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RÉGALER1, verbe trans.
A. − Régaler qqn. Offrir quelque chose à quelqu'un, agir de façon à lui plaire.
1. Vieilli. Offrir à quelqu'un une fête, un divertissement. On s'y amusait tant [au bal], que rien n'arrêtait la compagnie riche et pauvre, qui s'y voyait bien régalée de midi à six heures du soir (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 241).
2. Offrir à quelqu'un un bon repas ou un plat goûté tout particulièrement. Rissoles, blanquette, île flottante; bonne-maman me régalait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 13).
− Régaler qqn de/avec qqc.M. l'aumônier les régala, au nom des maîtres du logis, chacun d'une gaufre (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 110).
− Absol., fam. Offrir à quelqu'un à boire ou à manger. Dites donc, mademoiselle! Encore du fromage, et du pain, et du vin!... N'est-ce pas, camarades, vous allez faire comme moi? Je régale. À votre santé! (Zola, Débâcle, 1892, p. 61).C'est moi qui régale (Queneau, Pierrot, 1942, p. 78).
3. Fam. Donner à quelqu'un du plaisir sexuel. Ils n'avaient pas fait cinquante mètres que retentirent des cris de femme. L'époux régalait l'épouse (La Varende, Tourmente, 1948, p. 56).
4. P. antiphr. Maltraiter quelqu'un. Pas de murmures encore, ou je te régalerai (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 173).
5. Au fig. Offrir à quelqu'un un plaisir esthétique ou intellectuel. De tout cela je ne me rappelle que deux ou trois morceaux de la Flûte enchantée dont nous a régalés MmeManceau (Delacroix, Journal, 1853, p. 8).Primoli nous régale, dans le hall, de projections d'après ses instantanés (Goncourt, Journal, 1895, p. 877).
B. − Empl. pronom. réfl. S'offrir quelque chose, se faire plaisir.
1. Manger des choses que l'on aime tout particulièrement, faire un bon repas. C'est bon! C'est bon! (...) Voilà plus d'un mois que je ne m'étais pas si bien régalé (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 174).
− Se régaler de qqc.Une grande fille blonde (...), juchée sur un mur, et tirant de toutes ses forces une grosse branche d'arbre, se régalait goulûment de petites prunes violettes (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 319).
2. Au fig. Éprouver une vive satisfaction d'ordre esthétique ou intellectuel. Avant Blanchette, je me régale consciencieusement de Poil de carotte (Colette, Cl. Paris, 1901, p. 234).
− Fam. Réaliser une brillante opération financière. Je me suis régalé dans cette affaire (Dupré1972).
REM.
Régalant, -ante, part. prés. en empl. adj.,fam. Amusant, divertissant. Voilà donc résumée la plus grande et la plus glorieuse existence du XIXesiècle [celle de Hugo], après celle de Napoléon. Ce n'est pas très régalant (L. Daudet, Ét. et mil. littér., 1927, p. 183).
Prononc. et Orth.: [ʀegale], (il) régale [-gal]. Homon. et homogr. régaler2. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1611 réfl. « se donner des plaisirs » (Cotgr.); 1636 trans. régaler qqn (Monet: Nous avons été Régalés de viandes exquises, riches presans et musique nompareille). Dér. de régal*; dés. -er.