| PIASTRE, subst. fém. A. − Unité monétaire (actuelle ou ancienne) de divers pays; p.méton., pièce de monnaie correspondant à cette unité monétaire dont la valeur varie selon les pays où elle a cours. Piastre égyptienne, espagnole, indochinoise, mexicaine. Les piastres d'Espagne ont été fabriquées d'une manière si constante et si fidèle, qu'elles ont cours de monnaie, non-seulement dans toute l'Amérique, mais encore dans la république des États-Unis, dans une partie considérable de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie (Say, Écon. pol., 1832, p.253).On donne aujourd'hui encore le nom de piastre à diverses petites monnaies en usage dans le bassin de la Méditerranée. Telles sont la piastre de Chypre, unité monétaire de l'île, valant un neuvième de shilling; les piastres de Turquie, d'Égypte, de Syrie, qui équivalent au centième de la livre turque, égyptienne, syrienne (Lar. comm.1930).Le blocus britannique réduisit presque à rien les exportations des ports de l'Amérique espagnole: de 547000 piastres en 1796, celles de Buenos-Aires descendirent à 335000 en 1797 (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.649). B. − Région. (Canada). Synon. pop. de dollar; p.ext., argent.Pour un salaire de vingt piastres par mois il s'attelait chaque jour de quatre heures du matin à neuf heures du soir à toute besogne à faire (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.57).Il n'y avait plus que des petits métiers, des journées d'ouvrage par-ci, par-là, une piastre, trente cents, dix cents par jour (Roy, Bonheur occas., 1945, p.194).Je suis humain, moi. J'en connais qui disent que tout ce que je cherche, c'est de faire des piastres. C'est parce qu'ils me jugent mal (M. Dubé, Manuel, 1973, p.70 ds Richesses Québec 1982, p.1778). REM. Piasse, subst. fém.,var. région. (Canada). La piasse! toujours la piasse! On dirait que vous faites c'te métier-là rien que pour la piasse (M. Tremblay, Demain..., 1972,p.21, ds Richesses Québec 1982, p.1778).V. patient ex. 5. Prononc. et Orth.: [pjastʀ
̭]. Var. piasse (région. (Canada), s.v. modiste1ex. 1). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1595 nom de monnaie, ici en Turquie (Villamont, Voyages, fo209 rod'apr. R. Arveiller ds Mél. Dauzat (A.), p.29). Empr. à l'ital. piastra, att. comme nom d'une ancienne monnaie d'argent dep. la 1remoitié du xives. (Leggenda di Tobia d'apr. DEI), d'abord «plaque de métal» (dep. 1316, ibid.), issu, avec aphérèse de la 1resyll., du lat. emplastrum «emplâtre» (cf. plâtre). Fréq. abs. littér.: 318. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 961, b) 444; xxes.: a) 325, b) 97. Bbg. Brault (G. J.). Five Canadian-French etymologies: piasse. Rom. Philol. 1960, t.14, pp.20-21. _Hope 1971, p.216. _Lavallée (R.). Les Régions dans le fr. parlé de l'Estrie. S.l., 1979, p.98. |