| SEGMENTATION, subst. fém. A. − Division en segments. Synon. fractionnement, fragmentation.La césure n'est donc pas une segmentation du vers décidée par la symétrie. Elle ne coupe pas le vers, elle a créé l'hémistiche [Boisjoslin, 1884] (Thieme,Hist. vers fr., 1916, p. 100).Un homme instruit me l'affirmait avec la même autorité qu'un savant qui m'eût affirmé qu'une voie lactée de nébuleuses était due à la segmentation d'une seule et même étoile (Proust,Temps retr., 1922, p. 990). − P. métaph. J'ai tenté de faire voir le mécanisme de cette grande action [allemande], en rapprochant sa forme militaire de sa forme économique (...) La science allemande aurait pu me servir aussi bien. Là aussi règne le principe de segmentation, de classification, de discipline imposé aux objets de la connaissance (Valéry,Conq. méthod., 1897, p. 54). B. − Spécialement 1. SC. NAT. a) ANAT. Division en segments d'un organe, d'un membre ou d'une partie du corps. Dans toute la hauteur du tronc, la répartition des veines est commandée par la segmentation vertébrale (G. Gérard,Anat. hum., 1912, p. 279). b) EMBRYOL. ,,Processus de division de l'œuf en nombreuses cellules (blastomères), qui forment la morula`` (Man.-Man. Méd. 1977). L'œuf fécondé est le point de départ de l'ontogenèse. À la fécondation succède le clivage de l'œuf ou segmentation; l'œuf se divise en 2, 4, 8, 16, 32, 64... cellules filles ou blastomères qui ne subissent pas de remaniements spatiaux (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 529).Segmentation égale. ,,Segmentation où les divers blastomères qui s'individualisent au cours des mitoses successives ont des tailles sensiblement égales`` (Husson 1970). Segmentation inégale. ,,Segmentation où les divers blastomères qui s'individualisent au cours des mitoses successives ont des tailles très dissemblables`` (Husson 1970). Segmentation partielle. ,,Segmentation localisée dans la cicatrule ou disque germinatif et qui n'affecte pas la masse des réserves vitellines`` (Husson 1970). Segmentation totale. ,,Segmentation intéressant l'œuf tout entier`` (Husson 1970). 2. SC. HUM. ET SOC. a) ÉCON. ,,Opération qui consiste à déterminer les segments de marché`` (Tézenas 1972). Les bases ou critères de segmentation les plus fréquemment utilisés sont d'ordre démographique: l'âge, le sexe, la répartition géographique, l'activité, la catégorie socio-professionnelle, le revenu, etc. (Tézenas1972). b) LING. ,,Opération qui consiste à découper un énoncé (ou une séquence) pour faire apparaître les unités (ou segments) qui le constituent`` (D. D. L. 1976). La segmentation est à la base de l'analyse structurale. (...) une phrase peut être segmentée en syntagmes, un syntagme en morphèmes, un morphème en phonèmes. Limites: la segmentation ne rend pas compte de l'amalgame (au ne peut être segmenté) (D. D. L.1976). c) SOCIOL. ,,Répétition à l'intérieur d'un ensemble social de sous-ensembles moins larges mais semblables par leur organisation et leur activité`` (Thinès-Lemp. 1975). Les ethnographes apportent par la suite leurs contributions en révélant la segmentation des sociétés primitives en un grand nombre de petits agrégats particuliers, reposant sur le sexe, l'âge, des raisons économiques, magiques ou religieuses (Hist. sc., 1957, p. 1582). 3. INFORMAT. ,,Méthode de programmation permettant de découper les programmes trop longs pour tenir entièrement en mémoire centrale, en éléments appelés segments qui seront appelés en mémoire centrale selon les besoins à partir d'un segment résidant appelé racine`` (Morvan 1980). La segmentation doit être effectuée de façon que les temps nécessaires pour l'introduction des segments soient minimum (Ging.-Lauret1982). Prononc. et Orth.: [sεgmɑ
̃tasjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1855 « division en segments, fractionnement » (Littré-Robin); 2. 1884 biol. la segmentation du vitellus (E. Perrier, Philos. zool. av. Darwin, p. 215); 3. 1965 ling. (Dub. Gramm. t. 1, p. 10); 4. 1969 informat. (Pag.). Dér. de segmenter*; suff. -(a)tion*. Bbg. Bertini (M.-T.), Tallineau (Y.). Petit vocab. Informatique (L') nouvelle. 1977, n o80, p. 25. − Hamon (Ph.) Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 152. − Quem. DDL t. 5, 8. |