| RÉGAL, subst. masc. Objet, action qui procure du plaisir. A. − Vieux 1. Grande fête où l'on se divertit en faisant bonne chère. Donner, faire un régal. Mon père haïssait le procurateur Badoër, et il l'a fait empoisonner à un régal de la reine Cornars (Hugo, Angelo, 1835, p. 89). 2. Cadeau, présent. Donner, envoyer un régal. Zerbine [pensait] aux pièces de taffetas, aux colliers d'or et autres régals (Gautier,Fracasse, 1863, p. 131). B. − 1. Plaisir de manger, plaisir de la table. On faisait cuire des oiseaux ou des pommes de terre sous la cendre. Les poires et les pommes sauvages, les prunelles, les mûres de buisson, les racines, tout nous était régal (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 31). ♦ Faire le régal de qqn. Une telle capture [un dauphin] faisait le régal de tous: c'était une véritable fête (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 522). 2. Plat délicieux, mets que l'on a particulièrement plaisir à déguster. Son grand régal était un certain potage, du vermicelle cuit à l'eau, très épais, où il versait la moitié d'une bouteille d'huile (Zola, Assommoir, 1877, p. 609).L'autre tendait des pêches, petites et rousses, vraie caresse pour la main avant d'être un régal pour la bouche (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 80). 3. Bon repas, festin. À la fin d'un petit régal qu'il avait donné à mes instituteurs et à mes camarades (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 70). ♦ Régal de qqc.[Le] signor Arlecchino (...) nous avait tous conviés à un régal de macaronis à l'huile et de polenta à l'ail (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 178).La soirée s'acheva au milieu de régals de sirops, de glaces, de gâteaux (Duranty,Malh. H. Gérard, 1860, p. 336). C. − Au fig. Plaisir d'ordre esthétique ou moral. C'est un vrai régal que ce livre (Flaub., Corresp., 1878, p. 108). ♦ Donner, offrir le régal de qqc. Après l'exposition Henri Rousseau (...) on nous offre le subtil régal d'une exposition Georges Braque (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 159). ♦ Régal de qqn, pour qqn. Régal de l'esthète, du curieux; régal pour l'esprit, pour les yeux. Il y en a plus de deux kilomètres, le pourtour entier de la ville (...). Un souvenir, ou un régal d'archéologue (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 284). Prononc. et Orth.: [ʀegal]. Homon. régale. Ac. 1694: regale; 1718: regal; dep. 1740: régal. Étymol. et Hist. 1. 1310 norm. rigale « festin » (Gervais du Bus, Fauvel, éd. A. Långfors, 3201); ca 1480 rigalle (Myst. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 29109); 1666 au fig. regal « vif plaisir » (Molière, Le Misanthrope, I, 1, éd. R. Bray, p. 11); 2. 1638 régale « cadeau » (J. Chapelain, lettre 30 oct., éd. Tamizey de Larroque, t. 1, p. 312); av. 1655 régal (Cyrano de Bergerac, L'Autre monde, éd. Fr. Lachêvre, p. 223 ds IGLF). Comp. de l'a. et m. fr. gale « réjouissance, divertissement » (dep. ca 1265, Rutebeuf, L'État du monde, 157 ds
Œuvres, éd. E. Faral, et J. Bastin, t. 1, p. 388; déverbal de galer « se divertir », v. galant) et de ri- tiré de rigoler*. V. FEW t. 17, p. 480b et DEAF, s.v. galer. Fréq. abs. littér.: 174. Bbg. Kohlm. 1901, p. 24. − Wind 1928, p. 204. |