| RÉCURER, verbe trans. A. − 1. [Le compl. d'obj. désigne le plus souvent un ustensile ou un équipement de cuisine ou de salle de bains] Nettoyer en frottant (avec un objet rugueux, un abrasif ou un détergent). Synon. briquer (fam.), décrasser, écurer (vieilli).Récurer des casseroles, une poêle, un évier, un lavabo; récurer le carrelage. Le soleil, clair comme un chaudron récuré (Rimbaud, Poés., 1871, p. 93). − Vieilli. Nettoyer en frottant. Le jury (...) avait ce jour-là récuré ses lunettes sur le parement de son habit à palmes vertes (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 180).L'idée de ces bottes mal récurées de la paille de l'étable et traînant sur le pavé noble m'écœurait (Gracq, Syrtes, 1951, p. 72). − Absol. Poudre, tampon à récurer. Elle avait travaillé (...) plus qu'un homme (...) levée avant les autres, faisant la soupe, balayant, récurant, les reins cassés par mille soins (Zola, Terre, 1887, p. 83).V. écurer ex. de Flaubert. 2. Curer complètement, nettoyer à fond. Synon. écurer (vieilli).Récurer un bassin, un canal, un fossé, un puits, une pipe. Empl. pronom. réfl. indir. Se récurer les ongles. Il était environ six heures, l'amiral venait de souper, et se récurait les dents en montant les escaliers du Louvre, entre les deux Réformés (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 240). B. − VITIC. Donner un troisième labour à la vigne. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀekyʀe], (il) récure [ʀeky:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. [ms.] pronom. soi rescurer « se nettoyer en frottant » (Gautier le Leu, La Veuve, 128 ds Rec. gén. de fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 201; cf. éd. C. H. Livingston, p. 275); 1390 trans. rescurer (ds Inventaires mobiliers et extraits des comptes des ducs de Bourgogne, éd. B. et H. Prost, t. 2, p. 564, n o3436), rare jusqu'au xviiies.: 1798 (Ac.); 2. 1534 « redonner un troisième labour à la vigne » (Coutumes du Nivernois ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 1140b), répertorié par Trév. 1721-71, puis repris dep. Boiste 1800. Dér. de écurer*; préf. r-*. Fréq. abs. littér.: 54. DÉR. 1. Récurage, subst. masc.Action de récurer; p. méton. résultat de cette action. a) [Corresp. à supra A 1] Le récurage des casseroles. La vieille table de bois, sur laquelle le notaire a posé l'acte, dans laquelle les récurages successifs ont creusé des petites vallées là où le bois est tendre entre les lignes plus dures où se marquent les années (Gide, Journal, 1912, p. 376).b) [Corresp. à supra A 2] Synon. curage, grattage, raclage.Il a repris, non sans soupirs, geignements et récurages de gorge: − On veut me réduire au désespoir (Duhamel, Combats ombres, 1939, p. 119).− [ʀekyʀa:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. − 1resattest. 1768 métall. (Encyclop., Planches, t. 6, Métallurgie, fer-blanc, p. la), 1886 « action de nettoyer » (Bloy, Désesp., p. 53); de récurer, suff. -age*. 2. Récureur, -euse, subst.Personne qui récure. a) [Corresp. à supra A 1] Synon. vx écureur (rem. 3, s.v. écurer).On croit avoir engagé une récureuse de plats (...) et on a intronisé une ennemie perfide (Arnoux, Solde, 1958, p. 114).En empl. adj. Des mains? Non, des pattes, rouges, gonflées, crevassées, aux ongles noirs, des mains récureuses de plats (Montherl., Célibataires, 1934, p. 841).b) [Corresp. à supra A 2] Synon. cureur.Qu'importe que, le soir, un passant solitaire, Voyant un récureur d'égouts sortir de terre, Dise: Tiens! c'est Troplong! (Hugo, Châtim., 1853, p. 252).− [ʀekyʀ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. 1768 récureuse « femme qui récure le fer-blanc » (Encyclop., Planches, t. 6, Métallurgie, fer-blanc, p. 2a), 1807 (Michel, p. 164: récureur, -euse pour Écureur, euse); de récurer, suff. -eur2*. |