| RENTRÉE, subst. fém. A. − [Corresp. à rentrer I A] 1. Action de pénétrer à nouveau dans un lieu qu'on a quitté. Au retour de la messe, dis-je, retardez le plus possible votre rentrée dans votre chambre (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 361).Mais le colonel, en l'entendant demander cela, revint brusquement; les autres le suivirent, il y eut une rentrée générale (Zola, E. Rougon, 1876, p. 58). ♦ Rentrée en scène ou, p. ell., rentrée. Nouvelle entrée d'un acteur, d'un artiste au cours d'un spectacle. Les solos continuaient, découragés, coupés par les rentrées éplorées du chœur (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 17). 2. Action de rentrer à son domicile, dans son pays. Synon. retour.Pendant les grands événements de la chute de Napoléon et de la rentrée des Bourbons, je ne fis rien (Delécluze, Journal, 1827, p. 374).Quelques hommes attendaient sur la plage la rentrée de l'embarcation (Maupass., Une Vie, 1883, p. 216). ♦ [Avec un compl. de provenance] Les troupeaux ne sont plus très loin et vous assisterez à la rentrée des Alpes (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 328). − CHASSE. ,,Retour des animaux dans le bois au point du jour`` (Baudr. Chasses 1834). Attendre le cerf à la rentrée (Baudr.Chasses1834). 3. a) Reprise d'activité d'une institution, d'une collectivité après une interruption, une période de vacances. Rentrée solennelle des tribunaux; rentrée des universités; rentrée parlementaire. − Période de reprise généralisée des activités économiques et sociales, après les congés d'été. Une rentrée chaude, morose. [C'est] le premier grand conflit depuis la rentrée-ceinture et le relèvement des cotisations sociales (L'Express, 20 oct. 1979, p. 121, col. 3). ♦ Rentrée des classes, rentrée scolaire, grande rentrée, ou p. ell., rentrée. Reprise des classes après les grandes vacances. Vivent les vacances, à bas la rentrée. Il avait le cœur un peu serré, c'était la rentrée. Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos et sa toupie dans sa poche (A. France, Livre ami, 1885, p. 159). ♦ Rentrée théâtrale. La rentrée théâtrale a brillé, cette année, par un entrain remarquable et traditionnel (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 767). b) Reprise d'activité publique d'une personne. − Retour à la scène d'un acteur après une période d'interruption. Il y a toujours quelque pièce nouvelle, quelque reprise, ou quelque rentrée d'actrice (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 204). − Retour public d'un écrivain, d'un créateur, avec une œuvre nouvelle. C'est à Floridor, à l'Hôtel de Bourgogne, que Corneille confie son
Œdipe. (...) Cet
Œdipe représente une rentrée attendue avec curiosité, après sept ans de silence (Brasillach, Corneille, 1938, p. 359).P. métaph. Ce qu'on a appelé l'expressionnisme ne fut que la rentrée en scène, dès longtemps préparée, de la personnalité, du tempérament, que l'on avait prétendu bannir (Arts et litt., 1936, p. 48-4). − Retour à une activité publique d'un homme politique après une période de silence. Il fallait faire dans la vie de Londres une rentrée éclatante. Mais comment? Après y avoir beaucoup réfléchi, Disraëli se trouva convaincu qu'un long voyage devait précéder toute démarche (Maurois, Disraëli, 1927, p. 52). 4. Spécialement − DR. Rentrée en jouissance de, dans la jouissance de. Fait de retrouver la jouissance de. Les juges peuvent (...) ordonner la rentrée du propriétaire dans la jouissance de son bien (Code civil, 1804, art. 618, p. 114). − BOXE. Rentrée au corps. ,,Attaque impétueuse, composée d'une série de coups portés sur des esquives`` (Petiot 1982). Rentrée au corps: sur une attaque de l'adversaire, on esquive en baissant la tête et on rentre du droit et du gauche au corps (Vie au grand air,31 janv. 1914,Petiot 1982). B. − [Corresp. à rentrer I B] 1. ASTRONAUT. Rentrée d'un engin dans l'atmosphère. Pénétration (de l'engin) dans les couches de l'atmosphère, lors du retour sur terre. On s'est aperçu tout d'abord que les fusées s'entourent d'une gaine ionisée lors de leur rentrée dans l'atmosphère, ce qui gêne considérablement leurs liaisons radioélectriques avec le sol (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 314). 2. ÉQUIP. Rentrée d'eau. ,,Aspiration d'eau généralement polluée dans un réseau de distribution, causée par une basse pression dans le réseau`` (Eau 1981). 3. MUS. Reprise d'un motif, d'une partie. Il est toujours entendu que le sujet doit varier ses rentrées et sa disposition par rapport au contre-sujet (Potiron, Mus. église, 1945, p. 89). C. − [Corresp. à rentrer II] 1. Action de rentrer quelque chose dans un lieu clos, de mettre à l'abri. La rentrée des foins, des grains, des moissons. Pour éviter le dépôt de sel sur les tubes du corps de chauffe, on pratique de temps en temps des petites rentrées d'air rapides (Stocker, Sel, 1949, p. 66). 2. Spécialement − Fréq. au plur. Rentrée d'argent, ou p. ell., rentrée. Encaissement d'argent, sommes encaissées. Ces rentrées sont des restes de liquidations assez difficiles à arracher des mains de mes débiteurs (Balzac, Corresp., 1832, p. 736).Ah! qu'il eût seulement quelques rentrées inattendues, et il aurait bientôt fait de quitter cet appartement démodé (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p. 930). − CHAUFF. Rentrée d'air. Dispositif permettant l'aération. Le foyer [du séchoir Devaux] est pourvu de rentrées d'air froid qui abaissent la température des gaz de combustion au degré voulu (Saillard, Betterave, t. 1, 1923, p. 268). − JEUX DE CARTES. Carte(s) que l'on tire du talon et que l'on substitue à une ou à des cartes de la donne initiale. (Dict. xxes.). − MAR. ,,Un navire a de la rentrée quand ses membrures se rapprochent plus de l'axe dans le haut que vers la flottaison (...). On dit aussi que le bateau est frégaté`` (Soé-Dup. 1906). − SPORTS. Rentrée en touche, rentrée de touche. Action de remettre en jeu le ballon sorti en touche. D'ordinaire, quand on fait une rentrée en touche, on feint de lancer la balle à un de ses équipiers (Montherl., Olymp., 1924, p. 295).[Les juges de touche indiquent] l'équipe à laquelle revient le coup de pied de coin, le coupe de pied de but ou la rentrée de touche (J. Mercier, Footb., 1966, p. 21). − TYPOGR. Disposition en retrait d'une ligne par rapport à l'alignement général. Synon. renfoncement.La rentrée observée au commencement de la première ligne de chaque période se nomme alinéa (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 125). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃tʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. « retour » (Romances et Pastourelles, éd. K. Bartsch, I, 59, 45); cf. 1797 cette funeste rentrée dans leur patrie (Sénac de Meilhan, Émigré, p. 1622); b) 1655 cynégét. (Salnove, Vénerie royale, IIepart., p. 193); 2. 1694 jeu de cartes il a eu une vilaine rentrée (Ac.); 3. 1718 « action de reprendre des fonctions, de recommencer des travaux interrompus par des vacances » (la Rentrée du Parlement (ibid.); 1813 la rentrée des classes (Jouy, Hermite, t. 4, p. 229); 1822 absol. la rentrée (Michelet, Mémor., p. 209); 4. ca 1750 mar. (Mém. de Trév. ds Trév. 1771); 5. a) 1771 rentrée de fonds (Trév.); b) 1848 la rentrée des troupeaux (Chateaubr., Mém., t. 4, p. 203); 6. a) 1778 « réouverture des théâtres » (Volt., Lett. d'Argental, 20 avr. ds Littré); b) 1811 « nouvelle apparition après une absence, d'un artiste titulaire d'un rôle » quelque reprise ou quelque rentrée d'actrice (Jouy, op. cit., t. 1, p. 204); 7. 1803 industr. text. (Boiste); 8. 1813 mus. (Gattel). Part. passé subst. de rentrer1*. Fréq. abs. littér.: 720. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 647, b) 1 262; xxes.: a) 1 357, b) 1 016. |