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TÉNACITÉ, subst. fém.
A. −
1. Vieilli. Consistance collante, visqueuse d'une substance. Au moment où les humeurs perdent une partie de leur tenacité, les penchans et les idées qui dépendent de l'engorgement des viscères abdominaux, commencent à perdre également, et dans la même proportion, une partie de leur caractère opiniâtre (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 249).Elle dépend aussi du degré de ténacité qu'on veut donner à la colle liquéfiée, et il faut en mettre plus ou moins [d'eau], suivant que l'ouvrier opère avec plus ou moins de lenteur (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 114).
En partic. Cohésion, résistance d'un tissu organique, fibreux. Cela porte à croire qu'au moment de l'action, non seulement les particules qui composent la fibre tendent à se rapprocher dans le sens de sa longueur, mais encore que leur cohésion, ou la ténacité de la fibre, devient à l'instant même beaucoup plus grande (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 101).Cette tension des parties molles des animaux vivans ne va pas au point d'empêcher la cohésion des molécules qui forment ces parties, et de détruire leur adhérence, leur agglutination et leur ténacité, tant que l'intensité de l'orgasme n'excède pas certaines proportions (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 25).
2. Résistance à la rupture, qualité de solidité d'un matériau. Ténacité d'un papier, d'une terre. Le jade oriental de la Chine, de l'Asie centrale et des îles du Pacifique, doit sa grande ténacité à l'enchevêtrement de fibres très fines (Lapparent, Minér., 1899, p. 454).L'orme, l'épicéa, le mélèze, le frêne sont des bois élastiques; par contre, le chêne ne possède absolument pas cette qualité. La ténacité est la qualité que le bois possède de plier sans rompre (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 3).
Spéc. Taux de résistance à la rupture par étirement ou traction d'un matériau façonné sous forme de fil.
MÉTALL. ,,La ténacité s'exprime par la charge en décanewtons (daN) nécessaire pour rompre un fil de 1 mm2de section. On la mesure en soumettant des éprouvettes à un effort de traction croissant exercé par une machine spéciale`` (Dew. Mat. prem. 1973).
TEXT. On reconnaît à la rayonne − dont la qualité spéciale pour pneumatiques est dite « à haute ténacité »la régularité et la continuité du fil, qui conduit à une résistance supérieure à celle du coton (Tinard, Automob., 1951, p. 346).Si la ténacité du fil essayé est inférieure à 20 % de l'indication de l'échelle à une déviation de 45 , il faut prendre l'échelle inférieure (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 23).
B. − P. anal. Caractère d'une chose qui s'accroche ou persiste, qu'il est difficile d'éliminer, de détruire. Ténacité d'un parfum, d'un colorant, d'une plante grimpante. Ces madriers étaient un peu plus longs que l'entre-deux n'était large; de là la ténacité de leur emboîtement; de là aussi leur ajustement en plan incliné (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 292).Tout parlait de Dieuet les ricochets sur l'eau des pierres plates, et la ténacité des coquillages dans les pierres du quai et, d'abord, le silence de la petite église (Queffélec, Recteur, 1944, p. 15).
En partic. Caractère de durabilité, de persistance d'une affection, d'une maladie. Le règlement des affaires qui précède mon départ de Paris ne me laissa nul loisir,après quoi l'échec total de mon séjour au Mont-Dore, puis, une fois de retour ici, la ténacité de la fièvre qui n'a cédé que ce matin même, furent de nouveaux motifs d'abstention (Du Bos, Journal, 1928, p. 150).L'évolution ultérieure de la colite chronique est difficilement prévisible. Mais insistons encore sur la ténacité de l'affection (Quillet Méd.1965, p. 165).
C. − Au fig.
1. Caractère d'une personne qui manifeste de l'opiniâtreté, de la constance dans ses idées, ses projets, ses actions. Synon. persévérance.Ce billet, d'une galanterie précieuse mais qui révélait chez celui qui l'avait écrit une ténacité formidable, et que rien ne saurait rebuter, produisit en partie l'effet que le duc s'en était promis (Gautier, Fracasse, 1863, p. 396).D'autres traits encore, énumérés par les chroniqueurs, nous montrent cette souplesse dans la ténacité qui était le fond même du tempérament de Baudouin II (Grousset, Croisades, 1939, p. 112).
[Comme trait remarquable d'une ethnie, d'un groupe soc., d'un type hum.] La ténacité du paysan français. Avec la ténacité caractéristique de nos vieilles races de montagnes, une population s'implanta jusque dans les intimes replis du massif (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 194).Il a fallu la ténacité des Américains du Nord, pour franchir les Rocheuses en différents passages (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 43).
En partic. Obstination, entêtement. Veux-tu te taire! dit Danglars, affectant de retenir Caderousse, qui, avec la ténacité des ivrognes, se penchait hors du berceau, tâche de te tenir debout, et laisse les amoureux s'aimer tranquillement (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 33).Cet homme est un jaloux de l'espèce la plus stupide, dit-il, il a la méchanceté et la ténacité des faibles (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 356).
2. Caractère d'opiniâtreté, d'obstination du comportement intellectuel, affectif, actif d'une personne. Synon. acharnement, entêtement.La tenacité de sentiments qui en résulte, portée dans l'amitié et dans l'amour, est sans doute un bonheur, mais portée dans les sentiments douloureux, elle est un grand mal (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 187).Ces quelques exemples révèlent avec quelle ténacité et quelle âpreté la Direction des Musées de France s'employa à protéger le patrimoine artistique de la nation (Musées Fr., 1950, p. 16).
Avec ténacité.Tenacement, obstinément. Pour peu qu'une chose soit désagréable ou pénible à quelqu'un, on y prend goût et on s'y cramponne avec ténacité (Amiel, Journal, 1866, p. 186).J'avais passé mon année à gémir sur la vanité de tous les buts: je n'en avais pas moins poursuivi les miens avec ténacité (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 243).
3. Caractère de persistance, d'enracinement (d'une opinion, d'une manière d'être, d'agir, etc.). Ténacité d'un souvenir, d'un espoir; ténacité d'un préjugé; ténacité de la mémoire. La conversation étant tombée sur la mort, (...) les deux Français parlaient de la persistance et de la ténacité de cette idée (Goncourt, Journal, 1893, p. 357).N'avons-nous pas dit sur la vie tout ce que la connaissance phénoménologique de l'homme permet d'en dire, en évoquant cette spontanéité des besoins qui vient nourrir nos motifs, ou cette spontanéité des premiers pouvoirs du corps qui s'exprime dans l'explosion émotive ou dans la construction et la tenacité des habitudes? (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 385).
Prononc. et Orth.: [tenasite]. Ac. 1694, 1718: tenacité; dep. 1740: ténacité. Plusieurs ex. du xixeet du xxes. en te- (Cabanis, loc. cit.; Bonstetten, loc. cit.; Ricœur, loc. cit.; v. aussi Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 247 et Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 129). Selon Gak 1976, § 59: ,,Dans certaines familles de mots (...) les membres se partagent entre e et é (parfois l'opposition reflète celle des mots populaires et des mots savants)``. Ex.: serein/sérénité; semer/disséminer; tenace/ténacité; venin, venimeux/vénéneux. Dans ce dernier ex. Gak note que le segment -né- peut agir sur la syll. qui précède. De même dans ténacité, la finale tonique -té peut influencer l'init. Les var. en te- s'expliquent peut-être p. anal. avec tenace. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 « avarice » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 236, commentaire 2. Le ms. porte « revacité », qui, d'apr. l'éd. dans sa note 3 doit être corrigé en « rapacité », mais tant qu'on n'aura pas identifié ce mystérieux « revacité », ténacité sera une correction acceptable); fin xives. (Aalma, 12274 ds Roques t. 2, p. 410); 2. 1489 [éd.] « caractère d'une personne tenace, attachement opiniâtre (à une idée, un projet, une volonté) » (La Mer des Histoires, II, 94 ro); 3. a) 1540 [éd.] « caractère tenace » (Guill. Michel, Bucoliques de Virgile, fo23 vo: tenacité d'amours); b) 1760 « faculté de la mémoire de retenir longtemps ce qu'on a appris » (Bonnet, Ess. anal. âme ds Œuvres, t. 6, p. 31); 4. a) 1611 « caractère de ce qui tient fortement, viscosité » (Cotgr.); b) 1765 « résistance offerte par un corps à la rupture » (Encyclop.). Empr. au lat.tenacitas « action de tenir ou de retenir solidement, parcimonie, avarice », dér. de tenax, -acis (tenace*). Fréq. abs. littér.: 259 (tenacité: 19). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 204, b) 396; xxes.: a) 381, b) 484. Bbg. Gall. 1955, p. 366.