| SYMPTÔME, subst. masc. A. − 1. MÉDECINE a) Manifestation spontanée d'une maladie permettant de la déceler, qui est perçue subjectivement par le sujet ou constatée objectivement par un observateur. Symptôme cutané, neurologique; symptôme précurseur, précoce, tardif; symptômes cliniques, locaux, associés; symptôme principal, aigu; symptôme de la tuberculose, de maladie contagieuse. On a abandonné l'idée de force et on a cherché, comme pour la physiologie, à rattacher les symptômes à une cause organique (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 131).Les symptômes de la hernie sont extrêmement variés (Quillet Méd.1965, p. 162). ♦ Symptôme objectif. ,,Symptôme se manifestant par des signes cliniques perceptibles à l'examen`` (Quillet Méd. 1965, p. 162). Synon. signe. ♦ Symptôme subjectif. ,,Symptôme qui ne peut être apprécié que par le malade lui-même et qui échappe à l'examinateur`` (Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ Symptôme(-)signal. Symptôme initial d'une maladie. C'est un symptôme-signal, ce sont des douleurs prémonitoires (Benoit dsNouv. Traité Méd.fasc. 71924, p. 26).En partic. ,,Symptôme initial d'une crise d'épilepsie partielle, quelquefois secondairement généralisée, permettant de situer l'origine de la décharge neuronique dont elle dépend`` (Méd. Biol. t. 3 1972). b) MÉD., cour. Signe, manifestation d'une maladie, d'une affection, d'un état. Symptôme inquiétant, alarmant, grave. Mais, n'ayant encore rien vu le second mois, elle avait attendu quelques jours, et elle était aujourd'hui certaine de sa grossesse, que tous les symptômes d'ailleurs confirmaient (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 286): Les vieilles gens comme moi ont beau se débattre et gronder: il faut qu'ils s'adaptent, vaille que vaille. L'âge vient, les infirmités, les rhumatismes, l'insomnie, les affreux symptômes de l'épuisement nerveux, que sais-je encore? Au moment d'atteindre le but, la vie défaille.
Bernanos, Joie, 1929, p. 579. 2. PSYCHOL., PSYCHANAL. Expression d'un conflit inconscient donnant généralement naissance à un phénomène de compromis entre le désir refoulé et les exigences de l'instance refoulante. Ces rêves éveillés inconscients peuvent donc être la source aussi bien des rêves nocturnes que des symptômes névrotiques. Et voici ce qui sera de nature à vous faire comprendre le rôle de la fantaisie dans la formation de symptômes (Freud, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 401).Une suggestibilité particulière à la puissance des images (...), un certain infantilisme affectif et psychomoteur, favorisent chez l'hystérique une fuite de la réalité dans le refuge d'une maladie psychosomatique qui tend à s'incarner en symptômes d'organes jusqu'à réaliser le type morbide de l'hystérie de conversion (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 148). B. − P. anal. Signe, indice de l'évolution, de la manifestation imminente d'un phénomène naturel. Depuis ce temps-là, l'odeur des violettes et la neige parfumée de l'aubépine, ces deux symptômes précurseurs du printemps, me sont demeurées en dégoût dans l'odorat et dans les yeux (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p. 74).Le développement de ces orages fut marqué par une recrudescence des symptômes volcaniques (Verne, Île myst., 1874, p. 585). C. − P. anal. 1. Ce qui révèle, manifeste un état de choses; signe, indice avant-coureur d'un phénomène, d'un processus. a) Manifestation généralement visible d'un état d'esprit, d'un sentiment, d'une pensée. Symptôme de la colère, de la passion, de l'impatience, de la jalousie. D'ailleurs, il grommelait en crachottant sur ses bottes, symptôme connu de hargneuse préoccupation que les camarades respectaient (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 13).Ça ne vous frappe pas, cette tête? Les poches sous les yeux, le pli de la bouche, tous les symptômes de la déchéance; avant la guerre il y avait encore de la morgue sur ce visage (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 109). b) Événement, phénomène mettant au jour ou présageant un état, un processus, l'évolution de quelque chose. Symptôme d'une évolution, d'un changement; symptôme de barbarie, de drame , d'effondrement, de déséquilibre, de déclin. Il suffit de considérer les mœurs générales pour y découvrir les symptômes d'un désordre profond, et de sinistres preuves de l'affoiblissement de l'esprit social (Lamennais, Religion, 1826, p. 210).Le développement de cette forme d'activité a été considérable au cours de ces dernières années, et s'il s'est un peu ralenti depuis le début de crise de 1949, il risque de s'accélérer dès l'apparition des premiers symptômes de reprise économique (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 38). 2. LING. Événement linguistique donnant une information sur le caractère, l'état d'esprit, l'appartenance sociale de l'émetteur d'un message. Une distinction dont l'utilité paraît problématique: celle entre signe et symptôme, ou signe naturel . Le symptôme est, au vrai, un signe qui est partie constituante du référent (Ducrot-Tod.1972). ♦ Fonction de symptôme. ,,Ce qui n'est pas référentiel dans le message et informe sur l'émetteur (par exemple son appartenance sociale, régionale, son âge), par opposition à fonction de signal, de symbole. Cette fonction relève, pour Hjelmslev, de la connotation`` (Rey Sémiot. 1979). REM. Symptomal, -ale, -aux, adj.,philos., litt. a) Qui est caractérisé par des symptômes, des signes. Tout est parti de ce principe: qu'il ne fallait pas réduire l'amoureux à un simple sujet symptomal, mais plutôt faire entendre ce qu'il y a dans sa voix d'inactuel, c'est-à-dire d'intraitable (R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, 1977, p. 7 ds Rob. 1985).b) [Chez L. Althusser] Lecture symptomale. ,,Méthode de lecture critique qui prétend « déceler l'indécelé dans le texte même qu'elle lit et le rapport à un autre texte présent d'une absence nécessaire dans le premier » (...) (L. Althusser)`` (Angenot 1979). J'avais en même temps indiqué que nous devions soumettre le texte de Marx non pas à une lecture immédiate, mais à une lecture « symptomale », pour y discerner, dans l'apparente continuité du discours, les lacunes, les blancs et les défaillances de la rigueur, les lieux où le discours de Marx n'est que le non-dit de son silence, surgissant dans son discours même (L. Althusser, É. Balibar, Lire le Capital, t. 1, 1969 [1968], p. 183). Prononc. et Orth.: [sε
̃pto:m]. Littré, s.v. symptôme, symptomatique: ,,Quelques-uns disent [sε
̃to:m], [sε
̃tɔmatik]``; mais Ac. 1878, s.v. symptôme et Ac. dep. 1798, s.v. symptomatique: ,,On prononce le p``. Prononc. des cons. implosives sous l'infl. de l'orth., v. G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 no1 1981, pp. 233-236. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1495 méd. sinthome (B. de Gordon, Pratiq., II, sign. H 3d ds Gdf. Compl.); 2. fin xvie-déb. xviies. fig. symptome « signe » (D'Aubigné, Tragiques ds
Œuvres, éd. Réaume et Caussade, t. 4, p. 49). Empr. au b. lat. des médecinssymptoma, -atis (ves., v. Souter Later Latin), transcrivant le gr σ
υ
́
μ
π
τ
ω
μ
α « événement fortuit, coïncidence » et en partic. « signe (des maladies) » (le gr. est également att. au sens de « syncope », qui a vécu en fr. sporadiquement aux xvie-xviies., v. Hug. et Quem. DDL t. 7). Fréq. abs. littér.: 825. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 300, b) 1 428; xxes.: a) 918, b) 1 080. |