| SPÉCIALEMENT, adv. A. − De façon spéciale; dont la spécialité est de. Ces légions, disait la loi, spécialement employées à combattre les Chouans, ne pourraient, sous aucun prétexte, être portées aux frontières (Balzac, Chouans, 1829, p. 8). B. − En particulier; pour parler plus précisément. Le dévouement à la richesse, les sentiments pieux, et spécialement la résignation du pauvre, qui est le fondement de l'ordre (A. France, Ile ping., 1908, p. 6).Est-ce vrai, ce qu'on prétend, que les malfaiteurs ne sont presque jamais trouvés par la police elle-même? Qu'ils sont donnés par des indicateurs, spécialement par des femmes? Donc, qu'avec plus de prudence, surtout à l'égard des fréquentations féminines, ils échapperaient? (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 212). C. − Particulièrement. 1. D'une manière toute particulière, tout exprès. Les mesures arrêtées étaient insuffisantes, cela était bien clair. Quant aux salles « spécialement équipées », il les connaissait: deux pavillons hâtivement déménagés de leurs autres malades, leurs fenêtres calfeutrées, entourées d'un cordon sanitaire (Camus, Peste, 1947, p. 1265). 2. De préférence à d'autres possibilités, éventualités. Voilà le moment pour vous de vous occuper spécialement de l'histoire. Elle vous fera comprendre le présent et vous empêchera de vous faire des illusions trop communes sur les promesses des partis politiques (Lamart., Corresp., 1831, p. 137).Il s'occupait spécialement des maladies de femme, ce qui le faisait, le soir, rechercher des maris en quête d'une consultation gratuite, dans un coin de salon (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 52). 3. De manière très marquée, très caractéristique. Ce soir elles ont, ces mains sèches, Des airs spécialement rêches (Verlaine,
Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 182).Les premiers faits de l'humanité ne furent que le développement d'un ensemble de lois physiques et psychologiques posées une fois pour toutes, sans que jamais l'agent supérieur, qui moule son action dans ces lois, ait interposé une volonté spécialement intentionnelle dans le mécanisme des choses (Renan, Avenir sc., 1890, p. 169). − Fam. Pas spécialement. Pas tellement, pas plus que ça, sans excès. Il fallut donc prévenir de cette perte le directeur du laboratoire, sir John Cockcroft, qui n'en fut pas spécialement ému, car il savait cet échantillon déjà à Moscou (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 48). Prononc. et Orth.: [spesjalmɑ
̃]. Ac. 1694, 1718: spe-, dep. 1740: spé-. Étymol. et Hist. 1remoit. du xiies. specialment (Psautier Cambridge, 4, 10 ds T.-L., s.v. especïal); 1297 specialement (doc. ds Gdf. Compl., s.v. especialment). Dér. de spécial*; suff. -ment2*. Cf. la var. especialment (ca 1170, Rois, éd. E. R. Curtius, p. 3) encore att. à la fin du xives. (v. Gdf. Compl. et T.-L.). Fréq. abs. littér.: 1 111. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 260, b) 1 675; xxes.: a) 1 236, b) 2 008. |