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RÉÉDUQUER, verbe trans.
A. − Soumettre à une rééducation, à la suite d'une blessure, d'une affection ou d'une infirmité, d'une déficience.
1. [L'obj. désigne une fonction, un membre, un organe] Antoine, pour ménager les transitions, avait remis au mois d'octobre la rentrée de Jacques dans un lycée. (...) il avait élaboré un programme d'études récapitulatives, qui avait pour but de rééduquer progressivement l'intelligence de l'enfant (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 766).
2. [L'obj. désigne une pers.] Il n'est pas aisé d'hospitaliser, de soigner, de rééduquer, la masse de ceux qui sont malades ou mutilés (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 243).Ce sont ces malades surtout qui recourent aux laxatifs irritants quotidiens et font preuve d'une redoutable passivité lorsqu'on essaie de les rééduquer (Quillet Méd.1965, p. 132).
− Empl. pronom. réfl. Certains chirurgiens préfèrent laisser le malade se rééduquer lui-même mais cela risque d'être mal fait (La Revue de la M.G.E.N., mars-avr. 1986, n o96, p. 22).
B. −
1. Donner une éducation nouvelle à quelqu'un ou à quelque chose, pour corriger ou réformer une mauvaise orientation.
a) [L'obj. désigne une pers.] L'enfant malade doit être soigné; l'enfant déficient doit être aidé; l'enfant inadapté doit être rééduqué (Encyclop. éduc., 1960, p. 197).
b) [L'obj. désigne un inanimé] Il y a tout à revoir, tout à reprendre, tout à rééduquer en moi. Ce contre quoi j'ai le plus de mal à lutter, c'est la curiosité sensuelle. Le verre d'absinthe de l'ivrogne n'est pas plus attrayant que, pour moi, certains visages de rencontre − et j'abandonnerais tout pour les suivre (Gide, Journal, 1916, p. 528).Dans le but de rééduquer le sens artistique des artisans, le directeur du Kunstgewerbe Museum de Cologne avait, en 1937, inauguré un mode de présentation pédagogique très hardi (Musées Fr., 1950, p. 19).
2. P. euphém. Dans un régime totalitaire, remettre une personne dans la ligne de l'idéologie dont elle a dévié, par des méthodes faisant notamment appel à l'action psychologique. Rééduquer politiquement. Il n'avait pas été dupe, quand dans les années 30 ses amis communistes lui vantaient le régime pénitentiaire de l'U.R.S.S.; au lieu d'emprisonner les criminels, disaient-ils, on les rééduquait en les employant à des travaux utiles (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 333).Des camps de travail (en URSS) pour « rééduquer » les dissidents peuvent provoquer des souffrances voisines de la torture (Le Point, 29 janv. 1979, p. 98, col. 2).
REM.
Rééducable, adj.Qui peut être rééduqué. Les manifestations les plus fréquemment rencontrées sont des troubles d'articulation, en général peu graves et assez facilement rééducables (Encyclop. éduc., 1960, p. 204).
Prononc. et Orth.: [ʀeedyke], (il) rééduque [-dyk]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. [Fin xixes. (s. réf. ds Bl.-W.1-5et Dauzat 1938)] 1. 1907 méd. (Nouv. Lar. ill. Suppl.); 2. 1916 mor. (Gide, loc. cit.). Dér. de éduquer*; préf. ré- (re-*).
DÉR.
Rééducateur, -trice, subst. et adj.a) Subst. Personne spécialisée en rééducation. α) [Corresp. à supra A] Un rééducateur physiothérapeute pour 10 malades (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 38). β) [Corresp. à supra B] Les rééducateurs qui commencent à utiliser les activités de loisir comme facteur privilégié de réadaptation sociale pour les délinquants ou inadaptés (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult., 1966, p. 29).b) Adj. Qui est susceptible de rééduquer. Ils présentent la psychanalyse comme rééducatrice de l'unité du moi (Mounier, Traité caract., 1946, p. 583).− [ʀeedykatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. − 1resattest. a) 1946 adj. id. b) 1955 subst. (Travail soc., 1ertrimestre, p. 5: le rééducateur doit avoir des relations éducatives [...] avec chaque jeune), 1956 (Néret, Empl. et trav. fém., p. 119: la rééducatrice en orthophonie); de rééduquer, suff. -(at)eur2*.