| PLAGE2, subst. fém. A. − 1. Partie plate mais inclinée du rivage de la mer, formée de sable, de graviers ou de galets, et qui est soumise à l'action des vagues et des marées. Plage de graviers, de sable; plage bordée de dunes. Les montagnes se prolongeant jusqu'au rivage, ils ne purent découvrir aucune plage, aucun endroit propre au débarquement (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.132).Nous arrivâmes à la ville par la plage, à la faveur de la marée basse (M. de Guérin, Journal, 1833, p.164).Il est des lieux pourtant éloignés de la mer où le vent du soir, parfois, apporte une odeur d'algue. Il y parle de plages humides, toutes sonores du cri des mouettes, ou de grèves dorées dans des soirs sans limites (Camus, Malentendu, 1944, iii, 2, p.170). − Haute plage. Partie supérieure d'une plage, à pente accusée, qui reste longtemps à découvert, à marée basse. Quelques-uns [des vaisseaux], glissant le long des hautes plages, Mêlaient leurs mâts tremblants aux arbres des rivages (Lamart., Harm., 1830, p.486).La haute plage a généralement une pente plus raide que celle de la partie moyenne de la plage (Lar. Lang. fr.). − GÉOMORPHOL. Plage soulevée. ,,Plage ancienne située hors d'atteinte des principales actions de la mer (marées et vagues) par suite d'une augmentation de son altitude (abaissement du niveau marin ou soulèvement du continent, ou les deux réunis)`` (George 1970). Une plage ancienne, qui marque la position d'un ancien rivage, peut être conservée sous forme d'une plage immergée ou sous forme d'une plage soulevée (Géomorphol.1979). 2. En partic. a) Cette partie du rivage maritime aménagée en lieu de baignade. Une saison adorable. Nous étions à Trouville, vous savez. Un monde sur la plage, à s'écraser (Zola, Page amour, 1878, p.959).La plage était de sable fin et toute piquetée de parasols rayés de blanc et de rouge (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p.12).Une petite pelle de fer qui nous servait à faire des châteaux de sable sur la plage, pendant les vacances (Anouilh, Antig., 1946, p.172). SYNT. Plage aménagée, payante, privée, surveillée; plage bien entretenue; plage polluée, sale; plage noire de monde; chaussures, robe, sac, tenue de plage; cabine, parasol, tente de plage; concours, jeux de plage; aller à la plage; descendre sur la plage; se faire bronzer, jouer, ramasser des coquillages sur la plage. − P. anal. Partie de la rive d'un lac ou d'un cours d'eau, plate et généralement sableuse, aménagée en lieu de baignade. Plages de la Loire, de la Garonne, du lac d'Annecy. Nous nous promenions le long de la plage; le lac était d'un vert si dur qu'on aurait pu marcher sur ses flots (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.531): 1. Les plages du Danube, celles des lacs au nord de Berlin, celles de Chicago elles-mêmes, ne sont rien à côté de ce Mardi-gras en costume de bains, où les masques et les bergamasques sont remplacés par des appareils à sous, par des marchands de sucre candi [à Coney Island]...
Morand, New-York, 1930, p.72. b) P. méton. Station balnéaire. Plage fréquentée, mondaine; plage familiale; plages bretonnes, de la Côte d'Azur. Elle connaissait Biarritz, elle y avait passé une saison, autrefois, quand cette plage n'était pas encore à la mode (Zola, E. Rougon, 1876, p.113).Élégant, beau joueur, faisant la mode, il parcourt les plages et les villes d'eaux: Biarritz, Aix-les-Bains, Luchon (G. Leroux, Parfum, 1908, p.58).La plage qu'elle avait choisie, Morgat, n'était pas très loin de Brest (Maurois, Climats, 1928, p.104). − [En appos. à un nom de ville, de quartier; parfois avec une majuscule] Berck-Plage; Le Touquet-Paris-Plage. L'omnibus du Grand-Hôtel nous conduisit, Albertine et moi, à la station du petit tram, Balbec-plage (Proust, Sodome, 1922, p.856).Cette nuit, à Hyères-Plage (Gide, Journal, 1946, p.304). B. − P. anal. 1. Zone délimitée. Une seule lampe allumée créait dans un angle une plage claire (Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p.101).Le nucléole, dépourvu de membrane, a un aspect plus ou moins spongieux; des plages compactes alternent irrégulièrement avec des zones transparentes (Husson, Graf, Manuel biol. gén., 1965, p.48): 2. ... dans un certain nombre de lames [de cinabre], j'ai trouvé une plage dextrogyre et une plage lévogyre séparées par un espace à peu près neutre qui donne, soit des spirales un peu confuses, soit la croix noire si commune dans les améthystes.
Des Cloizeaux, Prop. opt. biréfringentes, 1857, p.79. − En partic. Zone géographique. Faire de la France en matière de prix une «plage de tranquillité en Europe» (Le Monde, 9 janv. 1970ds Gilb. 1980). 2. Spécialement a) ACOUST. Chacun des espaces gravés de la face d'un disque correspondant à un enregistrement distinct. Toute action produisant un son, dont l'effet est enregistré sur une plage de disque ou un ruban de magnétophone, constitue un prélèvement (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p.203).Il y a sept plages sur chaque face de ce disque et chaque plage correspond à une chanson (Logos). b) ART MILIT. Plate-forme située à l'arrière de la tourelle d'un char d'assaut. (Dict.xxes.). c) ASTRON. Plage faculaire. Zone brillante du disque solaire. V. faculaire ex. de Schatzman, s.v. facule. d) AUTOMOB. Plage arrière. Tablette horizontale occupant l'espace compris entre la lunette et le dossier des sièges arrière d'un véhicule. La boîte fait bien sur votre coiffeuse, dans votre salon ou sur la plage arrière de votre voiture (Paris-Match, public., 15 oct. 1966ds Gilb. 1971).Le guide doit se trouver sur ce que les constructeurs nomment la plage arrière, entre le dossier des sièges et la vitre, espace tendu de simili-cuir noir d'où jaillissent air chaud et musique (Fr. Nourrissier, Un Petit bourgeois, 1968ds Gilb. 1980).Placez votre manteau sur la plage arrière de la voiture (Davau-Cohen1972). e) BOT. Plage criblée. Région de la paroi transversale d'un tube criblé qui présente des perforations alors que le reste de la paroi n'est pas uniformément perforé (d'apr. Gatin 1924). f) MARINE Partie dégagée du pont, à l'avant ou à l'arrière de certains bâtiments de guerre. La plage arrière d'un cuirassé. V. arrière1ex. 11.P. ext. Partie dégagée du pont, à l'avant ou à l'arrière d'un paquebot. La plage avant d'un paquebot en route vers l'Extrême-Orient (Claudel, Part. midi, 1949, i, p.1067). g) OPT. Plage lumineuse. Surface éclairée de brillance égale. Toute variation de luminosité s'appelle contraste. Le contraste est dit simultané quand on voit en même temps, côte à côte, les deux plages lumineuses qui forment le contraste (Arts et litt., 1935, p.28-4).On constate que la plage lumineuse qui se forme sur cet écran est circulaire et correspond à la section d'un cône de sommet S et de base le trou T (Prat, Opt., 1962, p.23). h) PHYS. Plage d'équilibre. Surface définissant les positions d'équilibre d'un corps soumis à des forces de frottement. (Ds Rob., Pt Rob. 1980). C. − Au fig. 1. Période, laps de temps plus ou moins délimité(e). Plage de repos, de détente. Les décalages d'horaires qui viennent d'être amorcés dans les secteurs scolaires et administratifs sont insuffisants (...) on devrait les appliquer en les étalant sur une plage plus élargie non seulement à tous les fonctionnaires, mais à tous les employés de bureau ou de commerce (Le Figaro, 10 févr. 1959ds Gilb. 1980).H. meurt le premier, et F. idéalisant son souvenir, ne voit plus dans leur passé commun qu'une longue plage de bonheur (Le Monde, 9 déc. 1964ds Gilb. 1971).Des horaires flexibles, permettant à la femme de choisir son heure d'arrivée et son heure de départ du travail, à condition de fournir le temps requis, et d'être présente durant une plage fixe de temps au milieu de la journée (E. Sullerot, Les Françaises au travail, 1973, p.155). − RADIO, TÉLÉV. Tranche horaire réservée à une émission particulière. De 6 h 15 à 19 h 15, quatre «plages» musicales de trois heures chacune. Ces plages seront confiées à un présentateur-animateur (Le Monde, 10 déc. 1958ds Gilb. 1971).Diffuser des plages musicales d'un quart d'heure (Le Monde, 6 mars 1970ds Gilb. 1980). 2. Écart entre deux valeurs. Synon. fourchette, gamme.Pour une grandeur telle que la longueur, la fréquence, la masse, la faim, l'honnêteté, le nombre des angles ou l'intelligence, l'ordre des propriétés (mesures ou plages de mesures) s'impose (Jolley, Trait. inform., 1968, p.83).La plage de fonctionnement (d'un appareil de chauffage) varie de 80oà 90o(La Vie du Rail, 20 avr. 1969ds Gilb. 1971).La régulation de l'excitation assure un effort de freinage constant dans la plage de 200 à 100 km/h (R. gén. des ch. de fer, sept. 1971, p.569, col. 1). REM. Plagette, subst. fém.,hapax. Petite plage. Grand plaisir toujours, de revoir la charmante plagette, d'une courbe si pure, derrière la pointe de Penfoul! (Chevrillon, Bret. hier, I, 1925, p.37). Prononc. et Orth.: [pla:ʒ]. Homon. et homogr. plage1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1298 plaje «espace plat et découvert sur le rivage de la mer» (Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, chap.183, p.198), attest. isolée; 1456 plage (Isambert, Rec. gén. anc. lois fr., t.9, p.302); p.ext. 1910 «rive sableuse d'un lac, d'une rivière où l'on peut se baigner» (Gide, Journal, août ds Rob.); 2. p.anal. a) 1857 «surface délimitée (d'un objet, d'un corps, etc.)» (des Cloizeaux, loc. cit.); spéc. 1962 «portion de la face d'un disque correspondant à un enregistrement distinct» (Rob.); b) 1909 «pont à l'avant ou à l'arrière de certains bateaux de guerre» (Farrère, La Bataille, p.127); c) 1959 «durée de temps plus ou moins délimitée» (Le Figaro, loc. cit.). Empr. à l'ital. piaggia, att. au sens 1 dep. le xives. (Boccace ds Tomm.-Bell.; aussi spiaggia, 1308-48, G. Villani d'apr. DEI), du gr. τ
α
π
λ
α
́
γ
ι
α «versant (d'une montagne)», neutre plur. subst. de l'adj. π
λ
α
́
γ
ι
ο
ς «oblique» (v. FEW t.9, p.12, et W. von Wartburg ds Z. rom. Philol. t.59, p.406). STAT. −Plage1 et 2. Fréq. abs. littér.: 1501. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1579, b) 1746; xxes.: a) 2226, b) 2761. DÉR. Plagiste, subst. masc.Celui qui exploite une plage payante; p.ext., employé d'une station balnéaire qui assure différents services sur une plage aménagée et qui, en particulier, s'occupe de la location et de la surveillance des équipements mis à la disposition des baigneurs. Le rôle et les astreintes des plagistes ont été mis particulièrement en évidence au cours de l'été de 1971, où une vague de protestations s'est élevée contre les privilèges, jugés excessifs, dont excipaient les plagistes, notamment sur la côte méditerranéenne; extension des zones réservées et payantes, refus du droit d'accès au bord de mer, etc. (Giraud-PamartNouv.1974).Cependant, pour éviter les incidents entre plagistes et baigneurs, les stations balnéaires comportent, en général, des plages dites «publiques» dont l'usage n'entraîne aucun frais (Gruss1978).− [plaʒist]. − 1reattest. 1965 (La Croix, 14 juill. ds Gilb. 1971); de plage2, suff. -iste*. BBG. −Aebischer (P.), cf. bbg. plage1. _Hope 1971, p.47. |