| RÉNOVATION, subst. fém. A. − Reconstitution de quelque chose dans son état initial par remplacement d'éléments. Synon. régénération.La première loi de végétalité, base nécessaire de toutes les études vitales, sans excepter le cas humain, consiste dans la rénovation matérielle à laquelle est constamment assujetti tout être vivant (Comte, Catéch. posit., 1852, p. 131): Quand l'organisme saigné a échappé à la mort qui le menaçait, il va entrer dans une phase dite de rénovation sanguine, au cours de laquelle il lui faudra reconstruire les élements de son sang: régénération des protéines et aussi et surtout régénération des hématies et de l'hémoglobine.
L. Binet, Les Défenses de l'organisme, 1961, p. 93. B. − Fait de renaître, de reparaître. Nos prédécesseurs du moyen âge savaient que lors de la rénovation universelle, il y aura sept dons du corps et sept dons de l'âme (Barrès, Cahiers, t. 7, 1909, p. 324).V. fataliste ex. 1. − En partic. ♦ Fait de reprendre ses forces, son énergie. Le sentiment d'une identique impossibilité de ses désirs le poignit deux ou trois secondes. Mais il était fou! Rien n'avait changé (...). Il plongea son front dans la cuvette, sentit comme toujours la rénovation glaciale et fit de nouveau face à la vie (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 321). ♦ Remise en usage, en honneur. Il semble indispensable d'associer le développement des activités athlétiques modernes à la rénovation des jeux olympiques où le stade d'athlétisme constitue (...) le centre d'intérêt essentiel (Jeux et sports, 1967, p. 1234). C. − RELIG. Action de réaffirmer. ♦ Rénovation des promesses de baptême. Prise en compte personnelle et réfléchie, lors de la Communion solennelle, par les enfants ayant achevé leur formation chrétienne, des promesses de baptême prononcées jadis pour eux par leurs parrains. Réaffirmation des engagements de baptême, chaque année à Pâques (d'apr. Foi t. 1 1968). ♦ Rénovation des vœux. Fait de prononcer de nouveau solennellement ses vœux dans les Instituts religieux où les vœux ne sont émis que pour un temps (d'apr. Foi t. 1 1968). D. − Transformation, amélioration. 1. Dans le domaine des arts, des sc., dans le domaine soc.Synon. renouvellement.Rénovation de l'art, de la peinture, du roman; rénovation artistique, technique, militaire; rénovation des idées, des méthodes, d'une doctrine; rénovation intellectuelle, mentale; rénovation des mœurs; rénovation d'un pays, d'une société. Il montrait à Christophe le magnifique mouvement de rénovation catholique, tenté pendant vingt-cinq ans, l'effort brûlant de la pensée chrétienne en France pour épouser la raison, la liberté, la vie (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 955).Comment pourrait-on concevoir un pareil effort de rénovation, spirituelle, sociale, morale, autant que politique, dans la division de nos deux peuples [français et anglais]? (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 571). ♦ Rénovation + compl. indiquant le moyen, l'agent.Après avoir cru d'abord à la rénovation du peuple par l'élite, après avoir fondé des universités populaires (...) ils avaient constaté l'échec de leurs efforts (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1266).Après la guerre, l'Alsace reconquise, son espoir [de Barrès] d'une rénovation de la France par la discipline se transforma en un optimisme total (Blanche, Modèles, 1928, p. 74). − HIST. Rénovation des terriers. Remise à jour des terriers au xviiies. Le savant feudiste Edme de Fréminville (...) trente ans avant la révolution française, s'avisa d'écrire un gros livre sur les droits féodaux et sur la rénovation des terriers (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 162).La rationalisation poursuivie dans tous les domaines de la vie par les hommes de la deuxième moitié du XVIIIesiècle a aussi affecté les modes de gestion des terres. La rénovation des terriers est durement ressentie par le monde paysan (Encyclop. univ.t. 11968, pp. 1017-1018). 2. [À propos d'un individu] Quand le petit négociant venu de province à Paris retourne de Paris en province, il y rapporte toujours quelques idées; puis il les perd dans les habitudes de province où il s'enfonce, et où ses velléités de rénovation s'abîment (Balzac, Pierrette, 1840, p. 28). ♦ Rénovation + compl. indiquant le moyen, l'agent.[Mmede Tècle] croyait qu'une des missions réservées aux femmes dans notre état social était la rénovation morale de leur mari par (...) les douces religions du foyer (Feuillet, Camors, 1867, pp. 201-202).Je renonçai à mes recherches sur le goudron pour étudier à nouveau le spath-fluor, associé pour moi au souvenir de ma rénovation par le milieu américain (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 39). − RELIG. Rénovation de l'homme par la grâce. La charité (...) a pris naissance dans Jésus-Christ; c'est la vertu qui le distingua principalement du reste des mortels, et qui fut en lui le sceau de la rénovation de la nature humaine (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 504). E. − Remise en état, remise à neuf. La rénovation des bâtiments de la Bibliothèque Nationale a commencé en 1932 (Cain, Transform. B.N., 1959, p. 1).À partir du XVIesiècle, la rénovation routière entreprise par les pouvoirs publics rendit de nouveau possible l'usage des véhicules à roues (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 171). ♦ Rénovation (urbaine). [S'oppose parfois à réhabilitation] ,,Opération d'urbanisme tendant à moderniser et à remodeler les quartiers anciens insalubres, ou ne répondant plus aux normes actuelles d'occupation des sols`` (Jur. 1981). À Bagnols-sur-Cèze (...) la rénovation de la cité ancienne accompagne la construction d'un quartier nouveau (Gds ensembles habit., 1963, p. 4). ♦ Rénovation (forestière). ,,Méthode de sylviculture qui a pour objet de favoriser le développement de semis dans les taillis-sous-futaie de chênes pauvres et qui permet l'obtention progressive d'une futaie régulière`` (Lar. agric. 1981). Il fallait une grande clairvoyance et un certain courage pour émettre à cette époque [en 1939], le principe même des méthodes dites de rénovation des taillis sous futaie (Forêt fr., 1955, p. 16). Prononc. et Orth.: [ʀenɔvasjɔ
̃]. Ac. 1694-1740: re-; dep. 1762: ré-. Étymol. et Hist. 1. xives. « action de renouveler, de proroger » (Vie des Saints, B.N. 20330, f olimin. ds DG); 2. 1310 « réitération, action de faire à nouveau une chose qui a déjà été accomplie » (Chart. de Phil. le Bel, B.N. 9785, f o143 v o); 3. a) fin xive-déb. xves. « transformation, changement » (E. Deschamps,
Œuvres, III, 29, 13 ds T.-L.); b) fin xves. « rétablissement, reconstruction » (Ancienn. des Juifs, Ars. 5082, f o279d ds Gdf. Compl.); c) 1611 « restauration, remise à neuf » (Cotgr.); d) 1814 spéc. chim. (Nysten); 1856 physiol. (Michelet, Oiseau, p. 29). Empr. au lat.renovatio, -onis, dér. de renovare, v. rénover. Fréq. abs. littér.: 196. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 402. − Sculpt. 1978, p. 666. |