| * Dans l'article "STÉRILE,, adj." STÉRILE, adj. A. − 1. [En parlant des êtres vivants] Qui est inapte à la procréation, à la reproduction, par défaut de spermatozoïdes (chez le mâle) ou d'ovule (chez la femelle), ou par suite de circonstances organiques qui interdisent la fécondation de l'ovule. Synon. bréhaigne (vx), infécond; anton. fécond, prolifique.Animal, homme, hybride stérile. Elle s'attendrit, émue du triste sort de la mère et de l'abandon du petit, profondément remuée dans sa maternité de femme restée stérile (Zola, Argent, 1891, p. 153): 1. ... « Il m'a dit... il m'a dit... C'est à propos de ta stérilité. » Elle eut une secousse; puis une fureur la souleva (...), elle éclata: « Moi!... Je suis stérile, moi? Qu'est-ce qu'il en sait, ce manant-là? Stérile avec toi, oui, parce que tu n'es pas un homme! Mais si j'avais épousé quelqu'un, n'importe qui, entends-tu, j'en aurais eu des enfants... »
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 506. ♦ [P. méton.] Matrice, ventre stérile. Elle baissait un regard désespéré vers ses hanches, vers son ventre de vierge qui venait de tressaillir. Dans la largeur de son flanc, aurait tenu un fils solide et fort. C'était un regret immense de son existence manquée, de son sexe de femme qui dormirait stérile (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 1103). − P. ext. Qui ne donne naissance à aucune descendance. Amour, couche, couple, étreinte stérile. Si un mariage était stérile par le fait du mari, il n'en fallait pas moins que la famille fût continuée. Alors un frère ou un parent du mari devait se substituer à lui (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 57).Au sens physique l'union du mâle avec le mâle est stérile, mais il n'est pas indifférent qu'un individu puisse rencontrer le seul plaisir qu'il est susceptible de goûter, et « qu'ici-bas tout être puisse donner à quelqu'un sa musique, sa flamme ou son parfum » (Proust, Sodome, 1922, p. 627). 2. a) [En parlant d'un sol] Qui est impropre à la production. Synon. aride, désertique, inculte, infertile, ingrat, maigre, pauvre; anton. fertile.Campagne, champ, mont, montagne, pays, paysage, roche, sol stérile. Après une demi-heure de marche, le sol, travaillé par la main de l'homme, se montra sous un nouvel aspect. La transition de la contrée stérile à la campagne cultivée fut brusque (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 66).Le froid, la pluie, le soleil, toute la nature semblait concentrer des maléfices sur ce coin de terre, vainement sarclé, tant choyé, et qui demeurait stérile (Chardonne, Dest. sent., II, 1934, p. 89). ♦ Année stérile. Année pauvre en récoltes. À l'époque où la comtesse reçut cette lettre, l'incendie venait de détruire son château; − l'année avait été stérile; − il y avait grande misère dans le pays (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 237). − MINÉR. Qui ne contient pas de matière exploitable ou qui en contient en trop faible quantité pour être exploité. Filon, gisement stérile. [Dans un stock de minerai tout venant, sur des pierres semblables en apparence], l'une sera tout à fait stérile, l'autre (...) renfermera un noyau de minerai fort riche, la troisième (...) renfermera des mouchetures uniformément réparties (Ratel, Prépar. mécan. minerais, 1908, p. 354). ♦ Empl. subst. Souvent [les filons] sont très minces; et la nécessité d'entailler les épontes fournit (...) une surabondance de stérile (Haton de La Goupilliere, Exploitation mines, 1905, p. 113). b) [En parlant d'un végétal] Qui ne donne pas de fruits. À travers la grille du parc (...) les passants apercevaient (...) des étoiles faites d'une mosaïque de petites plantes autour des palmiers, des bananiers stériles (Chardonne, Dest. sent., i, 1934, p. 22). − BOT. Fleur stérile. Fleur où ne s'opère pas la fécondation. Synon. neutre.[La fleur] nous apparaît alors comme complètement déviée de sa fonction normale qui est la reproduction et on l'appelle fleur stérile (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 473). 3. MÉD. Qui est exempt de germe microbien ou de produit toxique d'origine microbienne ou fongique. Ballon, chambre, champ, compresse, drap, instrument, linge, milieu, pansement stérile. Toute la verrerie utilisée pour ces manipulations doit avoir été au préalable maintenue 24 heures dans l'acide sulfurique fumant, puis lavée dans une solution de soude bouillante et rincée à l'eau distillée stérile (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 220). B. − Au fig. 1. [En parlant de qqn, des productions intellectuelles, artistiques de qqn] Qui est d'une productivité nulle ou réduite, qui est sans résultat constructif, dont on ne peut rien déduire de créatif. Synon. infructueux; anton. fertile, fructueux.Esprit, pensée, observation, recherche, sujet, travail stérile. Chez ces gens, tout allait à la jouissance stérile. Stérile. Stérile. C'était le mot de l'énigme. Une débauche inféconde de la pensée et des sens (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 718).Une espèce de sévérité de goût qu'il avait, de volonté de n'écrire jamais que des choses dont il pût dire: « C'est doux », et qui l'avait fait passer tant d'années pour un artiste stérile, précieux, ciseleur de riens, était au contraire le secret de sa force (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 557). ♦ Empl. subst. Avoir sous le crâne le tonneau des Danaïdes, c'est le malheur de toute une race de savants qu'on peut appeler les stériles (Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 31). − [En parlant d'une collectivité, de qqn] Stérile de/en + subst. désignant ce qui fait défaut.Qui est pauvre en. Je suis bien stérile de nouvelles et d'idées, n'étant depuis des jours que dans l'encre de mes épreuves (Sainte-Beuve, Corresp., t. 3, 1831, p. 12). 2. Qui n'aboutit à rien d'efficace, de constructif. Synon. inefficace, inutile, vain; anton. efficace, utile.Colère, conseils, débat, discussion, dispute, jalousie, orgueil, regrets stérile(s). Albertistes, thomistes, scotistes, occamistes ont contribué à la ruine de la philosophie médiévale, dans la mesure exacte où ils ont négligé la recherche de la vérité pour s'épuiser en luttes stériles sur le sens des formules qui l'expriment (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 200): 2. « ... ça pue la littérature ici. − Quelle odeur ça a, la littérature? − Une odeur de vieux monsieur qui se néglige. » Ça n'était pas une odeur; mais pendant trois heures l'air avait été saturé d'espoir, de crainte, de dépit, et on respirait à travers le silence cette informe tristesse qui succède aux fièvres stériles.
Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 170. Prononc. et Orth.: [steʀil]. Ac. 1694, 1718: sterile; dep. 1740: -é-. Étymol. et Hist. 1. a) 1370-72 « inapte à la génération, à la reproduction » (Oresme, Ethiques, éd. A. D Menut, p. 167); b) 1721 fleur sterile (Trév., s.v. fleur); c) 1750 hymen sterile « dont il ne résulte aucune descendance » (Voltaire, Oreste, I, 3 ds Littré); 2. a) ca 1500 « se dit d'un sol infertile » (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, II, 106, l6); b) 1675 année stérile « année où les récoltes sont maigres » (Flechier, Aiguillon ds Littré); c) 1807 minér. filons stériles « qui ne contiennent pas de minerai exploitable » (Al. Brongniart, Traité élémentaire de minéralogie, I, p. 284 ds Quem. DDL t. 31); 3. 1891 « qui est exempt de tout germe microbien » (Durand-Fardel, trad.: Salomansen, Technique élémentaire de bactériologie, p. 2 ds Quem. DDL à paraître); 4. a) 1580 sciences steriles (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, L. 1, chap. 39, p. 246); b) 1667 fig. « qui ne produit rien, n'aboutit à rien de constructif » (Boileau, Satire, IX ds Littré). Empr. au lat.sterilis « infécond, stérile », « sans fruits », « qui ne rapporte rien ». Fréq. abs. littér.: 1 370. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 382, b) 1 873; xxes.: a) 1 823, b) 1 693. DÉR. Stérilement, adv.,littér. a) [Corresp. à supra A 2, B] De manière stérile, sans résultat, sans efficacité. Synon. inutilement, vainement.Discuter, lire, parler, travailler stérilement. On emprunte quelquefois, non pour faire valoir la valeur empruntée, mais pour la dépenser stérilement (Say, Écon. pol., 1832, p. 387).b) Méd. [Corresp. à supra A 3] On obtient le sérum par coagulation du sang prélevé stérilement et par centrifugation ou par coagulation du plasma (J. Verne, Vie cellul., 1937, p. 26).− [steʀilmɑ
̃]. Ac. 1694: sterilement; dep. 1878: -é-. − 1reattest. 1542 (N. de Bris, Instit., fo49 rods Gdf. Compl.); de stérile, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 22. BBG. − Quem. DDL t. 8, 23. |