| RÉCEPTIF, -IVE, adj. A. − Qui perçoit facilement des impressions, des suggestions ou des agressions; qui est sensible, émotif. Très impressionnable, très réceptive, elle [Jeanne Perraud] représente à merveille les vues et les aspirations religieuses des milieux dévots qui l'entourent (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 577).Elle était si réceptive, si sensible à tout ce qui émanait de lui, que, soudain, sans que Jacques eût dit un mot, (...) elle comprit que (...), pour lui, elle ne comptait pas (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1350). ♦ État réceptif. Jamais je ne m'étais senti moins malade, plus vivant (...) qu'au sein de cette passivité: elle développait en moi un état réceptif qui me faisait accéder à la frange de l'intemporel (Du Bos, Journal, 1928, p. 40). B. − P. méton. Qui témoigne de ce caractère, qui a trait à un tel caractère. Âme réceptive. Les auxiliaires principaux du langage sont les facultés réceptives qui font connaître les corps dont il s'agit de parler (Broussais, Phrénol., leçon 17, 1836, p. 610).Dans telle famille, l'enfant développe une attitude réceptive parce qu'il s'assure la maîtrise de la situation en étant agréable et affectueux (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 162). C. − Qui est particulièrement sensible à l'action d'un agent physique, chimique ou organique. On admet qu'entre nerf et muscle se trouve interposé une substance, dite substance réceptive (Policard, Histol. physiol., 1922, p. 357).Le peu de soleil matinal qui arrive par le portail à l'est n'est ménagé que pour sécher et épurer l'atmosphère intérieure, réceptive de buées, en y plongeant ses faisceaux étincelants (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 144). − MÉD. Qui est prédisposé à contracter des maladies infectieuses ou contagieuses. Sujet réceptif aux microbes. Lorsqu'un microbe passe par un organisme réceptif, il augmente de virulence (Menetrier, Stéveninds Nouv. Traité Méd.fasc. 1 1926, p. 215).On observe des familles réceptives à la turberculose, à l'appendicite, au cancer, aux maladies mentales. D'autres, au contraire, résistent à toutes les maladies (Carrel, L'Homme, 1935, p. 247). D. − Qui est relatif à la capacité d'accueil (en partic. dans l'hôtellerie). Si la capacité réceptive française est encore la plus importante d'Europe, son avance diminue (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 193). REM. Réceptibilité, subst. fém.Aptitude à recevoir une impression. L'essence très relevée du comique absolu en fait l'apanage des artistes supérieurs qui ont en eux la réceptibilité suffisante de toute idée absolue (Baudel., Curios. esthét., 1855, p. 176).Personne n'avait encore été magnétisé in articulo mortis. Restait à savoir (...) si dans un pareil état existait chez le patient une réceptibilité quelconque à l'influx magnétique (Baudel., Hist. extr., 1856, p. 245). Prononc. et Orth.: [ʀesεptif], [-se-], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. a) 1458 être receptif « recevoir » (Arnoul Gréban, Myst. de la Passion, éd. O. Jodogne, 3168); une autre attest. 1610 (Champeynac, Physique, p. 418 ds Gdf.: il faut que toute faculté cogniscitive soit principe effectif et receptif); b) 1818 faculté réceptive (Maine de Biran, Journal, p. 192); c) 1845 (Michelet, Journal, p. 605: Ces prétendus intuitifs, Alexandre, César, Christ, Napoléon ont été très réceptifs, réflexifs). Dér. du lat. receptum, supin de recipere « recevoir », v. ce mot; suff. -if*. Fréq. abs. littér.: 36. |