| * Dans l'article "RÉGULIER, -IÈRE,, adj. et subst." RÉGULIER, -IÈRE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − Qui est conforme à la règle ou à une règle. 1. [P. réf. à une prescription d'ordre moral ou pratique] Mener une vie régulière. Le premier Roi de la Maison de Stuart, aussi faible, quoique plus régulier dans ses mœurs que le successeur de Louis XIV, professa constamment la doctrine du pouvoir absolu (Staël,Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 288).Les militaires des bataillons d'infanterie légère qui (...) auront eu une conduite régulière, pourront être libérés (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3810). − Fam. [En parlant de qqn impliqué dans un rapport d'échange avec qqn d'autre] Dont le comportement correspond à l'attente de quelqu'un. Être régulier en affaires. − À quoi pensez-vous? Odette sursauta. − Je... je ne pensais à rien. − Vous n'êtes pas régulière, dit Mathieu. Moi, je vous ai répondu (Sartre,Sursis, 1945, p. 25). a) Dans le domaine admin., jur. ou pol.Synon. en règle, réglementaire.Un gouvernement régulier; opération, situation régulière. L'abrogation du traité ne peut se faire qu'en vertu d'une dénonciation régulière qui doit être autorisée par l'Assemblée Nationale (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 528).Ses principales fonctions [du bureau] sont (...) d'assurer la conduite régulière et ordonnée des débats (Lidderdale,Parlement fr., 1954, p. 114). ♦ Armée, troupes régulières (p. oppos. à des milices, des francs-tireurs...). Forces militaires soumises à des règles strictes, dépendant du pouvoir central et constituant la force armée d'un état. Louis XVI avait une armée régulière (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 576). ♦ Cadre régulier. Individu embarqué comme agent secret de l'État (...), mais n'appartenant pas au cadre régulier de l'armée (Audiberti,Quoat, 1946, 1ertabl., p. 15).En raison de certaines difficultés causées, notamment, par l'absence d'un cadre régulier de médecins, chirurgiens, spécialistes et assistants des hôpitaux dans les services affectés à l'enseignement clinique (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 18). b) Dans le domaine idéol. ou relig. − RELIG. CATH. Clergé régulier. ,,Par opposition au clergé séculier, le clergé régulier désigne, au sens large, les clercs appartenant à un institut religieux; et au sens strict ceux qui font des vœux solennels, vivent en communauté sous une règle, mais se livrent aux activités des clercs en exerçant le ministère sacerdotal et les œuvres de charité spirituelle et corporelle`` (Foi t. 1 1968). ♦ Qui appartient au clergé régulier. Dans cette ville se tenait le Parlement et étaient réunis beaucoup de notables clercs en théologie tant séculiers que réguliers (A. France,J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 214).Les chanoines réguliers de Saint-Victor, voués particulièrement aux études (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 52).Empl. subst. masc. Je suis un régulier (...); mais non pas un capucin, comme l'ont dit ces femmes (...): je suis clerc régulier de l'ordre des Barnabites (A. France,Dieux ont soif, 1912, p. 76). − FR.-MAÇONN. ,,Qui est selon les lois et usages maçonniques`` (Quentin Maçonn. 1825). 2. [P. réf. à une recommandation, à un code, résultant d'une ét. ou de l'expérience et applicables dans un domaine donné] − LING. ,,On qualifie de régulière toute forme linguistique conforme au paradigme (de déclinaison, de conjugaison, de statut de phrase, etc.) considéré comme fondamental`` (Ling. 1972). ♦ Verbe régulier. Verbe qui suit, pour la formation de ses modes, temps, nombres, et personnes, les conjugaisons générales. En grec, comme dans toutes les autres langues, les verbes les moins réguliers sont en général les plus usités (Ch. Maquet, F. Flutre, Précis de gramm. gr., 1944, p. 92). − MUS. Une ordonnance périodique et ponctuée de césures régulières, qui est essentiellement celle de la forme sonate, et que l'on pourrait appeler le rythme d'un nouvel âge de l'humanité (Rolland,Beethoven, t. 1, 1937, p. 290). − SPORTS, loc. arg. À la régulière. ,,Se dit d'une épreuve disputée dans le respect des règles`` (Petiot 1982). Un spectateur se précipite vers moi (...): il disait que je n'avais pas gagné à la régulière, parce que je n'avais pas mené autant que son cousin (La Pédale, 12 oct. 1927, p. 14, col. 3). − STYL., VERSIF. Le style [dans Lélia] est correct indépendamment de toutes ses autres qualités: il y a des endroits où je le trouve peut-être trop régulier, mais je lui préférerais quelque abandon et négligence comme une longue robe moins serrée (Sainte-Beuve,Corresp., t. 1, 1833, p. 356).Peut-on même répondre à cette charmeresse qu'elle favorise dangereusement la négligence, quand elle peut si aisément nous remontrer une quantité accablante de vers très mauvais, très faciles et terriblement réguliers? (Valéry,Variété[I], 1924, pp. 64-65).[P. méton.] La révolution du vers libre (...) a fait passer une coupure entre les poètes « réguliers » et les poètes « vers-libristes » (Thibaudet,Hist. litt. fr., 1936, p. 486). 3. [En parlant de phénomènes naturels ou des principes qui les régissent] Qui se répète et dont on peut observer la régularité. L'homme est régi par des lois naturelles, régulières dans leurs cours, conséquentes dans leurs effets, immuables dans leur essence (Volney,Ruines, 1791, p. 39).La grande loi régulière qui enchaîne la mer aux cieux (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 419). B. − Dont la constance, l'uniformité (de rythme, de périodicité, de forme, de mesure) dans le temps ou dans l'espace, constituent une sorte de règle. 1. [En parlant de choses] a) [Du point de vue du temps] Qui se produit périodiquement, à intervalles de temps identiques, selon un rythme uniforme. Circulation régulière; balancement, mouvement régulier; revenus réguliers; rubrique régulière; une croissance, une évolution, une gradation régulière; développement régulier; tic-tac régulier de l'horloge; émissions, opérations faites à intervalles réguliers; cours régulier des saisons. Les recettes ordinaires de l'État sont précisément celles qui d'après leur nature économique comportent une répétition régulière de période en période (Pradelle,Serv. P.T.T. Fr., 1903, p. 120): Dans le système de l'univers, ce qui se passe tous les jours est précisément ce qui mérite le plus d'attention. Rien n'appelle si fortement les regards des hommes véritablement réfléchis, que ce retour régulier des mêmes circonstances et des mêmes phénomènes.
Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 263. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il n'avait vu, autour de lui, que le régulier de la vie. Il avait ouvert peu à peu ses yeux sur des jours aux heures égales et le beau pays doré de soleil (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 21). − MUS. L'imitation est régulière quand les intervalles qui la composent sont exactement semblables à ceux de la partie qui a proposé (...) elle est irrégulière quand cette condition n'existe pas (Dubois,Contrepoint et fugue, 1901, p. 73). − TRANSP. Service, transport, vol régulier. Le rendement d'un appareil moteur de chalutier à vapeur moderne n'est cependant pas aussi bon que celui d'un navire marchand de ligne régulière (Le Masson,Mar., 1951, p. 119). b) [Du point de vue de l'espace] Écriture, pente, structure régulière; ovale régulier; dessins réguliers; façades régulières. Les moellons (...), débités en forme régulière parfaitement équarris à vive arête avec des faces bien dressées (Bourde,Trav. publ., 1928, p. 171). − BOT. ,,On nomme régulières les fleurs dans lesquelles les pièces de même nature qui composent chacun de leurs systèmes organiques sont absolument semblables entre elles et placées sur un plan régulier, à égale distance les unes des autres`` (Littré-Robin 1858). − GÉOM. Polyèdre régulier. ,,Polyèdre inscriptible dans une sphère et dont les faces sont des polygones réguliers convexes isométriques`` (Bouvier-George Math. 1979). Polygone régulier. ,,Polygone inscriptible dont tous les côtés ont même longueur`` (Bouvier-George Math. 1979). L'ensemble des polygones réguliers convexes a le même caractère d'infinitude que la suite naturelle des nombres entiers (E. Borel,Paradoxes de l'infini, 1946, p. 19). − PHYS. L'état amorphe, caractérisé par l'absence de régularité des molécules, l'état cristallin, caractérisé par l'arrangement régulier des molécules (D.C.F.G.1976). c) [Du point de vue de la quantité, de l'intensité] Production régulière. Le Nil est seul entre deux rives identiques, sans un courant, sans un affluent, sans un remous, poussant du fond des siècles sa régulière masse d'eau (Faure,Hist. art, 1909, p. 38).Les cours d'eau à débit régulier (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 1, 1954, p. 10). 2. [En parlant de pers., de ce qui leur est propre] a) [P. réf. au rythme, au mouvement] Démarche régulière; pas régulier; respiration régulière. Dois-je me féliciter des résultats du nouveau calmant de Mazet? Aucun effet sur insomnie. Mais pouls régulier, apaisement nerveux, sensibilité moindre (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 945). b) [En parlant du caractère, du comportement, des habitudes, de l'activité] Assidu, ponctuel, égal. Collaboration, correspondance régulière; une cour, des relations régulière(s); soins réguliers; vie régulière. Je commençais à être las de mon travail régulier au studio (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 199).La présence régulière de l'enfant à toutes les classes de l'année scolaire (Encyclop. éduc., 1960, p. 101).[P. méton.] Clientèle régulière. Régulier d'humeur autant que je l'étais peu, Augustin vivait à mes côtés sans prendre garde à ce qui se passait en moi (Fromentin,Dominique, 1863, p. 53). c) [En parlant de l'aspect physique] Harmonieux, bien proportionné. Traits réguliers; visage régulier. [Véronique] avait les bras charnus des Auvergnates (...), des pieds forts, mais réguliers, et en harmonie avec ses formes (Balzac,Curé vill., 1839, p. 13).Il peut y avoir en Angleterre, en France, en Italie, des femmes d'une beauté plus parfaite, plus régulière [que les Sévillanes], mais assurément il n'y en a pas de plus jolies ni de plus piquantes (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 322). 3. SPORTS. Athlète, joueur régulier. Athlète, joueur dont les performances sont, dans l'année ou d'une année à l'autre, d'un niveau à peu près égal. − P. anal., HIPP. Un cheval est régulier quand il court toujours de la même manière, et que l'on peut parfaitement savoir à quoi s'en tenir sur son compte (Pearson1872). II. − Subst., arg. A. − Subst. masc. 1. ,,Soldat (d'Infanterie de ligne) non bataillonnaire d'Afrique; mot en usage aux Bataillons d'Afrique, 1914-1918`` (Esn., Notes compl. « Poilu », [1919] 1956). 2. Celui qui suit les règles du milieu. On chuchotait qu'il y avait eu une femme dans sa vie, une femme qui l'avait (...) trahi (...), ce qui l'avait rendu « sauvage » comme on dit en argot de traite des blanches d'un trafiquant qui a été marqué par une femme et ne peut plus de ce fait espérer faire jamais partie des « réguliers » (CendrarsBourlinguer, 1948, p. 69). B. − Subst. fém. Épouse ou maîtresse en titre. − Cocu! Cocu! reprit la salle. − Si on ne peut plus s'amuser maintenant, dit un monsieur très convenable. Derrière le moraliste et sa régulière venait un autre couple de même nature (Queneau,Pierrot, 1942, p. 16). REM. 1. Réglo, adj. inv.,arg. Conforme au règlement: des souliers réglo, marins 1917; une cravate réglo, bleue, soldats. 1917 (Esn., Notes compl. « Poilu », [1919] 1956). [En parlant de pers.] Correct dans son comportement. Est-ce que j'ai déjà vu des sœurs qui ne soient pas réglo? (Giono,Gds chemins, 1951, p. 184). 2. Régul, -ule, adj.,arg. Dont le comportement est correct (supra I A 1). [Le candidat député:] je n'vous bav'rai pas sur la rondelle avec des salades à la manque: c'est bon pour les caves, et j'veux être régule (Marcus,Arg. tel qu'on le parle, 1947, p. 7).Le gonze était régul en affaires. Ça oui. Mais sorti de là, il écœurait (Le Breton,Rififi, 1953, p. 131).Subst. masc. Régule. Compagnon attitré (supra II B). La future Reine parut (...) elle zieuta où son régule était planqué (Stollé,Douze récits hist., 1947, p. 2). Prononc. et Orth.: [ʀegylje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: regulier; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. I. 1. a) 1119 chronol. jurz regulers « nombre régulier de jours qui, joint à un chiffre variable, permettait de calculer le jour de la semaine par lequel chaque mois commence » (Philippe de Thaon, Comput, éd. Mall, 2820; reguliers subst., ibid., 195); b) déb. xiiies. « (d'un inanimé) conforme aux règles de la morale » une reiguleir continance a toi meimes (Guillaume de St Thierry, Epistola ad fratres de Monte Dei, éd. V. Honemann, § 108, p. 246); c) 1370 « (id.) qui est soumis aux lois naturelles » les mouvemenz du ciel ... sont toujours d'une maniere et reguliers (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 189, note 4); d) 1660 « conçu selon les règles édictées au xviies. en matière littéraire » pièce ... très régulière pour l'unité du lieu (Corneille, Galerie du Palais, Examen ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, p. 11); d'où 1660 subst. masc. « celui qui est partisan de la stricte observance de ces règles » (Id., ibid., p. 13); 1690 une conjugaison reguliere (Fur.); e) 1676 [éd.] « conforme aux règles juridiques » une procédure régulière (Bouhours, Rem., 547 sq. ds Brunot t. 4, p. 540); f) 1808 « qui se déroule selon un processus normal » (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, p. 251: quand le rhumatisme et la goutte ont un cours régulier); 2. a) 1174-76 « se dit des ordres religieux soumis à une règle, ou de ce qui les concerne » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 579: les regulers [dras] a pris, les seculiers laissiez); 1596 subst. (Hulsius); b) 1671 « (d'une personne) qui se soumet aux devoirs de la morale et de la religion » (La Fontaine, Contes, La vie de Frère Philippe, 509 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 279); c) 1751 milit. troupes régulières (Volt., S. de Louis XIV, 21 ds Rob., s.v. aucun); d) 1922 fam. « qui respecte un certain code de l'honnêteté dans un milieu ou un groupe social » (Voy. ds Esn. 1966). II. 1. a) 1270 « qui se développe dans le temps d'une façon uniforme, constante » (Mahieu Le Vilain, Les Météores d'Aristote, éd. R. Edgren, p. 155, ligne 16: la nue de halo doit estre egal et reguliere); 1803 un travail régulier (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 528); 1859 un cœur calme, régulier en ses battements (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, p. 9); b) ca 1377 « qui présente une disposition, des proportions où l'esprit perçoit une unité, une harmonie » ici géom. figure ... reguliere (Oresme, Ciel, éd. A. D. Menut, fol. 175d, p. 640); 1666-67 beautés régulières (La Fontaine, Contes, 2epartie, Préface ds
Œuvres, éd. citée, t. 4, p. 147); 1671 archit. (Pomey); 1882 écriture ... réguliere (France, Servien, p. 81); c) 1808 « qui se reproduit périodiquement, selon une fréquence constante » ce retour régulier de mêmes circonstances (Cabanis, op. cit., p. 263); 1832 un paiement régulier (Balzac, Corresp., p. 162); 1863 à intervalles réguliers (Flaub., Salammbô, p. 57); d) 1854 « qui a un caractère durable, non occasionnel » un bateau ... fait un service régulier (About, Grèce, p. 174); 2. a) 1658 « qui a une activité marquée par la constance, l'assiduité, la ponctualité » je suis extrêmement régulier à ma parole (La Rochefoucault, Portrait de La Rochefoucault fait par lui-même ds
Œuvres, éd. M. D. L. Gilbert, I, p. 11); b) 1910 « se dit p. oppos. à occasionnel » un locataire régulier (Barrès, Cahiers, t. 8, p. 111); c) 1930 arg. subst. fém. « femme légitime ou maîtresse en titre » (J. Galtier-Boissière, La Vie de garçon, p. 100 ds Cellard-Rey). D'abord sous la forme reguler puis par substitution du suff. -ier régulier (cf. bouclier, sanglier, singulier), empr. au lat. d'époque impériale regularis « qui sert de règle; de canon », dér. de regula, règle*; le sens 1 a est la transcr. d'un sens que regularis n'a développé qu'en lat. médiév. comme terminol. des calendriers: xies. ds Du Cange, s.v. regulares2. L'a. fr. a empl. des formes riuler ca 1119 (Philippe de Thaon, op. cit., 2842), reuler 1225 (Conq. of Ireland, éd. G. H. Orpen, 181), francisées d'apr. ruile, reule, v. règle. Fréq. abs. littér.: 2 815. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 926, b) 4 262; xxes.: a) 4 297, b) 3 752. Bbg. Quem. DDL t. 23 (s.v. réglo et régul). |