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PIÉTINER, verbe
A. − Empl. intrans.
1. [Le suj. désigne une pers., un animal] Frapper vivement des pieds sur place; marteler le sol avec un bruit sourd. Synon. piaffer, trépigner.Piétiner de colère, d'énervement, d'impatience. Florentine s'était mise à piétiner pour se réchauffer (Roy, Bonheur occas., 1945, p.46):
1. Il y avait l'éditeur Pelet, du quai Voltaire, à l'aspect d'un tortionnaire moyenâgeux, et toujours escorté de deux grands chiens qui piétinaient toute la nuit sur la tête du ménage Toudouze. Goncourt, Journal, 1895, p.852.
P. métaph. Et vous avez piétiné sur sa douleur, et vous lui refusiez l'éternité qu'il mendiait (Curel, Nouv. idole, 1899, ii, 6, p.229).
2. P. ext. Avancer difficilement, à petit pas; aller et venir en marquant de nombreux arrêts.
a) [Le suj. désigne une pers., un animal] Claude, déjà en redingote, piétinant d'ennui, eut l'idée d'aller prendre Mahoudeau (Zola, L'OEuvre, 1886, p.240).Vous auriez piétiné toute votre journée dans des rues à tramways (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.141).Un troupeau de vaches sortait de l'étable ou y rentrait, piétinant dans la neige (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.480).
b) P. méton., [le suj. désigne un véhicule attelé] Les voitures légères piétinaient longtemps derrière les lourds attelages avant de pouvoir passer (Giono, Bonheur fou, 1957, p.308).
3. Au fig. Ne pas progresser, rester dans le même état, la même situation.
a) [Le suj. désigne une pers.] François avait donné sa démission du poste de courtier où il piétinait (Vialar, Bon Dieu, 1953, p.30).
b) [Le suj. désigne une réalité abstr.] Engagée à l'aube (...) la bataille piétinait encore vers trois heures [de l'après-midi] (Daudet, Ciel de feu, 1934, p.182).De temps en temps, je reprends le livre depuis son début, j'entends par là que je le feuillette de manière à revoir en quelques secondes le contenu de chaque page. Je vois ainsi si cela avance, si cela bouge, ou si au contraire cela piétine (Green, Journal, 1954, p.276).
B. − Empl. trans.
1. Piétiner qqn, qqc.Fouler aux pieds, écraser. Piétiner la terre, des grappes de raisin. J'ai piétiné le chapeau de ce monsieur bourgeois devant le café des officiers (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.241).Faites un saint Michel piétinant Satan (Péladan, Vice supr., 1884, p.100):
2. Tous nos invités étaient d'une civilité parfaite et pourtant ils ont écrasé les branches des arbres, cueilli, pour les emporter, les fleurs qui poussent au hasard et qui nous ravissent quand même. Ils ont, en se promenant, piétiné le potager... Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p.186.
P. métaph. Piétiner l'âme, le coeur de qqn. M'ont-ils assez piétiné, m'ont-ils assez craché au visage, les immondes pauvres! (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.118).Il a piétiné un peu de sa conscience, un peu de son amour-propre, un peu de l'avenir (Martin du G., J. Barois, 1913, p.273).
Piétiner un cadavre, un mort. Insulter, trahir la mémoire de quelqu'un après sa mort. Des prudences pour n'être pas vue, parce qu'on est en grand deuil, parce qu'on piétine joyeusement le cadavre de son cher petit papa (Montherl., Lépreuses, 1939, p.1410).
2. Au fig. Violer, transgresser (des lois, des règles). La force renverse la loi, piétine la liberté de la presse et celle des individus (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1851, p.128).Ces profiteurs cosmopolites, qui piétinaient joyeusement les traditions du pays (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.761).
REM. 1.
Piétinant, -ante, part. prés. en empl. adj.a) Qui piétine, frappe vivement du pied sur le sol. Notre meute bavarde et piétinante traverse la cour et entre à l'école maternelle (Colette, Cl. école, 1900, p.49).Le piétinant troupeau pressé des brebis passe Dans la lumière du couchant (Ch. Guérin, Coeur solit., 1904, p.79).b) Au fig. Qui ne progresse pas. Il ne s'amuse pas aux menues querelles d'à côté, nigaudes, piétinantes, qui laissent la vraie question intacte (Bremond, Poés. pure, 1926, p.33).
2.
Piétineur, -euse, subst.Celui, celle qui piétine quelque chose. À moins qu'il ait été lui-même le piétineur et que cette fatigue muette qui le laissait maintenant debout mais sans gestes (...) soit tout simplement la fin de sa colère (Giono, Batailles ds mont., 1937, p.30).
Prononc. et Orth.: [pjetine], (il) piétine [pjetin]. Ac. 1694, 1718: pietiner; dep. 1740: piétiner. Étymol. et Hist. 1. Verbe intrans. a) 1621 «frapper des pieds à terre, trépigner» (Oudin, Thresor des deux langues françoise et espagnolle); b) 1821-24 «remuer les pieds en avançant péniblement» (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, p.68); c) 1866 p. métaph. «ne pas avancer» (Amiel, Journal, p.481); d) 1899 fig. (Clemenceau, Iniquité, p.376: C'est un juif qui parle, piétinant, pour être élu, sur le cadavre de son coreligionnaire); 2. verbe trans. a) av. 1784 «frapper avec les pieds de façon répétée» (Diderot, Opin. des Anciens philosophes ds Littré); b) 1851 fig. (Tocqueville, loc. cit.). Dér. de piéter*; suff. -iner*. Fréq. abs. littér.: 604. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 88, b) 729; xxes.: a) 1398, b) 1258.