| RÉINTÉGRER, verbe trans. A. − DR., ADMIN. 1. Remettre, rétablir quelqu'un dans la possession, dans la jouissance intégrale d'un bien, d'un état, d'une qualité. Réintégrer qqn dans la nationalité française. Il a été réintégré par arrêt dans cette terre. On l'a réintégré dans la possession, dans la jouissance de ses biens (Ac.). En aucun cas la prescription de la peine ne réintégrera le condamné dans ses droits civils pour l'avenir (Code civil, 1804, art. 32, p. 8). 2. En partic. Rétablir après un congé, une disponibilité, ou après annulation d'une décision de révocation, un fonctionnaire dans son emploi, dans ses fonctions. Il avait été destitué injustement, on vient de le réintégrer dans ses fonctions (...), de le réintégrer (Ac.1835-1935).On me réintégra enfin dans mon ministère d'état (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 83).Adopter à nouveau, reprendre ses fonctions habituelles. En réintégrant son vrai domaine, en devenant le créateur de meubles et d'objets mobiliers (...) le décorateur renonce à son rôle d'amuseur et ambitionne une tâche plus haute, aussi haute que celle de l'architecte (Arts et litt., 1935, p. 84-3). B. − Replacer au même endroit. 1. Rentrer dans, revenir à. Il avait tout à fait l'air, réintégrant ainsi le logis de Monsieur de Meillan, du pigeon volage de la fable, qui a eu tort d'abandonner le nid natal (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p. 179).Réintégrer le domicile conjugal. Revenir, spontanément ou par décision de justice, au domicile conjugal (d'apr. Ac. 1878, 1935). J'ai été condamnée à réintégrer le domicile conjugal (Meilhac, Halévy,Boule, 1875, IV, 7, p. 138).[Dans un cont. métaph.] Il leur semblait, me dirent-ils ensuite, redescendre d'un sommet de béatitude, vers une étroite et sombre vallée, réintégrant cette geôle qu'on est à soi-même, d'où ne pouvoir plus s'échapper (Gide,Thésée, 1946, p. 1440). 2. Vieilli. Réintégrer (qqn) dans les prisons. Remettre en prison (d'apr. Ac. 1798-1878). 3. CHIR. [Le compl. désigne une partie du corps hum.] Le traitement chirurgical se propose de faire disparaître la hernie en réintégrant dans la cavité abdominale l'estomac et en resserrant l'orifice diaphragmatique œsophagien (Quillet Méd.1965, p. 145). 4. Vx. [Le compl. désigne un objet] Faire réintégrer des meubles. ,,Les faire remettre dans le lieu d'où ils avaient été enlevés`` (Ac. 1835, 1878). C. − Au fig. Replacer. C'est au contraire en réintégrant l'évolution des mathématiques dans le développement social que l'on peut parvenir à comprendre comment (...) elles ont acquis peu à peu une ampleur prodigieuse (Gds cour. pensée math., 1948, p. 512).La théorie symboliste (...) est bien près de nous donner une réponse (...), en réintégrant du même coup un vieux langage dans un moderne, en renouant le fil d'une tradition en voie de disparition avec l'une des disciplines les plus actuelles: la psychanalyse (Barbault,De psychanal. à astrol., 1961, p. 27). Prononc. et Orth.: [ʀeε
̃tegʀe], (il) réintègre [-ε:gʀ
̥]. Ac. 1694, 1718: reintegrer; dep. 1740: réintégrer. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. 1. 1352 « rétablir dans son état premier » (Lett., ap. Aug. Thierry, Mon. du Tiers État, IV, 637 ds Gdf. Compl.) − 1660, Oudin Fr.-Esp.; 2. a) 1534 « remettre quelqu'un dans la possession d'une chose dont il a été dépouillé » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. 47); b) 1690 spéc. être réintégré en prison (Fur.); c) 1874 réintégrer son domicile (Verne, Île myst., p. 266). Empr. au lat. médiév.reintegrare « réparer, restaurer » (ixes. ds Latham), du lat. class. redintegrare « recommencer, rétablir, renouveler » (de integrare « réparer, remettre en état », de integer « intact, n'ayant subi aucune atteinte, entier »). Fréq. abs. littér.: 213. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 188, b) 237; xxes.: a) 395, b) 378. DÉR. Réintégrable, adj.[Corresp. à supra A] Qui peut être réintégré. (Ds Lar. encyclop.). − [ʀeε
̃tegʀabl̥]. − 1reattest. 1845 (Besch.); de réintégrer, suff. -able*. BBG. − Quem. DDL t. 7. |