| PRÉVENTION, subst. fém. A. − 1. Ensemble de mesures destinées à éviter un événement qu'on peut prévoir et dont on pense qu'il entraînerait un dommage pour l'individu ou la collectivité; p.méton. organisme chargé de concevoir et d'appliquer ces mesures. Prévention de la délinquance, des accidents, des maladies; prévention médicale, sociale; mesures de prévention. La prévention soutient que les plans en question auraient été perdus chez elle par un individu faisant, à l'étranger, de l'espionnage (Affaire Dreyfus, 1896, p.23).La prévention, en matière de politique criminelle, c'est tout ce qui assainit le milieu social, afin d'empêcher que naisse l'idée criminelle (P. Cannat, Réf. pénit., 1949, p.23). ♦ Prévention des naissances. ,,Mesure tendant à empêcher une union sexuelle d'aboutir à une naissance`` (A. Sauvy, La Prévention des naissances, 1962, p.6). ♦ Prévention routière. Ensemble de dispositions destinées à réduire le nombre et la gravité des accidents de la route; p.méton. organisme chargé de concevoir et d'appliquer ces dispositions. Campagne d'information de la prévention routière. Pour limiter le nombre d'accidents de la route la prévention routière intervient par un effort d'éducation et d'information, un renforcement de la réglementation, un contrôle des véhicules, une répression plus rigoureuse des infractions (Branc.Écon.1978). 2. DR. ANC. a) ,,Droit pour une juridiction de connaître par préférence à une autre d'une affaire dont elle a été ou s'est saisie la première`` (Lep. 1948). Les baillis et sénéchaux avaient quelquefois le droit de prévention sur les juges subalternes (Ac.1835, 1878). b) DR. CANON. Prévention (en cour de Rome). ,,Droit pour la cour de Rome de conférer un bénéfice vacant en devançant le collateur ordinaire`` (Lep. 1948). Le patronage laïc n'est pas sujet à la prévention (Ac.1798-1878). B. − Fait de porter sur quelqu'un ou quelque chose un jugement hâtif où interviennent souvent des critères affectifs, et en tout cas préalable à tout examen; opinion qui en résulte. Synon. préjugé. − Le plus souvent au plur. [Le jugement porté est défavorable] Avoir, nourrir de fortes préventions contre qqn; faire tomber les préventions de qqn. Mon oncle Tom avait de grandes préventions contre la profession d'artiste (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.185).D'un seul coup, Jos-Mari sentit ses préventions tomber, ses seuls points d'appui lui manquer, sa timide expérience et ses mots se dérober sous lui (Peyré, Matterhorn, 1939, p.65).Nul besoin d'outrer. Il suffit de regarder les faits sans prévention (Perroux, Écon. XXes., 1964, p.347). − Rare. [Le jugement porté est favorable] Ma prévention en sa faveur me fait souhaiter qu'il se fût changé en Jean-Baptiste Thiers, curé de Champrond (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.529). C. − DROIT 1. Situation d'une personne prévenue d'une infraction. Il est en prévention, en état de prévention (Ac.1835-1935). − Loc. prép. Sous la prévention de qqc. En étant prévenu de. Le négociant qui refuse de comparaître peut, pour ce seul fait, être traduit en police correctionnelle, sous la prévention de banqueroute simple (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.377).Entre temps, j'avais comparu deux ou trois fois chez le juge d'instruction, (...) qui n'avait aucun aveu à obtenir de moi (...) et me fit citer par le procureur du Roi en police correctionnelle sous la prévention de coups et blessures volontaires (Verlaine, OEuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.384). 2. Détention d'un prévenu. Synon. préventive.Faire trois mois de prévention. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [pʀevɑ
̃sjɔ
̃]. Ac. 1694, 1718: prevention; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1374 prevencion «action d'arriver le premier» (J. Goulain, Rational du devin office, BN fr. 437, fo187 vods Gdf.); 2. a) 1580 prevention «précaution» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.473); b) 1883 prévention d'un accident (A. Charpentier, Traité pratique des accouchements, II, 247 ds Quem. DDL t.8); 3. a) 1590 estre en prevention de «être accusé de» (Montaigne, op. cit., III, 12, p.1053); b) dr.
α) 1792 prévention d'un délit (Moniteur univ., séance du 17 juin, Paris, H. Agasse, an IV [1795], no170, p.708b);
β) 1848 «détention d'un prévenu» (Chateaubr., Mém., t.4, p.100); 4. 1637 [éd.] «opinion préconçue, antérieure à tout examen ou raisonnement» (Descartes, Discours de la Méthode, Leyde, J. Maire, p.20). Empr. au b. lat. praeventio «action de devancer, action de prévenir en avertissant» (Blaise Lat. chrét.), dér. du lat. class. praeventum, supin de praevenire, v. prévenir. On note également dans l'anc. lang. prévention, comme terme d'astron. au sens de «opposition» (2emoit. du xiiies. [ms.] (Introd. à l'astronomie, BN fr. 1353, fo37c ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 466. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1245, b) 714; xxes.: a) 247, b) 387. DÉR. Préventionnaire, subst.Personne qui fait ou a fait de la prison préventive. Un préventionnaire n'est jamais un bon soldat! s'il a été soupçonné, c'est qu'il méritait de l'être! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.62).− [pʀevɑ
̃sjɔnε:ʀ]. − 1reattest. 1934 id.; de prévention au sens de «emprisonnement», suff. -aire2*. − Fréq. abs. littér.: 12. BBG. −Brucker (Ch.). Dat. nouv. Fr. mod. 1973, t.41, p.293. _Herb. 1961, p.103. _Quem. DDL t.8, 9. _Ranft 1908, p.86. |