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SCÉNIQUE, adj.
A. − Relatif à la scène, au théâtre. Art, effet, illusion, invention scénique; indications scéniques; manifestation scénique. La pauvre Reine de Saba (...) est devenue (...) un simple conte oriental (...). Toutefois, les idées scéniques et lyriques s'étaient éveillées en moi, j'écrivis en prose un acte d'opéra-comique (Nerval, Chât. Bohême, 1853, pp. 29-30).Les pièces qui remplissent ce volume ont (...) été conçues à mille lieues de toute pensée de représentation scénique (Renan, Drames philos., 1888, préf., p. 373).
♦ Jeux scéniques. Dans l'Antiquité, spectacles publics (jeux du cirque, chants, danses, représentations théâtrales, etc.) offerts à l'occasion de certaines grandes fêtes annuelles chez les Grecs et les Romains. Sachez (...) que ces jeux scéniques, spectacles de turpitudes, n'ont pas été établis à Rome par les vices des hommes, mais par l'ordre de vos dieux (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 32).
− Rare. Qui fait des scènes. Je suis la personne du monde la moins scénique (Mmede Genlis, Mém., t. 5, 1825, p. 244 ds Quem. DDL t. 34).
B. − Qui convient, qui est adapté au théâtre. Style, valeur scénique d'une œuvre. Ce qu'il faut dire, c'est que notre théâtre actuel est loin d'être aussi scénique que le théâtre de Molière (Zola, Nos aut. dram., 1881, p. 18).En une répétition, j'aurais pu rendre la pièce plus scénique, plus gaie. Mais comme le théâtre éteint! Je croyais les plaisanteries presque grosses: elles me paraissent trop fines, si fines qu'elles ne portent pas (Renard, Journal, 1906, p. 1038).
− Au fig. Qui a un aspect affecté, emphatique. À l'église, il embrassait les gens (...), au défilé, avec des ronds de bras vraiment un peu trop scéniques (Léautaud, Journal littér., 3, 1916, p. 224).
REM.
Scéniquement, adv.D'un point de vue scénique. Le Woyzeck de Büchner, par esprit de réaction contre nos principes, et à titre d'exemple de ce que l'on peut tirer scéniquement d'un texte précis (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 119).
Prononc. et Orth.: [senik]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1531 [date de l'éd.] jeux sceniques « représentations dramatiques dans l'Antiquité » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, II, expos. sur le ch. 8 ds Gdf. Compl.); 2. 1840 art scenique (Bayard et Dumanoir, Les Guêpes, iii, in Répertoire dram., IV ds Quem. DDL t. 3). Empr. au lat.scaenicus « de la scène, de théâtre », gr. σ κ η ν ι κ ο ́ ς « de théâtre, scénique ». Fréq. abs. littér.: 83. Bbg. Born. 1967, p. II, 68.