| SÉRÉNITÉ, subst. fém. A. − Vieilli ou littér. État du temps qui n'est troublé par aucune perturbation atmosphérique. Sérénité de l'air, de l'atmosphère, de la température, du temps; sérénité du ciel, de la nuit. Heureusement la soirée était chaude, et l'air d'une sérénité délicieuse (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 375).Un vieux poëte qui a fait de longs séjours là-bas, dans le pays de la sérénité matinale (Claudel, Poés. div., 1952, p. 739). B. − État d'une personne sereine. 1. État d'une personne qui, par sa sagesse et son expérience, reste insensible aux troubles, aux préoccupations de l'existence. Synon. équanimité, paix, placidité, quiétude, tranquillité; anton. anxiété, effroi, émotion.Sérénité absolue, fraternelle, intellectuelle, intérieure, morale, olympienne, païenne, philosophique, primitive; sérénité désabusée, fière, grave, hautaine, mélancolique; garder, perdre, recouvrer, retrouver sa sérénité. Du calme, Paula! De la sérénité. De la résignation (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 83): Tout à l'heure il râlait, se tordait, étouffait;
Maintenant il rayonne. Abîme! qui donc fait
Cette lueur qu'a l'homme en entrant dans les ombres?
Qu'est-ce que le sépulcre? Et d'où vient, penseurs sombres,
Cette sérénité formidable des morts?
Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 298. − [P. méton.] Sérénité de l'âme, du cœur, de l'esprit. Je ne sais quoi vous disait en elle que la douce sérénité de son front n'était pas venue de ce monde (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 176).Des yeux où une intelligence superbe semble sommeiller dans la paresse et la sérénité du regard (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 82). 2. Indépendance d'esprit, liberté de jugement, d'opinion. Synon. impartialité; objectivité.Choisir, juger qqc. avec sérénité. Les moyens d'exercer leur activité d'enseignement et de recherche, dans les conditions d'indépendance et de sérénité indispensables à la réflexion et à la création intellectuelle (Loi orient. Enseign. sup., 1968, p. 3).L'horreur qu'inspire un crime paraît s'être opposée à ce qu'on le considère avec l'objectivité, la sérénité indispensable au savant (Traité sociol., 1968, p. 209). C. − P. anal. [À propos d'une chose qui dénote ou suggère la paix, la tranquillité] 1. [À propos d'une œuvre d'art] Il faut certes, avoir la berlue (...) pour découvrir de l'émotion (...) dans ces poèmes d'une sérénité marmoréenne digne de Goethe (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 310).Le Beatus vir de Monteverdi (...) parle un langage qui s'est perdu, un langage d'une sérénité divine (Green, Journal, 1953, p. 220). 2. [À propos d'un élément de la nature] La sérénité des montagnes dans la lumière de l'aurore (Faure, Hist. art, 1912, p. 214).Que ce paysage était simple! Simple comme cette race unique fondue à la sérénité des collines, à la clémence du climat, à la frugalité des terres! (Jammes, Robinsons, 1925, p. 70). D. − Vieilli. [Titre honorifique qui était donné à certains princes] Oh! permettez-moi de supplier votre courtoisie (...). Comment votre excellence peut-elle profaner? (...) Votre grâce (...). Seigneur, votre sérénité ne voudra pas (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 72). Prononc. et Orth.: [seʀenite]. Ac. 1694, 1718: sere-; dep. 1740: séré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiies. sereniteit « état d'une âme exempte de trouble et d'agitation » (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 45); b) 1546 serenité « id. » (Rabelais, Tiers Livre, II, éd. M. A. Screech, p. 30); 2. xves. [date du ms.] « état du temps qui est serein » (Evrart de Conti, Problèmes d'Aristote, B. N. 210, f o282b ds Gdf. Compl.); 3. 1471 « titre d'honneur qu'on donne à quelques souverains » (Bartsch, p. 13). Empr. au lat.serenitas « sérénité (du ciel) », « calme (au fig.) » et à basse époque « sérénité (titre honorifique) », dér. de serenus (serein1*). Fréq. abs. littér.: 1 329. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 514, b) 2 540; xxes.: a) 1 950, b) 1 825. |