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RÉPRIMER, verbe trans.
A. − Vieilli. Arrêter l'action, l'effet, le progrès de quelque chose. Neptune irrité, qui gourmande et réprime les vents pour s'être échappés sans son ordre (Sainte-Beuve, Virgile, 1857, p. 226).
MÉD. Réprimer par des calmants l'effervescence du sang (Besch.1845).Il est aussi inutile de lui dire de modérer sa passion, qu'à un homme qui a la fièvre d'en réprimer les ardeurs (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1826).
B. −
1. Qqn réprime qqc.Empêcher une envie, une tendance, un sentiment de se manifester, de s'extérioriser. Synon. contenir, contrôler, dominer, maîtriser.Quelquefois une rougeur subite et légère, qu'elle ne peut réprimer, vient trahir les émotions de cette âme (Stendhal, Amour, 1822, p. 85).Cette colère, je la nie; cette envie, je la réprime à coups de botte. Cette mélancolie, je ne l'entends même pas qui gémit comme le chien à la fente d'une porte; ce désespoir, je lui dis: couche-toi et dors (Alain, Propos, 1913, p. 158).
SYNT. Réprimer un bâillement, un cri, un éclat de rire, un geste, une grimace, un sanglot; réprimer sa colère, son désir, ses humeurs, son impatience, ses larmes, son orgueil, ses passions, sa peur, sa rage, une tentation.
2. Qqn réprime qqn.Exercer une contrainte vis-à-vis de quelqu'un. Nous refusons à chaque instant d'écouter l'ingénu que nous portons en nous. Nous réprimons l'enfant qui nous demeure et qui veut toujours voir pour la première fois (Valéry, Variété V, 1944, p. 16).
Empl. pronom. réfl. S'imposer un frein. Synon. se dominer, se maîtriser.Pourquoi, dites-vous, cet homme si puissant de volonté n'a-t-il pas employé sa force à se réprimer? (Sand, Lélia, 1833, p. 28):
Avec tout ce noir qu'on broie en son cerveau composer de la candeur, vouloir dévorer ceux qui vous vénèrent, être caressant, se retenir, se réprimer, toujours être sur le qui-vive, se guetter sans cesse, donner bonne mine à son crime latent... Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 212.
C. − [Le compl. désigne qqn ou qqc. qui oppose une résistance, occasionne des troubles] Exercer des contraintes graves, coercitives, et/ou des actions violentes qui visent à réduire, à anéantir. Synon. châtier, punir, sévir contre.
Réprimer qqn.Réprimer les brigands, les factieux. La police y est bien faite, les malfaiteurs y sont réprimés; on les surveille, on les arrête, et ils sont traduits dans les prisons de Luz (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 150).Leur premier mouvement est de haïr et de réprimer l'audacieux, et (...) ils attendaient tous avec cette curiosité pleine d'angoisse que M. Catani rétablît l'ordre, exécutât ce fou périlleux (Bernanos, Imposture, 1927, p. 407).[P. méton.] Réprimer un pays. C'était une grosse fourniture d'armes au czar en train de réprimer la Pologne (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 234).
Réprimer qqc. (de qqn).Réprimer un complot, les émeutes, la révolte, la sédition. On ne peut pas dire combien de luttes il eut à soutenir, combien de soulèvements, il dut réprimer par l'adresse ou par la force (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 311).Il fallait, coûte que coûte, réprimer impitoyablement l'insurrection des troupes avant qu'elle ne gagne toute l'armée! (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 811).
DR. Réprimer le brigandage, la contrebande, le crime, les délits, les infractions. Les chambres ont dû voter, en 1888, une loi destinée à réprimer la fraude des engrais (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 191).Tous ces crimes sont, de plus, frappés de peines très sévères: pour la plupart, c'est la mort. Ils sont déjà moins nombreux dans le droit athénien, qui ne réprime plus que la pédérastie salariée, le proxénétisme (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 131).
REM. 1.
Réprimant, -ante, part. prés. en empl. adj.,vx. Qui réprime; qui est capable de réprimer; qui a pour but de réprimer. Synon. répressif.Force réprimante; motif réprimant (Ac. 1835, 1878). On n'arrache jamais par des lois réprimantes qu'une obéissance trompeuse et dégradée (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 357).
2.
Réprimable, adj.Qui doit ou peut être réprimé. C'est une licence, un abus réprimable (Ac.).
Prononc. et Orth.: [ʀepʀime], (il) réprime [-pʀim]. Ac. 1694, 1718: reprimer; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xiiies. « contenir (ce qui est excessif) » (De Arte venandi Emp. Fréd. 2, 18 ds T.-L.); 1314 méd. « diminuer la sensibilité » (Henri de Mondeville, Chirurgie, 275, p. 81, ibid.); b) xives. [ms.] « contenir, empêcher le développement de (p. ex. en parlant d'une passion violente) » (Bersuire, Tite-Live, ms. B.N. 20312 ter, f o18 v ods Littré); 1370-72 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 150); 2. xives. [ms.] « empêcher qu'un mouvement de désordre, de révolte ne prenne cours » (Bersuire, op. cit., ms. Ste-Gen., f o67 d ds Gdf. Compl.). Empr. au lat.reprimere « faire reculer, refouler ». Cf. a. prov. repremer (xiiie-xves. ds Levy Prov.). Fréq. abs. littér.: 816. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 548, b) 729; xxes.: a) 1 017, b) 1 143.