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PRÉDICANT, -ANTE, subst. masc. et adj.
Vieilli ou littér.
I. − Subst. masc.
A. − [Dans un cont. relig.] Celui qui prêche, prédicateur. Apollinaire combattit énergiquement le montanisme et fut peut-être l'évêque qui contribua le plus à sauver l'Église du danger que lui faisaient courir ces prédicants (Renan, Marc-Aurèle, 1881, p.191).Quand j'ai commencé à grandir, il m'a été vite gâté et obscurci, ce Christ, par les prédicants au ton pleurard, par les livres absurdes, par toute la séquelle blafarde qui se traîne derrière sa personnalité lumineuse (Loti, Fleurs ennui, 1882, p.115).
Avec une connotation péj. V. abstracteur ex. 14.
En partic. Ministre du culte protestant dont la fonction essentielle est la prédication:
1. Chacun n'était venu que pour s'ouvrir à Dieu parmi les coeurs innombrables, comme la prairie s'épanouit au soleil du matin. Je ne vis point le prédicant (...); le réel, le seul était sa voix, grandie par le granit, sa voix dont retentissait le temple à ciel ouvert, digne de l'Éternel.J.-P. Chabrol, Les Fous de Dieu, Paris, Gallimard, 1961, p.69.
En appos. La Réformation a retranché de la religion le Miracle. La foi a besoin de transports et d'enthousiasme. La messe est un miracle de chaque jour (...). Le ministre prédicant est froid et terrestre comme un avocat (Vigny, Journal poète, 1853, p.1309).
[En position de déterm.] Geste, ton de prédicant. Comme Jean-Paul disait à Vincent ses impressions, celui-ci s'indigna avec une éloquence de prédicant (Mauriac, Enf. chargé de chaînes, 1913, p.239):
2. Il se tut, croisa les bras, saisit à pleine main son menton anguleux, et, d'une voix chantante de prédicant: «(...) amour c'est justice (...)». Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p.786.
B. − P. anal. [Avec compl. de nom désignant la chose prêchée] Celui qui prêche, qui prône une doctrine, des idées, une manière de voir ou de vivre. Ce n'est pas que j'aie la prétention d'être un larmoyant prédicant de politique sentimentale, un rabâcheur de panache blanc et des lieux communs à la Henri IV (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.17).Les jeunes gens d'aujourd'hui sentent à merveille ce qu'il y a de commun entre un prédicant de pacifisme et un jean-foutre (Barrès, Cahiers, t.8, 1910, p.247).
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Qui prêche, qui a vocation de prêcher. Dans ces revivals, sortes d'assemblées religieuses et prédicantes, un peu comme nos «Jubilés» et ce qu'en Suisse on appelle des «Réveils», les attaques convulsives ne sont pas rares (A. Daudet, Évangéliste, 1883, p.205):
3. ... c'est une triste conséquence de sa propre infériorité morale qu'on ne se sente plus le droit de parler aux autres (...). Je me reproche de n'être pas assez fanatique et prédicant. Mais le bien-être nous endort et l'art nous ôte le sentiment de la pathétique réalité des choses et nous fait tout voir comme une fiction sans importance. Claudel, Corresp.[avec Gide], 1909, p.113.
Avec une connotation péj. Qui passe son temps à prêcher. Synon. moralisateur, sermonneur.Inconnue et fermée au reste du monde, mais se développant, pénétrant et tyrannisant en tout lieu, l'Angleterre contemporaine, celle qui est forte, non l'Angleterre prédicante et biblomane du XVIIesiècle (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p.142).
B. −
1. Qui est caractéristique, qui est le propre du prédicant. Cette folie prédicante et propagante qu'on rencontre souvent chez les femmes de la religion réformée (A. Daudet, Évangéliste, 1883, pp.171-172).Tu te rappelles Harry Maucoudinat? Pour son malheur, il n'était pas né huguenot, ce qui le tenait un peu en dehors de la meilleure société... Mais il avait pris, sur ses vieux jours, une certaine allure prédicante (Mauriac, Plongées, 1938, p.209).
Avec une connotation péj. Moralisateur, sermonneur. L'autre femme de Rosny est incontestablement une oeuvre de talent sortie d'une idée originale, mais parfois la maniaquerie prédicante de sa conversation passe dans le livre, et c'est insupportable (Goncourt, Journal, 1895, p.798).
2. Qui concerne le fait de prêcher. [Wilde n'est] nullement doctrinal au sens éthique ou prédicant du terme (Du Bos, Journal, 1927, p.357).
Rem. Empl. subst. fém. Synon. de prêcheuse, (v. prêcheur B 1). On n'avait jamais vu de ces soldats-citoyens, soldats qui ont oublié leur victoire quelque part, ils ne savent pas où (...). Prodigieux naïfs, qui se font l'écho des vieilles prédicantes puritaines, jurent que la guerre est désormais impossible (Bernanos, Gde peur, 1931, pp.26-27).
REM.
Prédicailler, verbe intrans.Synon. péj. de prêcher.Matière, matière! C'était son mot favori : d'où conflit avec l'abbé, qui tout en se défendant de «prédicailler», ne pouvait accepter sans sursauter des théories aussi opposées à sa propre conception du monde et de l'homme (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.72).
Prononc. et Orth.: [pʀedikɑ ̃]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1523 subst. «prêcheur» (Sottie des Béguins, 100 ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t.2, p.284), le plus souvent employé en mauvaise part; ca 1536 part. prés. (Farce nouvelle des Brus, 249, ibid., t.3, p.95); 2. 1529 subst. «ministre de la religion protestante» (Lullin au duc de Savoie ds Registres du Conseil de Genève, t.11, p.612). Empr. au lat. praedicans, -antis, part. prés. de praedicare, v. prêcher, att. comme subst. masc. plur. «ceux qui expliquent la parole de Dieu» en b. lat. eccl. dep. St Hilaire ds Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 15. Bbg. Richard (W.) 1959, p.92, 99; pp.110-114; p.117, 248.