| PRÉNOTION, subst. fém. A. − PHILOS. [P. réf. à l'épicurisme et au stoïcisme] Connaissance spontanée, générale, tirée de l'expérience, antérieure à toute réflexion. Quant aux notions, les unes s'engendrent naturellement, les autres artificiellement et résultent de l'étude. Celles-ci sont les notions proprement dites; les autres sont les prénotions (Renouvier, Manuel de philos. anc., Paris, Paulin, t.2, 1844, p.212).[La psychologie de M. Pradines] définit (...) le caractère spécifique du besoin et du plaisir par la «prénotion» qui leur est inhérente, mais qui fait totalement défaut à la douleur (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.115): . ... je songe amoureusement que la fonction de [la Vierge] Marie est un mystère de force et de splendeur dont rien ne peut donner l'idée, qu'aucune image ne pourrait même faire pressentir; que Marie est un être absolument indevinable, inconcevable et que la plus vague, la plus indécise prénotion de ce gouffre d'éblouissements nous ferait mourir.
Bloy, Journal, 1899, p.372. B. − SOCIOL., gén. au plur. Concept formé spontanément par la pratique et qui n'a pas encore subi l'épreuve de la critique scientifique. Il faut écarter systématiquement toutes les prénotions (...). Il faut (...) que le sociologue (...) s'interdise résolument l'emploi de ces concepts qui se sont formés en dehors de la science et pour des besoins qui n'ont rien de scientifique (Durkheim, Les Règles de la méthode sociol., Paris, Alcan, 1901 [1894], p.40). Prononc. et Orth.: [pʀenɔsjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist.1. 1587 «connaissance anticipée d'une chose à venir» (Cholières, Les Après-dînées, fo246 rods Gdf.); 2. a) 1690 «notion naturelle et pragmatique du général, antérieure à toute réflexion» (Fur.); b) 1894 «concept formé antérieurement à l'étude scientifique des faits» (Durkheim, loc. cit.). Empr. au lat. praenotio «connaissance anticipée» (gr. π
ρ
ο
́
λ
η
ψ
ι
ς «opinion qu'on se fait d'avance», également att. au sens 2 a ci-dessus; v. encore prolepse). |