| REPÉRER, verbe trans. A. − Fréq. au passif. Marquer des repères, signaler quelque chose à l'aide de repères. L'emplacement de ces trous doit être soigneusement repéré pour éviter des fouilles inutiles (Quéret,Industr. gaz, 1923, p. 208). − En partic. Marquer deux ou plusieurs éléments devant s'ajuster. Reports qui sont repérés grâce à deux épingles, qui doivent pouvoir passer dans les marques laissées par les trous sur l'épreuve et dans les trous correspondants de la nouvelle planche (Arts et litt., 1935, p. 28-16). B. − P. ext. Situer, découvrir un élément dans l'espace ou le temps. Un signal électrique, branché sur le circuit excitateur et qui permet de repérer l'instant précis de l'excitation (Camefort, Gama,Sc. nat., 1960, p. 187): Le « service radio », auquel Julitte avait donné sur place un début d'organisation, fonctionnait également sous la coupe du délégué, passant à Londres et en recevant chaque mois des centaines et plus tard des milliers de télégrammes, déplaçant sans cesse ses postes repérés par les appareils de détection de l'ennemi...
De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 236. − En partic. Signaler, relever une position d'un élément mobile d'un ensemble, d'un appareillage. I représente l'intensité du courant, mesurée, ou repérée par la déviation de l'aiguille d'un galvanomètre (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 216). − Empl. pronom. Se situer dans l'espace ou le temps. « (...) Le vent n'est point calmé, et je dois dépasser la vitesse de trois cents kilomètres-heure. » Après tout, je ne sais rien de bien précis, j'essaierai de me repérer quand je sortirai du nuage (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 215).Pour que l'homme puisse contrôler ses projets et les communiquer à ses semblables, il faut qu'il se repère à l'aide des symboles objectifs que constituent les calendriers (J. Vuillemin,Essai signif. mort, 1949, p. 174). − P. méton. Étudier un espace pour y situer des repères. J'avais repéré le terrain, la veille, avec ma jumelle. Je connaissais l'emplacement exact de leurs quatre mitrailleuses qui flanquaient leurs défenses et rendaient presque impossible l'approche des courtines et des lignes en retrait (Bourget,Sens mort, 1915, p. 193). C. − Pop., fam. Apercevoir, distinguer, remarquer parmi d'autres quelqu'un ou quelque chose. Il grommela quelques paroles gracieuses et rassurantes, et chercha à se perdre parmi les groupes. Mais il avait été repéré par des amis, et ne put éviter leur conversation (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p. 51).Je l'ai volée [la bicyclette], dit Rodrigue. Je l'avais repérée depuis longtemps dans le garage de l'École des Sciences-Po, c'est très mal surveillé; elle doit appartenir à quelque zazou de Passy, tant pis pour lui! (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 196). − Détecter, découvrir la nature de quelque chose ou de quelqu'un. Voilà, c'est mon café au lait de ce matin (...). Je vous l'apporte Monsieur le Docteur, parce que vous connaissez les trucs, pour repérer ce qu'ils ont mis dedans. Je les gêne, vous comprenez (Arnoux,Rêv. policier amat., 1945, p. 121).Restons où nous sommes et tâchez de voir le plus de types que vous pourrez, repérez les camarades, arrangez-vous pour savoir un peu ce qu'il y a dans la tête des autres (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 231). − Se faire repérer.Attirer l'attention; être découvert, remarqué alors qu'on se cachait. − C'est impossible! je vais chercher les allumettes, voir ce que tu as... − Tu vas nous faire repérer avec tes allumettes (Montherl.,Songe, 1922, p. 114). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpeʀe], [-pε-] (< repère); (il) repère [-pε:ʀ]. Homon. repairer. Att. ds Ac. 1935. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. 1. a) 1676 technol. pieces reperees (Félibien, p. 722); b) 1731 p. ext. (Terrasson, Sethos, t. 2, p. 123: ces réfutations reperées en plusieurs endroits de leurs ouvrages); 2. 1870 se repérer (dans une discussion) (Littré); 3. a) 1881 arg. « trouver » (Rigaud, Dict. arg. mod., s.v. repérir: Je le repère, le client); b) 1894 « prendre en faute » (Lévy-Pinet, p. 14); c) 1927 « signaler à la sévérité du jury » (d'apr. Esn.); 4. a) 1915 milit. « découvrir » (Petit écho, 28 févr. ds Sain. Tranchées, p. 42); b) 1918 être repéré « être bombardé après repérage » (Dauzat, Arg. guerre, p. 280). Dér. de repère*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 275. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 23; xxes.: a) 204, b) 1 032. DÉR. Repérable, adj.a) Qui peut être repéré. La physique, d'autre part, se trouve à présent dans la crise de l'imagerie immémoriale qui, depuis toujours lui offrait la matière et le mouvement bien distincts; le lieu et le temps, bien discernables et repérables à toute échelle (Valéry,Variété IV, 1938, p. 262).b) Fam.
α) Dont on peut détecter, découvrir la nature. Voilà pourquoi le personnage n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même. C'est à contre-cœur que le romancier lui accorde tout ce qui peut le rendre trop facilement repérable: aspect physique, gestes (Sarraute,Ère soupçon, 1956, p. 72).
β) Que l'on peut remarquer dans un ensemble. L'un des deux, vêtu de l'uniforme bleu marine des chasseurs alpins, était particulièrement repérable (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 347).c) Phys. Grandeur repérable. Grandeur que l'on peut soumettre à une comparaison mais pas à une opération. (Dict. xxes.). − [ʀ
əpeʀabl̥], [-pε-]. − 1reattest. 1923 (G. Marcel, Journal, p. 304); de repérer, suff. -able*. − Fréq. abs. littér.: 15. BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 304. − Quem. DDL t. 25. |