| RÉVOLTE, subst. fém. A. − 1. Action de (se) révolter; soulèvement, mouvement collectif de rébellion contre une autorité établie (gouvernement, ordre social, institutions). Révolte générale, ouverte, sourde; la révolte éclate. Malgré tout le mal que lui faisaient les Flamands, il fallait que le Duc dissimulât, et les traitât avec de grands égards. Ce n'était pas le moment de recommencer les révoltes de Gand (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 232).Bientôt le prolétariat se révoltera. Et sa révolte sera nécessairement victorieuse, car il devient sans cesse plus nombreux (Lacroix,Marxisme, existent., personn.,1949, p. 22). ♦ Lever, brandir l'étendard de la révolte. Encourager la révolte; en donner le départ. Je pars à l'instant pour Césarée (...) on dit que le prince qui la défend est disposé à nous seconder (...) déjà au Caire il a levé l'étendard de la révolte contre Saladin (Cottin,Mathilde, t. 2, 1805, p. 64). − P. métaph. Les révoltes du vaisseau tirant l'ancre (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 114).Marcel (...) en mangeait héroïquement tous les soirs, quoiqu'il eût fini par avoir ce plat en horreur. Les révoltes de son estomac achevèrent de le décider (Verne,500 millions,1879, p. 116). 2. Refus d'obéir à quelqu'un, d'accepter son autorité. Geste, mouvement de révolte. Chez ce fils respectueux, courbé jusqu'alors par la crainte, la révolte débordait, longtemps étouffée (Zola,Rêve,1888, p. 185). B. − Domaine métaphys., mor. 1. Agitation intérieure traduisant une opposition violente, un refus d'accepter quelque chose qui heurte ou blesse les sentiments profonds de l'individu. Accès, sentiment de révolte; esprit de révolte; révolte de la chair, de l'instinct. Elle venait d'étouffer, par un effort immense, la révolte de son cœur (Bernanos,Joie,1929, p. 593).V. chair ex. 29, demander ex. 4. 2. Refus d'accepter un événement, une situation, quelque chose d'inévitable, d'inéluctable. Une docilité et ensemble une révolte constante à l'événement (Péguy,Notre jeun.,1910, p. 116). 3. Absol. Il faut une noire servitude pour arriver à détourner l'homme de bien faire ce qu'il fait. Paresse n'est peut-être jamais que révolte diffuse (Alain,Propos,1923, p. 463): C'est au dieu personnel que la révolte peut demander personnellement des comptes. Dès qu'il règne, elle se dresse (...) et prononce le non définitif. Avec Caïn, la première révolte coïncide avec le premier crime. L'histoire de la révolte, telle que nous la vivons aujourd'hui, est bien plus celle des enfants de Caïn que des disciples de Prométhée.
Camus,Homme rév.,1951, p. 50. − En révolte.En état de révolte. Synon. révolté.Il semble que l'artiste [Raphaël dans son Saint Michel] ait voulu figurer l'éternelle beauté repoussant dans l'abîme la laideur en révolte contre l'harmonie suprême (Gautier,Guide Louvre,1872, p. 31).Voilà donc où peut mener l'hérésie chez un moine [Luther] en révolte... Mais il a dit bien d'autres choses et très belles, et qui auront marqué toute une partie de la chrétienté, témoin sa profession de foi qui est une merveille de simplicité et de grandeur (Green,Journal,1954, p. 307). C. − Domaine esthét., intellectuel.Refus du conformisme, bouleversement des règles établies. Puisque j'ai une fois levé l'étendard de la révolte contre les anciens systèmes historiques, j'irai certainement jusqu'au bout (Gobineau,Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p. 261).[MmeRoland] eut un sursaut de colère, de révolte, choquée du mot (Maupass.,Pierre et Jean,1888, p. 391). Prononc. et Orth.: [ʀevɔlt]. Ac. 1694-1740: re-; dep. 1762: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1501 « action de se révolter contre l'autorité établie » (Ord. ds J. d'Auton, Chron., éd. Maulde la Clavière, t. 2, p. 76); 2. 1642 p. ext. « réaction violente, affective ou spirituelle » révolte des sens (Corneille, Polyeucte, I, 4, éd. P. Michel, p. 49); 1656 (Id., Imit. de Jésus-Christ, L. III, chap. 12 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 8, p. 324: Tu sens une révolte en ton cœur mutiné Contre la patience où tu l'as condamné). Déverbal de révolter*. Fréq. abs. littér.: 2 649. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 928, b) 2 905; xxes.: a) 4 587, b) 5 305. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 406. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], pp. 302-303. |