| TERRE(-)À(-)TERRE,(TERRE À TERRE, TERRE-À-TERRE) loc. adv., adj. et subst. masc. A. − 1. Loc. adv. Tout près du sol, en rasant le sol. Synon. à ras de terre (v. ras3).Je ne prétends point, comme Phaéton, mener de front les chevaux du soleil; mais comme l'hirondelle, régler ma carrière fugitive sur celle de l'astre du jour. En volant terre à terre, je puis, comme lui, faire le tour du monde (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 302).Quant aux femmes, elles doivent invariablement glisser terre à terre en rasant le sol, ce qui exige plus de légèreté qu'on ne pense (Sand, Meunier d'Angib., 1845, p. 263). 2. Loc. adj. Au niveau du sol; proche du niveau du sol. Ce sont là [olives, figues, amandes] les récoltes de l'étage supérieur, suspendues à quelques coudées du sol; il faut aussi compter les récoltes nourricières terre à terre de ces curieux « sous-bois » de cultures, céréales, légumes, piments, pommes de terre ou fèves (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 258). − DANSE. Dont les mouvements sont exécutés près du sol, et ne comportent pas de sauts aériens. Synon. à terre (v. terre II C 1 b).Lulli, l'organisateur chorégraphique du grand siècle, donnait à la danse sur les plantes le nom de danse basse ou terre à terre et à celle sur les pointes le nom de danse par en haut (Arts et litt., 1935, p. 44-7).P. méton. La danseuse terre à terre s'épanouit en exécutant un pas; la danseuse d'élévation se transfigure (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 181). 3. Subst. masc., ÉQUIT. Succession de petits sauts bas, que le cheval exécute en étant porté de côté. Le terre-à-terre est un galop à deux temps et sur deux pistes (Henriquet, L'Équitation, 1972ds Petiot 1982). B. − Au fig. 1. Loc. adv. D'une manière banale, prosaïque, sans chercher à s'élever. Il se dit que l'art du pensionnat était encore au berceau, et qu'en appliquant à cette industrie les procès des découvertes récentes, entre autres la vapeur et la mécanique, on confectionnerait des éducations d'un meilleur débit. Bien des préjugés régnaient dans sa partie: on exerçait la profession terre à terre; on élevait les enfants en vue d'eux-mêmes et non de l'institution (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 415). 2. Loc. adj. Qui a rapport aux préoccupations matérielles, aux réalités quotidiennes au concret; qui manque d'élévation, de hauteur de vues. Synon. prosaïque.But, considérations, goûts, soucis, travaux, vie, vues terre à terre; formule terre à terre; réalisme terre à terre. Il avait un esprit terre à terre. Il voyait les hommes et les choses non pas en philosophe, mais en administrateur (A. France, Vie fleur, 1922, p. 342).Laissant (...) au sociologue la recherche des tensions et des forces de cohésion sociale, le géographe effectue ses choix en fonction de préoccupations plus terre à terre, qui s'appuient sur la distance, la densité d'occupation humaine, les conditions matérielles d'existence (Colloque géogr. appl., 1962, p. 124). 3. Subst. masc. Ce qui a rapport aux préoccupations matérielles, au concret; ce qui manque d'élévation, de hauteur de vue. Rabattre, toujours rabattre de ses idées les plus modestes, de ses ambitions les plus frugales, de son idéal le plus humble, se borner toujours plus, se contenter de toujours moins, se résigner au terre à terre, au petit trantran quotidien (Amiel, Journal, 1866, p. 280).Si Saccard lança l'affaire (...) les sieurs Mignon et Charrier, par leur terre à terre, leur administration routinière et étroite, l'empêchèrent vingt fois de culbuter (Zola, Curée, 1872, p. 419). Prononc. et Orth.: [tε
ʀatε:ʀ]. Ac. dep. 1694: terre à terre (1694-1878: aller terre à terre); id. ds Littré mais Lar. Lang. fr. et Rob. 1985: terre à terre ou terre-à-terre. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p. 289: terre à terre, inv. Étymol. et Hist. 1611 terre à terre « près du sol » (Cotgr.); 1623 fig. (N. Pasq., Lett., VI, 16 ds Gdf. Compl.) Comp. de terre*, de la prép. à et de terre*. Loc. empl. dans le vocab. mar. « en longeant la côte » dep. ca 1190 (Ambroise, Guerre Sainte, éd. G. Paris, 446). Fréq. abs. littér.: 24. |