, 3015);
β) 1530 tirer son alayne « respirer » (Palsgr., p. 527); 1559 tirer « souffler impétueusement (en parlant du vent) » (Amyot, Vies, Fabius, fo124 vo);
γ) 1630 tirer une lettre de change, etc. sur qqn « signer un effet de commerce par lequel on charge un correspondant de payer la somme énoncée à celui qui présentera cette lettre » (Kuhn, p. 133);
δ) 1690 tirer du pied « boîter » (Fur.); 1765 tirer de la jambe (Encyclop.); 1893 tirer la jambe (DG); c) α) 1534 bien tyré « ajusté avec soin et de manière à paraître craindre de déranger son ajustement » (Rabelais, Gargantua, XIIII, p. 100); 1690 tiré à quatre épingles (Fur.);
β) 1572 tirer qqc. par les cheveux « amener de loin, d'une manière peu naturelle » (Amyot,
Œuvres morales, Comment il faut lire les poètes, 13 ds Littré, s.v. cheveu);
γ) 1699 visage tiré « abattu, qui témoigne de fatigue » (Fénelon, Télémaque, VIII ds Littré);
δ) 1860 tiré subst. masc. « celui sur qui une lettre de change a été tiré » (M.-D. Garnier, Répertoire général: La Loi civile et la Loi de l'Enregistrement comparées, s.v. Effet de commerce, 5237); 2. a) ca 1165 tirer as avirons « peser sur les avirons, chercher à s'éloigner » (Troie, 1134 ds T.-L.); ca 1165 tirer (à qqc.) « tendre vers » (Troie, éd. L. Constans, 15143); ca 1180 tirer de (aucun) « se détacher de quelqu'un » (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 82); b) 1456-67 tirer à fin « faire mourir » (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, 20eNouvelle, 169); 1669 tirer à sa fin « être près de mourir » (Widerhold Fr.-All.); 3. ca 1229 tirer « endurer (une peine) » (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. Buffum, 388); 1636 tirer peine « souffrir » (Monet); 4. a) 1422 tirer « lancer des armes de trait (une flèche, etc.) » (Alain Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 20); ca 1480 tirer « faire usage d'une arme de trait » (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35747); b) 1490 tirer (une personne) « chercher à atteindre avec une arme » (J. Aubrion, Journal ds Gdf. Compl.); c) ca 1500 tirer « partir, être tiré (en parlant d'un coup de canon) » (Commynes, Mémoires, VIII, 10, t. 3, p. 180); ca 1500 tirer ung coup (Id., ibid.); 1569-77 le tirer de l'harquebouserie (Monluc, 1. V (II, 447) ds Hug.); 5. ca 1495-98 tirer (les vaches) « traire (les vaches) » (André de La Vigne, Voyage de Napples, éd. A. Slerca, 2117); 6. apr. sept. 1496 tirer aprés (qqc.) « avoir de la ressemblance avec » (Jean Molinet, Voiage de Naples, 85 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 281); 1538 tirer sur l'or (en parlant d'une couleur) « avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec telle couleur » (Est., s.v. declinare); 7. a) 1529 tirer « tracer, écrire » (M. D'Amboise, Complainctes, 40 rods Hug.); 1559 tirer (une muraille) « construire en longue ligne » (Amyot, Vies, Alcibiades, fo135 ro); b) 1536 portraict tiré sur le vif (Rabelais, Lettre à Monseigneur de Maillezais ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 356); 1538 tirer qqn « faire le portrait de » (Est., s.v. deliniare); 1550 tirer « dessiner » (La Grise, tr. Guevara, I, 3 ds Hug.); 1904 tirer qqn « photographier » (Nouv. Lar. ill.); 1949 tirer un portrait de qqn (Nouv. Lar. univ.); c) 1669 tirer un ouvrage « imprimer » (Widerhold Fr.-All.); 1694 tirer copie « copier » (Ac., s.v. copie); 1835 bon à tirer (Ac.); 1845 photogr. tirer des copies (Valicourt, Nouv. man. complet de galvanoplastie ou éléments d'électro-métallurgie, ch. Procédé ferrocyanotype de M. Hunt, p. 2 ds Quem. DDL t. 31). Mot d'orig. très discutée (FEW t. 6, 1, pp. 418-420). Selon Wartburg, tirer serait une réduction de l'a. fr. martirier « martyriser, torturer (en général) » (xiies. ds T.-L.), dér. de martyre*. Le part. prés. de martirier, martirant, aurait été interprété comme comp. de l'a. adv. mar « malheureusement » (du lat. mala hora « à la mauvaise heure ») et de tiranz, nom habituel du bourreau au Moyen Âge, lui-même issu du lat. tyrannus (tyran*), une torture fréquente était en effet la dislocation des membres par étirement ou écartèlement. Tirer s'est substitué à traire* dans la plupart de ses empl. en m. fr. Fréq. abs. littér.: 21 971. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 27 228, b) 30 799; xxes.: a) 30 943, b) 35 092. DÉR. Tireuse, subst. fém.,technol. a) Appareil, système permettant de remplir des bouteilles de vin, de lait après l'avoir soutiré de la futaille, du bidon. La tireuse [à vin] s'arrête d'elle-même dès que le liquide est arrivé à la hauteur voulue [dans la bouteille], ne laissant que la place nécessaire au bouchon (Brunet, Matér. vinic., 1925, p. 479).L'embouteillage du lait [stérilisé] ou sa mise en boîtes s'effectue rapidement au moyen de rampes à robinets ou de tireuses à siphon (Pouriau, Laiterie, 1895, p. 71).b) ,,Appareil de photogravure permettant de copier par contact, un négatif pour obtenir un positif ou inversement`` (Comte-Pern. 1963). Cette tireuse optique universelle présente le grand avantage d'être manipulée en pleine lumière (Ciné Amateur, nov. 1936).− [tiʀø:z]. − 1resattest. a) α) 1671 « celle qui tire du vin d'un tonneau » (La Fontaine, Contes, Rémois, 166),
β) 1895 tireuse à siphon « appareil pour remplir les bouteilles de lait » (Pouriau, loc. cit.), 1925 tireuse « appareil pour remplir les bouteilles de vin » (Brunet, loc. cit.), b) 1921 « appareil pour le tirage des films positifs » (La Science et la Vie, 2 oct., p. 439 d'apr. Lar. Lang. fr.); de tirer; suff. -euse (-eur2*). BBG. − Meier (H.). Neue lateinisch-romanische Etymologien. Bonn, 1980, pp. 245-266; Anmerkungen zu Pierre Guirauds Dict. des étymol. obscures. Rom. Forsch. 1984, t. 96, no1/2, p. 73. − Quem. DDL t. 1, 4, 6, 10, 19, 27, 30, 38. |