| RENOUVELER, verbe trans. A. − 1. Remplacer (une chose consommée, disparue, usée ou désuète) par une chose de même espèce. Renouveler l'air d'une pièce, l'eau d'un vase; renouveler des provisions, des ressources, son linge, son outillage, un pansement. Les dimanches et jours de fête, Sauviat portait une redingote de drap marron si bien soignée, qu'il ne la renouvela que deux fois en vingt ans (Balzac,Curé vill., 1839, p. 7).Il arrangea le feu, renouvela le bois qui se consumait vite (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 312). ♦ [Le compl. désigne des consommations] Renouveler des apéritifs. Renouveler + compl. de destinationSynon. plus cour. remettez-nous ça.Père Michel, deux verres de plus [pour les deux arrivants], renouvelez-nous ça à nous autres (Poulot,Sublime, 1870, p. 163).[P. ell. du compl.] Ces messieurs ne renouvellent pas? demanda le père Colombe de sa voix grasse. − Si, redoublez-nous ça, dit Lantier. C'est mon tour (Zola,Assommoir, 1877, p. 622). ♦ En partic. [Le compl. d'obj. désigne une production végétale] L'arbre immense étend ses rameaux. Toujours sa tige renouvelle Des fruits que j'arrache toujours (Béranger,Chans., t. 2, 1829, p. 208).Blidah! Blidah! Petite rose! Au début de l'hiver, je t'avais méconnue. Ton bois sacré n'avait de feuilles que celles qu'un printemps ne renouvelle pas (Gide,Nourr. terr., 1897, p. 180).P. méton. Qu'avril renouvelle le jardin en fleur! (Hugo,Ruy Blas, 1838, ii, 1, p. 372).[Le compl. désigne une pers.] Remplacer quelqu'un dans une fonction, une tâche. Chauvel avait en horreur le Directoire (...) à cause du pouvoir qu'il s'était fait donner de nommer et renouveler les juges, les maires, les magistrats de toutes sortes (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 443). − Empl. pronom. Être remplacé par d'autres. À sept ans les dents se renouvellent (Senancour,Obermann, t. 2, 1840, p. 12).Bauge (...) à l'ombre de sapins qui l'abritent de la neige ou de la pluie, sous lesquels se renouvelle une jonchée d'aiguilles sèches (Pesquidoux,Chez nous, 1923, p. 5). ♦ [Le suj. désigne des pers.] Avant d'avoir la visite des Prussiens, nous avons celle des pauvres, par bandes de 10 à 30 hommes, qui se renouvellent toute la journée (Flaub.,Corresp., 1870, p. 155).Un petit couvent où toutes les religieuses sont vieilles et ne se renouvellent pas (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 318). − Empl. intrans. Même sens. C'est quand dans les bois épaissis La feuille renouvelle (Moréas,Pèlerin pass., 1891, p. 17). 2. Remplacer les éléments dégradés ou défectueux d'un ensemble pour lui faire retrouver ses qualités d'origine, le remettre à neuf ou l'améliorer. Renouveler un troupeau. Donne ton bal, renouvelle ton appartement, fais dix mille francs de dépense, c'est inutile, ce n'est pas ruineux (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 24).La Hollande n'est qu'un pâturage, culture naturelle qui, au lieu d'épuiser le sol, le renouvelle (Taine,Philos. art, t. 1, 1865, p. 256).V. bélier ex. 1. − En partic. ♦ [ Le compl. d'obj. désigne un organisme, un tissu] [La graisse est] en quelque sorte un magasin de substance nutritive, propre à être repompée et portée dans le sang pour le renouveler (Cuvier,Anat. comp., t. 2, 1805, p. 578).Empl. pronom. On enseigne que le corps humain se renouvelle tout entier, jusqu'à la dernière cellule, en une dizaine d'années (Bernanos,Crime, 1935, p. 786).Le sang se renouvelle sans trêve; les globules rouges n'y vivent guère plus d'un mois (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 116).V. épithélial ex. de Cl. Bernard. ♦ [Le compl. d'obj. désigne un groupe] Remplacer par d'autres des personnes, des membres appartenant à ce groupe. Renouveler la Chambre au moins par cinquième (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 174).Il fallait renouveler les comités, épurer la convention! (A. France,Dieux ont soif, 1912, p. 279). B. − 1. Modifier les caractéristiques de quelque chose, donner un aspect différent, nouveau, neuf à quelque chose. [Le suj. désigne une pers.] Quelques marchands essaient de renouveler leur devanture au goût du jour (Arland,Ordre, 1929, p. 24).[Le suj. désigne l'élément nouveau] Une barbe blond fauve, avec des coulées jaune serin renouvelait son visage (MalègueAugustin, t. 1, 1933, p. 183).V. girondin A 2. − Empl. pronom. Le pays change à chaque regard, et toujours il se renouvelle aussi beau en se variant (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 385).Ma chambre me redevenait réelle et chère, se renouvelait, car j'en regardais et en appréciais chaque meuble avec les yeux d'Albertine (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 926). 2. [Le plus souvent avec connotation méliorative] a) [Le compl. d'obj. désigne une pers., un attribut, une caractéristique de la pers. ou une collectivité] Changer quelque chose dans la nature, le comportement intellectuel, moral de quelqu'un.
α) [Le suj. désigne une chose ou un fait qui apporte du neuf] On sentait que cette tête-là était close, qu'il n'y circulait point d'idées, de ces idées qui renouvellent et assainissent un esprit (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Confess. femme, 1882, p. 800).Pour inventer, l'esprit a besoin d'excitant. Le danger, les voyages, l'amour, la surprise, renouvellent l'imagination (Chardonne,Claire, 1931, p. 142).Ce grand voyage d'Orient qui renouvelle Flaubert (Thibaudet,Hist. litt. fr., 1936, p. 336). ♦ Empl. abs. J'aime assez de temps en temps ces parties qui me tirent de chez moi: cela dissipe et renouvelle (Delacroix,Journal, 1854, p. 205). ♦ Empl. pronom. Le style d'un écrivain doit, à chaque instant, se renouveler. Il ne doit être limité par aucune règle (J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p. 63). − Domaine relig.Le baptême, la grâce renouvelle l'homme. L'Évangile, sous tous les rapports, a changé les hommes; il leur a fait faire un pas immense vers la perfection. Considérez-le comme une grande pensée religieuse, qui a renouvelé la race humaine (Chateaubr.,Génie, t. 3, 1803, p. 593).
β) [Le suj. désigne une pers., le compl. d'obj. désigne gén. ce qui lui est propre] Après avoir passé une grande partie de sa vie à accoutumer le public à son génie, il est très difficile à l'artiste de ne pas se répéter et de renouveler (...) son talent (Delacroix,Journal, 1859, p. 221).Le soir, pour se reposer et renouveler son esprit, il avait besoin de voir des confrères, des amis (Maurois,Disraëli, 1927, p. 49). ♦ Empl. pronom. réfl. Mais, à changer de table, de lampe et de chambre, qu'ai-je acquis? Le soupçon, bientôt la certitude, que tous les pays vont se ressembler, si je ne trouve le secret de les renouveler, en me renouvelant moi (Colette,Entrave, 1913, p. 1).On reproche souvent à un auteur de ne pas se renouveler. Je crois au contraire que son premier devoir est de rester lui-même, d'accepter ses limites. L'effort de renouvellement doit porter sur le mode d'expression (Mauriac,Journal 3, 1940, p. 257). ♦ Empl. pronom. réfl. ou réciproque indir. J'avais bien besoin de ce voyage pour me renouveler les idées (Balzac,Corresp., 1835, p. 675).À Paris, les deux sœurs vécurent ensemble affectueusement (...). Elles se délassaient et se renouvelaient mutuellement l'esprit (A. France,Génie lat., 1909, p. 272). − Domaine relig.Dieu, notre sauveur... nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisons, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 496). b) [Le compl. d'obj. désigne une manifestation, une production humaine] Donner un aspect neuf, original à quelque chose. Renouveler une question, un sujet; renouveler la connaissance de qqc.
α) [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Les amants, le père, l'avare, tous les grands types peuvent donc toujours être renouvelés (...) et c'est justement la marque propre (...) des vrais génies que d'inventer en dehors de la convention (Taine,Philos. art, t. 2, 1865, p. 226).Leur maladie volontaire [des Goncourt], dernier effort du raffinement esthétique, leur a permis de créer un roman très nouveau et de renouveler aussi d'une façon saisissante (...) [la] prose française (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 157). ♦ Empl. pronom. Le poète n'a pas qu'à rêver; il doit observer. J'ai la conviction que par là la poésie doit se renouveler. Elle demande une transformation analogue à celle qui s'est produite dans le roman (Renard,Journal, 1888, p. 16).
β) [Le suj. désigne une chose] Cette philosophie et (...) cette physique qui renversait et renouvelait toutes les idées des choses. L'idée d'automates surtout, appliquée aux bêtes, réussissait et faisait fureur (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 5, 1859, p. 195).Les juges les plus autorisés s'accordaient à déclarer qu'une telle interprétation renouvelait entièrement le rôle de Phèdre (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 480). C. − Faire renaître. 1. a) Faire que quelque chose reparaisse, se manifeste de nouveau dans toute sa force, sa fraîcheur. Synon. raviver, réactiver, réveiller.Renouveler une émotion, une sensation, un chagrin, une déception, le désespoir, le désir, la peine, les regrets, les remords, les soupçons; renouveler l'énergie, la vigueur, la vie du corps. Le son de la cloche de Ruel vint tout à coup frapper mon oreille, et renouvela toutes les impressions de ma jeunesse (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 665).Comme aux amputés, le moindre changement de temps renouvelait mes douleurs dans le membre qui n'existait plus (Proust,Fugit., 1922, p. 491). ♦ Rare. Renouveler + compl. de destination.Chacune de ses grâces me renouvelait le vif sentiment de mon bonheur d'avant-hier (Michelet,Journal, 1860, p. 528). ♦ Empl. pronom. Il fait tout cela sans fatigue, sans brisement, avec une force, une vitalité, une énergie qui se renouvellent sans cesse (Goncourt,Journal, 1878, p. 1253).[Juin] épuisait son éclat dense et chaud durant de longues heures dont l'ardeur, après chaque nuit, se renouvelait (Carco,Équipe, 1919, p. 144). − En partic. ♦ Faire reprendre à quelque chose, à quelqu'un toute sa force, sa vigueur, régénérer. La renaissance de la prospérité générale et l'émancipation d'esprit qui en est la suite, y renouvelaient le christianisme, au lieu de le défaire comme en pays latin (Taine,Philos. art, t. 2, 1865, p. 21).J'y entre [à Bergame] épuisé de fatigue. Mais voilà qu'en gravissant les pentes de la vieille ville, je me sens revivre. La vie italienne me renouvelle (Michelet,Chemins Europe, 1874, p. 432).Empl. pronom. réfl. Rien n'est doux à l'âme comme d'avoir des affections (...) où l'on se plonge pour se renouveler, où le cœur se restaure (Balzac,Corresp., 1835, p. 755). ♦ Empl. pronom. Renaître, reparaître, recommencer un cycle. Tous les ans la nature se renouvelle lorsque le soleil atteint le signe de l'agneau (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p. 581).Je ne puis voir la lune se renouveler sans un charme de mélancolie inexprimable (Chênedollé,Journal, 1810, p. 48). b) Vieilli. Renouveler de.Redoubler de. Bossuet, à cet endroit [du Discours sur l'Histoire universelle], renouvelle de verve et de puissance (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 308). 2. Remettre en vigueur un usage ancien. Synon. reprendre.Afin d'éviter toute dispute entre les sujets des deux rois, on avait renouvelé tous les règlemens de police suivis lors des pourparlers d'Amiens (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 170).[La France] suscita des hommes justes, des chrétiens, pour en former une assemblée souveraine. On vit cette assemblée, renouvelant un usage solennel, vouer la France au cœur de Jésus (A. France,Orme, 1897, p. 148). D. − Faire de nouveau. 1. Recommencer une action; faire, exprimer, etc. de nouveau quelque chose. Synon. refaire, réitérer, répéter.Le lin est le type de la plante épuisante. On ne peut le renouveler sur la même bande qu'à de longs intervalles (Pesquidoux,Chez nous, 1923, p. 247).Le liquide, dont on imbibe un tampon d'ouate, est destiné à nettoyer et à tonifier la peau du visage. Germaine s'en sert une première fois le soir (...). En se levant, elle renouvelle ce nettoyage (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 121). SYNT. Renouveler des efforts, une expérience, un exploit; renouveler des aveux, une déclaration, une demande, une dénégation, une interdiction, une offre, un ordre, une promesse, une proposition, une protestation, une question, une réponse; renouveler un crime, une visite; ordonnance à renouveler. ♦ Renouveler + compl. de destination.Renouveler à qqn une prière, des remerciements, ses adieux, ses meilleurs vœux, l'hommage de ses respectueux sentiments. Je lui ai renouvelé notre inquiétude et notre peine de le voir ainsi renfermé (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 572).Empl. pronom. réfl. À chaque fois qu'il relisait cette lettre, Maximilien se renouvelait à lui-même le serment de rendre Valentine heureuse (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 186). ♦ Renouveler connaissance avec qqn. Reprendre contact, rétablir des relations avec quelqu'un. Synon. renouer (connaissance) avec qqn.Un soir de kermesse, à Sorel, elle avait reconnu une ancienne compagne de classe (...). Aussi désireuse de se montrer au bras d'Amable que de renouveler connaissance avec cette amie de couvent, elle adressa à celle-ci des signes de joie (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 32).Absol. Landry ne demandait pas mieux que de rester dans le voisinage de sa famille et de renouveler avec les gens de la Priche, qui lui convenaient beaucoup (Sand,Pte Fad., 1849, p. 105). ♦ Absol., RELIG. CHRÉT. Renouveler sa profession de foi. La tendresse céleste des messes de Première Communion imprégnait notre vie. Comme ma grand-mère avait quinze petits-enfants, chaque année nous célébrions une de ces cérémonies délicieuses où ceux d'entre nous qui en avaient déjà connu la Grâce « renouvelaient » (Mauriac,Écrits intimes, Commenc. d'une vie, 1932, p. 23). − [Le suj. désigne une chose, un fait] Faire que quelque chose se produise, ait lieu de nouveau. Patata (...) envoyait à la bête des coups de cape dans les jambes, pour la faire trébucher, et ce mort vivant décochait des ruades, ce qui renouvelait les rires (Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 545).Le vent, dans les branches chargées d'eau, renouvelait de brèves averses (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p. 97). − Empl. pronom. Se produire de nouveau. Une circonstance, une occasion, une demande, une discussion, un événement, un phénomène, un tremblement de terre se renouvelle; des chances, des scènes se renouvellent. Toute la salle partit encore à rire. Le président déclara aussitôt que, si un pareil fait se renouvelait, il n'hésiterait pas à mettre à exécution sa menace de faire évacuer la salle (G. Leroux,Myst. ch. jaune, 1907, p. 129).J'entends qu'une pareille abomination ne se renouvelle pas dans ma maison (Aymé,Cléramb., 1950, ii, 10, p. 125). 2. En partic. Reconnaître de nouveau, prolonger la validité d'une convention, d'un contrat, de ce qui arrive à expiration. Synon. proroger, reconduire.Renouveler un abonnement, un bail, un contrat, un crédit, un effet de commerce, un traité; renouveler les pouvoirs de qqn. À force d'acheter, de ne pas payer, d'emprunter, de souscrire des billets, puis de renouveler ces billets, qui s'enflaient à chaque échéance nouvelle, elle avait fini par préparer au sieur Lheureux un capital (Flaub.,MmeBovary, t. 2, 1857, p. 145).Ayant eu (...) à m'occuper de faire renouveler ses passeports, j'eus l'occasion de constater que mon amie aurait pu être ma mère, voire ma grand'mère (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 372). 3. P. ext. a) Rappeler, reproduire un fait connu, en sembler la réplique. Synon. réitérer, répéter.Si nous avions eu encore un poste à faire, nous aurions renouvelé les horreurs du radeau de la Méduse (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 8): Chaque artiste se saisira à son tour de l'univers (...) il nous le présentera, en apparence, plus ou moins intact; en réalité, vidé de sa substance à laquelle le peintre a substitué la sienne. Renouvelant le cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, la nature sent, dans son corps, naître une âme nouvelle, s'insinuer une personnalité étrangère...
Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 92. − Empl. pronom. passif. Son élève et son pupille provoque aujourd'hui Origène-La-Massue, Arlantol et Barba. Nous verrons peut-être se renouveler le triomphe d'Horace contre les trois Curiaces! (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 161). b) Renouveler qqn.Rappeler quelqu'un par sa conduite. Je n'y serais point entré [à Londres] en conquérant, mais en libérateur; j'aurais renouvelé Guillaume III, mais avec plus de générosité et de désintéressement (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 393).Élevé par des maîtres qui renouvelaient ceux de Port-Royal, moins l'hérésie, mais aussi moins le talent (Renan,Souv. enf., 1883, p. 132). REM. Renouvelant, -ante, adj. et subst.a) Adj. Qui renouvelle, apporte du neuf. Sainte-Palaye, initié par la lecture de Froissart à l'amour de notre vieille poésie, fut possédé d'une véritable passion du moyen âge français (...) il eut comme une vision anticipée de tout ce qu'il renfermait de riche et de renouvelant (Sainte-Beuve,Prem. lundis, t. 3, 1858, p. 103).b) Subst. Enfant qui renouvelle sa profession de foi. À l'ignorance quasiment céleste du premier communiant, à l'encore en quelque sorte inconscience du mauvais « renouvelant », devait succéder (...) cette sensualité ridicule (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 72).Les pauvres petits communiants sont à peine dix, dont un bon tiers de renouvelants (Bloy,Journal, 1900, p. 396). Prononc. et Orth.: [ʀ
ənuvle], (il) renouvelle [-vεl]. Ac. 1694, 1718: -veller; dep. 1740: -veler. Conjug. v. jeter. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) ca 1100 « faire de nouveau, recommencer » ici « répéter » (Roland, éd. J. Bédier, 3300); b) 1776 spéc. renouveller connaissance (Restif de La Bret., Le Paysan perverti, t. 2, p. 40); 1849 absol. renouveler avec « reprendre les relations avec » (Sand, Pte Fad., p. 105); c) 1900 renouvelant « enfant qui renouvelle sa communion solennelle » (Bloy, Journal, p. 396); 1914 absol. renouveler (Mauriac, Robe prétexte, p. 24); 2. 1remoit. xiies. « faire renaître, donner une vigueur nouvelle à » (Psautier Cambridge, 102, 5 ds T.-L.); 3. 1erquart xiiies. « rendre nouveau en substituant à une chose, une autre de même espèce » (Reclus de Molliens, Charité, 229, 8, ibid.); 4. 1erquart xiiies. « remettre à neuf, donner un aspect nouveau à » (Id., Miserere, 86, 8, ibid.); 1800 renouvelé des Grecs (Bonald, Essai analyt., p. 229); 5. a) 1306 « remettre en vigueur, confirmer, proroger » (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 357); b) 1837 absol. « reporter une échéance ou renouveler un effet » (Balzac, C. Birotteau, p. 307). B. Intrans. 1. 1119 « changer, être modifié » (Philippe de Thaon, Comput, 2370 ds T.-L.); 2. a) ca 1170 « renaître, reprendre vigueur » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 325); b) 1655 renouveler de jambes « recommencer à marcher avec de nouvelles forces » (R. de Salnove, La Vénerie royale, p. 232); 1765 renouveler de « redoubler de » (Caylus,
Œuvres badines, V, 66). C. Pronom. 1. 1erquart. xiiies. « se transformer, changer » (Reclus de Molliens, Miserere, 253, 8 ds T.-L.); 2. a) ca 1225 « renaître, reprendre une vie nouvelle » (Gautier de Coincy, Miracles, II Dout 34, 1691, éd. V. Fr. Koenig, t. 4, p. 506); b) fin xives. « se réveiller, reprendre vigueur » (E. Deschamps,
Œuvres, III, 213, 2 ds T.-L.); c) 1684 « recommencer, avoir lieu à nouveau » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, t. 7, p. 323); d) 1860 (d'un auteur, d'un créateur) « faire des choses nouvelles, trouver une nouvelle inspiration » (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 1, p. 69); 3. 1746 « se succéder, être remplacé » (Condillac, Essai Or. Con., 1, p. 127). Dér. de l'anc. forme novel, nouvel de nouveau*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 2 921. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 770, b) 3 913; xxes.: a) 3 477, b) 3 309. Bbg. Brademann (K.). Die Bezeichnungen für den Begriff des « Erinnerns » im Alt- und Mittelfranzösischen. Tübingen, 1979, pp. 291-292. − Picoche (J.). Les Degrés de l'altérité et le signifié de puissance de qq. verbes exprimant l'idée de « faire devenir autre ». Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1980, t. 18, n o1, pp. 168-169. |