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RECONQUÊTE, subst. fém.
A. −
1. Domaine milit.[Corresp. à reconquérir A 1] Action de reconquérir; p. méton., résultat de cette action, nouvelle conquête. Reconquête d'un pays, d'un territoire; guerre de reconquête. On cite toujours l'Alsace, (me dit-il), mais la Lorraine! ça, monsieur, il n'y a pas d'argent pour le payer; c'est inestimable, ce coin de terre. Comme il est heureux de la reconquête, fier de sa fidélité! (Barrès, Cahiers, t. 14, 1923, p. 250).
HIST. [Le plus souvent avec une majuscule] La Reconquête. Reprise par les chrétiens sur les musulmans des territoires que les Arabes occupaient en Espagne. Ce qui m'excite (...) l'esprit, c'est de voir dans Tolède des ouvrages construits, après la reconquête, par les catholiques, sur un plan où l'on reconnaît une pensée arabe (Barrès, Greco, 1911, p. 86).
2. P. anal. [Corresp. à reconquérir A 2] Action de s'assurer à nouveau la maîtrise de quelque chose. Ce relèvement de la densité moyenne [de la bière] tient à plusieurs causes: − les autorisations de 1948; − la reconquête par la brasserie du marché intérieur (Industr. fr. brass., 1955, p. 20):
La plupart des opérations de rénovation urbaine entreprises jusqu'ici ont tendu à faire disparaître les taudis et îlots insalubres. À cette volonté de reconquête des îlots insalubres s'est ajoutée la préoccupation plus récente de sauvegarder et restaurer des quartiers présentant un intérêt historique et architectural Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 356.
B. − Au fig.
1. [Corresp. à reconquérir B 1] Action de retrouver, de regagner, au prix d'un effort, d'une lutte, ce qu'on avait perdu; p. méton., résultat de cette action. Reconquête de la foi. Il eut le regret de l'âme chrétienne: sans pouvoir, sans vouloir la reconquérir, parce que cette reconquête l'eût mis entre les mains d'une Église qui fut l'appui des ennemis de sa classe (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 148).Même en ses pauvres moments calmes, son frère désirait surtout la reconquête purement utilitaire d'un équilibre moral perdu (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 403).
2. [Corresp. à reconquérir B 2] Action de regagner la sympathie, l'affection de quelqu'un. Et Philippe a joué un rôle important dans cette reconquête du public européen (Larbaud, Vice impuni, 1941, p. 241).
Prononc.: [ʀ əkɔ ̃kεt]. Étymol. et Hist. a) Av. 1559 la reconqueste du duché de Milan (Martin du Bellay, Mém., I, éd. V. L. Bourrilly et F. Vindry, t. 1, p. 39); b) 1908 hist. désigne la reprise sur les Maures des terres espagnoles perdues par les chrétiens (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., p. 356). Fém. du subst. m. fr. reconquest (1remoit. xves. le reconquest d'Uzès, Froissart, Chron., I, éd. S. Luce, t. 8, 2, p. 274, leçon du ms. d'Amiens, fol. 175 r o) déverbal de reconquester (ca 1275, Adenet le Roi, Bueve de Commarchis, éd. A. Henry, 1893), dér. de conquester « conquérir » (1160-74, Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 4394), lui-même dér. de conquêt*; b représente le calque de l'esp. Reconquista. Fréq. abs. littér.: 37.