| RÉCLUSION, subst. fém. A. − État d'une personne qui vit enfermée, à l'écart du monde. Réclusion dans un cloître, une forteresse, un monastère; réclusion absolue, complète; vivre en réclusion; tenir qqn en réclusion. Merowig reçut l'ordre (...) de partir pour le monastère de Saint-Calais près du Mans, où il devait se former, dans une complète réclusion, aux règles de la discipline ecclésiastique (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 83): ... ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l'hivernage...
Proust, Swann, 1913, p. 50. ♦ P. métaph. Ils trottinaient (...) dans cet exil sans retour qu'est la sénilité, dans leur double réclusion physique et mentale (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 240). − En partic. [À des fins d'initiation ou de purification] Les jeunes garçons doivent se soumettre à une période de réclusion dans les maisons des pirogues pour se préparer à leur première chasse (Page, Dern. peuples primit., 1941, p. 240).La jeune mère reste confinée à la chambre car, avant de reprendre sa place au village, il convient qu'elle soit purifiée. Sa réclusion dure de cinq à six semaines (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 76). B. − DR. Peine d'emprisonnement. Malgré mes protestations d'innocence, j'ai été condamnée pour espionnage à cinq ans de réclusion, mille francs d'amende et dix ans de limitation de séjour (Affaire Dreyfus, 1900, p. 29). − Réclusion criminelle. ,,Peine afflictive et infamante substituée en 1960 aux travaux forcés et comportant détention dans une maison centrale`` (Barr. 1974). Prononc. et Orth.: [ʀeklyzjɔ
̃]. Ac. 1835, 1878: re- ou ré- (id. ds Littré); Ac. 1935: ré- (id. ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). Reclure, reclus, reclusage mais récluserie, réclusion. V. réviser. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « état d'une personne qui vit dans un lieu de retraite, dans un couvent » (Vie de Saint Remi, 5012 ds T.-L.); 2. 1721 « petite cellule dans laquelle un pénitent se condamne à vivre sans en sortir jamais » (Trév.); 3. 1771 « peine infamante qui consiste à enfermer quelqu'un dans une maison de force » (ibid.). Empr. au lat. médiév.reclusio « réclusion, état de reclus » (année 794 ds Nierm., v. Du Cange), dér. de recludere (v. reclure). Fréq. abs. littér. Réclusion: 157. Reclusion: 24. DÉR. Réclusionnaire, subst.Personne condamnée à la réclusion. Quand il avait gardé un forçat ou un réclusionnaire pendant une demi-heure seulement, il le renvoyait parfaitement amélioré (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 437).− [ʀeklyzjɔnε:ʀ]. Littré: re-; Rob. 1985, Lar. Lang. fr.: ré-. − 1reattest. 1828 (S.E. Description hist. des prisons de Paris, Notice sur Bicêtre, 10 juin, 27-28 ds Quem. DDL t. 31); de réclusion, suff. -aire*. |