| PRÉDÉTERMINATION, subst. fém. A. − THÉOL., PHILOS. Prédétermination (physique). Acte par lequel, d'avance et de toute éternité, Dieu détermine comment l'homme se comportera dans son activité libre (d'apr. Foulq.-St-Jean 1962, s.v. détermination). Synon. prédestination, prémotion.La prédétermination physique, d'après la doctrine thomiste, est une raison ontologique et physique communiquée par Dieu à la cause seconde et sans laquelle la créature ne saurait ni agir ni même commencer à agir (Théol. cath.t.3, 11911, p.788): . L'intelligence divine conçoit tous les possibles, tels qu'ils sont, c'est-à-dire quand il s'agit de certaines actions humaines, à l'état de contingents libres. La prescience de Dieu est donc, selon Leibniz, parfaitement intelligible, même sans en chercher la raison dans la prédétermination, à savoir dans la dépendance absolue où seraient les actions humaines des décrets divins.
Franck1875, p.1388, col. 1. B. − Acte par lequel un fait, une action est déterminé(e), fixé(e) d'avance dans ses causes ou dans ses conditions. L'idée de paraître à cette redoutable tribune m'a bouleversé à l'instant, ma tête s'est brouillée et je ne savais plus ce dont il s'agissait; j'ai prié un autre de prendre ma place. Ensuite j'ai eu des regrets. Ce sont là des mouvements aveugles tout à fait involontaires. La volonté ne peut rien pour conserver le calme et la force de pensée à moins qu'il n'y ait prédétermination (Maine de Biran, Journal, 1819, p.254). − P. méton. Tout le monde a vu de ces transports de l'âme qui décident tout à coup une vocation, un acte d'héroïsme. La liberté n'y périt pas; mais, par ses prédéterminations, on peut dire qu'il était inévitable qu'elle se décidât ainsi (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.350). Prononc. et Orth.: [pʀedetε
ʀminasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1636 «action par laquelle Dieu meut et détermine la volonté humaine» (J. Deneyrolles, Jésus crucifié, 454 ds Delb. Notes mss); 1652 [éd.] prédétermination physique (P. Camus, Epistres théologiques, 402); av. 1704 (doctrine de la) prédétermination physique (Bossuet, Libre arbitre, VIII ds Littré). Dér. de prédéterminer*; suff. -(a)tion*. |