| PRIORITÉ, subst. fém. A.− État, qualité de ce qui se situe avant dans le temps. Synon. antériorité.Établir la priorité d'un événement. Ce savant revendique la priorité de sa découverte (Ac.1935) : 1. En exprimant une idée parvenue à son terme, une idée (...) qui demain sera proclamée par un autre si je ne l'annonce aujourd'hui, je n'ai pour moi que la priorité de la formule. Donne-t-on des éloges à celui qui le premier voit poindre le jour?
Proudhon, Propriété,1840, p. 135. 2. J'ai été le premier qui ai eu l'idée, dans Germinie Lacerteux, de couper une pièce en tableaux par un entr'acte d'une demi-heure. Aujourd'hui, je vois, dans une annonce de Porel, qu'il se donne les gants de cette idée (...). Je maintiendrai ma priorité dans la préface, priorité du reste établie par des interviews qui remontent à plus de deux ans.
Goncourt, Journal,1888, p. 825. − SC. NAT. Loi de priorité. ,,Loi qui régit la nomenclature et selon laquelle le nom scientifique attribué à un genre ou à une espèce doit être le plus ancien qu'ait publié un botaniste ou un zoologiste`` (Lar. Lang. fr.). B.− 1. Droit de faire quelque chose avant les autres. Priorité résultant de l'ancienneté. Avoir priorité. Pour l'attribution des heures d'enseignement qui ne sont pas assurées par les professeurs, les adjoints d'enseignement ont priorité sur les maîtres auxiliaires (Encyclop. éduc.,1960, p. 321). − TRANSP. ♦ Droit de passer avant les autres. Règles de priorité. − Priorité du bateau tribord-amure sur celui qui marche bâbord-amure (le voilier bâbord-amure devra : soit abattre, soit virer de bord, pour se détourner et respecter la priorité). − Si les deux bateaux sont sous les mêmes amures, priorité est à celui qui est sous le vent de l'autre (Jeux et sports,1967, p. 1556). ♦ ,,Droit de passage pour un véhicule à un carrefour, en principe sur tous véhicules venant de sa gauche`` (Barr. 1974). Signal de priorité. La priorité à droite comporte toutefois un certain nombre d'exceptions tenant aux différentes catégories de routes et qui sont indiquées par des signaux (Lemeunier1969). 2. Spéc. Avantage particulier dont bénéficie quelqu'un ou quelque chose. Droit de priorité et d'initiative. Les priorités au profit des personnes âgées ou malades, des familles nombreuses, des mal-logés, etc. (Univers écon. et soc.,1960, p. 46-13): 3. Le crédit foncier s'appuie sur l'hypothèque, qui confère au prêteur un droit de priorité, et un droit de suite. En d'autres termes, le prêteur est payé avant les autres créanciers, et il garde le bien comme garantie si ce dernier a été aliéné.
Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 209. ♦ Carte de priorité. Synon. de coupe-file*. − DR. DU TRAV. Priorité d'embauchage. ,,Protection instituée par la loi en faveur de certains travailleurs jugés dignes d'intérêt (invalides de guerre, leurs veuves, leurs orphelins, travailleurs handicapés) et qui consiste à imposer aux employeurs l'emploi d'un certain pourcentage de ces salariés sous peine du paiement d'une redevance`` (Jur. 1981). − FIN. Action de priorité. Action qui fait bénéficier son possesseur du droit de participer au partage des bénéfices ou de l'actif social avant les autres. (Dict. xxes.). − INFORMAT. ,,Organisation permettant d'interrompre un programme au profit d'un autre programme plus urgent, et de reprendre ensuite automatiquement le premier programme`` (Stern.-Lep. 1971). 3. Loc. adv. En priorité, par priorité. Avant toute autre chose. Des rappels au règlement peuvent être présentés et des motions de procédure déposées à tout moment du débat. Suivant la pratique générale parlementaire, les uns et les autres sont immédiatement examinés par priorité (Ginestet, Ass. parlem. eur.,1959, p. 91).C'est sur ce point qu'à mon avis l'effort devrait porter en priorité (Colloque géogr. appl.,1962, p. 103): 4. ... une espèce humaine respectueuse d'elle-même se prononce en faveur du principe que les vies humaines, et les conditions fondamentales d'une vie humaine pour tous, doivent être protégées par priorité.
Tiers Monde,1956, p. 379. C.− 1. Primauté, importance préférentielle accordée à quelque chose. Avoir la priorité dans un débat. L'importation du sucre vers l'Occident ne semble pas avoir été très considérable avant le XVesiècle; et jusque-là le miel conserva une large priorité (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 172): 5. Afin de tenir compte de l'évolution de la situation, pour donner en particulier une priorité accrue aux hôpitaux sinistrés et aux établissements destinés aux vieillards, une révision du plan a été effectuée en septembre 1955.
Organ. hospit. Fr.,1957, p. 8. − Donner la priorité à qqc. L'importance des crédits affectés à ces groupes marquera la priorité plus ou moins grande qui leur sera donnée (Qq. aspects équip. agric.,1951, p. 31).À l'intérieur de Paris et dans la proche banlieue densément peuplée la priorité est donnée aux transports collectifs (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 421). − Avoir priorité. Aux États-Unis (...) la Chambre des Représentants et le Sénat ont des pouvoirs équilibrés, la première ayant priorité en matière financière et la seconde une supériorité du fait de ses prérogatives en matière de politique étrangère (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 174). 2. P. méton. Ce qui est prioritaire, chose qui a la priorité. La rénovation urbaine se développe et le logement des rapatriés apparaît parmi les priorités (Gds ensembles habit.,1963, p. 5). Prononc. et Orth. : [pʀijɔ
ʀite]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1377 « primauté de rang » (N. Oresme, Le Livre du ciel et du monde, 4la, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 184); 2. 1791 « préférence qu'obtient un discours d'être entendu ou discuté avant un autre » (Dict. de la Constit. ds Frey, p. 52); 3. 1875, 8-9 mars fin. actions de priorité (Gazette des Trib., p. 239, 3ecol. ds Littré Suppl.); 4. a) 1924 « droit accordé à certaines personnes pour passer avant les autres » (Alain, Propos, p. 585); b) 1930 « droit établi par des règlements de passer avant un autre sur une route » (Morand, New-York, p. 91). Empr. au lat. médiév. prioritas « préséance » (xiiies. ds Du Cange, Nierm. et Latham); dér. de prior « premier de deux ». Fréq. abs. littér. : 141. Bbg. Quem. DDL t. 16. − Ranft 1908, pp. 55-56. |