| PRÉPOSER, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. désigne une pers.] 1. Préposer qqn à qqc.[Le compl. prép. désigne une charge, une fonction, une activité ou le lieu où elles s'exercent] Assigner à quelqu'un la responsabilité de quelque chose, en lui donnant l'autorité nécessaire pour l'exercer. Synon. affecter, assigner, charger, commettre (vx).Préposer qqn à une charge, à une fonction, à un service, à la direction d'une usine, à la conduite des travaux, au maintien de l'ordre, à la garde de qqc. Toutefois, je vous prépose, Jeanne, à la confection du dessert (A. France, Bonnard, 1881, p.451).Et ils m'ont préposé à la garde de ces enfants dont le père est mort et dont le grand-père fait la guerre là-bas à ces nations dans le brouillard qui sentent le chou qu'on cuit (Claudel, Ours et lune, 1919, 2, p.595).Le docteur que le gouvernement prépose à ce musée (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p.56). ♦ Empl. surtout au passif. (Être) préposé à qqc. Préposé à bien des achats, il devint l'espion honnête et innocent détaché d'une famille dans une autre (Balzac, Cous. Pons, 1847, p.13).Mais, quand il s'agit de faire la dame âgée et respectable, préposée à la caisse, je me trouvai soudain embarrassé (A. France, Pt Pierre, 1918, p.58).Dans chaque province, un commissaire est préposé à l'éducation physique et aux sports (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p.123). ♦ Absol. [Sans compl. prép.] Il fallut préposer des chefs, établir des lois (Volney, Ruines, 1791, p.56). − Plus rarement. Préposer qqn pour qqc.; (être) préposé pour qqc. Le maître préposé pour les études s'appelait alors M.de Selles (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.3, 1848, p.399). − Préposer qqn à/pour faire qqc. Pressons, supplions ceux que le père commun des chrétiens a préposés pour régir l'Église de France de détourner de nous et de nos neveux les maux que nous prévoyons (Lamennaisds L'Avenir, 1830-31, p.193).Bétail dépréciateur, désastreusement préposé à éterniser les salaires faméliques par sa production médiocre, lente, résignée (Frapié, Maternelle, 1904, p.91). 2. Vx. Préposer qqn sur qqc.Mettre quelqu'un à la tête de, conférer à quelqu'un l'autorité sur. Les évêques sont préposés sur l'Église de Dieu (Ac.).Et je préposerai des gardes sur les eaux, les forêts, les campagnes, les mines et les routes (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.258): . Le diable, qui est un ange apostat, a séduit l'homme, l'a détourné d'obéir au précepte de Dieu et l'a poussé à l'adorer lui-même comme Dieu. C'est un des anges préposés sur l'air, comme dit saint Paul. Son apostasie a passé à l'homme.
Théol. cath.t.4, 11920, p.345. 3. Rare. Préposer qqn à qqn.Conférer à quelqu'un l'autorité sur quelqu'un. Et là prosternés aux pieds du pontife que Jésus-Christ a préposé pour guide et pour maître à ses disciples (Lamennais dsL'Avenir, 1830-31, p.389). B. − GRAMM., vieilli. Synon. de antéposer. (Ds DG, Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth.: [pʀepoze], (il) prépose [pʀepo:z]. Ac. 1694 et 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1. 1407 «placer à la direction de quelque chose» jurez commis et preposez pour la garde ... dudit mestier (Lettres patentes de Charles VI ds R. de Lespinasse, Les Métiers et corporations de la ville de Paris, t.2, p.399); d'où 1619 un préposé part. passé subst. «personne chargée d'un service spécial» au Bureau du Préposé (Coutumes de la ville de Bruges, titre XXVII, article premier ds Nouv. Coutumier général, éd. Bourdot de Richebourg, t.I, p.584); 1957 spéc. «agent chargé de distribuer le courrier» (Journ. offic., 21 déc.); 2. 1470 «préférer» (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, III, 429), en a. et m. fr.; 1491 [éd.] «mettre devant» (La Mer des Histoires, II, 34d ds Rom. Forsch. t.32, p.133); en partic. 1690 gramm. (Fur.). Empr., avec francisation d'apr. poser*, au lat. class. praeponere «placer, mettre devant, mettre à la tête de; préposer; préférer», comp. de prae- «en avant, devant» et de ponere, v. poser. Bbg. Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t.32, p.133. |