| SUBJECTIVITÉ, subst. fém. A. − 1. PHILOSOPHIE a) [P. oppos. à objectivité] Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant. L'approfondissement de la subjectivité depuis Descartes, Kant et Kierkegaard, impose une reconnaissance des notions primitives relatives à la conscience (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 185).Si le thème directeur de la philosophie transcendantale est bien l'activité constituante du sujet, ne faut-il pas chercher dans la subjectivité même la source de l'expérience, au lieu de l'attribuer à une simple affection du sujet, ou à une de ses structures non réduites? (R. Scherer, Philos. de la commun., Paris, Sedes, 1971, p. 222). b) [À propos de réalités subjectives] Le moi, la conscience. La science entreprend la conquête de la nature créée, l'âme humaine se fait un univers de sa subjectivité, le monde profane se différencie selon sa loi propre, la créature se connaît (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 34). 2. LING. Présence du sujet parlant dans son discours. Subjectivité de l'énonciateur. La subjectivité du discours se manifeste par les embrayeurs (Ling.1972). B. − Usuel 1. Qualité de ce qui ne donne pas une représentation fidèle de la chose observée. Nous avons décrit la façon dont l'homme pouvait élaborer des constructions scientifiques qui éliminaient pratiquement toute trace de subjectivité (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p. 302).La critique doit être à la fois objective et subjective, et cette subjectivité lui interdit d'être une science (Arts et litt., 1936, p. 40-6). 2. Fait d'être partial. a) [À propos d'une activité cognitive] Comportement qui témoigne d'un manque d'objectivité, d'une attitude partiale. Synon. partialité.L'activité de Brown-Séquard se caractérise en définitive par un curieux mélange de tradition d'école et de non-conformisme, de respect absolu de l'expérience et de subjectivité dans l'interprétation des faits (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 669). b) [À propos d'une pers.] Appréciation, attitude qui résulte d'une perception de la réalité, d'un choix effectué en fonction de ses états de conscience. Le nombre de critères typologiques ne pouvant être défini, et leur combinaison étant laissée à la subjectivité du linguiste, tout classement sera dans une certaine mesure arbitraire (Pottierds Langage, 1968, p. 313). Prononc. et Orth.: [sybʒ
εktivite]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1801 (Ch. de Villers, Philos. de Kant, p. 113). Dér. de subjectif*, suff. -ité*, p.-ê. sous infl. de l'all. Subjektivität « id. », dér. de subjektiv, v. subjectif. Fréq. abs. littér.:325. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 54, b) 71; xxes.: a) 49, b) 1 267. Bbg. Quem. DDL t. 22. |