| POLLUER, verbe trans. A.− Littér., vieilli 1. Profaner, souiller. Polluer les choses saintes; polluer un temple; une église qui a été polluée (Ac.). Une association satanique ne cessa de célébrer des messes noires et meurtrit et pollua trois mille trois cent vingt hosties (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 106).La basilique est odieusement envahie par des touristes ou d'infâmes bourgeois venus uniquement pour se promener, non sans insolence et goujatisme (...). Il doit y avoir un moyen d'empêcher les oisifs et les curieux de polluer le sanctuaire (Bloy, Journal,1905, p. 255). − P. métaph. Comment les souverains de l'Europe peuvent-ils laisser polluer en moi ce caractère sacré de la souveraineté! Ne voient-ils pas qu'ils se tuent de leurs propres mains à Sainte-Hélène! (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 160). 2. Masturber. Sinistrari ajoute qu'ils [les incubes et les succubes] n'ont que faire de polluer l'homme endormi, attendu qu'ils possèdent des génitoires et sont doués de vertus prolifiques (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891p. 222). − Empl. pronom. réfl. Dans le chœur : archivolte, ornementation d'un bâton passé dans des anneaux; un homme (...) qui se pollue (?) (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 408). B.− Cour. Infecter, souiller quelque chose par des agents physiques, chimiques, biologiques, qui rendent malsain ou dangereux. Les usines installées dans une grande ville (...) polluent l'atmosphère ou les eaux; elles augmentent le bruit ou aggravent l'encombrement (Univers écon. et soc.,1960, p. 4-12).Des interdictions comme celles de rejeter les déchets industriels dans les lieux où ils pourraient polluer les eaux peuvent éviter de lourdes dépenses d'équipement (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 55): L'introduction de ces composés imposa une lourde charge aux organismes de contrôle. Ceux-ci durent étudier attentivement les procédés de détection des résidus de ces produits pouvant polluer les aliments...
Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 442. REM. Pollué, -ée, part. passé adj.Qui est souillé, sali, infecté par des déchets industriels, des agents physiques, chimiques, biologiques. L'homme ne peut se priver impunément de fruits vivants et d'air non pollué (Arts et litt.,1935, p. 50-12).Certains aliments peuvent être dangereux en eux-mêmes : viandes parasitées, fromages fabriqués avec des laits renfermant des germes (brucelloses), coquillages ayant baigné dans des eaux polluées (typhoïde) (Quillet Méd.1965, p. 192). Prononc. et Orth. : [pɔlɥe], (il) pollue [pɔly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1461 « souiller, salir, déshonorer » (ici, le nom du futur roi) (G. Chastellain, L'Entrée du roy Loys en nouveau règne, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 24); 2. 1690 se polluer « se masturber » (Fur.); 3. a) 1895 « souiller (un élément naturel) par des déchets » (Verhaeren, loc. cit.); b) [1970 part. prés. adj. polluant (Femmes d'aujourd'hui, 15 avr. ds Gilb. 1980)] 1973 absol. « être un facteur de pollution » (L'Express, 6 août, ibid.). Empr. au lat. polluere « souiller, salir, déshonorer » dont le part. passé pollutus, -a, -um a été d'abord empr. sous la forme pollu « souille, profané » (dep. ca 1200, Moralités sur Job, 337, 13 ds T.-L.); cf. aussi pollué « souillé, profané » (1367, Doc. ds Livre Roisin, éd. Brun-Lavainne, p. 418, v. aussi T.-L.) prob. dér. directement de pollu. DÉR. Pollueur, -euse, adj. et subst.[Corresp. à supra B] . a) Adj. Qui pollue. Une usine pollueuse; agents, goudrons pollueurs. Jimmy Carter achète la S.N.I.A.S. : Concorde est autorisé à New-York. Commando pirate du PCF à FR3 Île-de-France pour protester contre l'atterrissage du « supersonique-pollueur américain » à Roissy (Le Point,22 août 1977, p. 33).b) Subst. Celui, celle qui pollue. Nous sommes tous des pollueurs pollués, puisque nous consommons et apprécions le confort de la vie moderne (Femmes d'aujourd'hui,29 mars 1983, p. 15, col. 2).− [pɔlɥ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. V. polluant. − 1reattest. 1970 (La Croix, 7 août ds Gilb. 1980); de polluer, suff. -eur2*. |