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SURMENER, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. Imposer à un cheval ou un animal de trait un train ou des efforts qui excèdent ses forces. Synon. forcer.Voiture violente et rude du petit courrier. Deux malheureux chevaux de montagne, d'une bonne petite espèce, continuellement battus et surmenés (Michelet, Journal, 1835, p. 189).P. métaph. Écrire! verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite, que parfois la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide (Colette, Vagab., 1910, p. 16).
2. P. anal. Imposer à quelqu'un une quantité de travail ou un rythme d'activité qui le fatiguent à l'excès. J'avais été surmené par les événements, et la force me manquait pour dormir (About, Roi mont., 1857, p. 131).Des employeurs uniquement soucieux d'accroître leurs gains, sans rien prélever pour leurs ouvriers et même en les surmenant (Wilbois, Comment fonct. entr., 1941, p. 40).
[P. méton. de l'obj.] Littér. Ces passions dont mon âme était surmenée, ces passions vagues encore, ressemblaient aux tempêtes de mer qui affluent de tous les points de l'horizon: pilote sans expérience, je ne savais de quel côté présenter la voile à des vents indécis (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 134).Mon cerveau n'est jamais plus lucide, plus disponible, plus allègre et plus délié, que quand, la veille, j'ai surmené ma chair jusqu'à la crève (Gide, Journal, 1929, p. 925).
3. Faire subir un rendement excessif à quelque chose. À la vérité, tout avait baissé; le marché, surmené depuis trop longtemps, gonflé outre mesure, craquait de toutes parts (Zola, Argent, 1891, p. 338).Une exploitation surmenée n'a pas tardé à provoquer un épuisement presque complet de ces richesses [du guano] (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 468).
B. − Empl. pronom. réfl. Avoir une activité trop intense, qui conduit à un état de fatigue extrême. Synon. se crever (pop.), s'éreinter, se tuer (fam.).Elle était fatiguée, fatiguée, la pauvre vieille; elle n'en pouvait plus, de s'être tant surmenée pendant trois ou quatre jours (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 113).Dans cet atelier de famille, l'ouvrier se surmène, ainsi que sa femme et ses enfants, par des journées interminables (quinze, dix-huit heures) pour des salaires de famine, et dans des conditions d'hygiène déplorables (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 305).
Prononc. et Orth.: [syʀməne], (il) surmène [-mεn]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 sormener « excéder de fatigue (un cheval) » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 4502), s'est empl. p. anal. à propos des pers. en a. fr. (v. Gdf., Gdf. Compl., T.-L.), mais dep. Rich. 1680, n'est att. qu'à propos du cheval ou d'une bête de somme; 2. a) 1824 devenir surmené (d'une pers.) (Joubert, Pensées, t. 1, p. 196); b) 1852 trans. (Hugo, Nap. le Pt, p. 137); c) 1870 pronom. (Flaub., Corresp., p. 109). Dér. de mener*; préf. sur-*. Fréq. abs. littér.: 33.