| SPONTANÉ, -ÉE, adj. A. − Qui se fait de soi-même, sans avoir été provoqué, qui se produit sans cause apparente. Synon. naturel; anton. provoqué.Acte, phénomène spontané ; combustion, inflammation spontanée. Des mesures spéciales seront également prises (...) pour éviter l'incendie spontané des stocks de charbon (Haton de La Goupilliere, Exploitation mines, 1905, p. 1335).La poussière de zinc (...) chargée d'hydrogène, peut donner lieu à des explosions spontanées, la masse poreuse des granules de zinc agissant comme catalyseur (Gasnier, Dépots métall., 1927, p. 110). − BOT. Qui croît naturellement, sans être cultivé. Synon. sauvage ; anton. cultivé.Végétation spontanée. Une friche qui ne produit rien, ou qui se couvre de plantes spontanées inutiles à l'homme (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 242). − MÉD., BIOL., PHYSIOL. Synon. naturel ; anton. provoqué.Accouchement, avortement spontané; fracture, guérison, hémorragie spontanée. ♦ Évacuation spontanée. ,,Celle qui n'est pas provoquée par un remède`` (Ac. 1835-1935). Génération* spontanée. P. métaph. Il n'y a pas un mot de vrai, pas un seul, c'est entièrement inventé (...). Vraiment c'est inouï, cette génération spontanée de l'erreur (Proust, Sodome, 1922, p. 702).Maladie spontanée. ,,Celle qui n'a point de cause apparente`` (Ac. 1835). Mouvements spontanés. Mouvements qui s'exécutent d'eux-mêmes ou sans cause extérieure apparente. Les mouvements du cœur, du cerveau, des artères sont des mouvements spontanés (Ac.). − PHONÉT. Changement spontané. Le changement peut tenir à la nature du phonème qu'il affecte; il est alors spontané (...) ainsi la chute de l'aspirée observable dans nombre de langues (Mar.Lex.1933, p. 45, s.v. changement phonétique). − PHYS. NUCL. Désintégration, fission, radioactivité spontanée. Il existe six modes de transformation spontanée auxquels on peut ajouter la radioactivité par émission de protons (Encyclop. univ.t. 131972, p. 921 s.v. radioactivité). B. − Que l'on fait de soi-même, de sa propre initiative; qui se laisse aller à son propre mouvement, à son impulsion naturelle sans se laisser freiner ou entraver par les blocages du conformisme, de la raison, de la réflexion, de la volonté, etc. 1. Libre et non déterminé, sans contrainte. Anton. apprêté, calculé, composé, contraint.Action, déclaration, démarche, révolte spontanée; nationalisme spontané; réactions, témoignages spontané(e)s; d'un élan spontané. Cette fermière qui sortait de l'étable juste comme nous passions, ayant trait ses vaches, et qui d'un joli geste spontané traversait la route pour nous tendre son lait tout frais (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 37).La gaffe est (...) une protestation spontanée de la vérité qui, plus forte malgré tout que nos mensonges, élit pour s'exprimer le propos d'un maladroit (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 178). 2. Instinctif, naturel. Synon. franc, impulsif, primesautier; anton. artificiel, inhibé, refoulé, réservé.Amabilité, amour, aversion, bonté, confiance, désir, gentillesse spontanée. Ainsi, vif et spontané dans la causerie, je suis gêné, méthodique, anxieux dans mon enseignement académique, et bien plus encore lorsque je veux écrire (Amiel, Journal, 1866, p. 76).Soumise aux lois, aux poncifs, aux préjugés, j'aimais néanmoins ce qui était neuf, sincère, spontané. La vivacité et l'indépendance de Zaza me subjuguaient (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 94). − P. méton. Candide, naïf, ingénu. Mon cœur fut inondé d'amour à ces témoignages si naïfs, si spontanés d'un attachement dont je ne doutais pas, mais dont j'ignorais la force (Michelet, Journal, 1849, p. 58).J'aurais dû me méfier. J'ai été trop spontané, trop simple, trop ouvert (Billy, Introïbo, 1939, p. 121). 3. Spécialement a) BEAUX-ARTS. Créatif, intuitif. Synon. inspiré; anton. étudié, laborieux.Composition, imagination, invention spontanée. Sa création était spontanée, miraculeuse. Il la trouvait sans la chercher, sans la prévoir. Elle venait sur son piano soudaine, complète, sublime, ou elle se chantait dans sa tête pendant une promenade, et il avait hâte de se la faire entendre à lui-même en la jetant sur l'instrument (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 470).Ses grands romans, si peu construits, lui ont permis de suivre en lui-même le travail spontané de l'imagination muant les objets en symboles (Béguin, Ame romant., 1939, p. 189). − Empl. subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Cette part de la fatalité qui se mêle à l'activité, ôte aux œuvres d'art que fait l'ouvrier le charme du spontané, de l'imprévu, et souvent le réussi (Michelet, Journal, 1842, p. 455). b) PSYCHOL. Qui n'implique pas le recours de la conscience sur elle-même. Attention, écriture spontanée; langage spontané. Synon. automatique, inconscient, involontaire; anton. raisonné, réfléchi.Cette conscience spontanée de ma perception est constitutive de ma conscience perceptive (Sartre, Etre et Néant, 1943, p. 19). C. − Qui échappe aux règles établies, aux prévisions calculées. Synon. improvisé, sauvage.Spectacle, théâtre spontané; grève spontanée. Une manifestation spontanée de jeunes, à Berlin-Est, a fait apparaître dès lundi des divergences profondes existant entre le régime est-allemand et sa jeunesse (L'Est Républicain, 10 juin 1987, p. 23). ♦ Urbanisme spontané. ,,Urbanisme dans lequel les conditions propres au milieu d'implantation et les conditions historiques ont déterminé le tissu urbain ou rural`` (Nér. Hist. Art 1985). Prononc. et Orth.: [spɔ
̃tane]. Ac. 1694-1798: spontanée; dep. 1835: -né. Étymol. et Hist. 1. a) 1541 physiol. spontanee « qui se fait de soi-même, sans avoir été provoqué » (J. Canappe, Mouv. des muscl., p. 23 ds Gdf. Compl.), le masc. en -ée est noté comme encore empl. au xviiies. (Ac. 1798); b) 2emoit. xviiies. génération spontanée (Buffon, Suppl. à l'Hist. nat., Œuvr., t. XI, p. 27 ds Littré); c) 1798 plantes spontanées (Ac.); 2. a) 1690 (Fur.: En morale, les actions spontanées sont plus meritoires que les autres); b) 1866 en parlant d'une personne (Amiel, loc. cit.). Empr. au b. lat.spontaneus (ives. ds Blaise Lat. chrét.) « volontaire, spontané » (issu du class. spons, spontis « volonté »), usité seulement à l'ablatif pour signifier « d'après la volonté de (quelqu'un) » et au génitif « de (sa) propre volonté » (d'où en a. fr. spontaine volantei att. de 1284 à 1466, v. Gdf.); au sens 1b cf. chez Aristote
γ
ε
́
ν
ε
σ
ι
ς
α
υ
̓
τ
ο
́
μ
α
τ
ο
ς (Génération des animaux, III, 11, éd. P. Louis, p. 130). Fréq. abs. littér.: 1 367. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 026, b) 1 516; xxes: a) 1 950, b) 2 952. |